mardi 9 août 2016

Edith Stein - wikipédia . version archivée en date du 30 décembre 2009


Edith Stein

Ceci est une version archivée de cette page en date du 30 décembre 2009 à 20:20 et modifiée en dernier par Alphabeta (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Page d'aide sur l'homonymiePour les articles homonymes, voir Édith, Stein et Sainte Thérèse.
Sœur Thérèse-Bénédicte
de la Croix
Ordre religieux
Edith Stein, en religion sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (née le 12 octobre 1891 à Breslau, dans l'Empire allemand, morte le 9 août 1942 à Auschwitz, en Pologne) est une religieuse, philosophe et théologienne allemande. Née dans une famille juive, elle passe par une phase d'athéisme. Étudiante en philosophie, elle est la première femme à présenter une thèse dans cette discipline en Allemagne, puis continue sa carrière en tant que collaboratrice du philosophe allemand Edmund Husserl, le fondateur de la phénoménologie.
Sa réflexion la pousse vers le christianisme auquel elle se convertit en 19211. Elle enseigne alors et donne des conférences en Allemagne, développant une théologie de la femme, ainsi qu'une analyse de la philosophie de Thomas d'Aquin et de la phénoménologie.
Interdite d'enseignement par le régime nazi, elle décide d'entrer au Carmel, où elle devient religieuse sous le nom de Sœur « Thérèse-Bénédicte de la Croix ». Arrêtée par la SS, elle est déportée et meurt « pour son peuple » à Auschwitz. « Philosophe crucifiée »2, elle est déclarée « bienheureuse », sainte, et co-patronne de l'Europe par le pape Jean-Paul II en 1998.

Sommaire

Biographie

Enfance et études

Son père, Siegfried Stein (1844-1893) est commerçant en bois dans une scierie. Il épouse le 2 août 1871 Auguste Stein, et s'installe à Gleiwitz (Haute-Silésie), où naissent leurs six premiers enfants : Paul (1872-1943, mort en camp de concentration de Theresienstadt), Selma (1873-1874), Else (1876-1954), Hedwig (1877-1880), Arno (1879-1948), Ernst (1880-1882)A 1.
En 1882, la famille s'installe à Lublinitz où Siegfried fonde sa première entreprise avec l'aide de sa belle-famille. C'est une période difficile pendant laquelle l'aide familiale lui permet de ne pas sombrer dans la misère. C'est là que viennent au monde les derniers enfants du couple Stein : Elfriede (1881-1942, morte en camp de concentration), Rosa (1883-1942 morte avec Édith Stein à Auschwitz également), Richard (1884, mort né) et Erna (1890-1978)A 2.
Maison de famille d'Édith Stein à Wroclaw.
Édith Stein naît le 12 octobre 1891 à Breslau, jour de Kippour3, ce qui la rend particulièrement chère à sa mère, juive pratiquante4. Son père, Siegfried Stein, meurt d'une insolation quand Édith n'a pas encore trois ansA 3. Sa mère, femme très religieuse, doit alors subvenir aux besoins de sa famille et diriger l'entreprise familiale. Cette lourde tâche demande beaucoup de rigueur et de travail, discipline qu'Auguste Stein essaie de transmettre à ses enfants, ainsi que sa foi juive. Édith Stein raconte d'ailleurs que comme elle est la dernière de sa famille, c’est à elle qu'il revient, d'après la tradition juive, de poser les questions liturgiques lors des fêtes juives, questions qui donnent lieu à des explications plus complètes par le célébrant. Cependant, Auguste Stein ne réussit pas à maintenir chez ses enfants une foi vivante.
En 1896, Edith Stein entre à l'école et se retrouve très vite dans la classe supérieure. Une camarade de classe dit d'elle : « Sa précocité n'avait rien de surprenant, elle y était poussée par ses aînés, mais l'irrésistible orgueil qu'elle développa et dont la tension pouvait aboutir à des larmes et à la colère quand elle n'obtenait pas ce qu'elle souhaitait ou n'était pas la première, la meilleure, était moins positif... c'était une excellente élève »5. À partir de 13 ans, elle commence à jeûner jusqu'au soir, suivant la tradition juive. Elle conserve cette pratique même lorsqu'elle quitte sa famille et alors qu'elle a perdu la foiB 1. Quand Edith Stein rentre à l'école Victoria en 1896, on autorise alors, pour la première fois en Prusse, les filles à passer le baccalauréat. À partir de 1904, les filles sont en effet admises au lycée. Toutefois, arrivée à l'adolescence, Edith Stein refuse de rentrer au lycée et demande d'arrêter les études en 1906. Elle part dix mois à Hambourg aider sa sœur Else qui vient d'avoir un enfant. C'est à cette époque qu’Edith Stein décide de ne plus prierA 4 : « En pleine conscience et dans un choix libre, je cessai de prier »4. En septembre 1907, elle revient à Breslau. Elle retrouve un grand appétit de savoir et, alors qu'elle a quitté le collège volontairement, se remet avec brio aux études. Elle rattrape rapidement son retard et intègre le lycée en septembre 1908. Pendant cette période, Édith Stein lit et étudie beaucoup. Elle affirme plus tard que « ces lectures littéraires de l'époque me nourrirent pour ma vie entière »C 1. C'est pendant cette période qu'elle commence aussi à découvrir la philosophie et notamment la lecture de Friedrich von Schiller, disciple d'Emmanuel Kant.
Edith Stein prend alors un engagement politique, en devenant membre de la section locale de « L'Association prussienne pour le vote des femmes »A 5. Elle soutient, avec sa sœur Erna et ses amies, l'aile la plus radicale du mouvement féministe autour d'Anita Augspurg, d'Hélène Stöcker et de Linda Gustava HeymannA 6. Édith Stein obtient son baccalauréat avec succès en 1911, et décide de poursuivre des études universitaires en philosophie.

La philosophe

Plaque commémorative d'Édith Stein à Prague.

Université à Breslau

Edith Stein est persuadée que « nous sommes sur terre pour être au service de l'humanité (...) Pour s'y employer du mieux possible, il faut faire ce à quoi l'on incline »A 7,C 2. Elle entame alors de brillantes études à l'université de Breslau, aidée par de l'argent (plusieurs milliers de marks) légué par sa grand-mère Johanna SteinA 8. Elle décide d'étudier de nombreuses matières : les langues indo-européennes, l'allemand ancien, l'histoire du drame allemand, l'histoire de la Prusse et de Frédéric le Grand, l'histoire de la constitution anglaise, la philosophie de la nature, l'introduction à la psychologie, l'initiation au grec enfin. Édith Stein étudie particulièrement l'histoire, se considérant comme « passionnée aux événements politiques du présent considérés comme l'histoire en devenir »C 3. Elle tire de cette période de sa vie les nombreux exemples historiques qu'elle utilise par la suite dans ses conférences. Elle étudie aussi la psychologie auprès de William Stern6, et la philosophie dispensée par Richard Hönigswald. C'est au cours de ces études de psychologie qu'elle se déclare athée7. Son ami d'études, Georg Moskiewicz, qui étudie la psychologie avec elle, lui parle en 1912 de l'orientation philosophique nouvelle que présente la phénoménologie d'Edmund Husserl. Elle décide alors de l'étudier et se trouve séduite par le procédé de réduction phénoménologique. C'est cette découverte qui la pousse à aller à GöttingenB 2.
Elle participe aussi à deux associationsC 4 : la première est l'association Humboldt d'éducation populaire, qui donne gratuitement des cours de soutien scolaire à des enfants d'ouvriers et d'employés. Elle y donne des cours d'orthographe. La seconde est une association de femmes, visant à l'égalité des sexes et organisant des petits débats. Elle fait la connaissance à Breslau de Kaethe Scholz, une enseignante qui anime des cours de philosophie auprès de femmes. Son exemple inspire Édith Stein dans la fondation de son « Académie » en 1920.

