mardi 9 août 2016

sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix . dans le monde Édith Stein . 1891 + 1942



Carmélite déchaussée, martyre
Co-patronne de l'Europe
Édith Stein naît dans une famille juive de sept enfants vivants (sur onze naissances), le 12 octobre 1891 (jour du Yom Kippour, jour de l’expiation), à Breslau (alors en Allemagne, aujourd’hui Wrocław en Pologne).

Son père, marchand de bois, décède alors qu’elle n’a que deux ans. Sa mère, une femme très religieuse, s’occupe de la famille tout en gérant l’entreprise, mais elle ne réussit pas à maintenir la foi de ses enfants.
Très indépendante, Edith poursuit des études universitaires (allemand et histoire) à Breslau en 1911 puis de philosophie - sa véritable passion - en 1913 à Göttingen, devenant ensuite assistante de son professeur Edmund Husserl. La période de guerre la voit travailler pendant quelque temps dans un hôpital militaire autrichien où elle soigne des maladies infectieuses et œuvre en salle opératoire. Elle passe sa thèse en 1917 mais ne peut enseigner puisqu’elle est une femme ; ce serait la première femme docteur en philosophie en Allemagne.
À cette époque, elle abandonne toute pratique religieuse et découvre le catholicisme avec plusieurs autres étudiants auprès de ses professeurs de phénoménologie. Elle est alors en total désaccord avec sa mère, mais elle n’en abandonne pas pour autant ses origines, dans un véritable partage spirituel entre judaïsme et catholicisme, surtout avec la montée du nazisme en 1933.
Influencée par sainte Thérèse d’Avila et saint Ignace de Loyola, Kierkegaard et Newman, elle se convertit en 1921, demande le baptême le 1er janvier 1922 et choisit d’entrer au Carmel. Mais les autorités religieuses lui refusent son entrée dans l’Ordre et lui proposent de poursuivre son activité d’enseignante. Elle fait cependant vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance et travaille au séminaire pour enseignants du couvent dominicain de Spire, donne de nombreuses conférences, traduit de nombreux ouvrages religieux, écrit plusieurs ouvrages philosophiques.
En 1932, elle est à Münster, à l’Institut catholique de pédagogie scientifique, et elle peut associer la science à sa foi. Parallèlement à cette démarche religieuse, elle a milité très tôt en faveur de la condition féminine et du droit de vote des femmes. Elle développa entre autre l’idée novatrice d’une « théologie catholique de la femme », affirmant également que toutes les professions sont ouvertes aux femmes.
Le 14 octobre 1933 elle peut, enfin, entrer au Carmel de Cologne et échapper ainsi aux premières mesures antisémites, interdisant en particulier aux juifs d’enseigner. Elle prend l’habit le 14 avril 1934 et devient sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix. Ses vœux temporaires sont prononcés le 21 avril 1935. Le 14 septembre 1936, au moment du renouvellement des vœux, sa mère meurt à Breslau. « Jusqu'au dernier moment ma mère est restée fidèle à sa religion. Mais puisque sa foi et sa grande confiance en Dieu [...] furent l'ultime chose qui demeura vivante dans son agonie, j'ai confiance qu'elle a trouvé un juge très clément et que maintenant elle est ma plus fidèle assistante, en sorte que moi aussi je puisse arriver au but ».
Le 21 avril 1938, elle prononce ses vœux perpétuels mais à la fin de l’année commence dans toute l’Allemagne une chasse systématique des juifs et la destruction des synagogues. La mère supérieure la fait conduire dans un monastère de Carmélites au Pays-Bas, à Echt, où, véritable théologienne, elle poursuit la rédaction de ses ouvrages.
Elle est arrêtée par la Gestapo, dans la chapelle, le 2 août 1942 avec sa sœur Rose qui s’était également fait baptiser. Ces deux arrestations, et celles de nombreux autres juifs convertis, suivaient en fait la protestation des évêques néerlandais contre les pogroms et les arrestations de juifs.
Sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix fait partie du convoi de 987 juifs qui part vers Auschwitz le 7 août. Tous sont morts dans les chambres à gaz dès le 9 août.
« Fille d’Israël » devenue le symbole de la tolérance et de la rencontre entre les peuples juif et chrétien, Edith Stein reste donc un précurseur de Vatican II.
Thérèse-Bénédicte de la Croix à été béatifiée le 1er mai 1987, à Cologne, dans le stade de " Köln-Müngersdorf " et canonisée le 11 octobre 1998, à Rome, par le même Pape : saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).
