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asile naquit à Césarée, l'an 329, d'une famille où la
sainteté était héréditaire ; son père et sa mère, deux de ses frères, une de
ses sœurs, sont placés au rang des saints. Un seul défaut paraissait dans cet
enfant de prédilection, sa faible santé ; elle se rétablit pourtant, grâce aux
prières de ses parents.
Doué d'un heureux génie,
Basile s'éleva vite au niveau des grands hommes : « Il était, dit son ami Grégoire de Nazianze, au-dessus de son âge par son instruction,
au-dessus de son instruction par sa vertu ; il était rhéteur avant d'avoir
étudié l'art des rhéteurs, philosophe avant d'avoir étudié la philosophie,
prêtre avant d'avoir reçu le sacerdoce. » Ses aptitudes
universelles, sa rare modestie, ses vertus éminentes, lui conciliaient l'estime
et l'admiration de tous.
À vingt-trois ans, il parut à
Athènes et se lia avec Grégoire de Nazianze, au point que tous les deux ne
faisaient qu'un cœur et qu'une âme. De retour en son pays, les applaudissements
qu'il reçut l'exposèrent à une tentation de vaine gloire dont il fut si
effrayé, qu'il embrassa l'état monastique pour y vivre dans l'oubli du monde et
la pénitence ; il fonda plusieurs monastères, écrivit des ouvrages ascétiques
très estimés et traça des règles de vie religieuse demeurées célèbres.
Un très léger repas par jour,
un sommeil très court, de longues veilles, un vêtement léger par les temps les
plus froids, tel était l'ordinaire de ce saint austère, « dont la pâleur, dit saint Grégoire,
annonçait un mort plutôt qu'un
vivant. » Basile eut à souffrir d'infirmités continuelles ; dans le
temps de sa meilleure santé, dit-il lui-même, il était plus faible que ne sont
les malades abandonnés des médecins.
Le zèle contre l'hérésie
d'Arius le fit un jour sortir de sa retraite, et bientôt il courbait la tête
sous le fardeau de l'épiscopat. Ni les intrigues, ni les menaces n'eurent
jamais prise sur cette grande âme. Un préfet le mande un jour et lui enjoint
d'obéir à un prince arien, sous peine de confiscation de ses biens, de l'exil,
des tourments, et de mort : « Faites-moi d'autres menaces, dit Basile, car il n'y a rien là que je
puisse craindre ; le premier coup suffira pour achever mes peines ; la mort
m'unira à mon Dieu. » L'empereur dut s'avouer vaincu.
Le saint pontife mourut en
379 à cinquante ans, ne laissant pas de quoi se faire élever un tombeau de
pierre.
Pour
approfondir, lire les Catéchèses du Pape Benoît XVI :
©Evangelizo.org
SAN BASILIO MAGNO VESCOVO E
DOTTORE DELLA CHIESA / L
BENOÎT
XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle
Paul VI
Mercredi 4 juillet 2007
Mercredi 4 juillet 2007
Chers frères et sœurs!
Aujourd'hui, nous voulons
rappeler l'un des grands Pères de l'Eglise, saint Basile, défini par les textes
liturgiques byzantins comme une "lumière de l'Eglise". Il fut un
grand Evêque du IV siècle, que l'Eglise d'Orient tout comme celle d'Occident
considère avec admiration, en raison de sa sainteté de vie, de l'excellence de
sa doctrine et de la synthèse harmonieuse entre ses qualités spéculatives et
pratiques. Il naquit autour de 330 dans une famille de saints,
"authentique Eglise domestique", qui vivait dans un climat de foi
profonde. Il accomplit ses études auprès des meilleurs maîtres d'Athènes et de
Constantinople. Insatisfait de ses succès dans le monde, et s'étant rendu
compte qu'il avait perdu beaucoup de temps en vanités, il confesse
lui-même: "Un jour, comme me réveillant d'un sommeil profond, je me
tournai vers l'admirable lumière de la vérité de l'Evangile..., et je pleurai sur
ma vie misérable" (cf. Ep. 223: PG 32, 824a). Attiré par le Christ,
il commença à regarder vers Lui et à n'écouter que Lui (cf. Moralia 80,
1: PG 31, 860bc.). Il se consacra avec détermination à la vie monastique
dans la prière, dans la méditation des Saintes Ecritures et des écrits des
Pères de l'Eglise, et dans l'exercice de la charité (cf. Epp. 2 et 22), suivant
également l'exemple de sa sœur, sainte Macrine, qui vivait déjà dans
l'ascétisme monacal. Il fut ensuite ordonné prêtre et, enfin, en 370, Evêque de
Césarée de Cappadoce, dans l'actuelle Turquie.
