père de l'Église d’Orient
Maxime, auquel la Tradition chrétienne attribua
le titre de Confesseur en raison du courage intrépide avec lequel il sut
témoigner - « confesser »
-, également à travers la souffrance, l'intégrité de sa foi en Jésus Christ,
vrai Dieu et vrai homme, Sauveur du monde, naquit en Palestine, la terre du
Seigneur, autour de 580.
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Vers 613-614, il laissa volontairement son poste de haut dirigeant dans l’administration royale, pour embrasser la vie monastique, en entrant dans le monastère de Chrysopolis, situé sur le détroit du Bosphore, devant Constantinople, puis il passa en Egypte.
En 649, il prit activement part au Concile du Latran, convoqué par le Pape Martin I pour défendre les deux volontés du Christ, contre l'édit de l'empereur, qui - pro bono pacis - interdisait de débattre de cette question. Le Pape Martin paya cher son courage : bien que de santé précaire, il fut arrêté et traduit en justice à Constantinople. Jugé et condamné à mort, il obtint la commutation de sa peine en un exil définitif en Crimée, où il mourut le 16 septembre 655, après deux longues années d'humiliations et de tourments.
Quelques temps plus tard, en 662, ce fut le tour de Maxime, qui, s'opposant lui aussi à l'empereur, continuait à répéter : « Il est impossible d'affirmer dans le Christ une seule volonté! » (cf. PG 91, cc. 268-269). Ainsi, avec deux de ses disciples, tous deux appelés Anastase, Maxime fut soumis à un procès exténuant, alors qu'il avait désormais dépassé l'âge de 80 ans.
Le tribunal de l'empereur le condamna, avec l'accusation d'hérésie, à la mutilation cruelle de la langue et de la main droite - les deux organes avec lesquels, à travers la parole et les écrits, Maxime avait combattu la doctrine erronée de l'unique volonté du Christ. Pour finir, le saint moine fut exilé en Colchide, sur la Mer Noire, où il mourut, épuisé par les souffrances endurées, le 13 août de cette même année 662.
Pour approfondir, lire la Catéchèse du Pape Benoît
XVI :
>>> Saint Maxime le Confesseur
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
>>> Saint Maxime le Confesseur
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm »).
BENOÎT
XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi
25 juin 2008
Chers frères et sœurs,
Je voudrais présenter
aujourd'hui la figure de l'un des grands Pères de l'Eglise d'Orient de l'époque
tardive. Il s'agit d'un moine, saint Maxime, auquel la Tradition chrétienne attribua
le titre de Confesseur en raison du courage intrépide avec lequel il sut
témoigner - "confesser" -, également à travers la souffrance,
l'intégrité de sa foi en Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, Sauveur du
monde. Maxime naquit en Palestine, la terre du Seigneur, autour de 580. Dès
l'enfance, il fut destiné à la vie monastique et à l'étude des Ecritures,
également à travers les œuvres d'Origène, le grand maître qui au troisième
siècle était déjà parvenu à "fixer" la tradition exégétique alexandrine.
De Jérusalem, Maxime
s'installa à Constantinople, et de là, à cause des invasions barbares, il se
réfugia en Afrique. Il s'y distingua par un courage extrême dans la défense
de l'orthodoxie. Maxime n'acceptait aucune réduction de l'humanité du
Christ. La théorie était née selon laquelle il n'y aurait eu dans le Christ
qu'une seule volonté, la volonté divine. Pour défendre l'unicité de sa
personne, on niait en Lui une véritable volonté humaine. Et, à première vue,
cela pourrait aussi apparaître une bonne chose que dans le Christ il n'y ait
qu'une volonté. Mais saint Maxime comprit immédiatement que cela aurait détruit
le mystère du salut, car une humanité sans volonté, un homme sans volonté n'est
pas un homme véritable, c'est un homme amputé. L'homme Jésus Christ n'aurait
donc pas été un homme véritable, il n'aurait pas vécu le drame de l'être
humain, qui consiste précisément dans la difficulté de conformer notre volonté
avec la vérité de l'être. Et ainsi, saint Maxime affirme avec une grande
décision: l'Ecriture Sainte ne nous montre pas un homme amputé, sans
volonté, mais un véritable homme complet: Dieu, en Jésus Christ, a
réellement assumé la totalité de l'être humain - excepté le péché, bien
évidemment - et donc également une volonté humaine. Et la chose, ainsi
formulée, apparaît claire: le Christ est ou n'est pas un homme. S'il est
un homme, il a également une volonté. Mais un problème apparaît: ne
