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don était fils d'un noble seigneur, et, fut, dès le
berceau, consacré à saint Martin. Il montra, jeune encore, un grand amour pour
la prière. À l'âge de dix-neuf ans, il reçut la tonsure et fut nommé à un
canonicat de l'Église de Tours.
Après de brillantes et
solides études, où il montra, une vertu extraordinaire, couchant sur une natte
et ne prenant qu'un peu de nourriture, il fut séduit par la lecture de la Règle
de saint Benoît et se décida dès lors à embrasser la vie monastique.
Il fut plus tard élu abbé de
Cluny, où il fit fleurir toutes les vertus religieuses : le silence,
l'obéissance, l'humilité et le renoncement à soi-même. Ses exemples allaient de
pair avec ses conseils ou ses ordres. Il donnait tout aux pauvres, sans
s'inquiéter du lendemain. Les enfants étaient surtout l'objet de sa
prédilection ; il veillait avec un soin paternel, une douceur de mère, sur les
mœurs, les études, le sommeil de tous ceux qui lui avaient été confiés.
À Cluny, la Règle de saint
Benoît était suivie avec zèle ; les jeûnes, les abstinences, les chants, les
offices, le silence presque absolu, le travail, remplissaient les journées des
religieux. Les restes des repas étaient distribués aux pauvres et aux pèlerins.
On y nourrissait, de plus, dix-huit pauvres par jour, et la charité y était si
abondante, surtout dans le Carême, qu'à l'une de ces époques de l'année on fit
des distributions de vivres à plus de sept mille indigents.
Dans les voyages si
difficiles auxquels son zèle et ses fonctions l'obligèrent plus d'une fois,
Odon ne pensait qu'à secourir le prochain. Il descendait de son cheval pour
faire monter à sa place les indigents et les vieillards ; on le vit même porter
le sac d'une pauvre femme. Pourtant malgré tant de fatigues, à son dernier
voyage de Rome, il lassait ses jeunes compagnons par la rapidité de sa marche,
et ils s'étonnaient qu'il eût, à soixante-sept ans, après une vie si austère,
conservé tant d'agilité et de vigueur.
Un jour, Dieu le récompensa de
sa ponctualité. La Règle de Saint-Benoît demande qu'au son de la cloche on
laisse même une lettre à demi formée. Odon, corrigeant un livre avec un de ses
religieux, laissa dehors, au son de la cloche, le livre ouvert. Il plut toute
la nuit abondamment ; le lendemain, le livre, malgré les flots de pluie, se
trouva intact. Il en rapporta toute la gloire au glorieux saint Martin, dont la
vie était écrite en ce volume.
©Evangelizo.org
BENOÎT
XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi
2 septembre 2009
Chers frères et sœurs,
Après une longue pause, je voudrais
reprendre la présentation des grands écrivains de l'Eglise d'Orient et
d'Occident à l'époque médiévale, car, comme dans un miroir, nous voyons dans
leur vie et dans leurs écrits ce que signifie être chrétiens. Je vous propose
aujourd'hui la figure lumineuse de saint Odon, abbé de Cluny: celle-ci se
situe dans le Moyen-Age monastique qui vit la surprenante diffusion en Europe
de la vie et de la spiritualité inspirées par la Règle de saint Benoît. Il
y eut au cours de ces siècles une prodigieuse apparition et multiplication de
cloîtres qui, se ramifiant sur le continent, y diffusèrent largement la
sensibilité et l'esprit chrétiens. Saint Odon nous reconduit, en particulier, à
un monastère, Cluny qui, au Moyen-Age, compta parmi les plus illustres
et célébrés et qui, aujourd'hui encore, révèle à travers ses ruines
majestueuses les signes d'un passé glorieux en raison de l'intense attachement
à l'ascèse, à l'étude, et, de façon particulière, au culte divin, entouré de
dignité et de beauté.
