Mercredi 10 Août 2016
Prier…
personnage et extraordinaire humour de la sainteté et du martyre quand ils sont
au paroxysme : Laurent et les trésors de l’Eglise, le grain de blé moulu. Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il
reste seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la
perd ; qui sen détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Et Jésus lui promet Sa proximité, Sa
présence, qui sont accompagnement et issue. [1]
La où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Lesquelles pour nous, bien loin des circonstances et du don qu’est le
martyre, expliquent cependant ce courage, cette force d’âme, cette relation si
paradoxale à la souffrance physique et à la port, à la peur sans doute. Il
ne craint pas l’annonce d’un malheur : le cœur ferme, il s’appuie sur le
Seigneur. Ce que prêche l’Apôtre des
gentils, à ses ouailles, pour une solidarité financière et matérielle avec
d’autres Eglises et communautés, peut aussi se lire selon la parabole du grain
fécond par sa mort : à semer trop peu, on récolte trop peu ; à
semer largement, on récolte largement. … Dieu, qui fournit la semence au semeur
et le pain pour la nourriture, vous fournira la graine ; il la multipliera,
il donnera la croissance à ce que vous accomplirez dans la justice.
Je
reste dans la pensée et l’exemple-phare pour notre époque, ceux d’Edith STEIN.
Je retiens de ce que j’ai consulté hier sur site ou selon le volume d’une
petite collection de sources d’oraison avec des saints choisis [2]. C’est certainement la caricaturer et
ne pas entrer dans ce qu’elle nous apporte que de ne la considérer que
factuellement : le martyre avec d’autres Juifs (à sa sœur : viens, nous allons rejoindre notre peuple) d’une femme convertie au catholicisme et
entrée au Carmel. La doctrine, largement enseignée et écrite, est
exceptionnellement topique pour notre époque : l’empathie, et la
conviction, l’expérience plus encore. Travailler intellectuellement, notamment
en philosophie, mais toute démarche scientifique peur se saisir ainsi dans
cette analogie, c’est participer de la vie de l’Esprit Saint. Par extension, le
travail manuel aussi nous fait habiter en Dieu tandis que nous prolongeons ce
dernier en collaborant à Son œuvre de création. Parce que la quête de la
vérité, ce fut celle de toute sa propre vie, est celle même de Dieu.
Implicitement, elle est celle de tout homme ou femme, chrétien ou pas. La
canoniser, la reconnaître dans une telle démarche, c’est sacraliser et faire
aboutir ce voeu d’universalité des promesses du rachat et de la vie éternelle
et faire cesser l’exclusive de l’Eglise catholique seule : hors l‘Eglise,
point de salut. Combien je regrette que Benoît XVI, notre docteur pour
maintenant, n’ait pas eu le temps de nous donner un catéchèse sur Thérèse
Bénédicte de la Croix… lui, qui condamnait dans les années 1980 le
« mouvement de la libération » du Père BOFF et d’une bonne part du
clergé latino-américain, pas seulement brésilien, lui l’Allemand, était le
mieux placé pour comprendre cette mûe par Edith STEIN. La conversion du
judaisme au catholicisme n’est pas une rupture avec le judaïsme, mais son
aboutissement. Et l’analogie pourrait se faire avec l’Islam venant à nous ou
nous accueillant, les deux mouvements sont en réalité le même. Non pas une
fusion des religions dites du Livre (en fait le christianisme est plutôt une
religion du Verbe) mais leur aboutissement. Edth STEIN resta juive à tous
points de vue, quoique convertie, ou parce que convertie. La conversion, pas un
changement mais un approfondissement. Puissance aussi des études et de l’œuvre.
