Seulement
maintenant à pied d’œuvre. Structure à retrouver quand je n’ai
pas YNOV ou la
conduite très matinale de notre fille : la prière-lecture en
premier, dès
l’ouverture de ce clavier à la suite de ma salutation
couriellée à qui j’aime
et m’aime. Journée de gestions diverses, mais pas consacrée
comme je le voulais
à mes corrections pour nos étudiants d’YNOV, nécessaires pour
ceux-ci et
nécessaire à ma compréhension d’eux.
En fin de
matinée, en y retrouvant notre fille, messe de semaine à
Saint-François-Xavier.
Depuis hier soir, je savais que nous lisons aujourd’hui le
récit de la
multiplication des pains (et des poissons). Selon saint Marc [1].
J’avais remarqué le
rôle prééminent du Christ : il leur
répondit… Jésus leur demande… Il leur
ordonna de les faire asseoir par groupes sur l’herbe verte…
Jésus prit les cinq
pains et les deux poissons… il prononça la bénédiction et rompit
les
pains ; il les donnait… il partagea aussi les deux poissons…mais à la lecture du
célébrant, je suis au
contraire frappé par ce que Jésus confie aux siens et par
l’initiative que
ceux-ci peuvent prendre. Il y autant d’initiative des
disciples que
d’organisation par le Christ. C’est vraiment le modèle de la
coopération de
l’Eglise avec son
Maître. Le Maître saisi
de compassion. Nourriture
qu’Il donne
alors de Lui-même : ils étaient comme des brebis sans
bergers. Alors,
il se mit à les enseigner longuement. Les
disciples – blasés ? – remarquent – eux – la tombée de la nuit
et
s’inquiètent pour le ravitaillement. Irons-nous dépenser
le salaire de deux
cent journées pour acheter des pains et leur donner à manger ? Jésus n’en est pas inquiet
quoiqu’il soit
très pratique. Combien de pains avez-vous ? allez voir. Et c’est ensuite cette
coopération pour le
salut de cette foule, Dieu parmi les hommes, mais l’Eglise Son
truchement. Les
douze paniers remplis des morceaux de pain qui restaient, le
chiffre autant que
le contenu et que le contenant : le relais donné par l’Eglise
en fondation
autour du Christ à l’Eglise d’aujourd’hui. Elle a à nourrir,
elle a à s’occuper
du destin des hommes, ici et maintenant. L’enseignement, la
pastorale, la
dogmatique sont l’affaire du Christ, aujourd’hui celle de
l’Esprit Saint. Tout
au plus, pouvons-nous, devons-nous témoigner de ce qu’est que
l’amour –
fondamentale nourriture de tout le vivant, et donc de l’humain
- et ce qu’il est, il
l’est par son origine,
par sa provenance : ce n’est pas nous qui avons aimé
Dieu, mais c’est
Lui qui nous a aimés… l’amour vient de Dieu, et, pour que
nous le sachions, le comprenions, le vivions, il a envoyé
son Fils en
sacrifice de pardon pour nos péchés. Le texte de Marc est
suggestif mot à mot. Il
y a des restes, on est au large, mais ces restes le sont à
dessein : il
faut que l’Eglise et la suite, la perpétuation soit signifiée.
Quand à la suite
de ces lectures, vient la « consécration », la
transsubstantation, la
multiplication des pains prend encore plus de sens. Il y a eu
l’enseignement du
lavement des pieds, les dialogues notamment à propos de la
trahison de Judas,
les questions de Philippe, de Thomas, le
discours rapporté par Jean et il y a l’institution de
l’Eucharistie. Je
vérifie cette chronologie – la Bible de Jérusalem que m’offrit
André L. le 28
Septembre 1958, pas loin de soixante ans, édition si maniable
relativement aux
cinq-six autres que j’ai acquises ensuite, et glissée dedans,
oubliée depuis
cette carte postale du Cervin, dédicacée par l’Abbé Pierre,
dans la tempête de
l’ « affaire Garaudy » où je le rejoignis à Zermatt puis
l’accompagnai à Praglia. Il était seul, exclu, abandonné des
siens et condamné
par les médias. Seul, je l’étais aussi d’une certaine manière,
mais bien moins.