Depuis le 1er octobre 1999, par une lettre apostolique en forme de Motu Proprio, le Saint-Père a proclamé sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix co-patronne de l’Europe, avec sainte Brigitte de Suède et sainte Catherine de Sienne, aux côtés des trois co-patrons : saint Benoît, saint Cyrille et saint Méthode. Son rôle de femme, de théologienne, de missionnaire, de martyre, de mystique, était ainsi reconnu, de même que le lien qu’elle avait tissé entre ses racines juives et la religion catholique. Saint Jean-Paul II a ajoute qu’« elle est devenue ainsi l’expression d’un pèlerinage humain, culturel et religieux qui incarne le noyau insondable de la tragédie et des espoirs du continent européen ».
 Sources principales : catholique-verdun.cef.fr ; vatican.va (« Rév. x gpm »).
 





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  Thérèse-Bénédicte de la Croix Edith Stein (1891-1942)
Carmélite déchaussée, martyr
site du vatican

"Inclinons-nous profondément devant ce témoignage de vie et de mort livré par Edith Stein, cette remarquable fille d'Israël, qui fut en même temps fille du Carmel et soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, une personnalité qui réunit pathétiquement, au cours de sa vie si riche, les drames de notre siècle. Elle est la synthèse d'une histoire affligée de blessures profondes et encore douloureuses, pour la guérison desquelles s'engagent, aujoud'hui encore, des hommes et des femmes conscients de leurs responsabilités; elle est en même temps la synthèse de la pleine vérité sur les hommes, par son coeur qui resta si longtemps inquiet et insatisfait, "jusqu'à ce qu'enfin il trouvât le repos dans le Seigneur" ". Ces paroles furent prononcées par le Pape Jean-Paul II à l'occasion de la béatification d'Édith Stein à Cologne, le 1 mai 1987.
Qui fut cette femme?
Quand, le 12 octobre 1891, Édith Stein naquit à Wroclaw (à l'époque Breslau), la dernière de 11 enfants, sa famille fêtait le Yom Kippour, la plus grande fête juive, le jour de l'expiation. "Plus que toute autre chose cela a contribué à rendre particulièrement chère à la mère sa plus jeune fille". Cette date de naissance fut pour la carmélite presque une prédiction.
Son père, commerçant en bois, mourut quand Édith n'avait pas encore trois ans. Sa mère, femme très religieuse, active et volontaire, personne vraiment admirable, restée seule, devait vaquer aux soins de sa famille et diriger sa grande entreprise; cependant elle ne réussit pas à maintenir chez ses enfants une foi vivante. Édith perdit la foi en Dieu: "En pleine conscience et dans un choix libre je cessai de prier".
Elle obtint brillamment son diplôme de fin d'études secondaires en 1911 et commença des cours d'allemand et d'histoire à l'Université de Wroclaw, plus pour assurer sa subsistance à l'avenir que par passion. La philosophie était en réalité son véritable intérêt. Elle s'intéressait également beaucoup aux questions concernant les femmes. Elle entra dans l'organisation "Association Prussienne pour le Droit des Femmes au Vote". Plus tard elle écrira: "Jeune étudiante, je fus une féministe radicale. Puis cette question perdit tout intérêt pour moi. Maintenant je suis à la recherche de solutions purement objectives".
En 1913, l'étudiante Édith Stein se rendit à Gôttingen pour fréquenter les cours de Edmund Husserl à l'université; elle devint son disciple et son assistante et elle passa aussi avec lui sa thèse. À l'époque Edmund Husserl fascinait le public avec son nouveau concept de vérité: le monde perçu existait non seulement à la manière kantienne de la perception subjective. Ses disciples comprenaient sa philosophie comme un retour vers le concret. "Retour à l'objectivisme". La phénoménologie conduisit plusieurs de ses étudiants et étudiantes à la foi chrétienne, sans qu'il en ait eu l'intention. À Gôttingen, Édith Stein rencontra aussi le philosophe Max Scheler. Cette rencontre attira son attention sur le catholicisme. Cependant elle n'oublia pas l'étude qui devait lui procurer du pain dans l'avenir. En janvier 1915, elle réussit avec distinction son examen d'État. Elle ne commença pas cependant sa période de formation professionnelle.