A travers sa prédication et
ses écrits, il accomplit une intense activité pastorale, théologique et
littéraire. Avec un sage équilibre, il sut concilier le service des âmes et le
dévouement à la prière et à la méditation dans la solitude. Fort de son
expérience personnelle, il encouragea la fondation de nombreuses
"fraternités" ou communautés de chrétiens consacrés à Dieu,
auxquelles il rendait fréquemment visite (cf. Grégoire de Nazianze, Oratio 43, 29 in laudem Basilii:
PG 36, 536b). A travers la parole et les écrits, dont un grand nombre sont
parvenus jusqu'à nous (cf. Regulae brevius tractatae, Préambule: PG 31,
1080ab), il les exhortait à vivre et à progresser dans la perfection. Divers
législateurs du monachisme antique ont puisé à ses œuvres, dont saint Benoît,
qui considérait Basile comme son maître (cf. Regula 73, 5). En réalité, il a
créé un monachisme très particulier: non pas fermé à l'Eglise locale,
mais ouvert à elle. Ses moines faisaient partie de l'Eglise particulière, ils
en étaient le centre vivant qui, précédant les autres fidèles à la suite du
Christ, et non seulement dans la foi, montrait la ferme adhésion au Christ -
l'amour pour Lui - surtout dans les œuvres de charité. Ces moines, qui avaient
des écoles et des hôpitaux, étaient au service des pauvres et ont ainsi
montré l'intégrité de la vie chrétienne. Ainsi, écrivait le Serviteur de Dieu
Jean-Paul II: "Beaucoup pensent que cette institution importante
qu'est la vie monastique dans la structure de toute l'Eglise, a été établie au
cours des siècles surtout par saint Basile ou au moins qu'elle n'a pas été
définie selon sa nature propre sans sa participation décisive"
(Lettre apostolique Patres Ecclesiae, n. 2).
En tant qu'Evêque et pasteur
de son vaste diocèse, Basile se soucia constamment des conditions matérielles
difficiles dans lesquelles vivaient les fidèles; il dénonça avec fermeté les
maux; il s'engagea en faveur des plus pauvres et des laissés-pour-compte; il
intervint également auprès des gouvernants pour soulager les souffrances de la
population, en particulier dans les périodes de catastrophes; il se préoccupa
de la liberté de l'Eglise, s'opposant également aux puissants pour défendre le
droit de professer la vraie foi (cf. Grégoire de Nazianze, Oratio 43, 48-51 in Laudem Basilii:
PG 36, 557c-561c). A Dieu, qui est amour et charité, Basile rendit un précieux
témoignage, en construisant plusieurs hospices pour les plus démunis (cf.
Basile, Ep. 94: PG 32, 488bc), une sorte de ville de la miséricorde, qui
prit de lui son nom de Basiliade (cf. Sozomène, Historia Eccl. 6, 34: PG
67, 1397a). Celle-ci se trouve à l'origine des institutions hospitalières
modernes d'accueil et de soin des malades.
Conscient que "la
liturgie est le sommet vers lequel tend l'action de l'Eglise, et en même temps
la source dont émane toute sa vertu" (Sacrosanctum
Concilium, n. 10), Basile, bien que toujours soucieux de réaliser la
charité qui est la caractéristique de la foi, fut également un sage
"réformateur liturgique" (cf. Grégoire de Nazianze, Oratio 43, 34 in laudem Basilii:
PG 36, 541c). En effet, il nous a laissé une grande prière eucharistique [ou
anaphore] qui tire son nom de lui, et il a donné une organisation fondamentale
à la prière et à la psalmodie: sur son impulsion, le peuple aima et
connut les Psaumes, et il se rendait en prière également la nuit (cf. Basile,
In Psalmum 1, 1-2: PG 29, 212a-213c). Et ainsi, nous voyons que liturgie,
adoration, prière avec l'Eglise et charité vont de pair et se conditionnent
réciproquement.