Études à Göttingen

Edith Stein poursuit ses études à Göttingen, où elle suit, à partir de 1913, les cours du philosophe Leonard Nelson, l'historien Max Lehmann (élève de l'historien Leopold van Ranke, dont Édith Stein se dit « la petite fille spirituelle »A 9. Grâce à son ami Georg MoskiewiczA 10 Édith Stein est acceptée dans la Société de philosophie de Göttingen, qui rassemble les principaux membres de la phénoménologie naissante : Edmund Husserl, Adolf Reinach, et Max Scheler principalement. De ces rencontres, elle garde une correspondance personnelle et approfondie avec Roman Ingarden, Hedwig Conrad-Martius, Théodor Conrad, Hans Lipps, Alexander Koyré, Dietrich von Hildebrandt parmi les plus importants. Edith Stein décide alors de préparer son examen d'État, première étape avant la thèse. Elle suit les conférences de Max Scheler, qui organise ses allocutions à partir de son nouvel essai intitulé « Le formalisme en éthique et l'éthique matérielle des valeurs » (1913-1916), et à la lecture duquel Édith Stein trouve de nombreuses inspirations pour ses travaux sur l'empathie. Malgré de grosses difficultés, elle poursuit ses études avec l'aide de Reinach. L'examen est prévu pour novembre 1914.

Première Guerre mondiale

Lors de la Première Guerre mondiale, Edith Stein décide de retourner à Breslau. Dans l'immédiat, elle veut servir et aider de son mieux. Elle fréquente un cours d'infirmière. Pour elle, ce sont des temps difficiles. Elle écrit : « Quand la guerre sera finie, si je vis encore, je pourrai à nouveau penser à mes occupations personnelles »A 11. Elle retourne à Göttingen pour passer son examen d'État, passe les épreuves et, début janvier, obtient le diplôme avec la mention « très bien ». Suite à son examen, elle postule à nouveau à la Croix Rouge, et est envoyée à l'hôpital militaire de Mährish-Weisskirchen, en Autriche. Elle soigne les malades du service des maladies infectieuses, travaille en salle opératoire, voit mourir des hommes dans la fleur de l'âge. Cette expérience la marque profondément. Elle obtient la médaille de la bravoure pour son dévouementB 3. Elle interrompt son engagement suite à une grande fatigue.

Empathie

Par la suite, elle décide de se consacrer sérieusement à sa thèse. Elle fait désormais partie du cercle intime de ses maîtres. Son ami Reinach se convertit au cours de la guerre8, Édith Stein côtoie de plus en plus de catholiques dans le cercle de philosophes. Elle poursuit sa thèse tout en étant professeur remplaçante à Breslau. Elle décide de suivre Edmund Husserl à Fribourg-en-Brisgau, où elle est l'une des premières femmes à obtenir sa thèse summa cum laude en 1917. Celle-ci est intitulée : « Sur le problème de l'empathie », qu'elle définit comme « une expérience sui generis, l’expérience de l'état de conscience d'autrui en général (…) L'expérience qu'un moi en général a d'un autre moi semblable à celui-ci ». L'empathie, ou Einfühlung, est un terme emprunté par Husserl à Théodor Lipps, désignant l’expérience intersubjectiveB 4. Elle adopte alors un point de vue différent du philosophe Theodor Lipps4. La thèse d'Édith Stein analyse l'empathie comme le don d'intuition et de rigueur qui permet de saisir ce que vit l'autre en lui-mêmeE 1. L'empathie peut ainsi permettre à la personne humaine, considérée comme un univers en soi, de s'enrichir et d'apprendre à se connaître au contact des autresD 1. Ainsi, même si on ne les vit pas personnellement par expérience, nous pouvons, par l'empathie, découvrir des choses sur nous-mêmes. Édith Stein affirme ainsi que « par l'empathie, je peux vivre des valeurs et découvrir des strates correspondantes de ma personne, qui n'ont pas encore eu l'occasion d'être dévoilées par ce que j'ai vécu de manière originaire. Celui qui n'a jamais vu le danger de près peut, en réalisant la situation d'un autre par empathie, découvrir qu'il est lui-même lâche ou courageux. En revanche, ce qui contredit ma propre structure d'expériences, je ne peux pas le « remplir » mais je peux me le représenter de manière vide, abstraite »E 2. De cette analyse, Édith Stein affirme que « seul celui qui vit lui-même comme personne, comme unité de sens, peut comprendre d'autres personnes ». C'est l'ouverture aux autres qui permet ainsi de mieux connaître la réalité. Celle-ci ne peut donc pas se fonder uniquement sur le moi pour atteindre la connaissance mais a besoin d'accepter les choses extérieures comme elles sont, ouvrant ainsi la porte à une plus grande connaissance des choses, sinon « nous nous emmurons dans la prison de nos particularismes ». Au cours de son travail, elle s'appuie sur son ami Roman Ingarden, dont elle tombe amoureuse9. Son travail enthousiasme Husserl qui a l’impression qu'elle anticipe sur une partie de ses IdéesB 5.

Collaboration avec Husserl

Elle devient ensuite l'assistante d'Edmund Husserl. Elle donne des cours d'initiation à la pensée du philosophe. Elle synthétise les tomes 2 et 3 des Idées directrices pour une phénoménologie et une philosophie phénoménologique pures. Elle rédige aussi à partir des notes d'Husserl l'ouvrage Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps, ouvrage qui est édité par Martin Heidegger en 1928 sans mentionner correctement la contribution d'Edith Stein. Sa recherche philosophique porte essentiellement sur la personne humaine, les relations interpersonnelles, les communautés d’appartenance (État, peuple, groupe ethnique, religieux, etc.). Elle insiste sur le sens des valeurs, la liberté, le refus du totalitarisme. Au cours de ces années de recherche elle tente de synthétiser avec ses propres notes l'ensemble de la pensée d'Husserl. Elle remanie cet ouvrage tout au long de sa vie. Il est publié en 1991 sous le titre « Introduction à la philosophie »A 12. Cependant Husserl refuse de soumettre Edith Stein à l'habilitation, ce qui lui permettrait d'être titulaire d'une chaire. Son opposition semble fondée sur sa crainte de voir échouer ce processus, dans la mesure où encore aucune femme n'est titulaire de chaire de philosophie en Allemagne10. Elle est très touchée par la mort au front de son ami Reinach11.