Odon fut le deuxième abbé de
Cluny. Il était né aux environs de 880, à la frontière entre le Maine et la
Touraine, en France. Il fut consacré par son père au saint évêque Martin de
Tours, à l'ombre bénéfique et dans la mémoire duquel Odon vécut ensuite toute
sa vie, la concluant à la fin auprès de son tombeau. Le choix de la
consécration religieuse fut précédé chez lui par l'expérience d'un moment
spécial de grâce, dont il parla lui-même à un autre moine, Jean l'Italien, qui
fut par la suite son biographe. Odon était encore adolescent, âgé environ de 16
ans, lorsque, au cours d'une veillée de Noël, il sentit s'élever spontanément
de ses lèvres cette prière à la Vierge: "Notre Dame, Mère de
miséricorde qui en cette nuit as donné à la lumière le Sauveur, prie pour moi.
Que ton enfantement glorieux et singulier soit, ô Très pieuse, mon refuge"
(Vita sancti Odonis, I, 9: PL 133, 747). L'appellation
"Mère de miséricorde", avec laquelle le jeune Odon invoqua alors la
Vierge, sera celle avec laquelle il aimera ensuite s'adresser à Marie,
l'appelant également "unique espérance du monde,... grâce à laquelle nous
ont été ouvertes les portes du paradis" (In veneratione S. Mariae
Magdalenae: PL 133, 721). Il lui arriva à cette époque de lire
la Règle de saint Benoît et de commencer à en observer certaines
indications, "portant, pas encore moine, le joug léger des moines" (ibid.,
I, 14: PL 133, 50). Dans l'un de ses sermons, Odon célébrera
Benoît comme "une lampe qui brille dans le stade ténébreux de cette
vie" (De sancto Benedicto abbate: PL 133, 725), et le
qualifiera de "maître de discipline spirituelle" (ibid., PL 133,
727). Il soulignera avec affection que la piété chrétienne "fait mémoire
avec une plus grande douceur" de lui, dans la conscience que Dieu l'a
élevé "parmi les Pères suprêmes et élus de la Sainte Eglise" (ibid.,
PL 133, 722).
Fasciné par l'idéal
bénédictin, Odon quitta Tours et entra en tant que moine dans l'abbaye
bénédictine de Baume, pour ensuite passer à celle de Cluny, dont il devint abbé
en 927. De ce centre de vie spirituelle, il put exercer une vaste influence sur
les monastères du continent. En Italie également, différents ermitages
bénéficièrent de sa direction et de sa réforme, parmi lesquels celui de
Saint-Paul-hors-les-Murs. Odon se rendit plus d'une fois à Rome, allant jusqu'à
Subiaco, le Mont Cassin et Salerne. Ce fut précisément à Rome que, pendant
l'été 942, il tomba malade. Se sentant proche de la fin, il voulut à tout prix
revenir auprès de saint Martin à Tours, où il mourut pendant l'octavaire du saint,
le 18 novembre 942. Son biographe, en soulignant chez Odon la "vertu de la
patience", offre une longue liste de ses autres vertus, telles que le
mépris du monde, le zèle pour les âmes, l'engagement pour la paix des Eglises.
Les grandes aspirations de l'abbé Odon étaient la concorde entre les rois et
les princes, l'observance des commandements, l'attention envers les pauvres,
l'amendement des jeunes, le respect des personnes âgées (cf. Vita sancti
Odonis, I, 17: PL 133, 49). Il aimait la petite cellule dans
laquelle il résidait, "loin des yeux de tous, attentif à ne plaire qu'à
Dieu" (ibid., I, 14: PL 133, 49). Il ne manquait
cependant pas d'exercer également, comme "source surabondante", le
ministère de la parole et de l'exemple, "en pleurant ce monde comme étant
immensément misérable" (ibid., i,17: PL 133, 51). Chez
un seul moine, commente son biographe, se trouvaient réunies les différentes
vertus existant de manière dispersée dans les autres monastères:
"Jésus, dans sa bonté, puisant aux différents jardins des moines, formait
dans un petit lieu un paradis, pour irriguer par sa source le
cœur des fidèles" (ibid., I, 14: PL 133, 49).
