Évêque de Verceil
Eusèbe, naît à Cagliari, en Sardaigne, vers 283. Il perdit son père
pendant la persécution de Dioclétien. Sa mère le conduisit à Rome où il reçut
le baptême des mains du pape Eusèbe qui lui donna son nom. À Verceil, Eusèbe
étudia avec soin les Saintes Lettres, les arts libéraux, et fut reçu lecteur.
Il menait une vie si sainte en fréquentant les écoles qu'on le regardait
comme un ange. Ses éminentes vertus le distinguèrent au sein du clergé de la
ville de Verceil et lorsque le siège épiscopal vint à vaquer en l'an 340, le
pape Jules Ier l'élut pour remplir la charge d'évêque.
Eusèbe s'appliqua tout d'abord à former de dignes ministres de
Jésus-Christ et un clergé instruit. Il organisa dans son palais épiscopal une
école où les jeunes ecclésiastiques unissaient la vie monastique à la vie
cléricale. Saint Ambroise en parle avec admiration : « C'est, disait-il, une
milice toute céleste et toute évangélique, occupée jour et nuit à chanter les
louanges de Dieu, à apaiser sa colère et à implorer sa miséricorde. Ils ont
toujours l'esprit appliqué à la lecture ou au travail. » Le succès couronna
ses efforts apostoliques, car de son clergé sortit un grand nombre de saints
prélats aussi vertueux qu'éclairés. Plusieurs Églises sollicitèrent la faveur
d'être gouvernées par les disciples de saint Eusèbe.
L'hérésie d'Arius, favorisée par l'empereur Constance, commençait à
se répandre en Occident. Le saint évêque de Verceil résista ouvertement à
l'empereur et lui reprocha hautement son impiété. En l'an 355, dans un
concile tenu à Milan par le pape Libère, Eusèbe demanda qu'on souscrivît
avant tout au symbole de Nicée et refusa de signer la sentence prononcée par
les hérétiques contre saint Athanase d'Alexandrie.
Les évêques ariens s'opposèrent et le firent exiler en Palestine, à
Scythopolis, où on lui fit subir d'indignes traitements. L'empereur Constance
le transféra plus tard en Cappadoce et ensuite, dans la Haute-Thébaïde. Les
ariens le traînaient par terre à demi-nu ou lui faisaient descendre un
escalier très élevé la tête en bas et l'accablaient de coups. Saint Eusèbe
souffrait tout sans se plaindre. Dans son exil, il écrivit aux Églises
d'Italie pour les exhorter à demeurer fermes au milieu des persécutions.
Remis en liberté après la mort de Constance, survenue en 361, Eusèbe
alla rallumer le flambeau de la foi dans les Églises d'Orient infestées par
l'hérésie, et eut le bonheur de rencontrer le grand Athanase à Alexandrie.
Ce vaillant et fidèle défenseur de la foi termina sa vie laborieuse
et pénitente le Ier août 371 à l'âge de quatre-vingt-cinq ans. Ses précieuses
reliques enchâssées reposent dans la cathédrale de Verceil.
Pour approfondir, lire la Catéchèse du Pape Benoît XVI :
Source principale : livres-mystiques.com/ ; vatican.va (« Rév. x gpm
»). >>> Saint Eusèbe de Verceil [Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais] |
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BENOÎT
XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi
17 octobre 2007
Chers frères et sœurs,
Ce matin, je vous invite à
réfléchir sur saint Eusèbe de Verceil, le premier Evêque de l'Italie du Nord
sur lequel nous ayons des données certaines. Né en Sardaigne au début du IV
siècle, sa famille se transféra à Rome alors qu'il était en bas âge. Plus tard,
il fut institué lecteur: il entra ainsi au sein du clergé de l'Urbs, à
une époque où l'Eglise était gravement éprouvée par l'hérésie arienne. La
grande estime qui se développa autour d'Eusèbe explique son élection en 345 à
la chaire épiscopale de Verceil. Le nouvel Evêque commença immédiatement une
intense œuvre d'évangélisation sur un territoire encore en grande partie païen,
en particulier dans les zones rurales. Inspiré par Athanase - qui avait écrit
la Vie de saint Antoine, initiateur du monachisme en Orient -, il fonda à
Verceil une communauté sacerdotale, semblable à une communauté monastique. Ce
monastère donna au clergé de l'Italie du Nord une empreinte de sainteté
apostolique significative, et suscita des figures importantes d'Evêques, comme
Limenius et Honorat, successeurs d'Eusèbe à Verceil, Gaudentius à Novare,
Exuperantius à Tortone, Eustasius à Aoste, Eulogius à Ivrée, Maxime à Turin,
tous vénérés par l'Eglise comme des saints.
