Les
circonstances vont-elles défaire le nœud ? Evidence : la mort n’est
difficile à vivre qu’avant… la mort que nous appréhendons pour les autres, ces
autres que nous aimons… la mort, la nôtre qui ne nous empêche pas de vivre et
de vivre comme si nous n’allions pas mourir… l’événement, car l’accident subit,
traumatisme ou quelque chose de physiologiquement immédiat, est une façon de bénédiction pour soi et surtout pour notre entourage d'affection
et de sang, l'événement, le bouleversement dans la durée, le changement, le
problème le plus concret et le plus métaphysique (que seul peut résoudre le
spirituel, notre essence et notre milieu vrai), c'est la santé
détériorée : que faire ? problème qui se pose à autre que nous, que
nous puissions nous exprimer ou pas… celle ou celui que nous aimons est-il,
est-elle encore sujet ? ou paquet, certes vivant, mais objet… et autour la
vie serait centrée sur eux, bouleversée pour l’organisation du cercle au
chevet ? des jours, oui, mais des années ? ce que ma belle-mère a
choisi ? ratifié ? subi ? contrainte du sentiment de culpabilité
si elle avait « fait » autrement… et elle maintenant, la relation
fille-mère en plusieurs générations, ma chère femme à son chevet, mais notre
fille ? et la vie familiale… Autrefois, ces morts peintes, Jacob, Moïse,
l’aïeul au XIXème siècle sur son lit de mort mais encore assis, devenu prêtre
et prophète pour les siens. Puis les maisons de retraite, mon
arrière-grand-mère maternelle, ma grand-mère paternelle n’y ont pas survécu
plus de quelques mois. La grâce de ces morts d’un « coup », mes grands-pères
paternel et maternel, mon cher père et ma mère avec le relais de ses enfants,
il est vrai pendant trois mois, ce que j’ai trouvé bref tant j’ai espéré la
recouvrance, que d’autres de mes frères ont trouvé long. Qu’allons-nous vivre
ma femme, notre fille et moi ? Au pied de la lettre l’espérance autant des
arrangements matériels et de santé, que de la résolution des dilemmes. A vue
humaine, la mienne, si pauvre et courte, je ne vois pas.
Prier…
[1]
notre dépendance des Apôtres, des évangélistes, quelle qu’aient été les dates
et les manières de mettre par écrit récits et témoignage. Notre foi en l’Esprit
Saint, restituant entre notre vie, en notre langue d’intelligence et de
culture, en nos circonstances, le « matériau » à partir duquel aller
vivre, croire, espérer, naître… il les appela. Aussitôt, laissant leur
barque et leur père, ils le suivirent. C’est
l’application à la lettre de cet avertissement du Christ, celui qui ne renonce
même aux siens, etc… leur métier, leur père, leur gagne-pain. Pierre et André,
Jacques et Jean… redondance. Aussitôt. Que propose-t-il ? c’est en leur
langue : Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. Le projet, oui, imagé. Mais
l’itinéraire : où va cet homme ? où va Dieu ? Au début, Jésus
marchait au bord du lac de Galilée. Implicitement,
quoique ce ne soit pas précisé, il est seul. Comme Dieu avant la Création, si
tant est que l’éternité ne contienne pas aussi « l’avant et l’après »,
cf. homélie de François le 24 Octobre dernier. Explication, la seule possible :
l’Esprit Saint. L’essentiel des consistances et des dimensions, des ressorts de
la vie nous échappe communément, quoique si souvent nous en étions quelque prescience
et de minuscules preuves-expériences. Ce qu’on appelle les miracles, c’est
sans doute cette émergence de la réalité. – Notre chemin, celui de la
transmission ecclésiale, mais aussi ce qu’en fait pour chacun de nous, en
traduction de vie, de foi, d’une liberté indiciblement partie de notre foi, et
notre foi indiciblement partie de notre liberté. La foi naît de ce qu’on
entendu, et ce qu’on entend, c’est l’annonce de la parole du Christ. Mais celle-ci, tout intérieure en chacun de
nous : pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s’entende. Psalmiste et Apôtre se font écho l’un de l’autre.
Alors je pose la question : n’aurait-on pas entendu ? mais si,
bien sûr ! Un psaume le dit : leur cri a retenti par toute la terre,
et leur parole, jusqu’au bout du monde… sur toute la terre en paraît le message
et la nouvelle, aux limites du monde. Aux
limites de notre vie, de nos circonstances, de notre faiblesse ou de l’ambiguïté
et de la précarité de nos joies et enthousiasmes. Silence de la communion, de
la consécration, de la prière. Prier...
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