Journée
de bonheur hier : austérité et sympathie pour la présentation
de mon
expérience à l’accueil Saint-Joseph des Dominicaines de la
Présentation, une
trentaine de personnes (une
diplomatie pour la fille aînée de l’Eglise),
j’ai parlé d’abondance mais j’avais rédigé mercredi et
synthétisé avant que
nous prenions la route, arrivant avec une heure d’avance.
Questions sur le
comment faire avec les dirigeants actuels ? la
franc-maçonnerie ? les
djihadistes ? Personnes d’un certain âge pour la plupart, mais
équilibrées.
Repas sur place, tous les quatre. Physionomie de la
congrégation, simple,
souple, fraternelle, d’Eglise : le suivi du Pape en Bolivie,
où la congrégation
a une communauté. Souci de la canonisation de la fondatrice
dont je trouve la
modernité remarquable (femme d’affaires au XVIIème siècle
construisant un ouvroir
et des contrats de travail, semble-t-il encouragés par
COLBERT) : un
enfant, grand brûlé des mains, prière obtenant une guérison
rapide et complète
que le médecin n’attendait pas, mais la famille a refusé de
donner un
certificat médical. La nécessité (canonique ?) de deux
miracles pour la
canonisation. Observation fine sur notre évêque, timide et se
gardant après des
critiques de laïcs. Le précédent trop autoritaire selon son
clergé, et ainsi de
suite. Il est vrai que je ne suis pas encore parvenu à une
relation personnelle
avec lui. – La plage très vacances de
M. Hulot et Marguerite a remarqué un Ducobu !
Aucune
tentation « libidineuse », de relative joliesse que chez des
pré-adolescentes, interrogé en va-et-vient vers la voiture
pour des sacs à
aller y chercher des plagistes sur leur lecture : MUSSO et
LEVY, sans
illusion ni estime, mais la distraction. Littérature de gare
ou de grandes
surfaces ? ou un savoir-produire ? que je n’ai jamais eu. Je
ne
réussirai en édition que par accident ou quelque circonstance
qu’il n’est pas
en mes capacités de monter. Le plan d’eau de la presqu’île au
continent (les
plages de Carnac et le port de la Trinité), miroir d’acier,
charme des
alignements de canots sur la digue, les silhouettes donnent un
tacheté, une
couleur à l’ensemble, pas de grandes voiles, pas de bateaux de
haute-mer et le
silence sauf celui de l’eau à marée descendante découvrant des
rochers très
usés, doux. Les sauveteurs en tenue canari, un étudiant
préparant l’agrégation
de sports, une étudiante en radiologie. Venus à ma rencontre
parce que mes
apnées paraissaient anormales : je me changeai seulement de
costume de
bain entre deux eaux. J’en ai encore le souffle mais j’ai peu
de mouvement. Nièce
et tante, Marguerite et Arlette lisant assidûment et se
baignant ensemble,
critique sur le niveau en natation de notre fille. Ma chère
femme, rayonnante
depuis quelques jours, visage reposée, corps repris. Moi… je
n’ai jamais
considéré mon corps, il ne m’empêchait pas, ce qui pour moi
était le point
important, je n’y pensais donc pas. Aujourd’hui silhouette
abominable, jambes
lourdes, semi-tendinite à l’avant-bras gauche, mais je ne me
sens nullement « représenté »
par mon aspect physique… Fatigué en fin de journée, et au lit
dès notre retour.
Eveillé fatigué (apnée du sommeil ?) et découragé : la force
des
projets et de mes « devoirs », puis avec la déambulation des
mises en
route, bouilloire, thé à servir au lit, revue de nos chiens,
ouverture de la
terrasse tout revient jusqu’à ce moment-ci dont je ne puis me
passer et qui est
de pure grâce.
La
radicalité du don de soi par écoute de la volonté de Dieu,
longueur de vie et
instant. Présence et contemplation : du temps, et de la
rigueur pour ne
pas quitter un chemin qui s’avère le tout. – Prier… les
exhortations
pontificales sur l’Europe, viable et imaginable seulement en
structure de
chrétienté (ce qui n’exclut, au contraire, ni d’autres
religions ni l’agnosticisme
mais milite pour des modèles de démocratie, de relations entre
les entités et d’économie
sociale très différents de ceux dont nous pâtissons depuis une
vingtaine d’années) :
saint Benoît, le discours de Paul VI, très connu, mais
l’encyclique de Pie XII
au sortir de la Seconde guerre mondiale, bien moins. On a
étudié, avec un
dessein précis, Pie XII et le nazisme, mais pratiquement pas
Pie XII et la « guerre
froide », l’Eglise qu’il nomma « du silence » et une forme
très
nouvelle dans l’Eglise combinant intelligence profane et amour
de la liturgie,
deux manières de la liberté individuelle pour des
missionnaires de tous genres.
Mon enfance fut structurée par lui, ce pape. – Prier… [1]
et tout homme qui aura
quitté à cause de mon nom des
maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère, des enfants,
ou une terre,
recevra beaucoup plus, et il aura en héritage la vie éternelle.
Texte à ne pas « évacuer »
trop
vite. Don radical certes, risque affectif et économique aussi,
importance de la
référence, la même que celle des tribulations jusqu’à la
calomnie et au martyre
à cause de mon nom. Ce qui ne se quitte pas :
l’union
conjugale, le conjoint. Exception frappante. L’homme
quittera son père et
sa mère… ils ne feront qu’une seule chair… Le
Nouveau Testament et lui seul : la résurrection de la chair et
la vie
éternelle, les deux liés, ensemble. La résurrection, la chair
implicite dans
les promesses paradisiaques de l’Islam si anthropomorphiques
dans leur lettre
originelle. La vie éternelle, guère développée. Les morales et
sagesses de l’Extrême-Orient
n’ont pas cette dialectique : elles partent d’ici et de
maintenant pour
tenter d’aller à la perfection et à la paix, mouvement tout
humain. Le
christianisme part de là-haut ou là-bas, de la vie éternelle
pour reprendre et
transmuter ce que nous sommes devenus en relative déviation :
nous restant
seulement la liberté et l’intuition-nostalgie de cette
pérennité, le mouvement
divin. Jésus répond à la question de Pierre, à la nôtre,
pourtant loin de
qualifier une disponibilité déjà ambiante. Mais tout son
ministère publique
porte là-dessus : les moyens de nous transcender, la garantie
du possible
par la révélation de l’identité divine accomplie par
l’Incarnation. Venez, mes
fils, écoutez-moi, que je vous enseigne la crainte du Seigneur….
Alors tu
comprendras la justice, l’équité, la droiture : les seuls
sentiers qui
mènent au bonheur. Exhorde
et plan de la
règle bénédictine.
Notre
fille, déjà « grandette », à l’expression orale et écrite en
français
qui depuis trois ans est notée en excellence par ses
professeurs, validée hier
par notre chère cousine. J’en suis constamment fier, ainsi que
de ses
imitations, improvisations et récits divers. Mais en même
temps je sais bien
que cette époque délicieuse d’intimité et de devenir ensemble
ne durera pas,
dans quatre-cinq ans, tout nous sera préféré. Quelle sera
notre relation ?
impossible à deviner ou prévoir. Ce sera de plus en plus
communion mais sans
présence… Nos chiens, Sacha, de quelques heures l’aîné de
Snoopy, a pris la
relève de celui-ci depuis sa mort. Il sort de nouveau et
longuement, et s’installe
en guetteur des retours de l’un ou l’autre de nous absent,
exactement à la
place de Snoopy. Et donc en compagnon d’attente de Kiki. –
Ciel gris, chaleur
qui se répand. Soleil d’hier au visage et à mes épaules : je
n’ai pas « mis
de crème ».
Conseils
suprêmes, doux, insistants, forts, ceux d’une vie entière… rends ton oreille attentive à la
sagesse, incline ton cœur
vers la vérité. Oui, si tu demandes le discernement, si tu
appelles l’intelligence,
si tu la recherches comme l’argent, si tu creuses comme un
chercheur de trésor,
alors tu comprendras la crainte du Seigneur, tu découvriras la
connaissance de
Dieu. – Peut-être et
quand même, mais en
solitaire et sans son Créateur, fut-ce le mouvement d’Eve ?
Devoir de
reprendre ma « lecture chrétienne » du Coran, tant pour
communiquer
et peut-être trouver un compagnon de prière et de recherche
qui soit musulman,
homme de science, de prière et de liberté, que pour situer le
débat religieux s’il
est nécessaire, et surtout contribuer à une communion forte,
spirituelle et
civique pour une entente : de quelle autorité morale serait
revêtue pour
notre temps une communauté Islam-Chrétienté intervenant et
publiant, défendant
et mettant en cause. Poursuis
la
paix, recherche-la. Alors de chacun, chacun
pourra reconnaître
attester au vu de l’autre, qui croit aussi : qui regarde
vers Lui (Dieu) resplendira,
sans ombre ni
trouble au visage.
Nous
avons manqué au temporel la rencontre avec un vrai humanisme
communiste et
marxiste, latent dans les tentatives de GORBATCHEV, lacune qui
a produit aussi
bien la dérive intergouvernementale et exclusivement
gestionnaire, économétrique
de l’entreprise européenne, que l’émollient des doctrines et
pratiques
économiques et sociales d’aujourd’hui, ; complètement
régressives par
rapport à une forme indéfinie de progrès et même de générosité
commencée vers
1840-1850 à l’ouest de l’Europe. Et nous risquons de manquer
la révolution
religieuse et du rapport de nos cultures et de nos politiques
à Dieu, et aux
autres fonds religieux et moraux.
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