Alors qu'éclatait la première guerre mondiale, elle écrivit: "Maintenant je n'ai plus de vie propre". Elle fréquenta un cours d'infirmière et travailla dans un hôpital militaire autrichien. Pour elle ce furent des temps difficiles. Elle soigna les malades du service des maladies infectieuses, travailla en salle opératoire, vit mourir des hommes dans la fleur de l'âge. À la fermeture de l'hôpital militaire en 1916, elle suivit Husserl à Fribourg-en-Brisgau, elle y obtint en 1917 sa thèse "summa cum laudae" dont le titre était: "Sur le problème de l'empathie".
Il arriva qu'un jour elle put observer comment une femme du peuple, avec son panier à provisions, entra dans la cathédrale de Francfort et s'arrêta pour une brève prière. "Ce fut pour moi quelque chose de complètement nouveau. Dans les synagogues et les églises protestantes que j'ai fréquentées, les croyants se rendent à des offices. En cette circonstance cependant, une personne entre dans une église déserte, comme si elle se rendait à un colloque intime. Je n'ai jamais pu oublier ce qui est arrivé". Dans les dernières pages de sa thèse elle écrit: "Il y a eu des individus qui, suite à un changement imprévu de leur personnalité, ont cru rencontrer la miséricorde divine". Comment est-elle arrivée à cette affirmation?
Édith Stein était liée par des liens d'amitié profonde avec l'assistant de Husserl à Gôtingen, Adolph Reinach, et avec son épouse. Adolf Reinach mourut en Flandres en novembre 1917. Édith se rendit à Gôttingen. Le couple Reinach s'était converti à la foi évangélique. Édith avait une certaine réticence à l'idée de rencontrer la jeune veuve. Avec beaucoup d'étonnement elle rencontra une croyante. "Ce fut ma première rencontre avec la croix et avec la force divine qu'elle transmet à ceux qui la portent [...] Ce fut le moment pendant lequel mon irréligiosité s'écroula et le Christ resplendit". Plus tard elle écrivit: "Ce qui n'était pas dans mes plans était dans les plans de Dieu. En moi prit vie la profonde conviction que -vu du côté de Dieu- le hasard n'existe pas; toute ma vie, jusque dans ses moindres détails, est déjà tracée selon les plans de la providence divine et, devant le regard absolument clair de Dieu, elle présente une unité parfaitement accomplie".
À l'automne 1918, Édith Stein cessa d'être l'assistante d'Edmund Husserl. Ceci parce qu'elle désirait travailler de manière indépendante. Pour la première fois depuis sa conversion, Édith Stein rendit visite à Husserl en 1930. Elle eut avec lui une discussion sur sa nouvelle foi à laquelle elle aurait volontiers voulu qu'il participe. Puis elle écrit de manière surprenante: "Après chaque rencontre qui me fait sentir l'impossibilité de l'influencer directement, s'avive en moi le caractère pressant de mon propre holocauste".
Édith Stein désirait obtenir l'habilitation à l'enseignement. À l'époque, c'était une chose impossible pour une femme. Husserl se prononça au moment de sa candidature: "Si la carrière universitaire était rendue accessible aux femmes, je pourrais alors la recommander chaleureusement plus que n'importe quelle autre personne pour l'admission à l'examen d'habilitation". Plus tard on lui interdira l'habilitation à cause de ses origines juives.
Édith Stein retourna à Wroclaw. Elle écrivit des articles sur la psychologie et sur d'autres disciplines humanistes. Elle lit cependant le Nouveau Testament, Kierkegaard et le livre des exercices de saint Ignace de Loyola. Elle s'aperçoit qu'on ne peut seulement lire un tel écrit, il faut le mettre en pratique.
Pendant l'été 1921, elle se rendit pour quelques semaines à Bergzabern (Palatinat), dans la propriété de Madame Hedwig Conrad-Martius, une disciple de Husserl. Cette dame s'était convertie, en même temps que son époux, à la foi évangélique. Un soir, Édith trouva dans la bibliothèque l'autobiographie de Thérèse d'Avila. Elle la lut toute la nuit. "Quand je refermai le livre je me dis: ceci est la vérité". Considérant rétrospectivement sa propre vie, elle écrira plus tard: "Ma quête de vérité était mon unique prière".
Le ler janvier 1922, Édith Stein se fit baptiser. C'était le jour de la circoncision de Jésus, de l'accueil de Jésus dans la descendance d'Abraham. Édith Stein était debout devant les fonds baptismaux, vêtue du manteau nuptial blanc de Hedwig Conrad-Martius qui fut sa marraine. "J'avais cessé de pratiquer la religion juive et je me sentis de nouveau juive seulement après mon retour à Dieu". Maintenant elle sera toujours consciente, non seulement intellectuellement mais aussi concrètement, d'appartenir à la lignée du Christ. À la fête de la Chandeleur, qui est également un jour dont l'origine remonte à l'Ancien Testament, elle reçut la confirmation de l'évêque de Spire dans sa chapelle privée.
Après sa conversion, elle se rendit tout d'abord à Wroclaw. "Maman, je suis catholique". Les deux se mirent à pleurer. Hedwig Conrad-Martius écrivit: "Je vis deux israélites et aucune ne manque de sincérité" (cf Jn 1, 47).
Immédiatement après sa conversion, Édith aspira au Carmel, mais ses interlocuteurs spirituels, le Vicaire général de Spire et le Père Erich Przywara, S.J., l'empêchèrent de faire ce pas. Jusqu'à pâques 1931 elle assura alors un enseignement en allemand et en histoire au lycée et séminaire pour enseignants du couvent dominicain de la Madeleine de Spire. Sur l'insistance de l'archiabbé Raphaël Walzer du couvent de Beuron, elle entreprend de longs voyages pour donner des conférences, surtout sur des thèmes concernant les femmes. "Pendant la période qui précède immédiatement et aussi pendant longtemps après ma conversion [... ] je croyais que mener une vie religieuse signifiait renoncer à toutes les choses terrestres et vivre seulement dans la pensée de Dieu. Progressivement cependant, je me suis rendue compte que ce monde requiert bien autre chose de nous [...]; je crois même que plus on se sent attiré par Dieu et plus on doit "sortir de soi-même", dans le sens de se tourner vers le monde pour lui porter une raison divine de vivre".
Son programme de travail est énorme. Elle traduit les lettres et le journal de la période pré-catholique de Newman et l'œuvre " Questiones disputatx de veritate " de Thomas d'Aquin et ce dans une version très libre, par amour du dialogue avec la philosophie moderne. Le Père Erich Przywara S.J. l'encouragea à écrire aussi des oeuvres philosophiques propres. Elle apprit qu'il est possible "de pratiquer la science au service de Dieu [... ] ; c'est seulement pour une telle raison que j'ai pu me décider à commencer une série d'oeuvres scientifiques". Pour sa vie et pour son travail elle trouve toujours les forces nécessaires au couvent des bénédictins de Beuron où elle se rend pour passer les grandes fêtes de l'année liturgique.
En 1931, elle termina son activité à Spire. Elle tenta de nouveau d'obtenir l'habilitation pour enseigner librement à Wroclaw et à Fribourg. En vain. À partir de ce moment, elle écrivit une oeuvre sur les principaux concepts de Thomas d'Aquin: "Puissance et action". Plus tard, elle fera de cet essai son ceuvre majeure en l'élaborant sous le titre "Être fini et Être éternel", et ce dans le couvent des Carmélites à Cologne. L'impression de l'œuvre ne fut pas possible pendant sa vie.
En 1932, on lui donna une chaire dans une institution catholique, l'Institut de Pédagogie scientifique de Münster, où elle put développer son anthropologie. Ici elle eut la possibilité d'unir science et foi et de porter à la compréhension des autres cette union. Durant toute sa vie, elle ne veut être qu'un "instrument de Dieu". "Qui vient à moi, je désire le conduire à Lui".
En 1933, les ténèbres descendent sur l'Allemagne. "J'avais déjà entendu parler des mesures sévères contres les juifs. Mais maintenant je commençai à comprendre soudainement que Dieu avait encore une fois posé lourdement sa main sur son peuple et que le destin de ce peuple était aussi mon destin". L'article de loi sur la descendance arienne des nazis rendit impossible la continuation de son activité d'enseignante. "Si ici je ne peux continuer, en Allemagne il n'y a plus de possibilité pour moi". "J'étais devenue une étrangère dans le monde".
L'archiabbé Walzer de Beuron ne l'empêcha plus d'entrer dans un couvent des Carmélites. Déjà au temps où elle se trouvait à Spire, elle avait fait les veeux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance. En 1933 elle se présenta à la Mère Prieure du monastère des Carmélites de Cologne. "Ce n'est pas l'activité humaine qui peut nous aider, mais seulement la passion du Christ. J'aspire à y participer".
Encore une fois Édith Stein se rendit à Wroclaw pour prendre congé de sa mère et de sa famille. Le dernier jour qu'elle passa chez elle fut le 12 octobre, le jour de son anniversaire et en même temps celui de la fête juive des Tabernacles. Édith accompagna sa mère à la Synagogue. Pour les deux femmes ce ne fut pas une journée facile. "Pourquoi l'as-tu connu (Jésus Christ)? Je ne veux rien dire contre Lui. Il aura été un homme bon. Mais pourquoi s'est-il fait Dieu?" Sa mère pleure.
