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gnace (en espagnol : Íñigo
López de Loyola)
naît au château de Loyola, en Espagne, le 24 décembre 1491 ; il est le
dernier de 13 enfants de Beltran Ibañez
de Oñaz et de Marina Sanchez de Licona.
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Au siège de Pampelune, un boulet de canon brisa la jambe droite du jeune officier, qui en peu de jours fut réduit à l'extrémité et reçut les derniers sacrements. Il s'endormit ensuite et crut voir en songe saint Pierre, qui lui rendait la santé en touchant sa blessure. À son réveil, il se trouva hors de danger, quoique perclus de sa jambe.
Pour se distraire, il demanda des livres ; on lui apporta la Vie de Jésus-Christ et la Vie des Saints. Il les lut d'abord sans attention, puis avec une émotion profonde. Il se livra en lui un violent combat ; mais enfin la grâce l'emporta, et comme des hommes de cette valeur ne font rien à demi, il devint, dans sa résolution, un grand Saint dès ce même jour. Il commença à traiter son corps avec la plus grande rigueur ; il se levait toutes les nuits pour pleurer ses péchés. Une nuit, il se consacra à Jésus-Christ par l'entremise de la Sainte Vierge, refuge des pécheurs, et lui jura une fidélité inviolable. Une autre nuit, Marie lui apparut environnée de lumière, tenant en ses bras l'Enfant Jésus.
Peu après, Ignace fit une confession générale et se retira à Manrèze, pour s'y livrer à des austérités qui n'ont guère d'exemple que dans la vie des plus célèbres anachorètes : vivant d'aumônes, jeûnant au pain et à l'eau, portant le cilice, il demeurait tous les jours six ou sept heures à genoux en oraison. Le démon fit en vain des efforts étonnants pour le décourager. C'est dans cette solitude qu'il composa ses Exercices spirituels, l'un des livres les plus sublimes qui aient été écrits par la main des hommes.
Passons sous silence son pèlerinage en Terre Sainte et différents faits merveilleux de sa vie, pour rappeler celui qui en est de beaucoup le plus important, la fondation de la Compagnie de Jésus (1534), que l'on pourrait appeler la chevalerie du Christ et le boulevard de la chrétienté. Cette fondation est assurément l'une des plus grandes gloires de l'Église catholique ; sciences profanes et sciences sacrées, enseignement, apostolat, rien ne devait être étranger à la Compagnie d'Ignace.
Les vertus du fondateur égalaient ses grandes œuvres ; elles avaient toutes pour inspiratrice cette devise digne de lui : « Ad maiorem Dei gloriam! » (À la plus grande gloire de Dieu !).
Pour un approfondissement :
>>> Ignace de Loyola
Sources principales : Abbé L. Jaud (Vie des Saints...) ; wikipédia.org (« Rév. x gpm »).
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Jésuites :
serviteurs de la mission du Christ - © Compagnie de Jésus
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La Fondation :
LA MANIÈRE DONT S'EST INSTITUÉE LA COMPAGNIE
1539-1541
: Les travaux de fondation
1. Le carême étant prêt de s'achever, alors qu'approchait le moment où il faudrait nous diviser et nous séparer, ce que nous attendions justement de tous nos désirs pour arriver plus rapidement au but que nous nous étions proposés, auquel nous avions longuement réfléchi et que nous désirions ardemment, nous avons décidé de nous réunir pendant tous les jours qui précédaient notre séparation et de discuter entre nous de notre vocation et règle de vie. Nous avions fait cela à plusieurs reprises. Parmi nous, il y avait des Français, des Espagnols, des Savoyards, des Cantabrais: nous étions partagés en avis et opinions qui divergeaient par rapport à notre statut, et nous avions tous une seule et même pensée et volonté, qui était de rechercher « le bon plaisir et la parfaite volonté de Dieu », selon la visée de notre vocation; mais c'était sur les moyens plus adaptés et plus efficaces, tant pour nous que pour notre prochain, qu'il y avait une certaine pluralité d'avis. Et il ne doit sembler étonnant à personne que cette pluralité d'avis se soit manifestée entre nous, qui sommes faibles et fragiles, alors que les Apôtres eux-mêmes, princes et « colonnes » de la très sainte Église, et tant d'autres hommes très parfaits auxquels nous ne méritons pas d'être comparés, même de loin, ont divergé dans leurs opinions et parfois même se sont opposés, nous laissant par écrit leurs avis contraires. Nous avions donc, nous aussi, des jugements divergents, et nous étions désireux et soucieux de trouver un chemin pleinement dégagé sur lequel nous avancer pour nous offrir en holocauste à notre Dieu, en sorte que tout ce qui était nôtre s'effaçât devant sa louange, son honneur et sa gloire. Finalement, nous avons décidé et arrêté d'un commun accord de nous appliquer avec plus de ferveur que d'habitude aux prières, aux pénitences, aux méditations, et, après y avoir mis toute la diligence possible, de « jeter» pour le reste toutes « nos pensées dans le Seigneur» ; nous espérions que celui qui est assez bon et libéral pour ne pas refuser le bon esprit à quiconque le prie dans l'humilité et la simplicité du cœur et même pour le donner à tous « avec abondance sans le refuser à personne », ne nous ferait nullement défaut, et même nous assisterait, en raison de sa bonté,« bien au-delà de ce que nous demandons ou concevons ». 2. Nous avons donc commencé à déployer tous nos efforts humains et à proposer entre nous certaines questions qui demandaient examen et prudence de façon attentive et mûrie. Notre manière habituelle était de réfléchir et de méditer sur elles pendant la journée et de les approfondir aussi dans nos prières. Le soir, chacun mettait en commun ce qu'il avait jugé être plus juste et plus adapté, pour que nous embrassions tous ensemble un avis plus solide, qui avait été examiné et approuvé par le suffrage d'un plus grand nombre et grâce à des raisons plus déterminantes. 3. Le premier soir où nous nous sommes réunis, la question suivante a été proposée: convenait-il davantage, après que nous ayons offert et consacré nos personnes et nos vies au Christ notre Seigneur et à son vrai et légitime Vicaire Sur terre pour qu'il dispose de nous et nous envoie là où il jugerait que nous pourrions porter plus de fruit, chez les Turcs, aux Indes, chez les hérétiques, chez n'importe quels autres fidèles ou infidèles, convenait-il donc mieux que nous soyons tellement attachés et liés entre nous en un seul corps qu'aucune séparation physique, si grande soit-elle, ne puisse nous désunir; ou bien est-ce que cela ne convenait pas? Ce qu'un exemple faisait apparaître: voici que bientôt le Souverain Pontife envoie deux d'entre nous à Sienne; devons-nous nous soucier de ceux qui s'y rendent, et eux de nous, et être en communion les uns avec les autres, ou bien devons-nous ne pas nous soucier davantage de ceux-ci que de ceux qui sont en dehors de la Compagnie? A la fin nous avons tranché par l'affirmative: après que le Seigneur très clément et très miséricordieux ait daigné nous rassembler et nous unir ensemble, nous si faibles et issus de régions et de cultures si différentes, nous ne devions pas briser ce que Dieu a rassemblé et uni, mais plutôt l'affermir et le consolider de plus en plus, en nous groupant en un corps unique, nous souciant les uns des autres et en communion entre nous pour un plus grand fruit des âmes, car des forces qui sont unies ont plus de résistance et d'énergie pour réaliser toute bonne œuvre difficile que si elles étaient dispersées en plusieurs lieux. Cependant, en tout ce qui a été dit et sera dit, nous voulons qu'on comprenne que nous n'affirmons absolument rien de notre propre inspiration ni de notre propre chef, mais cela seul, quoi que ce soit, que Dieu aura inspiré et le Siège Apostolique confirmé et approuvé. 4. Cette première question tranchée et résolue, on en est venu à une autre plus difficile, qui ne demandait pas moins d'examen et de prudence: après avoir tous émis le vœu de chasteté perpétuelle et le vœu de pauvreté entre les mains du Révérendissime Légat de Sa Sainteté, lorsque nous étions à Venise, convenait-il d'en émettre un troisième, celui d'obéissance à l'un d'entre nous, pour que nous puissions, avec plus de pureté, plus grande louange et plus grand mérite, accomplir en tout la volonté de Dieu notre Seigneur, en même temps que la libre volonté et les commandements de Sa Sainteté, à qui nous avions offert de très bon cœur tout ce qui était nôtre : volonté, intelligence, forces, etc. ? 