Conversion et engagements

Engagement politique et féminisme

Édith Stein s'intéresse beaucoup aux questions concernant les femmes. Elle milite ainsi pour le droit de vote des femmes (qui est obtenu en 1919 en Allemagne). Elle entre dans l'organisation « Association prussienne pour le droit des femmes au vote ». En janvier 1919, elle s’engage au « DDP », le Parti démocrate allemand, un parti de centre-gauche qui abrite des féministes ainsi que des personnalités juives. Alors que dans sa jeunesse elle se dit sensible à l'idéal prussien, elle devient de plus en plus critique devant le militarisme de la Prusse et l'antisémitisme ambiant. Elle écrit en 1919 : « De toute façon, nous (les Juifs) ne pouvons attendre aucune sympathie plus à droite ». Elle dénonce à son ami polonais Roman Ingarden « l'effroyable antisémitisme qui règne ici ». Progressivement, la grande idéaliste est déçue par la réalité de la politiqueE 3. Plus tard, aigrie, elle écrit : « Jeune étudiante, je fus une féministe radicale. Puis cette question perdit tout intérêt pour moi. Maintenant je suis à la recherche de solutions purement objectives »4.
Elle continue d'être européenne, de refuser le triomphalisme prussien à propos de Sedan et écrit devant le carnage de la Première Guerre mondiale : « Deux choses seulement me maintiennent la curiosité en éveil : la curiosité de voir ce qui va sortir de l'Europe, et l'espoir d'apporter ma contribution en philosophie »12. Dans ses lettres des années 1930, elle parle des auteurs polonais, du français Romain Rolland qu'elle apprécie, et refuse de voir la communauté humaine se déchirer à cause de nationalismes exacerbés. C'est sans doute l'origine commune de son féminisme comme de son pacifisme. Elle dit ainsi qu'elle a « de chaudes discussions »13 au sein de ce parti.
Edith Stein est la première femme devenue docteur en philosophie en Allemagne et la première à avoir demandé officiellement que les femmes soient admises à présenter une habilitation au professorat. Au cours des années 1918 à 1919, elle publie L'Individu et la communauté, sous le titre Contributions à un fondement philosophique de la psychologique et des sciences humaines, se détachant de la pensée d'Husserl, et évoquant la religion. Face aux discriminations sur son habilitation, elle écrit au Ministre de la Culture allemand, qui lui donne raison, affirmant la possibilité pour une femme d'être professeur d'université. Cependant, malgré toutes ses démarches elle est refusée à Kiel, Hambourg, et GöttingenA 13. Face à cette opposition elle fonde une académie privée, et accueille trente auditeurs chez elle, dont le futur sociologue Norbert EliasA 14. Elle poursuit sa réflexion en publiant Étude sur l'État, où elle décrit les différentes notions d'individu, de communauté, de masse et d'État. Elle s'oppose donc à l'idéologie du national socialisme allemand, ainsi qu'aux idéologies marxistes.
Elle observe vers la fin de sa vie le chemin parcouru concernant les droits obtenus par les femmes et le changement de mentalités et rédige un nouvel ouvrage : Formation de femme et profession de femme où elle explique que « les jeunes filles passent aujourd'hui le baccalauréat et s'inscrivent à l'université en ignorant le plus souvent ce qu'il a fallu de réunions, résolutions, pétitions adressées au Reichstag ou aux Staatsregierungen pour que s'ouvrent aux femmes, en 1901, les portes de l'université allemande »14.

Conversion

Cathédrale de Francfort-sur-le-Main en 1866.
La conversion d'Edith Stein est précédée d'une longue recherche intellectuelle et spirituelle qui s'étend des années 1916 à 1921. La première étape de sa conversion a été une expérience marquante lors de la visite d'une cathédrale à Francfort-sur-le-Main où elle rencontre une femme venant du marché qui entre, fit une courte prière, comme une visite, puis s'en va. Stein explique : « C’était pour moi quelque chose de tout à fait nouveau. Dans les synagogues et les temples que je connaissais, quand on s’y rendait c’était pour l’office. Ici, au beau milieu des affaires du quotidien, quelqu’un pénétrait dans une église comme pour un échange confidentiel. Cela, je n’ai jamais pu l’oublier »13.
Elle est aussi profondément marquée par la mort de son ami Reinach, mais c'est l'attitude de sa femme, qui est, selon l'affirmation d'Edith Stein, l'élément le plus marquant. Pauline Reinach croit dans la vie éternelle, et trouve une consolation et un courage renforcé dans sa foi en Jésus. À travers cette expérience, elle découvre l'existence d'un amour surnaturel15. Elle affirme plus tard que « la cause décisive de sa conversion au christianisme fut la manière dont son amie accomplit par la force du mystère de la Croix le sacrifice qui lui était imposé par la mort de son mari »16.
Dans le cercle des phénoménologues, les conversions au christianisme se multiplient (ses amies Anne et Pauline Reinach, F. Hamburger et H. Conrad notamment)17,B 6. Mais c’est en août 1921 qu’Edith Stein opte définitivement pour la foi catholique. Lors d'une visite à ses amis Conrad-Martius, Edith Stein lit un livre que lui ont offert les Reinach : la Vie de sainte Thérèse de Jésus, par elle-même. Cet épisode est l’aboutissement de sa longue quête de la véritéE 4. Dès ce moment elle veut être carmélite. Elle annonce la nouvelle de sa conversion à sa mère en octobre. C'est un moment très difficile. Elle affirme en effet : « Quant à ma mère, ma conversion est la plus lourde peine que je puisse lui porter »18. Elle demande le baptême au sein de l'Église catholique le 1er janvier 1922 et elle prend les noms de baptême : Edith, Theresia (même nom que Sainte Thérèse d'Avila), Hedwig (nom de sa marraine Hedwig Conrad-Martius). Elle fait sa première communion le lendemain et est confirmée le 2 février par l'évêque de SpireA 15.