Basile sut s'opposer avec zèle
et courage aux hérétiques, qui niaient que Jésus Christ soit Dieu comme le Père
(cf. Basile, Ep. 9, 3: PG 32, 272a; Ep. 52, 1-3: PG 32, 392b-396a;
Adv. Eunomium 1, 20: PG 29, 556c). De même, contre ceux qui n'acceptaient
pas la divinité de l'Esprit Saint, il soutint que l'Esprit est Dieu lui aussi,
et "doit être compté et glorifié avec le Père et le Fils" (cf. De
Spiritu Sancto: SC 17bis, 348). C'est pourquoi Basile est l'un des grands
Pères qui ont formulé la doctrine sur la Trinité: l'unique Dieu,
précisément parce qu'il est amour, est un Dieu en trois Personnes, qui forment
l'unité la plus profonde qui existe: l'unité divine.
Dans son amour pour le Christ
et pour son Evangile, le grand Cappadocien s'engagea également à recomposer les
divisions au sein de l'Eglise (cf. Epp. 70 et 243), se prodiguant afin que tous
se convertissent au Christ et à sa Parole (cf. De iudicio 4: PG 31,
660b-661a), force unificatrice, à laquelle tous les croyants doivent obéir (cf.
ibid. 1-3: PG 31, 653a-656c).
En conclusion, Basile se
dévoua totalement au service fidèle de l'Eglise et à l'exercice du ministère
épiscopal aux multiples aspects. Selon le programme qu'il traça lui-même, il
devint "apôtre et ministre du Christ, dispensateur des mystères de Dieu,
héraut du royaume, modèle et règle de piété, oeil du corps de l'Eglise, pasteur
des brebis du Christ, pieux médecin, père et nourricier, coopérateur de Dieu,
vigneron de Dieu, bâtisseur du temple de Dieu" (cf. Moralia 80,
11-20: PG 31, 864b-868b).
C'est ce programme que le
saint Evêque remet aux annonciateurs de la Parole - hier comme aujourd'hui -,
un programme qu'il s'engagea lui-même généreusement à mettre en pratique. En
379, Basile, qui n'avait pas encore cinquante ans, consumé par les peines et
par l'ascèse, retourna à Dieu, "dans l'espérance de la vie éternelle, à
travers Jésus Christ notre Seigneur" (De Baptismo 1, 2, 9). C'était un
homme qui a véritablement vécu avec le regard fixé sur le Christ. C'était un
homme d'amour envers son prochain. Empli de l'espérance et de la joie de la
foi, Basile nous montre comment être réellement chrétiens.
* * *
Basilique Vaticane
Chers pèlerins de langue
française, je vous accueille avec joie auprès de la tombe de Pierre. Que la
démarche spirituelle que vous accomplissez ici affermisse votre foi au Christ
et votre lien à l’Église. En vous confiant à l’intercession de la Bienheureuse
Vierge Marie, je vous assure de ma prière pour vous et pour vos familles, et à
toutes vos intentions.
* * *
Salle Paul VI
Je salue cordialement les
pèlerins de langue française, particulièrement les Sœurs de St Joseph de
l’Apparition réunies à Rome pour leur Chapitre général et les jeunes de France
et de Belgique. Évoquant la figure de saint Basile, je vous invite à prier pour
les Évêques du monde entier, afin que chacun d’eux soit une fidèle image du
Christ bon Pasteur.
Ma pensée se tourne à présent
vers la Rencontre mondiale des Jeunes qui se déroulera à Sydney dans un an
environ. Je voudrais maintenant adresser, en anglais, une salutation
chaleureuse et un vif encouragement aux jeunes ici présents et à tous les
jeunes du monde qui se préparent à cette joyeuse rencontre de foi:
Chers jeunes,
Dans un an, nous nous
rencontrerons pour la Journée mondiale de la Jeunesse à Sydney! Je voudrais
vous encourager à bien vous préparer à cette merveilleuse célébration de la
foi, qui se déroulera en compagnie de vos évêques, prêtres, religieux,
responsables des jeunes et les uns et les autres. Entrez pleinement dans la vie
de vos paroisses et participez avec enthousiasme aux événements organisés par
vos diocèses! Vous serez ainsi spirituellement préparés à faire
l'expérience d'une compréhension plus profonde de ce en quoi nous croyons,
lorsque nous nous rassemblerons à Sydney en juillet
prochain.