5. Comme, pour résoudre cette question, nous avions passé bien des jours à prier constamment et à réfléchir sans que rien ne vienne satisfaire nos esprits, nous avons commencé, en espérant dans le Seigneur, à débattre entre nous de quelques moyens de mieux résoudre la question. Et d'abord, convenait-il de nous retirer tous dans un lieu désert et d'y rester trente ou quarante jours en nous adonnant aux méditations, aux jeûnes et aux pénitences, pour que le Seigneur exauce nos désirs et veuille bien faire pénétrer en nos esprits la solution de la question? Ou bien trois ou quatre devaient-ils, au nom de tous, s'y rendre dans le même but? Ou bien, si personne ne devait aller dans un lieu désert, pouvions-nous, restant à Rome, passer la moitié de la journée uniquement à notre affaire, afin qu'il y ait plus facilement et plus largement place à la méditation, à la réflexion et à la prière, et consacrer le reste de la journée à nos ministères habituels de la prédication et des confessions? 6. A la fin, après avoir étudié et examiné ces points, nous avons décidé de rester tous à Rome, avant tout pour deux raisons. Premièrement: éviter racontars et scandale dans la ville et parmi les gens qui jugeraient et penseraient (ce qui est le penchant habituel des hommes à juger à la légère) que nous avions pris la fuite, ou bien que nous machinions quelque nouveauté, ou bien que nous manquions de fermeté et de constance dans ce que nous avons une fois commencé. Deuxièmement: éviter que, pendant notre absence, ne soit mis en danger le fruit que nous voyions se faire alors en abondance dans les confessions, les prédications et les autres ministères spirituels, et même en si grande abondance que, si nous avions été quatre fois plus nombreux que nous étions, nous n'aurions pas pu, comme actuellement non plus, satisfaire aux besoins de tous. Le second moyen dont nous avons commencé à débattre pour trouver une voie de solution fut de proposer à tous et à chacun de se préparer intérieurement des trois manières suivantes. - La première: chacun se préparera et s'adonnera aux prières, aux pénitences et aux méditations de telle sorte qu'il s'efforce de trouver « joie et paix dans l'Esprit Saint » sur la question de l'obéissance, en travaillant autant que cela dépend de lui à avoir la volonté plutôt portée à obéir qu'à commander, là où s'ensuivrait une égale gloire de Dieu et une égale louange de sa Majesté. - La seconde préparation intérieure: aucun des compagnons ne parlera de cette chose à un autre compagnon ni ne lui demandera ses raisons; ainsi nul ne sera, par la conviction d'un autre, entraîné ou incliné à obéir plutôt qu'à ne pas obéir, ou inversement; mais chacun ne recherchera que ce qu'il aura découvert dans la prière et la méditation comme convenant davantage. - La troisième: chacun se regardera comme s'il était lui-même étranger à notre groupe et n'attendait pas d'y être jamais reçu; ainsi, grâce à cette attitude, il ne sera certainement pas porté par ses sentiments à penser et à juger plutôt d'une manière que d'une autre, mais, comme s'il était étranger, il fera connaître librement son avis sur la question proposée d'obéir ou de ne pas obéir, et enfin il confirmera et approuvera par son jugement le parti qu'il croit devoir être un plus grand service de Dieu et assurer une conservation plus sûre de la Compagnie. 7. Dans ces dispositions intérieures préalables, nous avons fixé l'ordre suivant. Le lendemain, nous viendrions tous prêts à dire chacun toutes les objections possibles contre l'obéissance, toutes les raisons qui se présentaient et que chacun d'entre nous en particulier avait trouvées en réfléchissant, en méditant et en priant. Chacun exposait à son tour ce qu'il avait découvert. L'un disait, par exemple: il semble que ce mot « religion» ou « obéissance» n'est pas aussi bien reçu qu'il devrait l'être dans le peuple chrétien, par notre faute et en raison de nos péchés. Un autre disait: si nous voulons vivre sous l'obéissance, nous serons peut-être forcés par le Souverain Pontife à vivre sous une autre règle déjà existante et établie; il arrivera alors que, l'occasion et le lieu ne nous étant pas ainsi donnés de travailler au salut des âmes, unique but que nous visons après notre propre salut, tous nos désirs seront déçus qui, à notre jugement, avaient été agréés du Seigneur notre Dieu. Un autre encore: si nous rendons obéissance à quelqu'un, il y aura moins d'hommes à entrer dans notre groupe pour travailler fidèlement à la vigne du Seigneur; on n'y trouve pourtant peu de vrais ouvriers alors que la moisson est si grande, et un grand nombre (ce qui est le fait de la faiblesse et de la fragilité humaines) y recherchent « leur intérêt personnel et leur volonté propre plus que les intérêts de Jésus Christ et la pleine abnégation de soi ». Un quatrième encore, puis un cinquième, etc., s'exprimaient d'une autre manière, énumérant les objections qui se présentaient contre l'obéissance. Dès le jour suivant, nous discutions dans le sens contraire, en proposant tous les avantages et tous les fruits de l'obéissance, que chacun avait découverts dans la prière et la méditation; et chacun à son tour présentait ce qu'il avait médité, tantôt en menant une supposition jusqu'à l'impossible, tantôt en procédant directement et par voie d'affirmation. Par exemple, quelqu'un menait une chose jusqu'à l'absurde et l'impossible, de la manière suivante: si notre groupe avait la charge d'une entreprise à réaliser sans la douceur du joug de l'obéissance, personne n'en prendrait vraiment la charge, chacun rejetant ce fardeau sur l'autre, comme nous en avons plusieurs fois fait l'expérience. Et encore: si ce groupe était sans obéissance, il ne pourrait pas durer ni se maintenir pendant longtemps, ce qui va pourtant à l'encontre de notre première intention de conserver pour toujours notre Compagnie; alors que rien ne conserve davantage un groupe que l'obéissance, celle-ci nous semble donc nécessaire, surtout à nous qui avons fait vœu de pauvreté perpétuelle et qui nous adonnons constamment et continuellement à des travaux spirituels et temporels, peu favorables à la conservation d'une Compagnie. Procédant par voie d'affirmation, un autre disait: l'obéissance est l'origine d'actes et de vertus héroïques, même de manière habituelle. En effet, celui qui vit vraiment sous l'obéissance est pleinement disposé à exécuter tout ce qu'on lui ordonne, qu'il s'agisse de choses très difficiles ou qui provoquent la honte et le ridicule et « nous donnent en spectacle au monde»: par exemple, si on m'imposait d'aller nu ou vêtu d'habits extraordinaires par les rues et les places publiques; bien que cela ne soit jamais commandé, du moment que chacun est tout à fait prêt à le faire, renonçant à son jugement propre et à toute sa volonté, il serait toujours dans des actes héroïques et qui accroissent le mérite. Et encore: rien n'abat autant tout orgueil et arrogance que l'obéissance; car l'orgueil veut avant tout qu'on suive son jugement propre et sa volonté propre, sans céder à personne, « marchant dans de grands desseins et des merveilles qui le dépassent »; par contre l'obéissance combat dans un sens opposé, car elle suit toujours le jugement d'autrui et la volonté d'un autre, elle cède à tous, et elle est associée très étroitement à l'humilité qui est ennemie de l'orgueil. Et encore: bien que nous ayons remis au Pontife et Pasteur suprême toute obéissance, aussi bien du groupe que de chacun, il ne pourra pourtant pas s'occuper de nos affaires personnelles quotidiennes; et s'il le pouvait, cela ne siérait pas. 8. Nous avons donc débattu d'un très grand nombre de points dans un sens et dans l'autre pendant bien des jours concernant la solution de la question, en pesant et examinant les raisons qui avaient plus de poids et d'efficacité, en nous adonnant aux exercices habituels de l'oraison, de la méditation, de la réflexion. A la fin, le Seigneur accordant son secours, nous avons conclu non pas à la majorité des voix, mais sans que personne soit d'un avis contraire: pour nous, il convenait davantage et il était plus nécessaire de rendre obéissance à l'un d'entre nous, pour que nous puissions réaliser mieux et plus exactement nos premiers désirs d'accomplir en toutes choses la volonté divine, ensuite pour que la Compagnie soit conservée plus sûrement, et enfin pour qu'on puisse pourvoir correctement aux affaires particulières qui se présenteraient, tant spirituelles que temporelles. 9. En gardant pareillement la même règle et la même procédure pour l'étude de tout le reste, examinant chaque fois les points de vue opposés, nous sommes restés sur ces questions et sur d'autres pendant près de trois mois, depuis le milieu du carême jusqu'à la fête de Jean-Baptiste inclusivement. Ce jour-là, tout fut terminé et achevé dans la sérénité et l'accord unanime des âmes, non sans qu'il y ait eu beaucoup de veilles, de prières, de peines pour l'esprit et pour le corps, avant que nous en arrivions à cette conclusion et décision.
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