samedi 3 septembre 2016

as-tu quelque chose sans l'avoir reçu ? - textes du jour

Samedi 3 Septembre 2016


Des détresses sans nom, indicibles par tout tiers, que la main à l’épaule, l’énoncé de la présence, de l’accompagnement, de l’amour. Marguerite et sa rentrée scolaire, ses amitiés qui sont bien plus que selon nos définitions et nos souvenirs même si nous en avons vécus nous aussi. Moi aussi. Cette confiance et cette exclusive de l’intimité totale, le Cantique des cantiques. La trahison uniquement par d’autres fréquentations. L’ambiance aussi des structures, son empathie à côté de laquelle la mienne, que je crois pourtant grande, n’est rien. Je ne peux qu’être avec elle. Ma chère femme sent cela aussi mais dans d’autres termes, et sa relation au geste et à ce qui fait que l’autre perçoit son affection, son amour est différente. La connaissant bien, sous certains aspects, tant elle est pudique et secrète, par obligeance autant envers elle-même qu’envers les autres, je sens le moindre frémissement de son amour pour nous, notre fille, moi. Et il y a la portance de nos affections mutuelles avec chacun de nos animaux. – Le gisant du Père Zacharie, la piété dont il est entouré, la leçon de l’Afrique : la France officielle, gouvernementale défigurant depuis deux décennies aussi bien pour les Français que pour l’étranger, bien plus que son image ou sa réputation : son âme. Le Gabon, paroxysme de la françafrique et de tous les blocages du développement, qui est d’abord spirituel. Mais tout autant ces prêtres venus du golfe de Guinée ou d’Afrique équatoriale, et qui animent, subjuguent parfois nos paroisses, au moins bretonnes. Rayonnement en quelques mots de ce prêtre, physiquement un colosse, je l’ai ressenti à la mi-Juillet, en « small talks » parmi plusieurs autres, après ma conférence de Juillet sur l’Afrique et la France, précisément. Hier soir, A. si contagieuse, pétulante et vraie quand il s’est agi de « propagander » les parcours dits Alpha, formule et initiative tout à fait intéressantes : elle était effondrée : Marie-Madeleine au tombeau, elle apportait des fleurs de son jardin, mais surtout les larmes de toute sa vie, monologue devant le gisant, et baisers, sans famille que Jésus et Marie ou l’accueil de ce prêtre. La petite salle s’était vidée après notre veillée, un moine et un autre prêtre restaient assis immobiles et sans regard à croiser. Je suis allée lui dire quand elle partait qu’elle avait toute raison de se confier à cet homme-là, car cette mort et l’onde de choc, y compris pour moi, qui n’ai pas été de ses paroissiens d’un an ou de quelques mois, pour un rodage avant la charge de deux grosses paroisses à Lorient, ne sont pas ordinaires. Il s’est passé quelque chose, il se commence quelque chose. Enfin, mon cher frère, souffrant corps et âme. Psychologie de ses récits et de ses raisonnements. Des pans entiers de ce que peut être et doit être la vie humaine, la vie familiale, la vie des affections, il en a tant besoin, mais il n’en a jamais eu l’expérience que tronquée, il ne le sait même pas mais il crie de besoin, de nostalgie que j’essaie de lui faire situer dans le futur et non dans le passé. J’expérimente que devant la détresse et l’immersion à laquelle elle convie et appelle, il n’y a – ensemble – que deux mouvements : aimer, le faire, le dire, le manifester et plus encore à cet autre mourant de manque ou de ce qu’il prend pour de l’échec et de l’impasse, dire combien, tel qu’il est, me parle, me regarde, se confie à moi, dire et faire fortement sentir, combien il nous apporte, nous importe et nous sauve, nous, moi, hier cet homme et ce frère, hier cette femme seule selon toute apparence dans l’existence qui est ma sœur et sera ma compagne de prière, enfin sinon surtout, mais toute détresse nous lie à toutes les détresses, celle de ma fille. Adorable et adorée. – Détresse de notre pays… ces images avant-hier aux « nouvelles » : le bateleur, forêt de perches pour les micros, à une foire du champagne, son contact avec les Français, sa rencontre avec eux ! et sous les toiles abritant du soleil les tréteaux et les bancs que j’ai tant connus dans le Haut-Doubs pour les comices agricoles de la succession d’Edgar FAURE, François FILLON et quatre cinq compagnons au désert. Le bateleur n’a strictement rien produit, étant ministre, et il n’a pas su appeler FH en début de mandat à la politique que l’ensemble des experts et des économistes français appelait, une politique de la demande. Tandis que le Premier ministre de NS a limité la casse… et la honte…
Prier de confiance, porter la détresse d’autrui, porter mes devoirs tandis que les horloges tournent, porter ? non. Décharger aux pieds de la Vierge, « médiatrice de toutes grâces »… anniversaire aujourd’hui de ma chère mère, si féminine, si épouse, si mère, si forte et pour moi tellement compagne, et tellement réciproque. Que n’ai-je appris d’elle ? j’ai tout appris et reçu et d’abord un sens que je n’aurai jamais assez : celui de l’honneur, du devoir, de la dignité, du respect d’autrui et de soi-même. Une femme autant de dépendance affective et ayant besoin de considération, que d’indépendance de jugement et de mouvement. Aucun déguisement. Béni soit-elle. Génie de Dieu que d’avoir choisi l’Incarnation pour nous rejoindre. On n’aime et l’on n’est efficace en amour, en sauvetage, en fécondité qu’en rejoignant l’autre là où il est, pas du tout en l’appelant à nous et à notre point de vue. Enième leçon que me donnait hier, dans sa détresse, notre enfant tandis que nous rentrions chez nous, chez elle. Ses amies, c’est ma seconde famille, alors si…
Qu’aucun de vous n’aille se gonfler d’orgueil en prenant le parti de l’un contre. Qui donc t’a mis à part ? As-tu quelque chose sans l’avoir reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te vanter. Enseignement sur l’unité de l’Eglise et de tout apostolat, de toute rencontre en Dieu et de tout chemin pour Le connaître. Leçon de nos prêtres africains qui ne manquent pas de toujours répliquer par cette unité sensible, cette solidarité de tous les membres de l’Eglise. Paul, Apollos, les chrétientés, les destins si divers, les conditions si contrastées. Nous sommes faibles et vous êtes forts ; vous êtes à l’honneur, et nous, dans le mépris… On nous insulte, nous bénissons. On nous calomnie, nous réconfortons… Psychologie et, souvent, argumentation complexes de Paul [1] mais quelle richesse affective, quel talent littéraire, quelle passion amoureuse pour ses ouailles et pour ses fils spirituels, quel effacement devant l’œuvre de Dieu en lui et par lui. Il y a dans cette instrumentation de Paul par le Christ, une contagion de la souveraineté de Jésus en toute circonstance. Ainsi la contestation par quelques pharisiens : pourquoi faites-vous ce qui n’est pas permis le jour du sabbat ? (ses disciples arrachaient des épis, et les mangeaient, après les avoir froissés dans leurs mains) à laquelle répond le Christ par l’Ecriture et surtout le paroxysme … N’avez-vous pas lu ce que fit David un jour qu’il avait faim, lui-ême et ceux qui l’accompagnaient ? Il entra dans la maison de Dieu, prit les pains de l’offrande, en mangea et en donna à ceux qui l’accompagnaient, alors que les prêtres seulement ont le droit d’en manger. Affirmation conclusive comme toujours : la remise des péchés, appuyée par un miracle… Il leur disait encore : « Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »      


[1] - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens IV 6 à 15 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Luc VI 1 à 5

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