"Vous allez recevoir une
force, celle de l'Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes
témoins jusqu'aux extrémités de la terre" (Ac 1, 8). Comme vous le savez,
ces paroles de Jésus constituent le thème de la Journée mondiale de la Jeunesse
2008. Nous ne pouvons qu'imaginer la réaction des Apôtres lorsqu'ils
entendirent ces paroles, mais leur confusion était sans doute tempérée par un
sentiment de crainte respectueuse et d'ardente impatience pour la venue de
l'Esprit. Unis dans la prière avec Marie et les autres, dans le Cénacle (cf. Ac
1, 14), ils firent l'expérience de la véritable puissance de l'Esprit, dont la
présence transforme l'incertitude, la crainte et la division en
détermination, espérance et communion.
Nous aussi nous éprouvons un
sentiment de crainte respectueuse et d'ardente impatience alors que nous nous
préparons à nous rencontrer à Sydney. Pour beaucoup d'entre nous, ce sera un
long voyage. Toutefois, l'Australie et son peuple évoquent des images d'accueil
chaleureux et de beauté merveilleuse, l'histoire ancienne des Aborigènes et une
multitude de villes et de communautés pleines de vie. Je sais que les Autorités
ecclésiales et gouvernementales, aux côtés de nombreux jeunes Australiens,
travaillent déjà activement pour nous permettre à tous de vivre une expérience
exceptionnelle. Je leur adresse mes remerciements les plus sincères.
La Journée mondiale de la
Jeunesse est bien plus qu'un événement. C'est un temps de profond renouveau
spirituel, dont les fruits profitent à toute la société. Les jeunes pèlerins
sont remplis du désir de prier, d'être nourris de la Parole et des Sacrements,
d'être transformés par l'Esprit Saint, qui éclaire la merveille de l'âme
humaine et montre le chemin pour être "expression et instrument de l'amour
qui émane [du Christ] " (Deus
caritas est, n. 33).
C'est de cet amour, l'amour du
Christ, dont le monde a soif. Vous êtes ainsi appelés nombreux à "être ses
témoins". Certains d'entre vous ont des amis qui possèdent peu de vrais
objectifs dans la vie, qui sont peut-être engagés dans une quête futile de
nouvelles expériences sans fin. Emmenez-les eux aussi à la Journée mondiale de
la Jeunesse! En effet, j'ai remarqué qu'à contre-courant du sécularisme, de
nombreux jeunes redécouvrent la quête gratifiante de la beauté, de la bonté et
la vérité authentiques. A travers votre témoignage, vous les aidez dans leur
recherche de l'Esprit de Dieu. Soyez courageux dans ce témoignage!
Efforcez-vous de diffuser la lumière du Christ qui guide, qui donne un but à
toute vie, en rendant la joie et le bonheur durables, possibles pour tous.
Mes chers jeunes, en attendant
que nous nous rencontrions à Sydney, que le Seigneur vous protège tous.
Confions ces préparatifs à Notre-Dame de la Croix du Sud, Secours des
Chrétiens. Avec elle, prions: "Viens Esprit Saint, remplis le cœur
de tes fidèles, et allume en eux le feu de ton amour".
© Copyright 2007 - Libreria
Editrice Vaticana
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle
Paul VI
Mercredi 1er août 2007
Mercredi 1er août 2007
Saint Basile
Chers frères et sœurs!
Après ces trois semaines de
pause, nous reprenons nos rencontres habituelles du mercredi. Aujourd'hui, je
voudrais simplement reprendre la dernière catéchèse, dont le thème était la vie
et les écrits de saint Basile, Evêque dans l'actuelle Turquie, en Asie mineure,
au IV siècle. La vie de ce grand Saint et ses œuvres sont riches d'éléments de
réflexion et d'enseignements précieux pour nous aussi aujourd'hui.
Avant tout, le rappel au
mystère de Dieu, qui demeure la référence la plus significative et vitale pour
l'homme. Le Père est "le principe de tout et la cause de l'existence de ce
qui existe, la racine des vivants" (Hom 15, 2 de fide: PG 31,
465c) et surtout il est "le Père de notre Seigneur Jésus Christ" (Anaphora
sancti Basilii). En remontant à Dieu à travers les créatures, nous
"prenons conscience de sa bonté et de sa sagesse" (Basile, Contra
Eunomium 1, 14: PG 29, 544b). Le Fils est l'"image de la bonté
du Père et le sceau de forme égale à lui" (cf. Anaphora sancti Basilii).
A travers son obéissance et sa passion, le Verbe incarné a réalisé la mission
de Rédempteur de l'homme (cf. Basile, In Psalmum 48, 8: PG 29,
452ab; cf. également De Baptismo 1, 2: SC 357, 158).
