dimanche 2 octobre 2016

le juste vivra par sa fidélité - textes du jour

Dimanche 2 Octobre 2016

. . . gare Montparnasse, à nouveau, 07 heures 08 + Deux expériences fortes. La première, l’après-midi et la soirée à mon cher Collège : l’école Saint-Louis-de-Gonzague des Pères Jésuites à Paris. Une réunion des délégués de promotion, il y a quatre ans ou cinq ans ( ? vérifier) m’avait très désagréablement impressionné, puisque l‘encadrement actuel du Collège (je parle selon l’ancienne terminologie, le Lycée étant le public, le Collège étant le privé et généralement le religieux) ne nous avait pas même honoré d’une tasse de café et ne nous avait entretenu que du financement d’un nouveau bâtiment sans parler pédagogie, et aucun Jésuite alors présent. Hier au contraire, ambiance forte. Le bâtiment, façon hydroglisseur, le long du boulevard Delessert, des gradins en bois, une petite pelouse surplombant l’avenue : un « amphithéâtre » à qui a été donné, pour son inauguration, qui commençait l'exercice, le nom d’Honoré d’ESTIENNE d’ORVES, ancien élève et fusillé en 1941. Le directeur n’a pas abusé de la parole. Surtout, mélange chaleureux et rare de soixante ans de générations successives, les plus anciens de nous étant, m’a-t-il semblé, de la promotion 1953 et les plus récents de 2013, entre nous tous la conversation aisée. Nous avons dû être près de mille. Quelques Pères, dont deux qui me sont familiers, Jean DEBAENS qui a été préfet du Petit Collège pour mes deux frères cadets, Hugues et Vincent, beaucoup pratiqué quand le Père LAMANDE, post mortem, a été mis sur la sellette, et Etienne CELIER, qui, pas encore ordonné, avait démarré sa carrière enseignante par ma promotion en histoire (seconde partie du bac.) avec une manière impressionnante de s’imposer : avoir appris nos noms par la photo de classe de l’année précédent. Tous les deux très vieillis. Fait la connaissance d’un des anciens professeurs, et sans doute pilier dans les années 80 et 90, le Père LANGUE, grand et bel homme, qui a donné l’homélie, malheureusement de façon très discutable. Le thème de notre rencontre, en dehors d’un peu de la vie nouvelle du Collège : visite des locaux, les anciens très bien réagencés et repeints, et le nouveau, réservé aux préparations avec des petits cabinets pour trois (sous-colle ou répétitions), avec l’omission de tout crucifix dans les classes, ce que j’ai noté au feutre sur l’un des tableaux… et une représentation hors de pair des Fourberies de Scapin (un acteur de profession serait chargé de l’animation pour le théâtre dans l’ensemble 6ème à terminales et préparations), j’ai particulièrement félicité Géronte et Scapin, petite salle comme sur les Grands Boulevards, mais au 3ème étage de ce que nous appelions le « nouveau bâtiment » ou le bâtiment Clemenceau, aujourd’hui appelé Madrid, « l’ancien » étant Vauplane… thème donc, que transmettre dans un monde en rupture ? la foi évidemment, plus un comportement, une manière, qu’un fond. Présentation avec un modérateur, philosophe normalien, et cinq témoignages dont celui de l’actuel gouverneur de la Banque de France que j’avais connu directeur général des Impôts au moment de ma recherche d’un point de chute après le Kazakhstan : fort laid, banal mais convaincant et entraînant. Au-delà de la simple qualité des interventions, chacune très bien dite, le « problème » reste entier, l’évangélisation aujourd’hui. J’ai tendance à penser que la référence au passé censé ne pas revenir n’est pas seulement inopérante à raison de cela, mais surtout parce que ce passé, en France, n’a été qu’apparemment chrétien, la société l’était structurellement, nominalement, mais les personnes ? tandis qu’aujourd’hui il n’y a plus matière ni entrainement au mimétisme, il ne peut y avoir qu’un choix personnel. Evidemment, il peut et doit y avoir les conversions de l’adolescence et de l’âge adulte, faute d’une enfance catéchisée ou d’un milieu familial encore porteur. Statistiquement, il n’y aurait plus guère que 5% des enfants catéchisés en France même si plus de 60 des interrogés se disent catholiques, même s’ils disent ne pas pratiquer. On est donc devant deux probkèmes qui n’ont pas été du tout abordés : comment transmettre à l’enfant dès sa naissance, comment le foyer familial est-il porteur ou pas de la foi, soutenu ou pas par l’école ? nous le vivons avec Marguerite, ensemble tous les trois, et nous avons évalué très positivement Saint-André pour le primaire, nous sommes encore en attente et pas du tout fixés pour le secondaire à Saint-François-Xavier. – Des exposés que je mettrai au net et ensuite au débat en promotion où je voudrais que chacun de nous dise où il « en est » de sa foi et de la pratique reçues à « Franklin », et si enfants et petits-enfants sont à cet étiage ou pas ? Des bribes de dialogues avec d’autres anciens, hors ma promotion : de la nôtre (définition : profession de foi en Mai 1954), une dizaine.  Une sorte de reconstitution de l’histoire du Collège commence de s’esquisser pour moi. Y a-t-il déjà une littérature ? peut-on retrouver l’organigramme sur cent ans : Pères, professeurs, personnels. L’annuaire n’a pas la qualité de celui de la France d’Outre-mer, retraçant en détail les carrières. Historique aussi des bâtiments, des travaux, des réformes et mises à jour, et notamment comment ont été vécus guerres, Occupation, Mai 68, passage à la mixité. Peut-être même ces questions latentes quoiqu’elles ne m’effleurèrent jamais : pédophilie de certains. – Au total, beauté et réapprêt des bâtiments, remaniés en totalité pour l’intérieur, peints en couleur ivoire pour l’extérieur. Leçon d’ailleurs de novation et de pérennité. Mais surtout nous tous dans ce bain-là et donc pouvant aisément être de plain-pied, chacun avec tous, tour à tour.

. . . chez nous, à Reniac, à ma table de travail, 21 heures 37 + La seconde expérience : cette nuit, dite « la nuit blanche à Paris ». Attente du train de retour. Trois heures et demi à tourner autour de la gare Montparnasse fermant pour nettoyages divers entre 01 heures et 04 heures 30. Les gens sans logis pour plusieurs jours ou davantage, ou simplement ceux/celles qui font des économies d’hôtel. Plusieurs découvertes très diverses. J’y reviendrai plus longuement.
La messe de ce jour et ses textes [1], déjà lus hier à Saint-Louis-de-Gonzague et prêchés par le nouvel aumônier de l’Association des anciens élèves, mais sans vraiment s’attacher aux propos du jour pour broder sur notre propre thème, la transmission en période de ruptures, alors que tout s’y prêtait… et aujourd’hui le Père JEGO de la cathédrale Saint-Pierre à Vannes qui annonce une série de six conférences-débat sur les Actes des apôtres comme outil et modèle pour l’évangélisation aujourd’hui. C’est lui qui est dans la note juste et il se réfère – je n’ai pas bien compris – sinon à une nouvelle exhortation apostolique du pape François, du moins aux deux premières du pontificat : Amoris laetitia (l’amour en famille, le 19 Mars 2016, et surtout la joie de l’annonce,  Evangelii gaudium (signée le 24 Novembre 2013 et faite des premiers travaux de Benoît XVI). Nous étions en trinité pour la messe du soir, faute que mes aimées soient allées ce matin en paroisse. Tout simplement, cette humilité des disciples, admiratifs du Maître, ce Maître qui à la suite de journées fatigantes, surchargées ressort pour prier seul ou avant l’aube pour dans la montagne, prier. Apprends-nous à prier… augmente en nous la foi… Une prière en soi que ces deux demandes et Jésus répond par une boutade ou presque : si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : « Déracine-toi et va te planter dans la mer » et il vous aurait obéi ». Habacuc et ce message pour tous temps d’attente qui sont toujours ceux de la foi, de la certitude et de l’espérance. C’est encore une vision pour le temps fixé ; elle tendra vers son accomplissement, et ne décevra pas. Si elle paraît tarder, attends-là ; elle viendra certainement et sans retard.  Le latin, l’espérance et l’attente sont de même racine : sperare, et la foi comme la fidélité, ont, elles aussi, mêmes racines : fides. Le juste vivra par sa fidélité. Paul et le maintien intérieur qui doit être le nôtre, le  moyen cardinal de correspondre à Dieu… garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté, avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous. Nous y sommes : la vie intérieure, la vie spirituelle et ma chère femme insiste sur l’intimité et l’incommunicabilité de nos dialogues et convictions intérieurs… comme je rends compte des pistes et inachèvement d’hier, de mon intuition aussi que nous sommes sans doute les premières générations où la pratique religieuse, la vie chrétienne ne peuvent plus être un simple mimétisme social : elles doivent au contraire aller au plus intime, sincère, vivant, personnel. Et la prière, la relation-même à Dieu, fonde et fait cette intimité. Les racines chrétiennes ne sont pas une pétition d’écriture constitutionnelle, elles nous sont intérieures et personnelles. De cela tout se déduit et Dieu fait par nous.


[1] - Habacuc I 2.3 & II 2 à 4 ; psaume XCV ; 2ème lettre de Paul à Timothée I 6 à 14 passim ; évangile selon saint Luc XVII 5 à 10

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