Le lendemain matin Édith prend le train pour Cologne. "Je ne pouvais entrer dans une joie profonde. Ce que je laissais derrière moi était trop terrible. Mais j'étais très calme - dans l'intime de la volonté de Dieu". Par la suite elle écrira chaque semaine une lettre à sa mère. Elle ne recevra pas de réponses. Sa soeur Rose lui enverra des nouvelles de la maison.
Le 14 octobre, Édith Stein entre au monastère des Carmélites de Cologne. En 1934, le 14 avril, ce sera la cérémonie de sa prise d'habit. L'archiabbé de Beuron célébra la messe. À partir de ce moment Édith Stein portera le nom de soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix.
En 1938, elle écrivit: "Sous la Croix je compris le destin du peuple de Dieu qui alors (1933) commençait à s'annoncer. Je pensais qu'il comprenait qu'il s'agissait de la Croix du Christ, qu'il devait l'accepter au nom de tous les autres peuples. Il est certain qu'aujourd'hui je comprends davantage ces choses, ce que signifie être épouse du Seigneur sous le signe de la Croix. Cependant il ne sera jamais possible de comprendre tout cela, parce que c'est un mystère".
Le 21 avril 1935, elle fit des voeux temporaires. Le 14 septembre 1936, au moment du renouvellement des voeux, sa mère meurt à Wroclaw. "Jusqu'au dernier moment ma mère est restée fidèle à sa religion. Mais puisque sa foi et sa grande confiance en Dieu [...] furent l'ultime chose qui demeura vivante dans son agonie, j'ai confiance qu'elle a trouvé un juge très clément et que maintenant elle est ma plus fidèle assistante, en sorte que moi aussi je puisse arriver au but".
Sur l'image de sa profession perpétuelle du 21 avril 1938, elle fit imprimer les paroles de saint Jean de la Croix auquel elle consacrera sa dernière oeuvre: "Désormais ma seule tâche sera l'amour".
L'entrée d'Édith Stein au couvent du Carmel n'a pas été une fuite. "Qui entre au Carmel n'est pas perdu pour les siens, mais ils sont encore plus proches; il en est ainsi parce que c'est notre tâche de rendre compte à Dieu pour tous". Surtout elle rend compte à Dieu pour son peuple. "Je dois continuellement penser à la reine Esther qui a été enlevée à son peuple pour en rendre compte devant le roi. Je suis une petite et faible Esther mais le Roi qui m'a appelée est infiniment grand et miséricordieux. C'est là ma grande consolation". (31-10-1938)
Le 9 novembre 1938, la haine des nazis envers les juifs fut révélée au monde entier. Les synagogues brûlèrent. La terreur se répandit parmi les juifs. La Mère Prieure des Carmélites de Cologne fait tout son possible pour conduire soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix à l'étranger. Dans la nuit du 1er janvier 1938, elle traversa la frontière des Pays-Bas et fut emmenée dans le monastère des Carmélites de Echt, en Hollande. C'est dans ce lieu qu'elle écrivit son testament, le 9 juin 1939: "Déjà maintenant j'accepte avec joie, en totale soumission et selon sa très sainte volonté, la mort que Dieu m'a destinée. Je prie le Seigneur qu'Il accepte ma vie et ma mort [...] en sorte que le Seigneur en vienne à être reconnu par les siens et que son règne se manifeste dans toute sa grandeur pour le salut de l'Allemagne et la paix dans le monde".
Déjà au monastère des Carmélites de Cologne on avait permis à Édith Stein de se consacrer à ses oeuvres scientifiques. Entre autres elle écrivit dans ce lieu "De la vie d'une famille juive". "Je désire simplement raconter ce que j'ai vécu en tant que juive". Face à "la jeunesse qui aujourd'hui est éduquée depuis l'âge le plus tendre à haïr les juifs [...] nous, qui avons été éduqués dans la communauté juive, nous avons le devoir de rendre témoignage".
En toute hâte, Édith Stein écrira à Echt son essai sur "Jean de la Croix, le Docteur mystique de l'Église, à l'occasion du quatre centième anniversaire de sa naissance, 1542-1942". En 1941, elle écrivit à une religieuse avec laquelle elle avait des liens d'amitié: "Une scientia crucis (la science de la croix) peut être apprise seulement si l'on ressent tout le poids de la croix. De cela j'étais convaincue depuis le premier instant et c'est de tout coeur que j'ai dit: Ave Crux, Spes unica (je te salue Croix, notre unique espérance)". Son essai sur Jean de la Croix porta le sous-titre: "La Science de la Croix".
Le 2 août 1942, la Gestapo arriva. Édith Stein se trouvait dans la chapelle, avec les autres soeurs. En moins de 5 minutes elle dut se présenter, avec sa soeur Rose qui avait été baptisée dans l'Église catholique et qui travaillait chez les Carmélites de Echt. Les dernières paroles d'Édith Stein que l'on entendit à Echt s'adressèrent à sa soeur: "Viens, nous partons pour notre, peuple".
Avec de nombreux autres juifs convertis au christianisme, les deux femmes furent conduites au camp de rassemblement de Westerbork. Il s'agissait d'une vengeance contre le message de protestation des évêques catholiques des Pays-Bas contre le progrom et les déportations de juifs. "Que les êtres humains puissent en arriver à être ainsi, je ne l'ai jamais compris et que mes soeurs et mes frères dussent tant souffrir, cela aussi je ne l'ai jamais vraiment compris [...]; à chaque heure je prie pour eux. Est-ce que Dieu entend ma prière? Avec certitude cependant il entend leurs pleurs". Le professeur Jan Nota, qui lui était lié, écrira plus tard: "Pour moi elle est, dans un monde de négation de Dieu, un témoin de la présence de Dieu".
À l'aube du 7 août, un convoi de 987 juifs parti en direction d'Auschwitz. Ce fut le 9 août 1942, que soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, avec sa soeur Rose et de nombreux autres membres de son peuple, mourut dans les chambres à gaz d'Auschwitz.
Avec sa béatification dans la Cathédrale de Cologne, le ler mai 1987, l'Église honorait, comme l'a dit le Pape Jean-Paul II, "une fille d'Israël, qui pendant les persécutions des nazis est demeurée unie avec foi et amour au Seigneur Crucifié, Jésus Christ, telle une catholique, et à son peuple telle une juive".
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Homélie pour la canonisation de sainte Thérèse Bénédicte de la Croix par le pape Jean-Paul II

9 août 2014 | Publié par Véronique Belen dans Méditations bibliques
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Homélie pour la canonisation par Jean-Paul II de Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix ( Edith Stein) le 11 octobre 1998 (Extraits)
Une philosophe découvre la vérité
L’amour du Christ a été le feu qui a embrasé la vie de Thérèse Bénédicte de la Croix. Avant même de s’en rendre compte, elle en a été totalement consumée. Au début, son idéal a été la liberté. Pendant longtemps, Édith Stein a vécu l’expérience de la recherche. Son esprit ne se lassait pas de chercher et son coeur d’espérer. Elle a parcouru le chemin difficile de la philosophie avec une ardeur passionnée et, à la fin, elle a été récompensée : elle a conquis la vérité, ou plutôt, elle a été conquise. En effet, elle a découvert que la vérité portait un nom : Jésus Christ. À partir de ce moment, le Verbe incarné a été tout pour elle. Considérant cette période de sa vie d’un point de vue de carmélite, elle écrivait à une bénédictine : « Consciemment ou inconsciemment, qui cherche la vérité cherche Dieu ».
Bien qu’elle ait été élevée dans la religion juive de sa mère, Édith Stein, à quatorze ans, « avait librement décidé d’abandonner la prière ». Elle ne voulait compter que sur elle-même, soucieuse d’affirmer sa propre liberté dans ses choix de vie. À la fin d’un long chemin, il lui a été donné de parvenir à une constatation surprenante : seul celui qui se lie à l’amour du Christ devient vraiment libre. L’expérience de cette femme, qui a affronté les défis d’un siècle tourmenté comme le nôtre, représente un exemple pour nous : le monde moderne invite à franchir la porte attrayante de la permissivité, ignorant la porte étroite du discernement et du renoncement. C’est pourquoi je m’adresse spécialement à vous, jeunes chrétiens…: méfiez-vous, gardez-vous de concevoir votre vie comme une porte ouverte à tous les choix ! Écoutez la voix de votre coeur ! Ne soyez pas superficiels, mais allez au fond des choses. Et lorsque le moment sera venu, ayez le courage de vous décider. Le Seigneur attend que vous placiez votre liberté entre ses mains miséricordieuses.
trad. DC n° 2192, p. 955 © copyright Libreria Editrice Vaticana

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