Conférences

Après son baptême elle veut entrer dans l'Ordre du Carmel, mais ses interlocuteurs, le vicaire général de Spire et le père Erich Przywara, refusent son entrée et lui demandent d'enseigner l'allemand et l'histoire au lycée et à l'école normale féminine du couvent des dominicaines de la Madeleine de SpireA 16, ce qu'elle fait de 1922 à 1933. Elle essaie cependant de vivre ses journées comme les religieuses, priant régulièrement et cherchant à être religieuse selon le cœurC 5. Pendant ses temps libres, elle décide de traduire les cours magistraux de John Henri Newman, anglican converti au catholicisme, en allemandA 17. Elle poursuit sa traduction pour une maison d'édition intéressée par le travail de NewmanC 6.
Elle poursuit son travail de traduction encouragé par son père spirituel P. Erich Przywara, en traduisant pour la première fois les écrits de saint Thomas d'Aquin du latin en langue allemande (notamment les Quaestiones disputatae de veritate). L'Église catholique ayant, en 1879, choisi, dans l'encyclique Æterni Patris, la philosophie de saint Thomas d'Aquin comme doctrine officielle de sa théologie, Édith Stein tente donc l'idée d'une « discussion entre la philosophie catholique traditionnelle et la philosophie moderne »C 7. Ce travail durera plus de huit ans, et conduira aux écrits : Les Études de saint Thomas d'Aquin sur la Vérité, La Phénoménologie d'Husserl et la philosophie de saint Thomas d'Aquin, Essai d'étude comparé, Puissance et action, et Être fini et être éternel. Le père Erich Przywara l'encourage à confronter saint Thomas d’Aquin et la philosophie moderne.
Dès 1926 on la sollicite pour faire des conférences. C'est l'amorce d'une carrière de conférencière qui la conduira à faire plus de trente conférences à travers l'AllemagneA 18, sur de nombreux thèmes comme l'éducation, la pédagogie, la philosophie, les droits de la femme etc. L'archiabbé Raphaël Walzer de l'abbaye de Beuron, son père spirituel à partir de 1928, et le P. Erich Przywara l’encouragent à répondre positivement à ces invitations. Elle commence alors à donner des conférences, faisant de longs voyages en Allemagne et dans d'autres pays. Nombre de ses enseignements portent sur la place de la femme dans la société et dans l'Église, sur la formation des jeunes et sur l'anthropologie. Elle prend résolument position contre le nazisme et rappelle la dignité de tout être humain.
Au cours de ces conférences, elle affirme que l'éducation ne peut pas tout obtenir par la force, mais doit aussi passer par le respect de chaque individu et la grâce. Elle met donc en garde contre la surveillance des étudiants, et montre le rôle exemplaire du professeur dans l'éducation, plus que les moyens coercitifs19. Son père spirituel lui conseille de continuer son œuvre, du fait de son statut de laïc dans la société, fait rare à l'époqueA 19. Elle prend ainsi parti pour le dialogue entre catholiques et protestants au sein de l'éducation20. Édith Stein obtient une notoriété importante au cours d'une conférence en 1930 sur « L'éthique des métiers féminins ». Seule femme à prendre la parole au cours du Congrès, elle parle des métiers féminins et refuse la misogynie de l'époque en affirmant qu'« aucune femme n'est seulement femme, chacune présente des traits individuels et des dispositions propres, tout comme l'homme, par l'aptitude à exercer telle ou telle profession dans un domaine artistique, scientifique ou technique »21. Les comptes-rendus de cette conférence sont repris dans de nombreux journaux de l'époque. Au cours d'une de ces conférencesA 20 elle discute avec Gertrud von Le Fort, amie poétesse. De cette rencontre naît l'inspiration de l'œuvre La Dernière à l'Échafaud, dont Georges Bernanos s'inspire pour écrire les Dialogues des Carmélites. En 1932 elle continue ses conférences demandant une éducation précoce de la sexualitéA 21.
Edith Stein continue parallèlement ses études de philosophie et est encouragée par Martin Heidegger et Honecker dans ses recherches dans le dialogue entre la philosophie thomiste et la philosophie phénoménologiqueA 22. En 1931, elle termine son activité à Spire. Elle tente de nouveau d'obtenir l'habilitation pour enseigner librement à Wroclaw et à Fribourg, ce qu'elle n'obtient pas. Elle trouve un poste à l'Institut des sciences pédagogiques de MünsterA 23, institut géré par l’enseignement catholique (qui sera fermé par le pouvoir nazi quelques années plus tard). Elle participe à une conférence à Juvisy en France, organisé par la société Thomiste, ou elle intervient principalement sur la phénoménologie22. Elle continue à dialoguer avec ses amis philosophes, dont Hans Lipps qui la demande en mariage en 1932, demande qu'elle refuse23, ayant trouvé un « autre chemin ».
Edith Stein prend progressivement son autonomie vis-à-vis d'Husserl. Ainsi elle se trouve en désaccord avec lui sur le rôle de la théologie et de la philosophie. Elle considère que la philosophie a pour objectif d’ « approfondir les nécessités et les possibilités de l’être »D 2, par sa fonction de connaissance. Cependant, la philosophie d'Husserl lui semble dans une impasse dans la mesure où elle ne permet pas d’accéder aux questions de l'éthique et de la philosophie de la religion, ne laissant pas « de place pour Dieu »24. La théologie et la philosophie « ne doivent pas se faire concurrence, mais au contraire se compléter et s’enrichir réciproquement »D 3. La théologie peut en effet servir selon elle d'hypothèse permettant d'accéder au logos. Elle critique aussi le fait que la philosophie d’Husserl omette des siècles de recherche chrétienne de la vérité en ne considérant que les philosophes récentsB 7. Cette critique se poursuit avec l'analyse de l'œuvre de Martin Heidegger. Elle conteste sa méconnaissance de la philosophie médiévale dans son analyseB 8. Elle lui reproche de « reculer devant l'infini sans quoi rien de fini ni le fini comme tel n'est saisissable »24.
Très vite après la prise du pouvoir par les nazis, les lois allemandes interdisent aux femmes l'enseignement dans les universités ainsi qu'aux Juifs. Cependant même lorsqu’elle est interdite d'enseignement en 1933, l’Association des enseignantes catholiques continue à lui verser une bourseA 24. Édith Stein est activement opposée au nazisme, dont elle perçoit très tôt le danger. Interdite d'enseignements du fait de l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir, elle décide alors d'écrire au pape Pie XI pour demander une prise de position claire de l'Église contre ce qu'elle nomme « l’idolâtrie de la race »25. Celle-ci n'aura pas lieu du fait de la mort de Pie XI, décès qui arrête la rédaction de l'encyclique condamnant l'antisémitisme, Humani generis unitas commencée en mai 1938. Certains pensent que la lettre d'Édith Stein peut avoir une influence dans l'origine de cette encycliqueB 9. La condamnation du nazisme par l'Église catholique a lieu dans l'encyclique Mit brennender Sorge (1937). Alors qu'elle ne peut plus s’exprimer publiquement du fait des lois antisémites, elle redemande alors à l’archiabbé Walzer de Beuron de pouvoir rentrer au Carmel. Elle décide alors de rassembler ses souvenirs et écrit sous le titre Vie d'une famille juive, où elle décrit l'histoire de sa famille, en tentant ainsi de détruire tous les préjugés antisémites et décrivant l'humanité juive. Ce récit autobiographique s'arrête en 1916, peu de temps avant sa conversion. En la fête de sainte Thérèse d’Avila, le 15 octobre 1933, elle réalise enfin son rêve : elle entre au monastère.

Vie religieuse

Le choix du Carmel

Statue commémorant l’itinéraire d’Édith Stein à Cologne.
Le choix du Carmel peut trouver plusieurs explications. La première raison est une conversation qui a lieu vers 191826. Dans une période de doute et de difficultés, Philomène Steiger (1896 - 1985), une amie catholique, lui parle de la quête du prophète Élie, le définissant comme le véritable fondateur du Carmel, cherchant dans la solitude l'union à DieuA 25. La deuxième raison est sans doute son admiration pour Thérèse d'Avila et pour son œuvre qui ont conduit à sa conversion. Après la lecture de sa biographie, elle avait fait le choix de devenir catholique et d'entrer un jour au Carmel afin de « renoncer à toutes les choses terrestres et vivre exclusivement dans la pensée du divin »C 8.

Entrée au Carmel de Cologne

Article détaillé : L'Être fini et l'Être éternel.
En 1933, privée désormais comme juive du droit de s’exprimer publiquement, elle demande à entrer au Carmel, malgré ses 41 ans. Elle est donc admise au Carmel de Cologne. Elle prend l’habit le 15 avril 1934 et reçoit le nom de « Thérèse-Bénédicte de la Croix ». Ses supérieures l’encouragent bientôt à reprendre ses travaux philosophiques. À Pâques le 21 avril 1935, Édith Stein fait ses vœux temporaires. Elle a l'autorisation de poursuivre ses études sur Puissance et Acte, projet d'étude philosophique qu'elle poursuit jusqu'en 1939A 26. Ses travaux conduisent Édith Stein à remanier de manière complète ce projet, qu'elle renomme L’Être fini et l’Être éternel. Cet écrit peut ainsi être considéré comme son œuvre majeure. Elle y établit le chemin de la recherche de Dieu, qui passe par une recherche de la connaissance de soi. L'ensemble de ses travaux ne pourra cependant être publié, en raison des lois anti-juives du Troisième Reich. Le 21 avril 1938, elle prononce ses vœux définitifs en tant que carmélite. Devant le danger que présentent les lois nazies, Sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix a l'autorisation de partir avec sa sœur Rosa, qui s’est convertie elle aussi au catholicisme. Elles se réfugient au carmel d’Echt, en Hollande, le 31 décembre 1938A 27.

Carmel d’Echt

Article détaillé : La Science de la Croix.
Édith Stein arrive au Carmel d'Echt, aux Pays-Bas, mais elle est inscrite auprès des services de l'immigration néerlandais en tant que juive. Elle est de plus en plus inquiète devant le sort de ses amis et sa famille juive. Elle continue ses travaux mais, du fait de la situation de plus en plus dangereuse, elle demande à sa supérieure de « s'offrir en sacrifice au Sacré-Cœur de Jésus pour la paix véritable ». Le 9 juin 1939, elle rédige son testament, dans lequel elle « implore le Seigneur de prendre sa vie » pour la paix dans le monde, et le salut des juifs27. L'annexion de la Hollande par l'Allemagne nazie conduit à une situation de plus en plus difficile pour Édith Stein, soumise à un statut particulier du fait de son origine juive. Néanmoins sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix continue d'écrire, conformément aux souhaits de sa supérieure. Elle est ainsi déchargée de ses travaux manuels par sa supérieure au début 1941B 10. À l'occasion du quatre-centième anniversaire de la naissance de saint Jean de la Croix, sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix entreprend l'étude de sa théologie mystique.
Stein avait préparé la rédaction de ce gros ouvrage par un court essai sur la théologie symbolique du Pseudo-Denys l'Aréopagite, une des sources de la pensée de saint Jean de la Croix28. Elle cherche à comprendre, avec le recul, comment certains arrivent à mieux découvrir Dieu à travers la création, la Bible et leurs expériences de vie, alors que pour d’autres, ces mêmes éléments restent totalement opaques. Elle intitule son œuvre sur Jean de la Croix Scientia Crucis (La Science de la Croix). Elle y fait une synthèse de la pensée du carme espagnol avec sa propre étude sur la personne humaine, la liberté et l’intériorité. Contrairement à ce qui fut dit, les dernières études graphologiques et littéraires montrent que l’œuvre est achevée au moment de l’arrestation d’Édith Stein29. C’est une sorte de synthèse de son cheminement intellectuel et spirituel. À travers l’expérience de saint Jean de la Croix, elle cherche à trouver les « lois » générales du chemin que peut faire toute intériorité humaine pour parvenir au royaume de la liberté : comment atteindre en soi le point central où chacun peut se décider en pleine liberté30. Cependant Édith Stein cherche à quitter la Hollande afin de partir vers un Carmel en Suisse et vivre sa foi sans la menace des nazis. Ses démarches restent sans succès car elle est privée du droit d'émigrer. Elle écrit en juin 1942 : « Depuis des mois, je porte sur mon cœur un petit papier avec la parole du Christ: « Lorsqu'ils vous persécuteront dans une ville, fuyez dans une autre »31,B 11.

Décès durant la Shoah

Face à l'augmentation de l'antisémitisme en Hollande, les évêques néerlandais décidentB 12, contre l'avis du pouvoir en place, de condamner les actes antisémites par la lecture lors de l'homélie d'une lettre pastorale dans les églises le 26 juillet 194232,33. Suite à cette lettre, un décret du 30 juillet 1942 conduit à l'arrestation des « Juifs de religion catholique »34.
Elle est arrêtée le 2 août 1942 par les S.S. avec sa sœur Rosa et tous les Juifs ayant reçu le baptême catholique. Ses dernières paroles sont pour sa sœur « Viens, nous partons pour notre peuple »35,36.
Elle est déportée avec sa sœur dans les camps d'Amerfort, puis celui de WesterborkB 13. Elle y retrouve deux de ses amies et « filles » spirituelles, deux jeunes filles juives devenues catholiques : Ruth Kantorowicz et Alice Reis. Au camp de Westerbork, elle croise une autre grande mystique juive du XXe siècle, Etty Hillesum, qui vient d’être embauchée par le Conseil juif du camp pour aider à l’enregistrement. Cette dernière consigne dans son Journal la présence d’une carmélite avec une étoile jaune et de tout un groupe de religieux et religieuses se réunissant pour la prière dans le sinistre décor des baraquesE 5. À l’aube du 7 août, un convoi de 987 Juifs part en direction d’Auschwitz. Toutes les personnes du convoi sont gazées au camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau en Pologne, le 9 août 1942.

Reconnaissance posthume

Canonisation
Portrait d'Edith Stein sur un timbre crée pour la commémorer en 1983.
Édith Stein est béatifiée par Jean-Paul II, le 1er mai 1987, à Cologne, pour l’héroïsme de sa vie et sa mort en martyr, assassinée « ex odio fidei » (en haine de sa foi catholique)37. Avec sa béatification dans la cathédrale de Cologne l’Église honore, comme le dit le pape Jean-Paul II, « une fille d’Israël, qui pendant les persécutions des nazis est demeurée unie avec foi et amour au Seigneur Crucifié, Jésus Christ, telle une catholique, et à son peuple telle une Juive»4. Elle est par la suite canonisée par le pape Jean-Paul II le 11 octobre 1998 et proclamée co-patronne de l’Europe le 1er octobre 199938.
Le 11 octobre 2006, le pape Benoît XVI bénit une grande statue de sœur Thérèse Bénédicte de la Croix placée dans la partie extérieure de l’abside de la basilique Saint-Pierre du Vatican dans une niche entre les patrons de l’Europe39. Benoît XVI cite par ailleurs en exemple Édith Stein dans son discours lors de sa visite à Auschwitz le 15 juillet 200740 affirmant : « de là apparaît devant nous le visage d'Édith Stein, Thérèse Bénédicte de la Croix : juive et allemande, disparue, avec sa sœur, dans l'horreur de la nuit du camp de concentration allemand-nazi ; comme chrétienne et juive, elle accepta de mourir avec son peuple et pour son peuple (...) mais aujourd'hui, nous les reconnaissons en revanche avec gratitude comme les témoins de la vérité et du bien, qui, même au sein de notre peuple, n'avaient pas disparu. Remercions ces personnes, car elles ne se sont pas soumises au pouvoir du mal, et elles apparaissent à présent devant nous comme des lumières dans une nuit de ténèbres »41.
Polémique
Avec la canonisation d’Édith Stein, en 1998 une polémique est née, certains reprochant au pape Jean-Paul II d'avoir voulu « récupérer » la Shoah, à travers sa canonisation. Ainsi des personnalités juives critiquèrent le pape lui demandant d’annuler la canonisation42, voyant en celle-ci une tentative pour réaliser la « christianisation de la Shoah »43,44. Cette polémique semble en partie due à une mauvaise interprétation du discours du pape Jean-Paul II qui affirma : « En célébrant désormais la mémoire de la nouvelle sainte, nous ne pourrons pas, année après année, ne pas rappeler aussi la Shoah, ce plan féroce d’élimination d’un peuple qui coûta la vie à des millions de frères et sœurs juifs »44. Certains ont cru y voir l’institution d’une journée commémorant la Shoah, or il s’avère que cette journée n’a jamais été instituée et que les propos ont sans doute été sur-interprétés44.
Autres reconnaissances
En 2008, Édith Stein entre au « Walhalla », mémorial des personnalités marquantes de la civilisation allemande. La chaîne télévisée publique allemande ZDF consacra une émission entière sur Édith Stein dans le cadre d'Unsere Besten, consacrant les plus grands Allemands de tous les temps. Un film est sorti en 1995 : La Septième demeure, dans lequel Maia Morgenstern joue le rôle d'Édith Stein.

Théologie d’Edith Stein

Vision de la Femme

Mémorial de l'abbaye de Beuron en Allemagne
Édith Stein a très tôt été marquée par sa condition féminine. Première femme thésarde de philosophie d’Allemagne, elle s’est engagée personnellement afin de défendre la possibilité pour les femmes d’aller à l’université et d’y enseigner, malgré les nombreuses réticences du début du XXe siècle.
Sa conversion va l’engager sur une autre voie. Elle se désintéresse alors des revendications purement féministesB 14, afin de développer, à travers ses nombreuses conférences dans toute l’Allemagne, une théologie catholique de la femme. Cette théologie spécifique à la condition féminine, qui était quasiment inexistante dans l’enseignement catholique, sera développée par Jean-Paul II, qui semble avoir été influencé par l’analyse d’Édith Stein, dans la lettre apostolique Mulieris dignitatem45.
Elle a écrit un traité sur la femme, intitulé La Femme et sa destinée. Il fait la synthèse de ses réflexions et conférences sur les femmes. Dans ce livre elle aborde de nombreux thèmes comme l’éducation de la femme, sa vocation, son statut particulier. À partir d’une analyse philosophique elle affirme l’unité de l’humanité, puis une différenciation des genres qui la conduit à affirmer que la femme a trois buts fondamentaux : « l’épanouissement de son humanité, de sa féminité et de son individualité ». En se fondant sur le récit de la Genèse et de l’Évangile, démarche reprise par Jean-Paul II dans son magistère, elle prend la Vierge Marie pour modèle, et affirme son rôle essentiel dans l’éducation. Cependant, elle nie l’opposition de l’époque affirmant que les femmes doivent se cantonner à la seule sphère familiale et affirme que la vocation de la femme peut avoir une vie professionnelle : « Le but qui consiste à développer les capacités professionnelles, but auquel il est bon d’aspirer dans l’intérêt du sain développement de la personnalité individuelle, correspond également aux exigences sociales qui réclament l’intégration des forces féminines dans la vie du peuple et de l’État »D 4. Cette affirmation est d’autant plus forte qu’elle considère comme une perversion de la vocation féminine la vie des « jeunes filles de bonnes familles et des femmes oisives des classes possédantes »A 28.
Elle affirme, en s’appuyant sur saint Thomas d’Aquin, qu’il existe des professions naturelles de la femme46, s'appuyant sur des prédispositions féminines. Prédispositions qui n’empêchent pas une singularité et des dispositions singulières, comme chez les hommes. Elle affirme plus loin qu’« un authentique métier féminin, c'est un métier qui permet à l’âme féminine de s’épanouir pleinement »D 5. La femme doit donc se réaliser dans sa profession en recherchant ce qui est le plus dans sa vocation. Elle doit veiller à conserver « une éthique féminine »D 6 dans sa profession, en prenant la Vierge Marie comme modèle de la Femme et dans sa destinéeD 7.
Cette réalisation doit aussi comprendre une mission spirituelle de la femme, qui se réalise par la vie en Dieu, la prière et les sacrements. Dans cette logique elle critique le manque d’instruction donnée aux femmes, et le manque d’enseignement du catéchisme auprès des femmesD 8, l’éducation se focalisant trop sur la piété. Elle affirme ainsi que « la foi n’est pas une affaire d’imagination, ni un sentiment de piété mais une préhension intellectuelle ». Elle mettra en garde les institutions religieuses, qui, dans l’éducation religieuse, utilisaient trop souvent des moyens coercitifs afin de développer la piété. La foi ne pouvant s’obtenir qu’en vertu de la Grâce, elle affirme la nécessité non pas des contrôles mais de l’exemple dans l’éducation des fillesA 29.

Vision du judaïsme

Vitrail d'Alois Plum représentant d'Edith Stein et Maximilien Kolbe à Cassel
La vision du judaïsme d’Édith Stein évolue tout au long de sa vie. Née dans une famille juive, elle abandonne sa foi juive, pour devenir athée dès l’adolescence. Cet athéisme est remis en question par sa conversion et sa rencontre de Dieu. Cette conversion conduit Édith Stein à un approfondissement de sa foi et à se ré-approprier progressivement ses racines juives et à exprimer sa foi chrétienne d’une manière originaleE 6.
Edith Stein ne renie pas son origine juive, mais l’assume, en se considérant toujours comme appartenant au peuple juif. Elle considère ainsi que Jésus de Nazareth est un juif pratiquant, comme ses disciples des premiers temps. Il en va de même de l’Église, le groupe actuel de ses disciples. L’Église doit donc rester pleinement consciente de cet enracinement et doit être solidaire du peuple juif persécuté selon elle47. Ainsi c’est cette réflexion et cette filiation qui conduit Édith Stein à écrire au Pape Pie XI contre l’antisémitismeB 15, ainsi que de commettre de nombreux actes contre l’antisémitisme tout au long de sa vie48. Elle revendique par ailleurs son héritage juif, en 1931. Lors d'une conférence à Juvisy, elle parle « des nôtres » ou de « nous » lorsqu'elle parle de ses amis philosophes juifsB 16.
Dans son œuvre présentée comme autobiographique Vie d’une famille juive Édith Stein veut, selon l’avant-propos, produire une réfutation de l’antisémitisme nazi à travers la présentation de la vie de sa famille et de ses amis juifs, dont elle est totalement solidaire, cherchant à faire disparaître les préjugés antisémites. Cet héritage est vécu par Édith Stein de façon plus personnelle, elle écrit ainsi en 1932 : « J'avais entendu parler de mesures sévères prises à l'encontre des Juifs, mais à ce moment-là l'idée se fit jour en moi, soudainement, que Dieu venait à nouveau de poser lourdement sa main sur mon peuple et que le destin de ce peuple était aussi le mien »B 17. Elle écrit La Prière de l'Église, où elle réaffirme la filiation entre le catholicisme et les juifs affirmant que « Le Christ priait à la manière d'un Juif pieux, fidèle à la Loi »49. Elle affirme dans la même logique qu'il existe une richesse passée, et présente de la liturgie juive. Richesse qui préfigure de la richesse de la liturgie catholiqueB 18.
Enfin sa mort, qu’elle veut vivre comme un holocauste pour « son peuple », montre son attachement profond à cette filiation entre le christianisme et le judaïsme50. Elle ne renie pas sa foi catholique, mais s’identifie au Christ, qui meurt pour ses disciples. Édith Stein fait donc de même, en partant aux camps en tant que juive.