Dans un passage d'un sermon en
l'honneur de Marie de Magdala, l'abbé de Cluny nous révèle comment il concevait
la vie monastique: "Marie qui, assise aux pieds du Seigneur,
écoutait sa parole avec l'esprit attentif, est le symbole de la douceur de la
vie contemplative, dont la saveur, plus on la goûte, pousse l'âme à se détacher
encore davantage des choses visibles et des tumultes des préoccupations du
monde" (In ven. S. Mariae Magd., PL 133, 717). C'est une conception
qu'Odon confirme et développe dans ses autres écrits, desquels transparaissent
l'amour de l'intériorité, une vision du monde comme étant une réalité fragile
et précaire dont il faut se détacher, une inclination constante au détachement
des choses ressenties, comme étant source d'inquiétude, une sensibilité aiguë
pour la présence du mal chez les différentes catégories d'hommes, une profonde
aspiration eschatologique. Cette vision du monde peut apparaître assez éloignée
de la nôtre, toutefois celle d'Odon est une conception qui, voyant la fragilité
du monde, valorise la vie intérieure ouverte à l'autre, à l'amour du prochain,
et précisément ainsi transforme l'existence et ouvre le monde à la lumière de
Dieu.
Une attention particulière
doit être portée à la "dévotion" au Corps et au Sang du Christ
qu'Odon, face à une négligence répandue qu'il déplorait vivement, cultiva
toujours avec conviction. Il était en effet fermement convaincu de la présence
réelle, sous les espèces eucharistiques, du Corps et du Sang du Seigneur, en
vertu de la transformation "substantielle" du pain et du vin. Il
écrivait: "Dieu, le Créateur de tout, a pris le pain, en disant
qu'il était son Corps et qu'il l'aurait offert pour le monde et il a distribué
le vin, en l'appelant son sang"; or, "c'est une loi de nature que la
transformation ait lieu selon le commandement du Créateur", et voilà donc
qu'"immédiatement, la nature change sa condition habituelle: sans
retard, le pain devient chair, et le vin devient sang"; à l'ordre du
Seigneur "la substance se transforme" (Odonis Abb. Cluniac.
occupatio, ed. A. Swoboda, Lipsia 1900, p. 121). Malheureusement,
remarque notre abbé, ce "sacro-saint mystère du Corps du Seigneur, qui
constitue tout le salut du monde" (Collationes, XXVIII: PL
133, 572) est célébré avec négligence. "Les prêtres, avertit-il, qui
accèdent à l'autel de manière indigne, entachent le pain, c'est-à-dire le Corps
du Christ" (ibid., PL 133, 572-573). Seul celui qui est uni
spirituellement au Christ peut participer dignement à son Corps
eucharistique: dans le cas contraire, manger sa chair et boire son sang
ne serait pas un bienfait, mais une condamnation (cf. ibid. XXX, PL 133,
575). Tout cela nous invite à croire avec une force et une profondeur nouvelles
à la vérité de la présence du Seigneur. La présence du Créateur parmi nous, qui
se remet entre nos mains et nous transforme comme il transforme le pain et le
vin, transforme ainsi le monde.
