Visages hier, chaue enfant débouchant des vestiaires et du passage
au sèche-cheveux, cherchant des yeux qui vient le chercher, père ou mère, le
trouvant, l’illumination totale du visage, la silhouette inchangée, et l’aller
tranquille vers la rencontre, le baiser. Au contraire, l’adulte dans la
rencontre amoureuse cherche à séduire, compose une attitude, le sourire, le
visage sont seconds. L’enfant, garçonnet ou fillette, huit-dix ans, n’offre
rien, il est tout. – Un adute, peut-être plus proche de la cinquantaine que de la
quarantaine, visage assez beau, très sculpté mais doux, le regard d’angoisse
évidente, je le remarque, cherche à lui dire des yeux que je comprends, pas l’objet
mais l’état de son angoisse. Plus tard, arrive sa fille, elle a le même regard,
elle s’éloigne vers un distributeur, je lui dis leur intense ressemblance, mais
qu’il la protège de cette angoisse. Divorcé ? ou en instance d’être
abandonné ? chômage ? ou épouvante devant le tragique de la vie (cf.
Dom MEUGNIOT le recevant du Père BOUYER qui « jugeait » que l’Abbé de
l’époque, Solesmes, n’avait pas assez le sens du tragique. Réplique aux mois de
la mort qui venait, de mon cher moine, attestée par quelques-uns de ses
frères : j’ai toujours fait semblant. Propos apparemment mystérieux, comme
celui de Socrate : n’oublie pas le coq que nous devons à Esculape. Mais je
crois comprendre). Mon inconnu au grand et unique regard, à ma demande, me
donne son prénom : Louis-Charles. Je n’ai pas commenté, nos rois, il est
breton, mais la Bretagne – notre conversation – est totalement inconnue (et
méprisée) du reste des Français. Ni chrétienne ni monarchiste en 1793 comme en
2013, mais démocrate, têtue, tenace, en bataille, aimant la justice. Plus dotée
mentalement que physiquement à quelque égard matériel ou autre que ce soit. Difficile
à connaître et à aimer, profondément réfractaire, autant individualiste parce
que fière en chacun de ses enfants que collective parce que étant par elle-même
une nation. – Je ne suis pas breton et je n’ai pas choisi la Bretagne pour
elle-même. Je ne suis que Français ce qui semble réducteur, pauvre et banal
pour bien d’autres qui sont Bretons, Alsaciens, sans doute Corses ou Basques,
même Auvergnats. Il est « significatif » (comme disent certains
grasseyants aux Finances ou précieux autistes au Département) que l’échec des
partis, l’échec des syndicats, l’échec des associations, l’exploitation des
catholiques pratiquants abusés dans leur disponibilité (et aussi leur inculture
politique et une mémoire artificiellement réduite) par une droite extrême
ambitionnant l’état sauvage sous l’apparence de l’éthique et du patriotisme… il
reste au pays la ressource de son authenticité, de ses racines, de sa difficile
composition par mixité et rencontre (naguère conquête) : les provinces, les
régions, les paysages d’âme. C’est dans cette ambiance que le pays se refait et
émerge. Il y aura des notoriétés nouvelles. Quand Paris est défaillant, le pays
prend le relais, d’instinct, donc sans règles ni prévisibilité.
Prier… [1] parabole
de la disponibilité et de l’échec. Venez maintenant, le diner est prêt… Maître ce que tu as ordonné
est fait, et il reste de la
place. Le maître avait vu grand, il avait invité
beaucoup de monde… dépêche-toi d’aller sur les places et dans les rues de la
ville… va sur les routes et dans les sentiers et insiste pour faire entrer les
gens. But, objectif, obsession :insiste
pour faire entrer les gens. La pauvreté,
plus physique encore que d’âme : les pauvres, les estropiés, les
aveugles et les boîteux. La leçon : heureux
celui qui participera au repas dans le royaume de Dieu… Je vous le dis, aucun
de ces hommes qui avaient été invités ne profitera de mon dîner. C’est dans Matthieu que se rencontre, parmi
les invités de raccroc, celui qui n’a pas la tenue réglementaire. Luc insiste
sur les estropiés, aveugles et boîteux, les mutilés de la vie, les vrais
pauvres, aussi bien dans la parabole que dans le dialogue de Jésus avec le
pharisien qui, précisément, l’a invité à dîner. Soyez joyeux avec ceux qui
sont dans la joi, pleurez avec ceux qui pleurent… que votre amour soit sans
hypocrisie…. Celui qui donne qu’il soit simple ; celui qui dirige qu’il
soit actif ; celui qui se dévoue pour les malheureux, qu’il ait le sourire….
Ne brisez pas l’élan de votre générosité.
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