Fiacre, fils d'un roi
d'Écosse, vivait au VIe siècle ; il fut élevé dans la science et la piété
par des maîtres habiles. Jeune encore, il sentit son âme enflammée par
l'amour de la solitude et le désir de ne vivre que pour Dieu. Il s'embarqua
pour la France, à l'insu de son père, et se choisit, près de Meaux, un lieu
retiré, dans une forêt, où l'évêque lui concéda une portion de terre.
Il y bâtit un couvent, qu'il consacra à la Sainte Vierge, à laquelle il
avait voué dès son enfance, une dévotion singulière. Là il mena une vie
angélique, tant par son application à Dieu que par la pratique de la plus
rude mortification et le soin de subjuguer les moindres saillies des
passions mauvaises. Sa sainteté ne manqua pas d'attirer en foule vers lui
les pauvres et les pèlerins.
Fiacre mangeait peu et employait presque tout le produit du travail
de ses mains à la subsistance de ses pieux visiteurs. On lui amenait des
possédés et des malades, et il les délivrait ou les guérissait en grand
nombre. Cependant le petit terrain qu'il occupait étant devenu insuffisant
pour subvenir à tant d'aumônes et à une si généreuse hospitalité, Fiacre
fut obligé d'implorer de l'évêque une nouvelle concession de terre, et le
prélat lui permit de prendre et d'utiliser tout ce qu'il pourrait entourer
d'un fossé dans l'espace d'une journée. Chose merveilleuse, Dieu vint au
secours du travailleur : la terre se fendait d'elle-même comme par
enchantement, et un seul jour suffit à Fiacre pour entourer une étendue considérable.
C'est sans doute à cause des travaux de jardinage dont il occupait
les loisirs que lui laissaient la prière et le service de Dieu, que saint
Fiacre est regardé comme le patron des jardiniers.
Tandis qu'il jouissait tranquillement des délices de la solitude,
des envoyés écossais vinrent lui offrir la couronne royale, dont son frère
s'était rendu indigne. Fiacre avait eu révélation de leur approche et
obtint de Dieu, à force de larmes et de prière, de ne pas permettre qu'il
sortît de sa chère solitude pour être exposé aux dangers des honneurs du
monde. Il devint aussitôt semblable à un lépreux. Quand les ambassadeurs
furent arrivés près de lui, ils ne purent voir sans horreur ce visage
défiguré, et ils n'eurent plus aucun désir de le faire monter sur le trône
de ses pères. Fiacre mourut dans son ermitage ; il opéra de grands miracles
après sa mort.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les
jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
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