Il pleut. Rouvrir la terrasse pour laisser
s’échapper un oiseau. Biscuits pour chacun des chiens. La journée d’hier, ma
vie jusqu’à hier… photographies du moment à présenter Quai d’Orsay. L’évidente
vieillesse du profil de mon visage, de la tenue de mes épaules, un discours
implorant ? alors que je le vivais assuré. Marguerite ne voit pas mais
calcule : un papa vieux, pourquoi ? ce n'est pas juste : pour mon mariage, tu seras déjà
mort ? - Dans vingt ans, c'est possible. J'aurai vingt-huit ans, mais dans trente ? - J'aurai cent ans. L’autre, c’est moi. L’autre, était-c « quand j’étais
jeune » ? ou est-ce celui dont je ne ferai le tour que petit à petit,
dont j’ai la charge, ce moi vieux ? Elle a été félicitée d’avoir un tel
grand-père. Puisse-t-elle surmonter la vieillesse de son père, ce peut lui être
plus difficile et douloureux que pour moi accepter mon apparence physique, dont
je m’arrange sauf image. Réponse cependant que je lui fais, si tu n’avais pas
un papa vieux, tu ne serais pas née, petit-amour. Nous ne serions ni toi ni
moi. Et Maman alors ? je ne l’ai pas fait venir dans notre dialogue du
retour nocturne : elle a assez à… au chevet de chacun de ses deux parents.
La
Saint-Martin, l’anniversaire de l’armistice. La gloire de la France, éditorial
de Maurice BARRES, à la une de l’Echo de Paris que j’ai en sous-verre depuis une quarantaine d’années, toujours à ma
main gauche (dissimulée à cet instant par mon clavier, le XXVème bulletin de la Grande Armée, celui
qui annonce de Smolensk, impression à Savone, la retraite, et donc la
catastrophe). L’armistice est signé l’Allemagne a capitulé, . M. Clemencau acclamé à la Chambre… photos. davantage dessinées que reproduites,
Clemenceau, Foch… tout à l’heure.. la messe dans notre église de village, les
porte-drapeaux et du masculin que l’on ne voit que ce jour-là et au premier
rang, d’enfants ? malgré les demandes du maire, malgré un courriel que
j’ai adressé au directeur de Saint-André, il n’y aura sans doute que notre
fille, sur une population scolarisée dans le primaire de quelques six cents
enfants… Frissonnez drapeaux, l’air manquera bientôt pour que vous puissiez
vous déployer. Simplement, la mémoire de la France et le partage de la mémoire
des autres pays pour enfin nous donner la main. Tant que l’Union européenne sera gérée par
une concertation des gouvernements, acquiesçant sans écho médiatique à des
gestions absurdes et parfois hostiles à notre ensemble et à notre avenir, on
sera virtuellement encore en guerre tout en étant en voie accélérée de
colonisation, de subordination au reste du monde. Ce n’était que de l’Amérique,
jusqu’il y a dix-quinze ans. Aujourd’hui, non seulement les « pays
émergents » mais même ces dictatures qui nous dominent parce qu’elles ont
compris, au moins pour la France, que nous sommes corruptibles, dirigeant par
dirigeant (c’est hélas avéré au plus haut niveau de l’Etat, je le sais pour la
relation franco-mauritanienne), parti par parti, et corruptibles d’âme puisque
nous sommes racistes, pas au sens de la supériorité que se croyaient les explorateurs,
les militaires, les administrateurs d’il y a un siècle ou plus, généreux,
désintéressés, gens de foi et d’affection le plus souvent… mais au sens de
mépriser, de haïr, d’avoir peur… la guerre n’est pas finie, la résurrection est
loin et dans leur grand nombre, ce matin, la plupart des Français ne la voient
plus. Morts sans monument… ceux de notre génération en générant d’autres… ou
bien la novation ? la mûe ? la société, les peuples et pays, tout
autres ? L’affaire de qui ? des témoins ? des cadets, des
émigrants : fils de famille partant non pour la guerre d’indépendance d’autrui
mais en sauve-qui-peut réaliste ? de mort en mort, le relais ? Je le
refuse. La vie est possible, notre pays est possible, notre Vieux Monde a son
peuple d’amoureux et d’acharnés qui, chaque fois que j’en aborde, comme hier l’apprenti
chocolatier aux deux CAP, sont vivants, putativement heureux et avançant… dix-huit
ans. Mais en face, cette jeune fille, filet non pour protéger ses cheveux de la
friture dont elle a le maniement, mais pour qu’elle ne les fassent pas tomber
dans les petits cartons : emploi précaire de longue durée, dit-elle. Nous
sommes revenus lui dire au revoir, après notre dîner rapide, dans ce cadre qu’aime
notre fille, tout en préférant Quick
à MacDo.