Solidement formé dans la foi
nicéenne, Eusèbe défendit de toutes ses forces la pleine divinité de Jésus
Christ, défini par le Credo de Nicée "de la même substance" que
le Père. Dans ce but, il s'allia avec les grands Pères du IV siècle - surtout
avec saint Athanase, le porte-drapeau de l'orthodoxie nicéenne - contre la
politique philo-arienne de l'empereur. Pour l'empereur, la foi arienne plus
simple apparaissait politiquement plus utile comme idéologie de l'empire. Pour
lui, ne comptait pas la vérité, mais l'opportunité politique: il voulait
instrumentaliser la religion comme lien d'unité de l'empire. Mais ces grands
Pères résistèrent en défendant la vérité contre la domination de la politique.
C'est pour cette raison qu'Eusèbe fut condamné à l'exil comme tant d'autres
Evêques d'Orient et d'Occident: comme Athanase lui-même, comme Hilaire de
Poitiers - dont nous avons parlé la dernière fois -, comme Osius de Cordoue. A
Scitopolis, en Palestine, où il fut assigné entre 355 et 360, Eusèbe écrivit
une page merveilleuse de sa vie. Là aussi, il fonda un monastère
avec un petit groupe de disciples et, de ce lieu, il s'occupa de la
correspondance avec ses fidèles du Piémont, comme le démontre en particulier la
deuxième des trois Lettres eusébiennes reconnues comme authentiques. Par la
suite, après 360, il fut exilé en Cappadoce et dans la Thébaïde, où il subit de
graves mauvais traitements physiques. En 361, Constance II mourut, et lui
succéda l'empereur Julien, dit l'apostat, qui ne s'intéressait pas au
christianisme comme religion de l'empire, mais voulait simplement restaurer le
paganisme. Il mit fin à l'exil de ces Evêques et permit à Eusèbe de reprendre
possession de son siège. En 362, il fut envoyé par Anastase pour participer au
Concile d'Alexandrie, qui décida de pardonner les Evêques ariens s'ils
retournaient à l'état de laïc. Eusèbe put encore exercer le ministère épiscopal
pendant une dizaine d'années, jusqu'à sa mort, entretenant avec sa ville une
relation exemplaire, qui ne manqua pas d'inspirer le service pastoral d'autres
Evêques de l'Italie du Nord, dont nous nous occuperons dans les prochaines
catéchèses, comme saint Ambroise de Milan et saint Maxime de Turin.
La relation entre l'Evêque de
Verceil et sa ville est en particulier éclairée par deux témoignages
épistolaires. Le premier se trouve dans la Lettre déjà citée, qu'Eusèbe écrivit
de son exil de Scitopolis "à mes bien-aimés frères et aux prêtres tant
désirés, ainsi qu'aux saints peuples solides dans leur foi de Verceil, Novare,
Ivrée et Tortone" (Ep. secunda, CCL 9, p. 104). Ces expressions initiales,
qui marquent l'émotion du bon pasteur face à son troupeau, trouvent un large
écho à la fin de la Lettre, dans les saluts très chaleureux du père à tous et à
chacun de ses enfants de Verceil, à travers des expressions débordantes
d'affection et d'amour. Il faut tout d'abord noter le rapport explicite qui lie
l'Evêque aux sanctae plebes non seulement de Vercellae/Verceil - le premier et,
pendant quelques années encore, l'unique diocèse du Piémont -, mais également
de Novaria/Novare, Eporedia/Ivrée et Dertona/Tortone, c'est-à-dire de ces
communautés chrétiennes qui, au sein du diocèse lui-même, avaient trouvé une
certaine consistance et autonomie. Un autre élément intéressant est fourni par
le salut avec lequel se conclut la Lettre: Eusèbe demande à ses fils et à
ses filles de saluer "également ceux qui sont en dehors de l'Eglise, et
qui daignent nourrir pour nous des sentiments d'amour: etiam hos, qui
foris sunt et nos dignantur diligere". Signe évident que la relation
de l'Evêque avec sa ville ne se limitait pas à la population chrétienne, mais
s'étendait également à ceux qui - en dehors de l'Eglise - en reconnaissaient
d'une certaine manière l'autorité spirituelle et aimaient cet homme exemplaire.