Annexes

Bibliographie

Œuvres d’Édith Stein
  • Correspondance 1917-1933, Ad Solem, Cerf, Edition du Carmel, 2009 (ISBN 978-2-204-08807-7)
  • La femme cours et conférences, Ad Solem, Cerf, Edition du Carmel, 2009 (ISBN 978-2-204-08608-0)
  • De la crèche à la Croix, Ad Solem, 2007 (ISBN 978-2-940402-10-6)
  • Voies de la connaissance de Dieu. La théologie symbolique de Denys l’Aréopagite, Ad Solem, 2003 (ISBN 2-88482-004-3)
  • Malgré la nuit, poésies complètes, Ad Solem, 2002
  • Vie d’une famille juive, édition du Cerf-Ad Solem, 2001
  • Source cachée, édition du Cerf-Ad Solem, 1999 (2e édition)
  • Le Secret de la croix, Parole et Silence, 1998
  • De la Personne : recueil de textes choisis par Ph. Secrétan (éd.), éd. du Cerf, 1992
  • De l’État, éd. du Cerf, 1989
  • Phénoménologie et philosophie chrétienne, éd. du Cerf, 1987
  • L’Être fini et l’Être éternel, essai d’une atteinte du sens de l’être, Nauwelaerts, 1972
  • La Science de la Croix, Passion d’amour de saint Jean de la Croix, Nauwelaerts, 1957
  • La Femme et sa destinée, éditions Amiot – Dumont, 1956 (recueil de six conférences données par Édith Stein sur le thème de la Femme)
Biographies et études sur Edith Stein
  • Yann Moix, Mort et vie d’Édith Stein, éditions Grasset et Fasquelle 2008, (ISBN 2246732611)
  • E. de Rus, L'art d'éduquer selon Édith Stein. Anthropologie, éducation et vie spirituelle, Cerf-Ad-Solem-Carmel, 2008
  • C. Rastoin, Édith Stein (1891 - 1942) : enquête sur la source, Cerf, 2007
  • E. de Rus, Intériorité de la personne et éducation chez Édith Stein, Cerf, 2006
  • V. Aucante, De la solidarité. Essai sur la philosophie politique d’Édith Stein, Parole et Silence 2006
  • C. Rastoin et D.-M. Golay, Avec Édith Stein découvrir le Carmel français, éd. du Carmel, 2005
  • Sylvie Courtine-Denamy, Trois femmes dans de sombres temps : Édith Stein, Hannah Arendt, Simone Weil, Le Livre de Poche, Biblio essais, no 4367, 2004 (ISBN 2-253-13096-6)
  • J. Hatem, Christ et intersubjectivité chez Marcel, Stein, Wojtyla et Henry, L'Harmattan, 2004
  • U. Dobhan, S. Payne et R. Körner, Édith Stein, disciple et maîtresse de vie spirituelle, éd. du Carmel, 2004
  • M. A. Neyer, Édith Stein au carmel, Lessius, 2003
  • V. Aucante, Le Discernement selon Édith Stein. Que faire de sa vie ?, Parole et Silence, 2003 (ISBN 978-2-84573-165-3)
  • B. Weibel, Édith Stein prisonnière de l'Amour, Téqui, 2002
  • M. A. Neyer et A. U. Müller, Édith Stein, une femme dans le siècle, J.-C. Lattès, 2002 (ISBN 2-7096-2080-4)
  • Élisabeth de Miribel, Comme l'or purifié par le feu : Édith Stein, 1891-1942, Plon, 1984 ; Perrin, 1998
  • J. Bouflet, Édith Stein philosophe crucifiée, Presses de la Renaissance, 1998
  • C. Rastoin, Édith Stein et le mystère d’Israël, Ad Solem, 1998
  • Florent Gaboriau, Lorsque Édith Stein se convertit, éditions Ad Solem, 1997