Prier… Aimez la
justice, vous qui gouvernez la terre, ayez sur le Seigneur des pensées droites,
cherchez-le avec un cœur simple, car il se laisse trouver par ceux qui ne
veulent pas le mettre à l'épreuve, il se manifeste à ceux qui ne refusent pas
de croire en lui…. L'Esprit Saint, éducateur des hommes, fuit l'hypocrisie, il
se détourne des pensées sans intelligence, il est mis en échec quand survient
l'injustice [1]… Echo donné par le
Christ, ce sens des responsabilités que nie cette phrase tant entendue chez nos
politiques et moins dite chez les chefs de nos grandes entreprises quand il
reste – portrait-photo-attitude de Carlos G. PDG de Renault, impérial mais
adossé au vide, pas de paysage derrière lui, quoiqu’en plein, terrasse : je prends mes responsabilités, traduction
pas du tout, j’encours une sanction si j’échoue, mais : je revendique et
exerce l’exclusivité de la décision,, sans consulter, sans délibérer, vous
pouvez applaudir, m’applaudir… Il est inévitable qu’il arrive des scandales
qui entrainent au péché, mais malheureux celui par qui ils arrivent. Tout l’évangile est le doigt de Dieu pointé
sur les responsables qui dévoient tout, à commencer par la charte constitutive
du peuple élu. Dans un texte qui semble discontinu, Luc rapport deux autres
paroles, plus décisives, car elles nous donnent un rôle, étant espéré que celui
de scandaliser autrui et de dévoyer nos proches et nos contemporains n’est pas
le nôtre… tu lui pardonneras… La foi, si vous en aviez gros comme une
graine de moutarde…. Il y a ces élans
humains, qui « rachètent » tout et donc Jésus, résigné apparemment
aux scandales tout en les dénonçant, s’émerveille : la foi du centurion,
la foi de telle femme cherchant à toucher son manteau ou se comparant aux chiens
à qui les miettes sous la table sont consentis… les Apôtres dirent au
Seigneur : « Augmente en nous la foi ! ». Salut
et confiance, car nous sommes connus de Dieu, tels que nous sommes, tels que je
suis devenu… tel que je serai, en revanche de toutes mes chutes, insuffisances
et discontinuités. La mort qui nous ouvre la vie éternelle, qui est son
ouverture et sur laquelle à juste raison l’Eglise, en ce temps-ci, a compris
que l’essentiel de son témoignage est sans doute là. La vie nous environnant si
peu, semblant tellement ratée, la mort prend un autre sens, celui de la bonne
issue. Non qu’il faille l’envisager, l’administrer ou se l’administrer, mais la
vivre et la désirer en tant que passage à l’essentiel et à ce que nous
attendons tellement, nous ramène à une vie optimiste, heureuse, active. Nous
sommes connus, soutenus, promis… l’Esprit du Seigneur remplit l’univers :
lui qui tient ensemble tous les êtres, il entend toutes les voix… Tu me
scrutes, Seigneur, et tu sais ! … Même là, ta main me conduit, ta main
droite me saisit.
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