finit-on pas ainsi dans une sorte de dualisme? N'arrive-t-on pas à affirmer
deux personnalités complètes: raison, volonté, sentiment? Comment
surmonter le dualisme, conserver la totalité de l'être humain et toutefois
préserver l'unité de la personne du Christ, qui n'était pas schizophrène. Et
saint Maxime démontre que l'homme trouve son unité, l'intégration de lui-même,
sa totalité non pas en lui-même, mais en se dépassant lui-même, en sortant de
lui-même. Ainsi, également dans le Christ, en sortant de lui-même, l'homme se
trouve lui-même en Dieu, dans le Fils de Dieu. On ne doit pas amputer l'homme
pour expliquer l'Incarnation; il faut seulement comprendre le dynamisme de
l'être humain qui ne se réalise qu'en sortant de lui-même; ce n'est qu'en Dieu
que nous trouvons nous-mêmes, notre totalité et notre plénitude. On voit ainsi
que ce n'est pas l'homme qui se referme sur lui-même qui est un homme complet;
mais c'est l'homme qui s'ouvre, qui sort de lui-même, qui devient complet et se
trouve lui-même précisément dans le Fils de Dieu, qui trouve sa véritable
humanité. Pour saint Maxime cette vision ne reste pas une spéculation
philosophique; il la voit réalisée dans la vie concrète de Jésus,
surtout dans le drame
du Gethsémani. Dans ce drame de l'agonie de Jésus, de
l'angoisse de la mort, de l'opposition entre la volonté humaine de ne pas
mourir et la volonté divine qui s'offre à la mort, dans ce drame du Gethsémani
se réalise tout le drame humain, le drame de notre rédemption. Saint Maxime
nous dit, et nous savons que cela est vrai: Adam (et Adam c'est nous)
pensait que le "non" était le sommet de la liberté. Seul celui qui
peut dire "non" serait réellement libre; pour réaliser réellement sa
liberté, l'homme devait dire "non" à Dieu; ce n'est
qu'ainsi qu'il pense être finalement lui-même, être arrivé au sommet de la
liberté. Cette tendance était aussi contenue dans la nature humaine du Christ,
mais il l'a surmontée, car Jésus a vu que le "non" n'est pas le
sommet de la liberté. Le sommet de la liberté est le "oui", la
conformité avec la volonté de Dieu. Ce n'est que dans le "oui" que
l'homme devient réellement lui-même; ce n'est que dans la grande ouverture du
"oui", dans l'unification de sa volonté avec la volonté divine, que
l'homme devient immensément ouvert, devient "divin". Etre comme Dieu
était le désir d'Adam, c'est-à-dire être complètement libre. Mais l'homme qui
se referme sur lui-même n'est pas divin, n'est pas complètement libre; il l'est
en sortant de lui-même, c'est dans le "oui" qu'il devient libre; et
tel est le drame du Gethsémani: non pas ma volonté, mais la tienne. C'est
en transférant la volonté humaine dans la volonté divine que naît l'homme
véritable et que nous sommes rachetés. C'est, en quelques mots, le point
fondamental de ce que voulait dire saint Maxime, et
nous voyons qu'ici tout l'être humain est véritablement en question; c'est là
que se trouve toute la question de notre vie. Saint Maxime avait déjà eu des
problèmes en Afrique en défendant cette vision de l'homme et de Dieu; il fut
ensuite appelé à Rome. En 649, il prit activement part au Concile du Latran,
convoqué par le Pape Martin I pour défendre les deux volontés du Christ, contre
l'édit de l'empereur, qui - pro bono pacis - interdisait de débattre de
cette question. Le Pape Martin paya cher son courage: bien que de santé
précaire, il fut arrêté et traduit en justice à Constantinople. Jugé et
condamné à mort, il obtint la commutation de sa peine en un exil définitif en
Crimée, où il mourut le 16 septembre 655, après deux longues années
d'humiliations et de tourments.
Quelques temps plus tard, en
662, ce fut le tour de Maxime, qui - s'opposant lui aussi à l'empereur -
continuait à répéter: "Il est impossible d'affirmer dans le Christ
une seule volonté!" (cf. PG 91, cc. 268-269). Ainsi, avec deux de ses
disciples, tous deux appelés Anastase, Maxime fut soumis à un procès exténuant,
alors qu'il avait désormais dépassé l'âge de 80 ans. Le tribunal de l'empereur
le condamna, avec l'accusation d'hérésie, à la mutilation cruelle de la langue
et de la main droite - les deux organes avec lesquels, à travers la parole et les
écrits, Maxime avait combattu la doctrine erronée de l'unique volonté du
Christ. Pour finir, le saint moine fut exilé en Colchide, sur la Mer Noire, où
il mourut, épuisé par les souffrances endurées, le 13 août de cette même année
662.
En parlant de la vie de
Maxime, nous avons mentionné son œuvre littéraire en défense de l'orthodoxie.