Enfin, il parle largement de
l'Esprit Saint, auquel il a consacré tout un livre. Il nous révèle que l'Esprit
anime l'Eglise, la remplit de ses dons, la rend sainte. La lumière splendide du
mystère divin se reflète sur l'homme, image de Dieu, et en rehausse la dignité.
En contemplant le Christ, on comprend pleinement la dignité de l'homme.
Basile s'exclame: "[Homme], rends-toi compte de ta grandeur en considérant
le prix versé pour toi: vois le prix de ton rachat, et comprends ta
dignité!" (In Psalmum 48, 8: PG 29, 452b). En particulier le
chrétien, vivant conformément à l'Evangile, reconnaît que les hommes sont tous
frères entre eux, que la vie est une administration des biens reçus de Dieu, en
vertu de laquelle chacun est responsable devant les autres et celui qui est
riche doit être comme un "exécuteur des ordres de Dieu bienfaiteur" (Hom.
6 de avaritia: PG 32, 1181-1196). Nous devons tous nous aider, et
coopérer comme les membres d'un seul corps (Ep. 203, 3).
Et, dans ses homélies, il a
également utilisé des paroles courageuses, fortes sur ce point. Celui qui, en
effet, selon le commandement de Dieu, veut aimer son prochain comme lui-même,
"ne doit posséder rien de plus que ce que possède son prochain" (Hom.
in divites: PG 31, 281b).
En période de famine et de
catastrophe, à travers des paroles passionnées, le saint Evêque exhortait les
fidèles à "ne pas se révéler plus cruels que les animaux sauvages...,
s'appropriant le bien commun, et possédant seul ce qui appartient à tous"
(Hom. tempore famis: PG 31, 325a). La pensée profonde de Basile
apparaît bien dans cette phrase suggestive: "Tous les indigents
regardent nos mains, comme nous-mêmes regardons celles de Dieu, lorsque nous
sommes dans le besoin". Il mérite donc pleinement l'éloge qu'a fait de lui
Grégoire de Nazianze, qui a dit après la mort de Basile: "Basile
nous persuade que nous, étant hommes, ne devons pas mépriser les hommes, ni
offenser le Christ, chef commun de tous, par notre inhumanité envers les
hommes; au contraire, face aux malheurs des autres, nous devons nous-mêmes
faire le bien, et prêter à Dieu notre miséricorde car nous avons besoin de
miséricorde" (Grégoire de Nazianze, Oratio 43, 63: PG 36,
580b). Des paroles très actuelles. Nous voyons que saint Basile est réellement
l'un des Pères de la Doctrine sociale de l'Eglise.
En outre, Basile nous rappelle
qu'afin de garder vivant en nous l'amour envers Dieu, et envers les
hommes, nous avons besoin de l'Eucharistie, nourriture adaptée pour les
baptisés, capable d'alimenter les énergies nouvelles dérivant du Baptême (cf.
De Baptismo 1, 3: SC 357, 192). C'est un motif de grande joie de
pouvoir participer à l'Eucharistie (Moralia 21, 3: PG 31, 741a),
instituée "pour conserver sans cesse le souvenir de celui qui est mort et
ressuscité pour nous" (Moralia 80, 22: PG 31, 869b).
L'Eucharistie, immense don de Dieu, préserve en chacun de nous le souvenir du
sceau baptismal, et permet de vivre en plénitude et dans la fidélité la grâce
du Baptême. Pour cela, le saint Evêque recommande la communion fréquente, et
même quotidienne: "Communier même chaque jour, en recevant le saint
corps et sang du Christ, est chose bonne et utile; car lui-même dit clairement:
"Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle" (Jn 6, 54).
Qui doutera donc que communier continuellement à la vie ne soit pas vivre en
plénitude?" (Ep. 93: PG 32, 484b). L'Eucharistie, en un mot, nous
est nécessaire pour accueillir en nous la vraie vie, la vie éternelle (cf. Moralia
21, 1: PG 31, 737c).
Enfin, Basile s'intéressa
naturellement également à la portion élue du peuple de Dieu, que sont les
jeunes, l'avenir de la société. Il leur adressa un Discours sur la façon de
tirer profit de la culture païenne de l'époque. Avec beaucoup
d'équilibre et d'ouverture, il reconnaît que dans la littérature classique,
grecque et latine, se trouvent des exemples de vertu. Ces exemples de vie
droite peuvent être utiles pour le jeune chrétien à la recherche de la vérité
et d'une façon de vivre droite (cf. Ad Adolescentes 3). C'est pourquoi,
il faut emprunter aux textes des auteurs classiques ce qui est adapté et
conforme à la vérité: ainsi, à travers une attitude critique et ouverte -
il s'agit précisément d'un véritable "discernement" - les jeunes
grandissent dans la liberté. A travers la célèbre image des abeilles, qui ne
prennent des fleurs que ce dont elles ont besoin pour le miel, Basile
recommande: "Comme les abeilles savent extraire le miel des fleurs,
à la différence des autres animaux qui se limitent à jouir du parfum et de la
couleur des fleurs, de même, de ces écrits également... on peut recueillir un
bénéfice pour l'esprit. Nous devons utiliser ces livres en suivant en tout
l'exemple des abeilles. Celles-ci ne vont pas indistinctement sur toutes les
fleurs, et ne cherchent pas non plus à tout emporter de celles sur lesquelles
elles se posent, mais elles en extraient uniquement ce qui sert à la
fabrication du miel et laissent le reste. Et nous, si nous sommes sages, nous
prendrons de ces écrits uniquement ce qui est adapté à nous, et conforme à la
vérité, et nous laisserons de côté le reste" (Ad Adolescentes 4). Basile,
surtout, recommande aux jeunes de croître dans les vertus, dans la façon droite
de vivre: "Tandis que les autres biens... passent d'une main à
l'autre, comme dans un jeu de dés, seule la vertu est un bien inaliénable, et
demeure toute la vie et après la mort" (Ad Adolescentes 5).
Chers frères et soeurs, il me
semble que l'on peut dire que ce Père d'une époque lointaine nous parle encore
et nous dit des choses importantes. Avant tout, cette participation attentive,
critique et créatrice à la culture d'aujourd'hui. Puis, la responsabilité
sociale: c'est une époque à laquelle, dans un univers mondialisé, même
les peuples géographiquement éloignés sont réellement notre prochain. Nous
avons ensuite l'amitié avec le Christ, le Dieu au visage humain. Et, enfin, la
connaissance et la reconnaissance envers le Dieu créateur, notre Père à
tous: ce n'est qu'ouverts à ce Dieu, le Père commun, que nous pouvons
construire un monde juste et un monde fraternel.
* * *
J'accueille avec plaisir les
pèlerins de langue française et je les invite à accueillir l'exemple et
l'enseignement de saint Basile, pour grandir fidèlement et sans réserve sur le
chemin de la vie évangélique. Bon pèlerinage à tous!
A l'issue de l'Audience
générale
En conclusion de l'Audience
générale, je voudrais rapporter une bonne nouvelle concernant l'Irak, qui a
suscité une explosion populaire de joie dans tout le pays. Je veux parler de la
victoire à la Coupe d'Asie par l'équipe nationale de football irakienne. Il
s'agit d'un succès historique pour l'Irak, qui, pour la première fois, est
devenu champion de football d'Asie. J'ai été heureusement frappé par
l'enthousiasme qui a gagné tous les habitants, les faisant sortir dans les rues
pour fêter l'événement. De même que, tant de fois, j'ai pleuré avec
les Irakiens, en cette circonstance, je me réjouis avec eux. Cette expérience
de bonheur partagé révèle le désir d'un peuple de mener une vie normale et
sereine. Je souhaite que cet événement puisse contribuer à réaliser en Irak,
avec la coopération de tous, un avenir de paix authentique dans la liberté et
le respect réciproque. Toutes mes félicitations!
***
Je salue le groupe des Scouts
d'Europe, qui à travers leur présence ce matin, veulent réaffirmer leur
participation ecclésiale, après avoir renouvelé la promesse scoute, qui les
engage à accomplir leur devoir envers Dieu et à servir les autres avec
générosité. Ma pensée s'adresse également à tous les scouts et les guides du
monde qui renouvellent leur promesse précisément aujourd'hui, jour du
centenaire de la fondation du scoutisme. En effet, il y a exactement 100 ans, le
1 août 1907, sur l'Ile de Brownsea, fut créé le premier camp scout de
l'histoire Je souhaite de tout coeur que le mouvement éducatif du scoutisme, né
de la profonde intuition de Lord Robert Baden Powell, continue de produire des
fruits de formation humaine, spirituelle et civile dans tous les pays du monde.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
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