Le deuxième témoignage du
rapport singulier de l'Evêque avec sa ville provient de la Lettre que saint
Ambroise de Milan écrivit aux habitants de Verceil autour de 394, plus de vingt
ans après la mort d'Eusèbe (Ep. extra collectionem 14: Maur. 63).
L'Eglise de Verceil traversait un moment difficile: elle était divisée et
sans pasteur. Ambroise déclare avec franchise qu'il hésite à reconnaître chez
ces habitants de Verceil "la descendance des saints pères, qui approuvèrent
Eusèbe à peine l'eurent-ils vu, sans jamais l'avoir connu auparavant, oubliant
même leurs propres concitoyens". Dans la même Lettre, l'Evêque de Milan
témoigne de la manière la plus claire son estime à l'égard d'Eusèbe:
"Un homme aussi grand", écrit-il de manière péremptoire, "mérita
bien d'être élu par toute l'Eglise". L'admiration d'Ambroise pour Eusèbe
se fondait surtout sur le fait que l'Evêque de Verceil gouvernait son diocèse à
travers le témoignage de sa vie: "Avec l'austérité du jeûne, il
gouvernait son Eglise". De fait, Ambroise était
fasciné - comme il le reconnaît lui-même - par l'idéal monastique de la
contemplation de Dieu, qu'Eusèbe avait poursuivi sur les traces du prophète
Elie. Tout d'abord - note Ambroise -, l'Evêque de Verceil rassembla son propre
clergé en vita communis et l'éduqua à l'"observance des règles
monastiques, bien que vivant dans la ville". L'Evêque et son clergé
devaient partager les problèmes de leurs concitoyens, et ils l'ont fait de
manière crédible précisément en cultivant dans le même temps une
citoyenneté différente, celle du Ciel (cf. He 13, 14). Et ainsi, ils ont
réellement construit une véritable citoyenneté, une véritable solidarité, comme
entre les citoyens de Verceil.
Ainsi Eusèbe, alors qu'il
faisait sienne la cause de la sancta plebs de Verceil, vivait au sein de
la ville comme un moine ouvrant la ville vers Dieu. Cette caractéristique n'ôta
donc rien à son dynamisme pastoral exemplaire. Il semble d'ailleurs qu'il ait
institué à Verceil des paroisses pour un service ecclésial ordonné et stable,
et qu'il ait promu des sanctuaires mariaux pour la conversion des populations
rurales païennes. Ce "caractère monastique" conférait plutôt une
dimension particulière à la relation de l'Evêque avec sa ville. Comme déjà les Apôtres,
pour lesquels Jésus priait au cours de la Dernière Cène, les pasteurs et les
fidèles de l'Eglise "sont dans le monde" (Jn 17, 11), mais ils ne
sont pas "du monde". C'est pourquoi les pasteurs - rappelait Eusèbe -
doivent exhorter les fidèles à ne pas considérer les villes du monde comme leur
demeure stable, mais à chercher la Cité future, la Jérusalem du Ciel
définitive. Cette "réserve eschatologique" permet aux pasteurs et aux
fidèles de préserver la juste échelle des valeurs, sans jamais se plier aux
modes du moment et aux prétentions injustes du pouvoir politique en charge.
L'échelle authentique en charge des valeurs - semble dire la vie tout entière
d'Eusèbe - ne vient pas des empereurs d'hier et d'aujourd'hui, mais vient de
Jésus Christ, l'Homme parfait, égal au Père dans la divinité, et pourtant homme
comme nous. En se référant à cette échelle de valeurs, Eusèbe ne se lasse pas
de "recommander chaudement" à ses fidèles de "conserver la foi
avec le plus grand soin, de préserver la concorde, d'être
assidus dans la prière" (Ep. secunda, cit.).
Chers amis, je vous recommande
moi aussi de tout cœur ces valeurs éternelles, alors que je vous salue et que
je vous bénis avec les mêmes paroles par lesquelles le saint Evêque Eusèbe
concluait sa deuxième Lettre: "Je m'adresse à vous tous, mes frères
et saintes sœurs, fils et filles, fidèles des deux sexes et de tout âge, afin
que vous vouliez bien... apporter notre salut également à ceux qui sont en
dehors de l'Eglise, et qui daignent nourrir à notre égard des sentiments
d'amour" (ibid.).
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