Nous avons en particulier fait référence à la Dispute avec Pyrrhus, ancien
Patriarche de Constantinople: dans celle-ci, il réussissait à persuader
son adversaire de ses erreurs. En effet, avec une grande honnêteté, Pyrrhus
concluait ainsi la Dispute: "Je demande pardon pour moi et pour ceux
qui m'ont précédé: par ignorance nous sommes parvenus à ces absurdes
pensées et argumentations; et je prie pour que l'on trouve la façon d'effacer
ces absurdités, en sauvant la mémoire de ceux qui se sont trompés" (PG 91,
c. 352). Quelques dizaines d'œuvres importantes sont également parvenues
jusqu'à nous, parmi lesquelles se détache la Mistagoghía, l'un des écrits
les plus significatifs de saint Maxime, qui
rassemble dans une synthèse bien structurée sa pensée théologique.
La pensée de saint Maxime
n'est jamais seulement une pensée théologique, spéculative, refermée sur
elle-même, car elle a toujours comme aboutissement la réalité concrète du monde
et de son salut. Dans ce contexte, dans lequel il a dû souffrir, il ne pouvait
pas se réfugier dans des affirmations philosophiques uniquement théoriques; il
devait chercher le sens de la vie, en se demandant: qui suis-je, qu'est-ce
que le monde? A l'homme, créé à son image et à sa ressemblance, Dieu a confié
la mission d'unifier le cosmos. Et comme le Christ a unifié en lui-même l'être
humain, en l'homme le Créateur a unifié le cosmos. Il nous a montré comment
unifier dans la communion du Christ le cosmos et arriver ainsi réellement à un
monde racheté. A cette puissante vision salvifique fait référence l'un des plus
grands théologiens du vingtième siècle, Hans Urs von Balthasar, qui -
"relançant" la figure de Maxime - définit sa pensée par l'expression
emblématique de Kosmische Liturgie, "liturgie cosmique". Au centre de
cette solennelle "liturgie" se trouve toujours Jésus Christ, unique
Sauveur du monde. L'efficacité de son action salvifique, qui a définitivement unifié
le cosmos, est garantie par le fait que, bien qu'étant Dieu en tout, il est
aussi intégralement homme - étant également comprise l'"énergie" et
la volonté de l'homme.
La vie et la pensée de Maxime
restent puissamment illuminées par un immense courage
dans le témoignage de la réalité intégrale du Christ, sans aucune réduction ou
compromis. Et ainsi nous apparaît qui est vraiment l'homme, comment nous devons
vivre pour répondre à notre vocation. Nous devons vivre unis à Dieu, pour être
ainsi unis à nous-mêmes et au cosmos, en donnant au cosmos lui-même et à
l'humanité la juste forme. Le "oui" universel du Christ, nous montre
également avec clarté comment donner leur juste place à toutes les autres
valeurs. Nous pensons à des valeurs qui sont aujourd'hui à juste titre défendues,
comme la tolérance, la liberté, le dialogue. Mais une tolérance qui ne saurait
plus distinguer entre le bien et le mal deviendrait chaotique et
autodestructrice. De même: une liberté qui ne respecterait pas la liberté
des autres et ne trouverait pas la commune mesure de nos libertés respectives,
deviendrait anarchie et détruirait l'autorité. Le dialogue qui ne sait plus sur
quoi dialoguer devient un vain bavardage. Toutes ces valeurs sont grandes et
fondamentales, mais elles ne peuvent demeurer de vraies valeurs que si elles
ont un point de référence qui les unit et leur donne leur véritable
authenticité. Ce point de référence est la synthèse entre Dieu et le cosmos,
c'est la figure du Christ dans laquelle nous apprenons la vérité sur
nous-mêmes et nous apprenons ainsi où placer toutes les
autres valeurs. Tel est le point d'arrivée du témoignage de ce grand
Confesseur. Et ainsi, en fin de compte, le Christ nous indique que le cosmos
doit devenir liturgie, gloire de Dieu et que l'adoration est le commencement de
la vraie transformation, du vrai renouveau du monde.
C'est pourquoi je voudrais
conclure par un passage fondamental des œuvres de saint Maxime:
"Nous adorons un seul Fils, avec le Père et avec l'Esprit Saint, comme
avant les temps, à présent aussi, et pour tous les temps, et pour les temps
après les temps. Amen!" (PG 91, c. 269).
* * *
Je salue cordialement les
pèlerins francophones présents à cette audience, en particulier ceux de
l’archidiocèse de Besançon et de la paroisse de Font-Romeu. Puissiez-vous
méditer l’Ecriture à l’exemple de saint Maxime le Confesseur, pour en témoigner
par votre vie. Avec ma Bénédiction apostolique.
©
Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana
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