Pas de séparation profane/religieux. Et évidemment surtout en Allemagne et dans
cette terrible époque, ces couples : elle et HUSSERL donc qui est son
mentor puis en fait une de ses collaboratrices pour l’édition de son œuvre,
Hannah ARENDT et HEIDEGGER… comme Jean de la Croix et Thérèse d’Avila ou Claire
et François, le « poverello ». La canonisation de la Carmélite, juive
de naissance et aussi de religion originelle juive, consacre donc bien plus
qu’une des nombreuses martyres, que tant de héros. Elle permet, ouvre un chemin
que doit prendre l’Eglise entière pour sauver encore plus qu’elle-même dans une
époque tournant à l’athéïsme ou à la distraction universels, pour sauver le religieux,
donc la relation de l’homme avec Dieu, pour autant que celle-ci dépende de la
liberté humaine. La réponse humaine est bien plus multiforme qu’un
embrigadement dans une fondation reconnue comme telle. Comme l’authentique et
la vraie, la directe. Quête, passion de la vérité motivant et structurant
l’œuvre scientifique, et ayant donc mené à la foi, la Juive d’éducation devenue
athée dès l’adolescence, je vis un peu différemment, surtout ces dernières
années : quête de la réalité, donc de la totalité. La totalité est
spirituelle, le réel est bien plus que ce qu’embrassent nos sens et notre
intelligence dans leurs capacités terrestres, et la révélation continue de
génération en génération puisqu’elle s’approfondit à l’initiative d’un Dieu –
unique, point commun pas assez vécu entre judaïsme, Islam et christianisme –
qui parle notre langage, le contemporain, et selon les circonstances qui sont
les nôtres. Sociologie, spiritualité, politique par les femmes, vg. Simone
WEIL, et pour l’époque où vivait notre nouvelle et décisive co-patronne de
l’Europe, le grand texte de Pie XI. Admirablement, le Pape oublié d’aujourd’hui
où chaque pontife est maintenant canonisé de 1847 à 2005, caractérise l’abus de
Dieu en parole et ce qu’est le paganisme des recéleurs de Dieu, notamment en
politique [3].
[1] - 2ème lettre de Paul aux Corinthiens IX 6 à
10 ; psaume CXII ; évangile selon saint Jean XII 24 à 26
[2] - Michel DUPUIS ,
prier 15 jours avec Edith Stein (Nouvelle Cité . Janvier 2016 . 126
pages)
[3] - Ne croit pas en Dieu celui qui se contente de faire
usage du mot Dieu dans ses discours, mais celui-là seulement qui à ce mot sacré
unit le vrai et digne concept de la divinité.
10.
Quiconque identifie, dans une confusion panthéistique, Dieu et
l’univers, abaissant Dieu aux dimensions du monde ou élevant le monde à celles
de Dieu, n’est pas de ceux qui croient en Dieu.
11.
Quiconque, suivant une prétendue conception des anciens Germains d’avant
le Christ, met le sombre et impersonnel destin à la place du Dieu personnel,
nie par le fait la Sagesse et la Providence de Dieu, qui « fortement et
suavement agit d’une extrémité du monde à l’autre »1717
Sg 8,1 et conduit toutes
choses à une bonne fin : celui-là ne peut pas prétendre à être mis au
nombre de ceux qui croient en Dieu.
12.
Quiconque prend la race, ou le peuple, ou l’État, ou la forme de l’État,
ou les dépositaires du pouvoir, ou toute autre valeur fondamentale de la
communauté humaine – toutes choses qui tiennent dans l’ordre terrestre une
place nécessaire et honorable, – quiconque prend ces notions pour les retirer
de cette échelle de valeurs, même religieuses, et les divinise par un culte
idolâtrique, celui-là renverse et fausse l’ordre des choses créé et ordonné par
Dieu : celui-là est loin de la vraie foi en Dieu et d’une conception de la
vie répondant à cette foi.
13.
Prenez garde, Vénérables
Frères, à l’abus croissant, dans la parole comme dans les écrits, qui consiste
à employer le nom de Dieu trois fois saint comme une étiquette vide de sens que
l’on place sur n’importe quelle création, plus ou moins arbitraire, de la
spéculation et du désir humain.
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