Saint Odon a été un véritable
guide spirituel tant pour les moines que pour les fidèles de son temps. Devant
"le grand nombre des vices" répandus dans la société, le remède qu'il
proposait avec fermeté était celui d'un changement de vie radical, fondé sur
l'humilité, l'austérité, le détachement des choses éphémères et l'adhésion aux
choses éternelles (cf. Collationes, XXX, PL 133, 613). Malgré le
réalisme de son diagnostic sur la situation de son temps, Odon n'est pas tenté
par le pessimisme: "Nous ne disons pas cela - précise-t-il - pour
précipiter dans le désespoir ceux qui voudront se convertir. La miséricorde
divine est toujours disponible; elle attend l'heure de notre conversion" (ibid.:
PL 133, 563). Et il s'exclame: "O ineffables entrailles de la
piété divine! Dieu poursuit les fautes et protège toutefois les pécheurs"
(ibid., PL 133, 592). Soutenu par cette conviction, l'abbé de
Cluny aimait s'arrêter en contemplation devant la miséricorde du Christ, le
Sauveur, qu'il qualifiait de manière suggestive d'"amant des
hommes": "amator hominum Christus" (ibid.,
LIII: PL 133, 637). Jésus a pris sur lui les fléaux qui auraient
dû nous être réservés - observe-t-il - pour sauver ainsi la créature qui est
son œuvre et qu'il aime (cf. ibid.: PL 133, 638).
Ici apparaît un trait du saint
abbé presque caché à première vue sous la rigueur de son austérité de
réformateur: la profonde bonté de son âme. Il était austère, mais surtout
il était bon, un homme d'une grande bonté, une bonté qui provient du contact
avec la bonté divine. Odon, comme nous le disent ses contemporains, diffusait
autour de lui la joie dont il était empli. Son biographe atteste n'avoir jamais
entendu sortir de bouche d'homme "tant de douceur en paroles" (ibid.,
I, 17: PL 133, 31). Il avait l'habitude, rappelle son biographe,
d'inviter au chant les jeunes enfants qu'il rencontrait sur la route pour
ensuite leur faire quelque petit don, et il ajoute: "ses paroles
étaient pleines de joie..., son hilarité communiquait à notre cœur un joie
intime" (ibid., ii; 5: PL 133, 63). De cette manière,
le vigoureux et aimable abbé médiéval, passionné de réforme, à travers une
action incisive alimentait chez les moines, comme aussi chez les fidèles laïcs
de son temps, l'intention de progresser d'un pas vif sur le chemin de la
perfection chrétienne.
Nous voulons espérer que sa
bonté, la joie qui provient de la foi, unies à l'austérité et à l'opposition
aux vices du monde, toucheront aussi notre cœur, afin que nous aussi puissions
trouver la source de la joie qui jaillit de la bonté de Dieu.
* * *
J’accueille avec joie les
pèlerins francophones. Je salue particulièrement les séminaristes de Brugge, en
Belgique, et leurs accompagnateurs ainsi que les nombreux pèlerins du diocèse
de Kaolack, au Sénégal, avec leur Evêque Mgr Ndiaye. Puissiez-vous tous suivre
généreusement le Christ chaque jour. Que Dieu vous bénisse!
Hier, nous avons rappelé le 70
anniversaire du début de la deuxième guerre mondiale. Dans la mémoire des
peuples demeurent les tragédies humaines et l'absurdité de la guerre. Demandons
à Dieu que l'esprit du pardon, de la paix et de la réconciliation imprègne le
cœur des hommes. L'Europe et le monde d'aujourd'hui ont besoin d'un esprit de
communion. Construisons-la sur le Christ et sur l'Evangile, sur le fondement de
la charité et de la vérité. A vous ici présents, et à tous ceux qui contribuent
à édifier un climat de paix, je donne de tout cœur ma bénédiction.
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Odon de Cluny
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Sommaire
- 1 Biographie
- 1.1 Naissance miraculeuse et première éducation
- 1.2 Entrée dans les ordres
- 1.3 L'abbé d'Aurillac
- 1.4 L'abbé de Cluny
- 2 Un lettré brillant
- 3 Voir aussi
Biographie
Naissance miraculeuse et première éducation
Il nait vers 882, fils d'un Abbon2 et peut-être d'une certaine Ava ou Avigerne4. Il est issu d’une famille noble franque, très probablement aquitaine5. Quand il est conçu, sa mère est déjà d'un âge avancé, et considérée comme stérile (il est le premier enfant du couple). Sa mère meurt probablement en couches ou lorsqu'Odon est encore en bas-âge6. Son père Abbon est un personnage de haut-rang, d'une culture juridique exceptionnelle pour l'époque (il lit les Novelles de Justinien dans le texte, ce qui même actuellement est tout à fait exceptionnel7).Il est envoyé notamment à la cour du comte d’Anjou8, puis à celle du duc d’Aquitaine Guillaume Ier le Pieux2 pour y recevoir une éducation de chevalier en compagnie notamment de Ebles Manzer, il est à l'office de la vènerie et de l'oisellerie9[réf. obsolète] ; il apprit la musique et la dialectique à Paris, où il fut l’élève de l’évêque d’Auxerre Rémi, qui y enseignait le trivium et le quadrivium10. Il entre comme chanoine à l'abbaye Saint-Martin de Tours en 8992. Il entreprend l'étude de la grammaire et les pieuses pratiques à Tours (près du tombeau de saint Martin10[réf. obsolète]) où il devient grand-chantre, musicus[réf. nécessaire].
D'après la Vita sancti Odonis a Joanne monacho Italio, livre I, chapitres V, VI, VII, VIII, composée par un moine italien contemporain d'Odon, sa naissance et son enfance sont présentés de la sorte11[réf. obsolète] : « Il (son père) lui vint à la pensée de demander à Dieu, au nom de l'Enfantement de la Vierge, de lui accorder un fils ; et, en effet, par la ferveur de ses prières, il obtint de rendre la vie au sein déjà stérile de ma mère. Tel fut ainsi que mon père le racontait souvent, la cause de ma naissance. Un jour, au temps de mon enfance... il m'éleva entre ses bras... « Perle des prêtres, ô Martin, s'écria-t-il, reçois cet enfant sous ta garde. » »
Plus tard son père lui fit donner une éducation par un prêtre ; celui-ci raconta : « Je vis de mes propres yeux les princes de l'Église venir me réclamer cet enfant avec instance...pour le conduire avec nous dans les contrées d'Orient » ; ils promirent de venir le rechercher plus tard en le laissant pour le moment.
Entrée dans les ordres
En 899, Odon devint chanoine en présence de Foulque le Roux, qui lui donna une maison près l'abbaye et lui acheta une prébende canoniale12[réf. obsolète]. Dans un sermon fait en 940 après la remise en état de la basilique, Odon fait mention d'un incendie de celle-ci en 90313[travail inédit ?]. Certains ont lié cet incendie au siège de Tours par les Vikings.Il écrit un abrégé des Morales de Grégoire le Grand. Ne trouvant pas la vie de chanoine suffisamment sévère, ayant lu la règle de saint Benoît à Saint-Martin, il entre dans les ordres en 9122 et va à l’abbaye de Baume. Il reçut l'habit monastique des mains du premier abbé de Cluny Bernon.
L'abbé d'Aurillac
Il succède comme troisième abbé d'Aurillac à Jean, qui était de la parenté de son fondateur, saint Géraud dont il a écrit la vie à la demande de Turpin d'Aubusson, évêque de Limoges, qui l'ordonnera prêtre en 925. Odon recueillit tous les documents et tous les témoignages de ceux qui avaient connu Géraud, et étudia soigneusement la fondation et les statuts de l'abbaye qui avait servi de modèle à Cluny. Avec la Vie de saint Géraud d'Aurillac, il propose le premier modèle du chevalier chrétien, celui d'un puissant seigneur qui met sa force et ses richesses au service de la justice et de la paix. On ignore combien de temps il fut abbé d'Aurillac où il eut un coadjuteur du nom d'Arnulphe qui lui succéda en 926.L'abbé de Cluny
Choisi dans son testament par Bernon pour lui succéder comme deuxième abbé de Cluny, il entre en fonctions à sa mort en 9272.En 931 il obtient du pape Jean XI, que l'abbaye de Cluny ait la même immunité que l'abbaye d'Aurillac, comme chef d'ordre dépendant directement du Saint-Siège. Il y fait construire une église dédiée à Saint-Pierre, dite église de Saint-Pierre-le-Vieux. Il veille à pourvoir l’abbaye d’une bonne bibliothèque, d'une école et obtient le droit de battre monnaie14.
