Élisabeth, née en 1271, reçut ce nom à son baptême, en souvenir de sainte
Élisabeth de Hongrie, sa tante. À l'âge de huit ans, elle récitait chaque jour
l'office divin et conserva cette pratique jusqu'à sa mort.
Elle méprisait le luxe, fuyait les divertissements, soulageait les
pauvres, multipliait ses jeûnes et menait une vie vraiment céleste. Toutes les
œuvres de piété d'Élisabeth étaient accompagnées de larmes que l'amour faisait monter
de son cœur à ses yeux. Le temps que ses exercices religieux lui laissaient
libre, elle aimait à l'employer à l'ornementation des autels ou aux vêtements
des pauvres.
Élevée sur le trône de Portugal par son mariage avec Denys, roi de ce
pays, elle fut d'une patience remarquable dans les épreuves qu'elle eut souvent
à subir de la part de son mari, et ne lui montra jamais, en échange de ses
procédés injustes, qu'une amabilité croissante, une douceur toute affectueuse
et un dévouement sans bornes, qui finirent par triompher de ce cœur rebelle.
Élisabeth est célèbre par le don que lui fit le Ciel de rétablir la paix entre
les princes et les peuples.
Peu de Saintes ont montré tant de charité pour les membres souffrants
de Jésus-Christ ; jamais aucun pauvre ne partait du palais sans avoir rien reçu
; les monastères qu'elle savait dans le besoin recevaient abondamment le
secours de ses aumônes ; elle prenait les orphelins sous sa protection, dotait
les jeunes filles indigentes, servait elle-même les malades.
Tous les vendredis de Carême, elle lavait les pieds à treize pauvres,
et après les leur avoir baisés humblement, elle les faisait revêtir d'habits
neufs. Le Jeudi saint, elle remplissait le même office près de treize femmes
pauvres. Or, un jour qu'elle lavait les pieds à ces pauvres, il se trouva dans
le nombre une femme qui avait au pied une plaie dont la mauvaise odeur était
insupportable : la reine, malgré toutes les répugnances de la nature, prit ce
pied infect, en pansa l'ulcère, le lava, l'essuya, le baisa et le guérit. Même
miracle arriva en faveur d'un pauvre lépreux.
Un jour qu'elle portait dans les pans de sa robe de l'argent pour les
pauvres, son mari lui demanda à voir ce qu'elle portait, et il fut émerveillé
d'y voir des roses hors de saison. Après la mort du roi, elle voulait se
retirer chez les Clarisses, mais on lui fit observer qu'elle ferait une
meilleure œuvre en continuant ses libéralités. Enfin, après une vie toute
d'œuvres héroïques, elle mourut, le 04 juillet 1336, en saluant la Très Sainte
Vierge, qui lui apparut, accompagnée de sainte Claire et de quelques autres
Saintes.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
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