Articles connexes

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

Principales sources utilisées
  • Andreas Uwe Müller et Maria Amata Neyer, Édith Stein Une femme dans le siècle, JC Lattès, 2002, (ISBN 2-7096-2080-4)
  1. p. 16.
  2. p. 16.
  3. p. 16.
  4. p. 29-30.
  5. p. 40.
  6. p. 40.
  7. p. 43.
  8. p. 44.
  9. p. 60.
  10. p. 63.
  11. p. 81.
  12. p. 100.
  13. p. 128.
  14. p. 129.
  15. p.143
  16. p. 156.
  17. p. 161.
  18. p. 169.
  19. p. 179.
  20. p. 195, 8 Avril 1931 conférence intitulée « Pourquoi la femme est faite ? ».
  21. p. 179.
  22. p. 179.
  23. p. 201.
  24. p. 211-212.
  25. p. 143.
  26. p. 233.
  27. p. 256.
  28. p. 180.
  29. p. 170.
  • Sylvie Courtine-Denamy, Trois femmes dans de sombres temps, Édith Stein, Hannah Arendt, Simone Weil ou amor fati, amor mundi, Albin Michel, 2002, 22p, (ISBN 2-253-13096-6)
  1. p. 20.
  2. p. 29.
  3. pp. 33-34.
  4. pp. 33-34.
  5. pp. 33-34.
  6. p. 32.
  7. p. 49.
  8. pp. 64-65.
  9. Thèse du jésuite J. H. Nota, dans (de) Edith Stein und der Entwurf für eine Enzyclika gegen Rasisismus und Antisemitisismus, Freiburger Rundbrief, pp. 35-41, 1975, cité pp. 107-108.
  10. p. 291.
  11. p. 319.
  12. pp. 320-321.
  13. p. 321.
  14. p. 74.
  15. pp. 107-108.
  16. p. 83.
  17. Citation reproduite p. 175.
  18. p. 155.
  • Édition complète des œuvres d'Édith Stein (Edith Stein Werke), éditions du Cerf, 2009
  1. (all) Volume VI,Stein Edith, Welt und Person. Beitrag zum christlichen Wahrheitsstreben, Herder Freiburg, 1962, p. 143.
  2. (all) Edith Steins Werke VII.Aus dem Leben einer jüdischen Familie - Das Leben Edith Steins; Kindheit und Jugend Louvain/ Freiburg, Nauwelaerts/ Herder, 1965. p. 237.
  3. (all) Edith Steins Werke VII.Aus dem Leben einer jüdischen Familie - Das Leben Edith Steins; Kindheit und Jugend Louvain/ Freiburg, Nauwelaerts/ Herder, 1965, p. 160.
  4. (all) Edith Steins Werke VII.Aus dem Leben einer jüdischen Familie - Das Leben Edith Steins; Kindheit und Jugend Louvain/ Freiburg, Nauwelaerts/ Herder, 1965. p.162
  5. Elle veut être selon ses mots : « religieuse selon le cœur, même si je ne porte pas le voile et ne suis pas lié par la clôture et par les vœux et ne peux pour le moment penser à me lier de la sorte », in (de) Selbstbildnis in Briefen, Zweiter Teil 1934-1942, 1977, p. 185.
  6. «Entrer en contact étroit comme celui que donne la traduction avec un Esprit comme Newmann est merveilleux pour moi. Sa vie toute entière a été une recherche constante de la vérité en matière de religion», (all) Briefe an Roman Ingarden 1917-1938, Einleitung von Hanna-Barbara Gerl, Anmerkungen von Maria Amata Neyer O.C.D., 1991. p. 154.
  7. (de) Selbstbildnis in Briefen. Zweiter Teil 1934-1942, 1977, p. 159.
  8. (de) Edith Steins Werke VII. Aus dem Leben einer jüdischen Familie - Das Leben Edith Steins; Kindheit und Jugend Louvain/ Freiburg, Nauwelaerts/ Herder, 1965, p. 54.
  • Édith Stein, La Femme et sa destinée, éditions Amiot – Dumont, 1956
  1. p. 46.
  2. Chapitre 1, pp. 37-40.
  3. Chapitre 1, pp. 37-40.
  4. pp. 73-74.
  5. pp. 86-87.
  6. p. 89.
  7. pp. 129-130.
  8. p. 135.
  1. p. 46.
  2. Extrait de la thèse d'Édith Stein (1917) : Zum Problem der Einfühlung, chapitre IV, § 7.b), « Les types de personnes et les conditions pour pouvoir comprendre par empathie des personnes », cité p. 46.
  3. pp. 167-168.
  4. pp. 130-131.
  5. pp. 345-346.
  6. pp. 133-134.
Autres sources
  1. « Devenue catholique, Edith Stein se considère toujours comme appartenant au peuple juif » (voir ci-dessous sa vision du judaïsme) et dans Jean-Marie Lustiger « Toute sa vie, il expliquera que son christianisme n'a jamais signifié un renoncement à son identité juive ».
  2. Joachim Bouflet, Edith Stein: philosophe crucifiée, Presses de la Renaissance, 1998, (ISBN 9782856167007).
  3. (de) Uitgeverij De Moas et Waler Drten, Aus dem Leben einer jüdische Familie. Das Leben Edith Steins: Kindheit und Jugend, Verlag Herder, Fribourg, Bâle, Vienne, 1985, p. 42.
  4. a, b, c, d et e Biographie officielle d'Édith Stein sur le site du Vatican [archive].
  5. (de) Posselt, Teresia Renata, Edith Stein, eine grosse Frau unseres Jahrhunderts, Nuremberg, 1952.
  6. Edith Stein, Vie d'une famille juive, traduction de C. et J. Rastoin, 2001, Ad Solem Cerf, p. 261 (ISBN 2-204-06520-X).
  7. Déclaration d'Édith Stein faite à Philomene Steiger en 1918, soulignée dans sa thèse en 1916 où elle affirme que « l'homo religiosus lui est étranger dans son être même ».
  8. Adolf Reinach, Œuvres complètes, p. 789.
  9. Vincent Aucante, Le discernement selon Edith Stein, 2003, éditions Parole et Silence, (ISBN 978-2-84573-165-3), p. 38.
  10. (de) Theresia Wobbe, « Sollte die akademische laufbahn für Frauen geöffnet werden. Edmund Husserl und edith Stein », in Edith-Stein-Jahrbuch tome 2, p. 370, 1996.
  11. Roman Ingarden affirme : « À mon avis, ce fut le début des évolutions qui s'accomplirent en elle par la suite », in Edith Stein, Waltraud Herbstrith.
  12. Lettre à Roman Ingarden, 1917.
  13. a et b Édith Stein, Vie d’une famille juive.
  14. Voir également l'article « Édith Stein une pédagogie féminine », in revue Carmel, no 120, juin 2006.
  15. Andreas Uwe Müller, Édith Stein une femme dans le siècle.
  16. Confidence faite au professeur Hirchmann, jésuite, au parloir du Carmel d'Echt.
  17. Extrait de la Biographie d'Édith Stein dans La Croix parlant des conversions des philosophes [archive].
  18. Archive d'Édith Stein à Cologne (ESTA) C VII p. 78
  19. Conférence de 1929 intitulée « La part des institutions religieuses dans l'éducation religieuse de la jeunesse ».
  20. Feuille épiscopale de Spire, in Le Pèlerin, no 30, 27 juillet 1930, 699, 700p, repris par EWS Tome XII, p. 123-125.
  21. Conférence d'Édith Stein le 1er septembre 1930 à Salzburg intitulée « L'éthique des métiers féminins ».
  22. La Phénoménologie, 1932, éditions du Cerf.
  23. Vincent Aucante, Le discernement selon Edith Stein, 2003, éditions Parole et Silence, p. 38 (ISBN 978-2-84573-165-3).
  24. a et b Phénoménologie et philosophie chrétienne, Édith Stein, 1987, les éditions du Cerf, (ISBN 2-204-02737-5), p. 131.
  25. Lettre d’Édith Stein du 12 avril 1933 au pape Pie XI, Extrait sur le site du carmel [archive] ; M.A. Neyer, Édith Stein au carmel, Lessius 2003, pp. 9-14.
  26. (de) Elisabeth Otto, Welt, Person, Gott. Eine Untersuchung zur theologischen Grundlage der Mystuk bei Edith Stein, p. 183 et suivantes, Vallendar-Schönstatt, 1990.
  27. La testament d'Édith Stein peut être problématique quant à la formulation de sa pensée sur le peuple juif. Elle parle ainsi, par exemple, de l' « impiété du peuple juif ». L'ensemble de sa vie, ses écrits et son rapport aux Juifs permettent de donner une interprétation plus globale et non réductrice de cette formulation traditionnelle de l'Église d'avant le Concile. Le livre : Édith Stein, Une femme dans le siècle développe plus longuement ce passage afin de permettre une interprétation qui semble cohérente avec l'ensemble des écrits et de la vie d'Édith Stein.
  28. Essai publié en français sous le titre de Voies de la connaissance de Dieu.
  29. Steven Payne, Édith Stein et Jean de la Croix dans Édith Stein, disciple et maîtresse de vie spirituelle, pp. 90-91. Voir aussi la dernière édition allemande de Kreuzeswissenschaft.
  30. Voir le paragraphe « L’âme, le moi et la liberté » dans La science de la Croix.
  31. Évangile de saint Matthieu, Chapitre 10, verset 23
  32. Site faisant mention des actions menées par l'Église catholique contre les juifs [archive].
  33. Interview de René Rémond sur l'Église pendant l'entre-deux guerre faisant mention de la lettre pastorale [archive].
  34. (de) Edith Stein, Wie ich in den Kölner Karmel kam, p. 132, Maria Amata Neyer.
  35. Marike Delsing témoin de la scène à transmis ses dernières paroles.
  36. Une double interprétation de l'expression « notre peuple » est envisageable. Elle peut désigner le peuple allemand comme le peuple juif. Les deux interprétations sont possibles, conformément à son testament.
  37. Revue catholique internationale Communio, article « Édith Stein, femme d’Église » [archive].
  38. Lettre apostolique Spes aedificandi proclamant Édith Stein co-patronne de l'Europe sur le site du Vatican [archive].
  39. Article du site eucharistiemisericor.free.fr [archive] d’octobre 2006.
  40. Article du journal Le Figaro citant des extraits du Pape [archive] sur le site lefigaro.fr [archive].
  41. Discours complet de Benoit XVI à Auschwitz [archive] sur le site vatican.va [archive].
  42. Article faisant part de la demande de certains Juifs d’annuler la canonisation intitulé « Une martyre juive de confession chrétienne » [archive] sur le site christusrex.org [archive].
  43. Article du journal L’Humanité [archive] sur le site humanite.fr [archive].
  44. a, b et c Article de l’Arche citant le président du CRIF, intitulé « Juifs et catholiques : le malaise qui perdure » [archive] sur le site col.fr [archive].
  45. Lettre Apostolique du Pape Jean-Paul II en 1988 sur la dignité de la femme [archive] sur le site vatican.va [archive].
  46. Anima forma corporis, de Thomas d'Aquin.
  47. Édith Stein, Source cachée, Œuvres spirituelles, in « La Prière de l’Église », 1998, CERF, (ISBN 2204060968).
  48. Cécile Rastoin, Édith Stein et le mystère d’Israël, CERF, 1998, (ISBN 2-940090-37-8).
  49. Édith Stein, La Prière de l'Église, traduit par G. Catala, Ph. Secretan, Ad Solem , 1995, (ISBN 2-940090-04-1).
  50. Edith Stein, De la crèche à la Croix, Ad Solem, 2007, pp. 69-70, (ISBN 978-2-940402-10-6).
Point d'interrogation
Le 17 décembre 2009, Edith Stein a été proposé pour être reconnu comme un « bon article ». Vous pouvez donner votre avis sur cette proposition.

Aucun commentaire: