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régoire doit sa naissance aux
prières et aux larmes de sa mère. Elle se chargea elle-même de sa première
éducation et lui apprit à lire, à comprendre et à aimer les Saintes Écritures.
L'enfant devint digne de sa sainte mère, et demeura pur au milieu des
séductions.
« Un jour, raconte-t-il
lui-même, j'aperçus
près de moi deux vierges d'une majesté surhumaine. On aurait dit deux sœurs. La
simplicité et la modestie de leurs vêtements, plus blancs que la neige,
faisaient toute leur parure. À leur vue, je tressaillis d'un transport céleste.
"Nous sommes la Tempérance et
la Chasteté, me dirent-elles ; nous siégeons auprès du Christ-Roi. Donne-toi
tout à nous, cher fils, accepte notre joug, nous t'introduirons un jour dans
les splendeurs de l'immortelle Trinité." »
La
voie de Grégoire était tracée : il la suivit sans faiblir toute sa vie.
Il
s'embarqua pour Athènes, afin de compléter ses études. Dieu mit sur le chemin
de Grégoire, dans la ville des arts antiques, une âme grande comme la
sienne : St Basile. Qui dira la beauté et la force de cette amitié, dont
le but unique était la vertu ! « Nous ne connaissions que deux chemins, raconte Grégoire, celui de
l'église et celui des écoles. » La vertu s'accorde bien avec
la science ; partout où l'on voulait parler de deux jeunes gens accomplis, on
nommait Basile et Grégoire.
Revenus
dans leur patrie, ils se conservèrent toujours cette affection pure et dévouée
qui avait sauvegardé leur jeunesse, et qui désormais fortifiera leur âge mûr et
consolera leur vieillesse. Rien de plus édifiant que la correspondance de ces
deux grands hommes, frères d'abord dans l'étude, puis dans la solitude de la
vie monastique et enfin dans les luttes de l'épiscopat.
À
la mort de son père, qui était devenu évêque de Nazianze, Grégoire lui succède
; mais, au bout de deux ans, son amour de la solitude l'emporte, et il va se
réfugier dans un monastère. Bientôt on le réclame pour le siège patriarcal de
Constantinople. Il résiste : « Jusqu'à
quand, lui dit-on, préférerez-vous
votre repos au bien de l'Église ? » Grégoire est ému ; il
craint de résister à la volonté divine et se dirige vers la capitale de
l'empire, dont il devient le patriarche légitime. Là, sa mansuétude triomphe
des plus endurcis, il fait l'admiration de ses ennemis, et il mérite, avec le
nom de Père de son peuple, le nom glorieux de théologien, que l'Église a
consacré.
Avant
de mourir, Grégoire se retira à Nazianze, où sa vie s'acheva dans la pratique
de l'oraison, du jeûne et du travail.
Pour
approfondir, lire les Catéchèses du Pape Benoît XVI :
SAN GREGORIO NAZIANZENO VESCOVO E DOTTORE DELLA CHIESA /
BENOÎT
XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle
Paul VI
Mercredi 8 août 2007
Mercredi 8 août 2007
Saint Grégoire de Nazianze
Chers frères et sœurs!
Mercredi dernier, j'ai parlé
d'un grand maître de la foi, le Père de l'Eglise saint Basile. Aujourd'hui, je
voudrais parler de son ami Grégoire de Nazianze, lui aussi, comme Basile,
originaire de Cappadoce. Illustre théologien, orateur et défenseur de la foi
chrétienne au IV siècle, il fut célèbre pour son éloquence et avait également,
en tant que poète, une âme raffinée et sensible.
Grégoire naquit au sein d'une
noble famille. Sa mère le consacra à Dieu dès sa naissance qui eut lieu autour
de l'an 330. Après une première éducation familiale, il fréquenta les écoles
les plus célèbres de son temps: il fut d'abord à Césarée de Cappadoce, où
il se lia d'amitié avec Basile, futur Evêque de cette ville, puis il séjourna
dans d'autres métropoles du monde antique, comme Alexandrie d'Egypte et surtout
Athènes, où il rencontra de nouveau Basile (cf. Oratio 43, 14-24: SC 384,
146-180). En réévoquant son amitié avec lui, Grégoire écrira plus tard:
"Alors, non seulement je me sentais empli de vénération pour mon grand
Basile, pour ses mœurs sérieuses et la maturité et la sagesse de ses écrits,
mais j'en encourageais également d'autres, qui ne le connaissaient pas encore,
à en faire autant... Nous étions guidés par le même désir de savoir... Telle était
notre compétition: non pas qui était le premier, mais qui permettait à
l'autre de l'être. On aurait dit que nous avions une unique âme et un seul
corps" (Oratio 43, 16.20: SC 384, 154-156.164). Ce sont des paroles
qui sont un peu l'autoportrait de cette noble âme. Mais l'on peut également
imaginer que cet homme, qui était fortement projeté au-delà des valeurs
terrestres, a beaucoup souffert pour les choses de ce monde.
De retour chez lui, Grégoire
reçut le Baptême et s'orienta vers la vie monastique: la solitude, la
méditation philosophique et spirituelle le fascinaient: "Rien ne me
semble plus grand que cela: faire taire ses sens, sortir de la chair du
monde, se recueillir en soi, ne plus s'occuper des choses humaines, sinon
celles strictement nécessaires; parler avec soi-même et avec Dieu, conduire une
vie qui transcende les choses visibles; porter dans l'âme des images divines
toujours pures, sans y mêler les formes terrestres et erronées, être
véritablement le reflet immaculé de Dieu et des choses divines, et le devenir
toujours plus, en puisant la lumière à la lumière...; jouir, dans l'espérance
présente, du bien à venir et converser avec les anges; avoir déjà quitté la
terre, tout en restant sur terre, transporté vers le haut par l'esprit"
(Oratio, 2, 7: SC 247, 96).
Comme il le confie dans son
autobiographie (cf. Carmina [historica] 2, 1, 11 de vita sua 340-349: PG
37, 1053), il reçut l'ordination sacerdotale avec une certaine réticence, car
il savait qu'il aurait dû faire ensuite le Pasteur, s'occuper des autres, de
leurs affaires, et donc ne plus se recueillir ainsi dans la pure
méditation: toutefois, il accepta ensuite cette vocation, et accomplit le
ministère pastoral en pleine obéissance acceptant, comme cela lui arrivait
souvent dans la vie, d'être porté par la Providence là où il ne voulait pas
aller. (cf. Jn 21, 18). En 371, son ami Basile, Evêque de Césarée, contre la
volonté de Grégoire lui-même, voulut le consacrer Evêque de Sasimes, une petite
ville ayant une importance stratégique en Cappadoce. Toutefois, en raison de
diverses difficultés, il n'en prit jamais possession et demeura en revanche
dans la ville de Nazianze.
Vers 379, Grégoire fut appelé
à Constantinople, la capitale, pour guider la petite communauté catholique
fidèle au Concile de Nicée et à la foi trinitaire. La majorité adhérait au
contraire à l'arianisme, qui était "politiquement correct" et
considéré comme politiquement utile par les empereurs. Ainsi, il se trouva dans
une situation de minorité, entouré d'hostilité. Dans la petite église de l'Anastasis,
il prononça cinq Discours théologiques (Orationes 27-31: SC 250, 70-343)
précisément pour défendre et rendre également intelligible la foi trinitaire.
Il s'agit de discours demeurés célèbres en raison de la sûreté de la doctrine,
de l'habilité du raisonnement, qui fait réellement comprendre qu'il s'agit bien
de la logique divine. Et la splendeur de la forme également les rend
aujourd'hui fascinants. Grégoire reçut, en raison de ces discours,
l'appellation de "théologien". Ainsi, il fut appelé par l'Eglise
orthodoxe le "théologien". Et cela parce que pour lui, la théologie
n'est pas une réflexion purement humaine, et encore moins le fruit uniquement
de spéculations complexes, mais parce qu'elle découle d'une vie de prière et de
sainteté, d'un dialogue assidu avec Dieu. Et précisément ainsi, elle fait
apparaître à notre raison la réalité de Dieu, le mystère trinitaire. Dans le
silence de la contemplation, mêlé de stupeur face aux merveilles du mystère
révélé, l'âme accueille la beauté et la gloire divine.
Alors qu'il participait au
second Concile œcuménique de 381, Grégoire fut élu Evêque de Constantinople et
assura la présidence du Concile. Mais très vite, une forte opposition se
déchaîna contre lui, jusqu'à devenir insoutenable. Pour une âme aussi sensible,
ces inimitiés étaient insupportables. Il se répétait ce que Grégoire avait déjà
dénoncé auparavant à travers des paroles implorantes: "Nous avons
divisé le Christ, nous qui aimions tant Dieu et le Christ! Nous nous sommes
mentis les uns aux autres à cause de la Vérité, nous avons nourri des
sentiments de haine à cause de l'Amour, nous nous sommes divisés les uns les
autres!" (Oratio 6, 3: SC 405, 128). On en arriva ainsi, dans un
climat de tension, à sa démission. Dans la cathédrale bondée, Grégoire prononça
un discours d'adieu d'un grand effet et d'une grande dignité (cf. Oratio
42: SC 384, 48-114). Il concluait son intervention implorante par ces
paroles: "Adieu, grande ville aimée du Christ... Mes fils, je vous
en supplie, conservez le dépôt [de la foi] qui vous a été confié (cf. 1 Tm 6,
20), souvenez-vous de mes souffrances (cf. Col 4, 18). Que la grâce de notre
Seigneur Jésus Christ soit avec vous tous" (cf. Oratio 42, 27: SC
384, 112-114).
Il retourna à Nazianze et,
pendant deux ans environ, il se consacra au soin pastoral de cette communauté
chrétienne. Puis, il se retira définitivement dans la solitude, dans la proche
Arianze, sa terre natale, où il consacra à l'étude et à la vie ascétique. Au
cours de cette période, il composa la plus grande partie de son œuvre poétique,
surtout autobiographique: le De vita sua, une relecture en vers de son
chemin humain et spirituel, le chemin exemplaire d'un chrétien qui souffre,
d'un homme d'une grande intériorité dans un monde chargé de conflits. C'est un
homme qui nous fait ressentir le primat de Dieu, et qui nous parle donc
également à nous, à notre monde: sans Dieu, l'homme perd sa grandeur,
sans Dieu, le véritable humanisme n'existe pas. Ecoutons donc cette voix et cherchons
à connaître nous aussi le visage de Dieu. Dans l'une de ses poésies, il avait
écrit, en s'adressant à Dieu: "Sois clément, Toi, l'Au-Delà de
tous" (Carmina [dogmatica] 1, 1, 29: PG 37, 508). Et, en 390, Dieu
accueillait dans ses bras ce fidèle serviteur qui, avec une intelligence aiguë,
l'avait défendu dans ses écrits et qui, avec tant d'amour, l'avait chanté dans
ses poésies.
* * *
J’accueille avec plaisir les
pèlerins francophones, particulièrement les membres du pèlerinage organisé par
les Chanoines réguliers de Saint-Augustin, le groupe de Mende ainsi que les
pèlerins venus d’Égypte. Que le Seigneur vous aide à grandir dans une
connaissance authentique de sa personne pour que vous puissiez en vivre et en
témoigner parmi vos frères! Avec ma Bénédiction apostolique.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
BENOÎT
XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle
Paul VI
Mercredi 22 août 2007
Mercredi 22 août 2007
Saint Grégoire de Nazianze
Chers frères et sœurs,
Dans le cadre des portraits
des grands Pères et Docteurs de l'Eglise que je cherche à offrir dans ces
catéchèses, j'ai
parlé la dernière fois de saint Grégoire de Nazianze, Evêque du IV siècle,
et je voudrais aujourd'hui encore compléter ce portrait d'un grand maître. Nous
chercherons aujourd'hui à recueillir certains de ses enseignements. En
réfléchissant sur la mission que Dieu lui avait confiée, saint Grégoire de
Nazianze concluait: "J'ai été créé pour m'élever jusqu'à Dieu à
travers mes actions" (Oratio 14, 6 de pauperum amore: PG 35, 865).
De fait, il plaça son talent d'écrivain et d'orateur au service de Dieu et de
l'Eglise. Il rédigea de multiples discours, diverses homélies et panégyriques,
de nombreuses lettres et œuvres poétiques (près de 18.000 vers!): une
activité vraiment prodigieuse. Il avait compris que telle était la mission que
Dieu lui avait confiée: "Serviteur de la Parole, j'adhère au
ministère de la Parole; que jamais je ne néglige ce bien. Cette vocation je
l'apprécie et je la considère, j'en tire plus de joie que de toutes les autres
choses mises ensemble" (Oratio 6, 5: SC 405, 134; cf. également
Oratio 4, 10).
Grégoire de Nazianze était un
homme doux, et au cours de sa vie il chercha toujours à accomplir une oeuvre de
paix dans l'Eglise de son temps, lacérée par les discordes et les hérésies.
Avec audace évangélique, il s'efforça de surmonter sa timidité pour proclamer
la vérité de la foi. Il ressentait profondément le désir de s'approcher de
Dieu, de s'unir à Lui. C'est ce qu'il exprime lui-même dans l'une de ses
poésies, où il écrit: parmi les "grands flots de la mer de la vie, /
agitée ici et là par des vents impétueux, / ... / une seule chose m'était
chère, constituait ma richesse, / mon réconfort et l'oubli des peines, / la
lumière de la Sainte Trinité" (Carmina [historica] 2, 1, 15: PG 37,
1250sq.).
Grégoire fit resplendir la
lumière de la Trinité, en défendant la foi proclamée par le Concile de
Nicée: un seul Dieu en trois personnes égales et distinctes -
le Père, le Fils et l'Esprit Saint -, "triple lumière qui en une unique /
splendeur se rassemble" (Hymne vespéral: Carmina [historica] 2, 1,
32: PG 37, 512). Dans le sillage de saint Paul (1 Co 8, 6), Grégoire affirme
ensuite, "pour nous il y a un Dieu, le Père, dont tout procède; un
Seigneur, Jésus Christ, à travers qui tout est; et un Esprit Saint en qui tout
est" (Oratio 39, 12: SC 358, 172).
Grégoire a profondément
souligné la pleine humanité du Christ: pour racheter l'homme dans sa
totalité, corps, âme et esprit, le Christ assuma toutes les composantes de la
nature humaine, autrement l'homme n'aurait pas été sauvé. Contre l'hérésie
d'Apollinaire, qui soutenait que Jésus Christ n'avait pas assumé une âme rationnelle,
Grégoire affronte le problème à la lumière du mystère du salut: "Ce
qui n'a pas été assumé, n'a pas été guéri" (Ep 101, 32: SC 208, 50),
et si le Christ n'avait pas été "doté d'une intelligence rationnelle,
comment aurait-il pu être homme?" (Ep 101, 34: SC 208, 50). C'était
précisément notre intelligence, notre raison qui avait et qui a besoin de la
relation, de la rencontre avec Dieu dans le Christ. En devenant homme, le
Christ nous a donné la possibilité de devenir, à notre tour, comme Lui. Grégoire
de Nazianze exhorte: "Cherchons à être comme le Christ, car le
Christ est lui aussi devenu comme nous: cherchons à devenir des dieux
grâce à Lui, du moment que Lui-même, par notre intermédiaire, est devenu homme.
Il assuma le pire, pour nous faire don du meilleur" (Oratio 1, 5: SC
247, 78).
Marie, qui a donné la nature
humaine au Christ, est la véritable Mère de Dieu (Theotókos: cf Ep. 101,
16: SC 208, 42, et en vue de sa très haute mission elle a été
"pré-purifiée" (Oratio 38, 13: SC 358, 132, comme une sorte de
lointain prélude du dogme de l'Immaculée Conception). Marie est proposée comme
modèle aux chrétiens, en particulier aux vierges, et comme secours à invoquer
dans les nécessités (cf. Oratio 24, 11: SC 282, 60-64).
Grégoire nous rappelle que,
comme personnes humaines, nous devons être solidaires les uns des autres. Il
écrit: ""Nous sommes tous un dans le Seigneur" (cf. Rm 12,
5), riches et pauvres, esclaves et personnes libres, personnes saines et
malades; et la tête dont tout dérive est unique: Jésus Christ. Et, comme
le font les membres d'un seul corps, que chacun s'occupe de chacun, et tous de
tous". Ensuite, en faisant référence aux malades et aux personnes en
difficulté, il conclut: "C'est notre unique salut pour notre chair
et notre âme: la charité envers eux" (Oratio 14, 8 de pauperum
amore: PG 35, 868ab). Grégoire souligne que l'homme doit imiter la bonté
et l'amour de Dieu, et il recommande donc: "Si tu es sain et riche,
soulage les besoins de celui qui est malade et pauvre; si tu n'es pas tombé,
secours celui qui a chuté et qui vit dans la souffrance; si tu es heureux,
console celui qui est triste; si tu as de la chance, aide celui qui est
poursuivi par le mauvais sort. Donne à Dieu une preuve de reconnaissance, car
tu es l'un de ceux qui peuvent faire du bien, et non de ceux qui ont besoin
d'en recevoir... Sois riche non seulement de biens, mais également de piété;
pas seulement d'or, mais de vertus, ou mieux, uniquement de celle-ci. Dépasse
la réputation de ton prochain en te montrant meilleur que tous; fais toi Dieu
pour le malheureux, en imitant la miséricorde de Dieu" (Oratio 14, 26 de
pauperum amore: PG 35, 892bc).
Grégoire nous enseigne tout
d'abord l'importance et la nécessité de la prière. Il affirme qu'il "est
nécessaire de se rappeler de Dieu plus souvent que l'on respire" (Oratio
27, 4: PG 250, 78), car la prière est la rencontre de la soif de Dieu
avec notre soif. Dieu a soif que nous ayons soif de Lui (cf. Oratio 40,
27: SC 358, 260). Dans la prière nous devons tourner notre coeur vers
Dieu, pour nous remettre à Lui comme offrande à purifier et à transformer. Dans
la prière nous voyons tout à la lumière du Christ, nous ôtons nos masques et
nous nous plongeons dans la vérité et dans l'écoute de Dieu, en nourrissant le
feu de l'amour.
Dans une poésie, qui est en
même temps une méditation sur le but de la vie et une invocation implicite à
Dieu, Grégoire écrit: "Tu as une tâche, mon âme, / une grande tâche
si tu le veux. / Scrute-toi sérieusement, / ton être, ton destin; / d'où tu
viens et où tu devras aller; / cherche à savoir si la vie que tu vis est vie /
ou s'il y a quelque chose de plus. / Tu as une tâche, mon âme, / purifie donc
ta vie: / considère, je te prie, Dieu et ses mystères, / recherche ce qu'il
y avait avant cet univers / et ce qu'il est pour toi, / d'où il vient, et quel
sera son destin. / Voilà ta tâche, /mon âme, / purifie donc ta vie"
(Carmina [historica] 2, 1, 78: PG 37, 1425-1426). Le saint Evêque demande
sans cesse de l'aide au Christ, pour être relevé et reprendre le chemin:
"J'ai été déçu, ô mon Christ, / en raison de ma trop grande
présomption: / des hauteurs je suis tombé profondément bas. / Mais
relève-moi à nouveau à présent, car je vois / que j'ai été trompé par ma propre
personne; / si je crois à nouveau trop en moi, / je tomberai immédiatement, et
la chute sera fatale" (Carmina [historica] 2, 1, 67: PG 37, 1408).
Grégoire a donc ressenti le
besoin de s'approcher de Dieu pour surmonter la lassitude de son propre moi. Il
a fait l'expérience de l'élan de l'âme, de la vivacité d'un esprit sensible et
de l'instabilité du bonheur éphémère. Pour lui, dans le drame d'une vie sur
laquelle pesait la conscience de sa propre faiblesse et de sa propre misère,
l'expérience de l'amour de Dieu l'a toujours emporté. Ame, tu as une tâche -
nous dit saint Grégoire à nous aussi - , la tâche de trouver la véritable
lumière, de trouver la véritable élévation de ta vie. Et ta vie est de
rencontrer Dieu, qui a soif de notre soif.
***
Je salue cordialement les pèlerins francophones présents ce matin, en
particulier les pèlerins du diocèse d’Obala, au Cameroun, les appelant, à
l’exemple de saint Grégoire de Nazianze, à trouver dans l’écoute de la Parole
de Dieu et dans la charité envers les pauvres la volonté de servir toujours
davantage le Christ et l’Église.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
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