J’ai passé le relais à celle qui deviendrait ma femme et à qui
s’est attaché
aussitôt celui que nous considérons, Edith et moi, comme un
saint 1° parce
qu’il a fondé, et 2° parce qu’il était d’une telle vitalité
que forcément tous
les péchés lui étaient possibles et qu’il dût en commettre la
plupart dont
l’orgueil, la libido et plus. Mais la sainteté, c’est la
force, c’est l’œuvre
de Dieu. Ce n’est pas notre minauderie ni nos qualités
personnelles.
Chronologie selon Matthieu, la trahison de Judas,
l’Eucharistie, tandis
qu’ils mangeaient et la
prédiction du
reniement de Pierre, quand après le chant des psaumes,
ils partirent pour
le mont des Oliviers. [2]
Marc corroborant
Matthieu dans la
succession de ces trois moments : ils étaient à table et
ils
mangeaient… et tandis qu’ils mangeaient, il prit du pain… l’annonce du reniement de Pierre se fait tandis
qu’ils marchent vers le
mont des Oliviers [3]. Luc [4]place
d’entrée de jeu
l’Eucharistie, tandis que l’annonce de la trahison de Judas
puis du reniement
de Pierre viennent ensuite et en accompagnement d’autres
considérations et
aussi de messages sur l’avenir ou sur le sens de ce qu’ils
sont tous en train
de vivre. Vers le mont des Oliviers, Jésus n’est que suivi par
les siens, Il se
détache déjà du groupe. L’institution de l’Eucharistie est
donnée comme un
moment ultime mais en deux étapes : d’abord la fin d’une
époque, d’une
existence-même, d’une habitude qui s’était prise. La Pâque je
ne la
mangerai plus avec vous… je ne boirai plus du produit de la
vigne. Puis les mêmes
gestes, pain et coupe, sont
repris et fortement signifiés. C’est la réalisation de cette
annonce qui avait
scandalisé les foules et dispersé, fait fuir des disciples, celui
qui ne
mange pas mon corps, ne boit pas mon sang…Jean
ne donne que les ultimes enseignements testamentaires,
longuement et il est le
seul, le seul aussi à décrire le lavement des pieds [5]
tandis que le repas
est banalisé : au cours d’un repas… et que l’institution de l’Eucharistie n’est pas dite.
Méditée à la
suite de cette compilation, la multiplication des pains
apparaît comme une
réponse du Christ à une demande implicite de la foule dont Il
a reconnu le
besoin surnaturel et dont les disciples comprenne l’urgence
naturelle. Tandis
que l’Eucharistie – legs suprême du Seigneur – est presque la
supplication
divine adressée à l’homme : faites ceci en mémoire de moi.
Drame vécu
par Dieu fait homme, en la personne de son Fils. Drame de
toute vie
spirituelle, quand s’impose la question : faire plus… être
plus. Et
évidence du drame politique contemporain, chez nous et dans le
monde. Nous ne
pouvons plus, nous ne devons plus continuer, laisser se
continuer une réalité
qui n’est que dogmatique. Les Français rejetant la politique
et les politiques
n’osent pas encore demander un changement absolu de régime et
d’institutions
qui n’ont plus rien à voir avec la pratique et le legs du
général de Gaulle.
Dictature et non-révolte, le président monocrate
indéboulonnable pendant les
cinq ans de son mandat et en imposant à tous, alors que le
peuple prit d’assaut
X fois la demeure royale, puis renvoya trois dynastes. X
révolutions et
aujourd’hui plus rien sinon faire passer pour une providence,
nous délivrant
d’équations et de choix que nous ne voulons pas, un personnage
qui fit – le
premier depuis 1968 et bien plus longuement – se lever le
pays, décréter la
grève générale et manifester dans la rue à plus de trois
millions de personnes
pendant deux mois [6].
