Notre
Dame de toutes réconciliations, je ne sais si ce nom vous a
été donné, mais ce
matin c’est la grâce que je vous demande pour le genre humain,
pour mes proches
et en moi-même. – Mémoires de Marie-Madeleine, les textes la
concernant
explicitement sont si forts, mais aussi avec leurs
ambiguités : vraiment
la sœur de Marthe ou une homonymie ? et il y a la « légende
dorée »
et les saintes-Maries-de-la-mer, la barque, le coq… et cette
statuaire dans tout
l’empire des Habsbourg (une crucifixion sous laquelle dans une
grotte ou un tombeau,
une femme médite, un crâne humain dans la paume), et il y a la
nouvelle de
Marguerite YOURCENAR faisant de la pécheresse l’amante de
saint Jean l’évangéliste,
et il y a l’évangile apocryphe, avec une réédition : « le
texte qui
révèle le mariage de Jésus et de Marie Madeleine » [1]
sans compter le Da
Vinci code. L’œuvre de
REMBRANDT me paraît plus significative que celle du CORREGE.,
en tout cas
mystique et priante. Et il y a donc aussi deux Mères Teresa,
la Mexicaine et l’Albanaise.
Prier… le
dialogue, c’est
le seul entre Jésus et Marie-Madeleine, et à l’initiative de deux
anges vêtus de blanc, assis, l’un à la tête et l’autre aux pieds
de l’endroit où le
corps de Jésus avait
été déposé, puis du
Christ lui-même. Mais
Marie-Madeleine est au centre de deux récits faisant
enseignement décisif pour
une vie spirituelle : elle a choisi la meilleure place et
elle ne lui
sera pas retirée… la
comparaison entre la
prostituée parfumant le futur supplicié et le maître d’une
maison et d’un repas
dans la plus haute société de l’époque [2].
L’Eglise commente la
relation entre Marie-Madeleine et le Christ par un passage du
Cantique des
cantiques. Je lus
ce livre vers mes 13-14 ans comme le comble de la poésie et la
plus belle
évocation érotique : une initiation que prolongèrent les Chansons de Billitis
et Partage de midi,
L’analyse
graphologique de Thérèse d’Avila serait celle d’une fille
publique. La puissance
d’une persnnalité et l’interrogation qu’elle pose à celles et
ceux qui en sont
moins gratifiés ou dotés, n’est pas l’affectation de ce
tellurisme mais bien le
fait d’une telle capacité d’amour et de dévotion. D’abandon.
Le Christ-même doit
en avoir raison. Cesse de me tenir, je ne suis pas encore
monté vers le
Père. Ce qui pose la
question du corps
ressuscité et de ce moment de vie terrestre, le plus
mystérieux qui soit, où
Jésus affranchi de toutes les lois et formes limitant notre
nature, reste
cependant de notre côté, appréhensible, aussi incarné qu’avant
Son supplice et
Sa mort, mangeant, buvant, parlant, mais… méconnaissable à
première vue,
identifié a posteriori ou d’intuition. Livre sobre et court de
Jean DANIELOU,
il y a une cinquantaine d’années, que je vais relire. Toutes
les dimensions de
la mission, de l’œuvre du Christ et leurs résultats sont dits
à
Marie-Madeleine, alors que les disciples, et pas les moindres,
Pierre et Jean,
n’ont le premier jour que des consignes de rendez-vous. Va
plutôt trouver
mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre
Père, vers mon
Dieu et votre Dieu. La
communauté humaine
ainsi avisée. L’expérience de toute vie spirituelle est
mystérieusement celle d’un
amour qui nous paraît particulier, exceptionnel et dont
pourtant nos relations
humaines, nos entrainements, nos commencements en tout
fournissent la parabole.
Je l’ai cherché, je ne l’ai pas trouvé ! J’ai rencontré les
gardes qui
parcourent la ville : « Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? »
(Marie-Madeleine au
tombeau : On
a enlevé le Seigneur mon Maître et je ne sais pas où on l’a mis…
Si c’est toi
qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi, j’irai le
reprendre).
L’appropriation si la recherche aboutit,
et cette recherche est déjà notre apanage exclusif. A
peine les avais-je
dépassés, que j’ai trouvé celui que mon cœur aime. Je l’ai
saisi, je ne le lâcherai
pas. … Cesse de me tenir ! Le
psalmiste pour notre prière : ton amour vaut mieux que la
vie… la
joie sur les lèvres, je dirai ta louange. Oui, tu es venu à mon
secours :
je crie de joie à l’ombre de tes ailes. Mon âme s’attache à toi,
ta maindroite
me soutient. Signe fort
de l’évidence de
notre relation à Dieu, de Sa réponse et de Son appel : notre
accord
paisible et profond avec tout nous-mêmes quand nous lisons,
prions de tels
textes. Abandonnés, heureux, centrés. Pris, reçus. A notre
place.
[1]
- Simcha JACOBOVICI & Barrie
WILSON, L’Evangile
oublié
(Michel Lafon . Avril 2015
. 460 pages) - ce serait l’histoire
d’Aséneth, fille d’un
Pothi-Phéra, officier de Pharaon avec X
confusions allant jusqu’à la période romaine. Le manuscrit
en version syriaque
serait interrompu sinon censuré, dans cette édition
« moderne » et la
traduction française,
il a 45 pages. Je
ne l’ai pas encore lu. Il ne figure pas dans les éditions
de la Pléiade, sauf
erreur. Je ne l’ai pas encore lu. L’apocryphe de Judas
n’apprend rien de
factuel mais laisse ouverte la probabilité du pardon pour
un tel agent de la
rédemption. Il dit surtout, ce qui est plausible : une
intimité entre le
traître et son Maître
[2]
- Cantique des cantiques III 1 à 4 ; psaume LXIII ;
évangile
selon saint Jean XX 1 à 18 passim
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire