Des détresses sans nom, indicibles par tout
tiers, que la main à
l’épaule, l’énoncé de la présence, de l’accompagnement, de
l’amour. Marguerite
et sa rentrée scolaire, ses amitiés qui sont bien plus que
selon nos
définitions et nos souvenirs même si nous en avons vécus
nous aussi. Moi
aussi. Cette confiance et cette exclusive de l’intimité
totale, le Cantique des
cantiques. La trahison uniquement par d’autres
fréquentations. L’ambiance aussi
des structures, son empathie à côté de laquelle la mienne,
que je crois
pourtant grande, n’est rien. Je ne peux qu’être avec elle.
Ma chère femme sent
cela aussi mais dans d’autres termes, et sa relation au
geste et à ce qui fait
que l’autre perçoit son affection, son amour est différente.
La connaissant
bien, sous certains aspects, tant elle est pudique et
secrète, par obligeance
autant envers elle-même qu’envers les autres, je sens le
moindre frémissement
de son amour pour nous, notre fille, moi. Et il y a la
portance de nos
affections mutuelles avec chacun de nos animaux. – Le gisant
du Père Zacharie,
la piété dont il est entouré, la leçon de l’Afrique : la
France
officielle, gouvernementale défigurant depuis deux décennies
aussi bien pour
les Français que pour l’étranger, bien plus que son image ou
sa
réputation : son âme. Le Gabon, paroxysme de la françafrique
et de tous les
blocages du développement, qui est d’abord spirituel. Mais
tout autant ces
prêtres venus du golfe de Guinée ou d’Afrique équatoriale,
et qui animent,
subjuguent parfois nos paroisses, au moins bretonnes.
Rayonnement en quelques
mots de ce prêtre, physiquement un colosse, je l’ai ressenti
à la mi-Juillet,
en « small talks » parmi plusieurs autres, après ma
conférence de
Juillet sur l’Afrique et la France, précisément. Hier soir,
A. si contagieuse,
pétulante et vraie quand il s’est agi de « propagander » les
parcours
dits Alpha, formule et initiative tout à fait
intéressantes : elle était
effondrée : Marie-Madeleine au tombeau, elle apportait des
fleurs de son
jardin, mais surtout les larmes de toute sa vie, monologue
devant le gisant, et
baisers, sans famille que Jésus et Marie ou l’accueil de ce
prêtre. La petite
salle s’était vidée après notre veillée, un moine et un
autre prêtre restaient
assis immobiles et sans regard à croiser. Je suis allée lui
dire quand elle
partait qu’elle avait toute raison de se confier à cet
homme-là, car cette mort
et l’onde de choc, y compris pour moi, qui n’ai pas été de
ses paroissiens d’un
an ou de quelques mois, pour un rodage avant la charge de
deux grosses
paroisses à Lorient, ne sont pas ordinaires. Il s’est passé
quelque chose, il se
commence quelque chose. Enfin, mon cher frère, souffrant
corps et âme.
Psychologie de ses récits et de ses raisonnements. Des pans
entiers de ce que
peut être et doit être la vie humaine, la vie familiale, la
vie des affections,
il en a tant besoin, mais il n’en a jamais eu l’expérience
que tronquée, il ne
le sait même pas mais il crie de besoin, de nostalgie que
j’essaie de lui faire
situer dans le futur et non dans le passé. J’expérimente que
devant la détresse
et l’immersion à laquelle elle convie et appelle, il n’y a –
ensemble – que
deux mouvements : aimer, le faire, le dire, le manifester et
plus encore à
cet autre mourant de manque ou de ce qu’il prend pour de
l’échec et de
l’impasse, dire combien, tel qu’il est, me parle, me
regarde, se confie à moi,
dire et faire fortement sentir, combien il nous apporte,
nous importe et nous
sauve, nous, moi, hier cet homme et ce frère, hier cette
femme seule selon
toute apparence dans l’existence qui est ma sœur et sera ma
compagne de prière,
enfin sinon surtout, mais toute détresse nous lie à toutes
les détresses, celle
de ma fille. Adorable et adorée. – Détresse de notre pays…
ces images
avant-hier aux « nouvelles » : le bateleur, forêt de perches
pour les micros, à une foire du champagne, son contact avec
les Français, sa
rencontre avec eux ! et sous les toiles abritant du soleil
les tréteaux et
les bancs que j’ai tant connus dans le Haut-Doubs pour les
comices agricoles de
la succession d’Edgar FAURE, François FILLON et quatre cinq
compagnons au
désert. Le bateleur n’a strictement rien produit, étant
ministre, et il n’a pas
su appeler FH en début de mandat à la politique que
l’ensemble des experts et
des économistes français appelait, une politique de la
demande. Tandis que le
Premier ministre de NS a limité la casse… et la honte…
Prier de confiance, porter la détresse
d’autrui, porter mes
devoirs tandis que les horloges tournent, porter ? non.
Décharger aux
pieds de la Vierge, « médiatrice de toutes grâces »…
anniversaire
aujourd’hui de ma chère mère, si féminine, si épouse, si
mère, si forte et pour
moi tellement compagne, et tellement réciproque. Que n’ai-je
appris
d’elle ? j’ai tout appris et reçu et d’abord un sens que je
n’aurai jamais
assez : celui de l’honneur, du devoir, de la dignité, du
respect d’autrui
et de soi-même. Une femme autant de dépendance affective et
ayant besoin de
considération, que d’indépendance de jugement et de
mouvement. Aucun
déguisement. Béni soit-elle. Génie de Dieu que d’avoir
choisi l’Incarnation
pour nous rejoindre. On n’aime et l’on n’est efficace en
amour, en sauvetage,
en fécondité qu’en rejoignant l’autre là où il est, pas du
tout en l’appelant à
nous et à notre point de vue. Enième leçon que me donnait
hier, dans sa
détresse, notre enfant tandis que nous rentrions chez nous,
chez elle. Ses
amies, c’est ma seconde famille, alors si…
Qu’aucun de
vous n’aille se gonfler d’orgueil en prenant le parti de l’un
contre. Qui donc t’a mis à
part ? As-tu quelque chose sans l’avoir reçu ? Et si tu l’as
reçu,
pourquoi te vanter. Enseignement sur l’unité de l’Eglise et de
tout
apostolat, de toute rencontre en Dieu et de tout chemin pour
Le connaître.
Leçon de nos prêtres africains qui ne manquent pas de
toujours répliquer par
cette unité sensible, cette solidarité de tous les membres
de l’Eglise. Paul,
Apollos, les chrétientés, les destins si divers, les
conditions si contrastées.
Nous
sommes faibles et
vous êtes forts ; vous êtes à l’honneur, et nous, dans le
mépris… On nous
insulte, nous bénissons. On nous calomnie, nous réconfortons…
Psychologie et, souvent,
argumentation
complexes de Paul [1]
mais quelle richesse affective, quel talent littéraire,
quelle passion
amoureuse pour ses ouailles et pour ses fils spirituels,
quel effacement devant
l’œuvre de Dieu en lui et par lui. Il y a dans cette
instrumentation de Paul
par le Christ, une contagion de la souveraineté de Jésus en
toute circonstance.
Ainsi la contestation par quelques pharisiens : pourquoi
faites-vous
ce qui n’est pas permis le jour du sabbat ? (ses disciples arrachaient des épis, et les
mangeaient, après les
avoir froissés dans leurs mains) à
laquelle répond le Christ par l’Ecriture et surtout le
paroxysme … N’avez-vous
pas lu ce que fit David un jour qu’il avait faim, lui-ême et
ceux qui l’accompagnaient ?
Il entra dans la maison de Dieu, prit les pains de l’offrande,
en mangea et en
donna à ceux qui l’accompagnaient, alors que les prêtres
seulement ont le droit
d’en manger. Affirmation
conclusive comme
toujours : la remise des péchés, appuyée par un miracle… Il
leur
disait encore : « Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »
[1]
- 1ère lettre de Paul aux Corinthiens IV 6
à 15 ; psaume
CXLV ; évangile selon saint Luc VI 1 à 5
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