Il nous faut revenir à la démocratie. Dans notre monde et dans
notre époque, il
n’est plus concevable qu’au nom de la religion ou de la race,
on se massacre,
il n’est plus tolérable qu’il y ait des dictatures. C’est
devenu une question
d’honneur. POUTINE, le système chinois, le totalitarisme
whahabite, nous les
confortons par le besoin que nous « affichons » de commercer
avec
eux, de dépendre follement d’eux au mépris de nos valeurs
humanistes. La France
qui en elle-même a cessé d’être exemplaire, dont les
orientations manifestent
la subordination de ses dirigeants aux dogmes économiques et
sociaux ambiants,
non seulement n’est pas en droit de donner des leçons, mais
elle n’en a plus
même la capacité. Elle vient désormais après l’Espagne pour la
place de
l’industrie dans son produit brut. De telles brutalités, de
telles violences,
un tel mépris des gens – les citoyens en France, la dignité et
la personnalité
humaines en Arabie, en Russie, en Chine abaissent toutes
celles et tous ceux
qui en sont contemporains. C’est une mise en demeure que doit
faire notamment
l’Eglise, et avec précision : racisme et dictature. L’Eglise
aussi doit se
montrer et vivre telle qu’elle soit le plus fort encouragement
aux démocrates,
aux laïcs, aux libertaires pour que, dans les pays d’Islam,
s’opère la
révolution de ne plus imposer à tous une foi ou une pratique.
Ce qui est appelé
libéralisme en économie et en société, ce qui est appelé foi
en pays d’Islam ne
peut en être la stricte négation : la latitude donnée aux uns
ne peut nier
la dignité des autres, la foi des uns ne peut transformer la
relation à Dieu en
loi de contrainte des autres. Les relations internationales ne
peuvent être
guidées par le seul intérêt pécuniaire, le civisme est
impossible si les
institutions sont accaparées par quelques-uns dont la
conscience morale et les
égards pour l’espérance du grand nombre sont si peu
apparentes. Si tant
qu’elles existent. Le drame de notre moment actuel est de peu
tolérer les
autres dans leurs différences et peut-être même leur pauvreté
relative, et de
beaucoup tolérer les dirigeants : passivité ou fatalisme…
Honneur, vie
collective, sens du spirituel sont en question comme ils ne
l’ont plus été
depuis ce qui déclencha la Seconde guerre mondiale.
Cette
intériorisation de l’Islam - appelée par le rebond du clivage
sunnites-chiites : le cher Olivier B. [7]-
me semble maintenant
une urgence à laquelle chrétiens et laïcs, en Europe, peuvent
aider. Cette mise
au pied du mur des dirigeants politiques chez nous, le mur de
leur prétention à
la supériorité par nature ou selon les institutions, le mur du
paternalisme
sont l’urgence française. Notre consomption économique est la
conséquence de
notre renoncement pratique à la démocratie. La crise
Arabie-Iran n’a pas de
causes religieuses, mais politique : le refus de la démocratie
autour des
Lieux-Saints de l’Islam. Et à ce compte, un refus analogue est
opposé aux
Palestiniens autour de Lieux-Saints communs à tous les
croyants.
Prier ensemble…
et dans la foi que peuvent être changés ces mœurs presque
partout totalitaires.
En ces jours-là
fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes ! Qu’il fasse droit aux
malheureux de
son peuple, qu’il sauve les pauvres gens, qu’il écrase
l’oppresseur ! … Dieu
a envoyé son Fils unique dans le
monde pour que nous vivions par Lui.
[1]
- 1ère lettre de saint Jean IV 7 à 10 ;
psaume
LXXII ; évangile selon saint Marc VI 34 à 44
[2]
- Matthieu XXVI 20 à 35
[3]
- Marc XIV 12 à 31
[4]
- Luc XXII 14 à 38
[5]
- Jean XIII et ensuite
[6]
- Alain Juppé et les « événements de Novembre-Décembre
1995 »
Conflit entre
les chiites
iraniens et les sunnites saoudiens..
Une pensée,
une prière,
pour les 10% de sunnites iraniens et les 15% de chiites
saoudiens… ?
Le 05/01/2016
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