Hier soir
A Vannes,
paroisse cathédrale, le Père JEGO et la « troisième rencontre » sur le
rayonnement de l’Eglise dans le diocèse par la participation des laïcs. Une
trentaine de personnes, à peine moins que la première fois, toutes âgées, et
curieusement, les femmes très minoritaires. Et aussi… bien plus novatrices,
selon leurs questions et contestations que les hommes, vraiment tradi. Et
ritualistes. Sur le fond, c’était affligeant, malgré la bonne volonté évidente
de notre intervenant. L’imagination est certainement depuis quelques siècles –
et au strict rebours de celle attestée par tous les écrits des Pères de l’Eglise
– la vertu la moins souhaitée dans l’Eglise, donc la moins cultivée. Même de
bons textes deviennent stréiles faute de vie et de chair à partir d’eux… La
méthode n‘a pas changé : du commentaire de textes pontificaux eux-mêmes
présentés par une brochure d’ailleurs bien faite, cela sans débat mais quelques
questions-réponses seulement entre intervenant et « partcipants »… et une fois
exaltée la co-responsabilité des laïcs et des clercs dans l’Eglise et pour
l’évangélisation, nous sommes demeurés dans des arguties sur les « ministères
institués », ayant tous trait à la liturgie et à l’administration des
sacrements : l’accolyte, le lecteur, etc… tout cela à la discrétion de l’évêque,
seul mandaté ou compétent pour les conférer. Ainsi, distribuer la « communion »
si la foule est trop nombreuse pour le seul célébrant ou lire les textes
supposeraient des lettres de mission, un temps de service à définir, des
engagements. Ossifier et rigidifier… Marguerite n’aurait jamais lu à la messe
des familles… question des femmes, qui représentent cependant la moitié de
l’humanité… un strapontin pour le « temporel ». Précisément, ce sont donc elles
qui ont regimbé pas pour ce rôle, mais pour le bon sens, la question des
ministères institués étant le cas d’école. Quant aux hommes, ils n’avaient pas
remarqué que – pour une fois, dans ce genre de réunion – ils étaient largement
majoritaires. J’essaierai cependant de dialoguer avec ce prêtre, mais
l’expérience de la vie et de la pastorale semble très
enfermée.
Une heure du
matin + Une grande heure dans l’exhortation apostolique Evangelii gaudium. Rien qu’à la
parcourir, elle est assez longue (288 paragraphes, 80 pages non compris la
prière finale et les références), il crève les yeux que c’est un texte de
mutation de la pensée sociale de l’Eglise, de l’attitude sans langue de bois
vis-à-vis de toutes les questions, pastorales, relationnelles, que c’est le
débordement d’une intense expérience de la vie quotidienne d’un religieux
passionné d’aller vers les autres. Y a-t-il un mystique ? un théologien ? nous
en avons eus. François est pratique, concret, d’une présence précise. Je vais
lire tranquillement cela. Je crois qu’il y a surtout une perception de la
situation psychologique de l’évangélisateur dans le monde et les sociétés
actuelles. Je suis passionné. La force de l’Eglise, c’est évidemment « son »
Dieu qui est « le » Dieu unique de toute l’histoire et de tout le vivant, mais
c’est aussi à toutes époques et en tous lieux sa ressource humaine. Seul
problème, mais énorme… elle ne sait pas l’utiliser, les chrétiens ne savent pas
utiliser le pape du moment, le clergé ne sait pas s’utiliser lui-même ni
s’affecter et s’appliquer aux bons endroits et de la bonne manière. – Cependant,
si l’esprit du nouveau pape et son sens du concret et des situations pratiques
éclatent dans ce texte, les réformes notamment sur les états de vie (clergé et
laïcat, affectivité et sexualité comprises), sur le gouvernement : la question
centrale étant la formation et la nomination des évêques, les manières d’animer
un diocèse et d’abord le clergé, enfin sur les dévotions, les pratiques et toute
l’attitude chrétienne vis-à-vis du rite, du symbole, du sacrement… sont encore à
penser, vouloir et à faire…
Ce matin
Coincidences avec le grand texte
pontifical et le possible élan… la prime de départ du PDG de Peugeot, scandaleusement élevée (vingt-et-un
millions d’euros, je ne sais combien d’emplois cela représente, mais
certainement des centaines)… la dévotion à la médaille miraculeuse, le fait de
1832, les apparitions à une novice à peine entrée en religion… l’écartèlement de
l’Eglise aujourd’hui est là : le social, le que et comment croire au-delà de la
personne du Christ…
Prier … [1] Daniel, le surdoué, le « crac »… comme Joseph le
fut… les desseins de Dieu valent les grandes écoles ou les longues formations (à
Babylone, trois ans pour le service du roi, arts de la table compris). L’Esprit
en fait : moi-même, je vous inspirerai
un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni
résistance ni contradiction. L’art divin,
inculqué à l’homme… la saisie des circonstances, même les pires : ce sera
pour vous l’occasion de rendre témoignage. Pour Daniel face à Balthazar, cela avait
commencé par le sacrilège : Excité par le vin, il fit apporter les vases
d'or et d'argent que son père Nabuchodonosor avait enlevés au temple de Jérusalem
; il voulait y boire, avec ses grands, ses épouses et ses concubines. On apporta
donc les vases d'or enlevés au temple de Jérusalem, et le roi, ses grands, ses
épouses et ses concubines s'en servirent pour boire. Après avoir bu, ils
entonnèrent la louange de leurs dieux d'or et d'argent, de bronze et de fer, de
bois et de pierre. La terreur du roi et
des convives, comme nos terreurs contemporaines, comme celles annoncées par le
Christ à ses contemporains… tu n’as pas rendu gloire au Dieu qui tient dans
sa main ton souffle et ta destinée. C’est
le paradoxe du Notre Père : que
Ton nom soit sanctifié… Dieu nous
souhaite en situation devant Lui, d’une certaine manière nos limites, nos
épreuves, nos tendances à pécher ou à négliger nous y aident. Que je sois celui
que Tu attends, Seigneur. Maintenant et au dernier instant de ce parcours-ci :
extrême-onction. Mes trois aimées, trois générations, trois femmes, trois vies,
devant vous, mon Dieu tandis qu’au loin mais en chacune d’elles, je Vous prie,
Vous aime. Nous Vous attendons. Ainsi soit-il.
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