Sa réputation de sainteté attire de nombreux moines dans l'abbaye, et de nombreux ermites autour. Il est appelé pour réformer d’autres monastères, parmi lesquels ceux de Saint-Paul-hors-les-Murs à Rome, et de Saint-Augustin à Pavie.
Comme Bernon l’avait choisi pour lui succéder, il nomme son successeur, Aimar de Cluny.
Un lettré brillant
C'est Odon qui rassembla les premiers manuscrits de la bibliothèque de Cluny en rapportant des livres provenant de Saint-Martin de Tours15.Doué d’une éducation musicale, il écrit plusieurs ouvrages, dans laquelle il est le premier à nommer les notes (avec des lettres : le A pour le la, le B pour le si, usage conservé dans les pays germaniques et anglo-saxons), classe les mélodies et les sons, évoque l’organistrum, ancêtre de la Vièle.
Odon de Cluny a écrit :
- des Collationes, on lui attribue également le Dialogue sur la musique, et parfois la Musica Enchiriadis, ouvrages sur la musique ;
- une Occupatio, poésie épique sur le salut ;
- une Vie de saint Géraud d'Aurillac, qui décrit la vie militaire et la vie sainte du personnage, à la demande de Turpin de Limoges ;
- des épitomés, abrégés d'autres ouvrages religieux ;
- des Sermons, où il insiste sur l’autorité de la hiérarchie ecclésiastique et sur la chasteté ;
- une translatio, récit de la translation du corps de saint Martin de Tours en Bourgogne (cérémonie importante à l’époque).
Sources et bibliographie
- « Odon de Cluny », dans André René Le Paige, Dictionnaire topographique historique généalogique et bibliographique de la province du Maine, 1777 [détail de l’édition](Wikisource)
- Isabelle Rosé, Construire une société seigneuriale : itinéraire et ecclésiologie de l'abbé Odon de Cluny (fin du IXe-milieu du Xe siècle), Turnhout, Brepols, 2008, 732 p. (ISBN 978-2-503-51835-0)
Notes
- Jean Mabillon, Act. S. Ord. Bened. sæc. V, p. 212, Elogium Odonis, C. IV.
- Christian Lauranson-Rosaz, « Les origines d'Odon de Cluny [archive] », Cahiers de civilisation médiévale. 37e année (no 147), Juillet-septembre 1994. p. 255.
- Christian Lauranson-Rosaz,op. cit., p. 262
- Christian Lauranson-Rosaz,op. cit., p. 258 et 266
- Christian Lauranson-Rosaz,op. cit., p. 256-257
- Christian Lauranson-Rosaz,op. cit., p. 258
- Christian Lauranson-Rosaz,op. cit., p. 264
- J.-Henri Pignot, op. cit., p. 59
- J.-Henri Pignot, op. cit., p. 57
- M.P. Lorain, Essai historique sur l'abbaye de Cluny, Popelain libraire, Dijon, 1839, page 27
- J.-Henri Pignot, Histoire de l'Ordre de Cluny depuis la fondation de l'abbaye jusqu'à la mort de Pierre le Vénérable - Tome 1 - Paris/Autun - 1868, p. 53-54
- J.-Henri Pignot, op. cit., p. 60
- Sermo de combustione Basilicæ S. Martini
- Agnès Gerhards, L'abbaye de Cluny, éditions Complexe, 1992, (ISBN 2-87027-456-4), p.18
- Robert Delort, La France de l’an Mil, Seuil, Paris, 1990, (ISBN 2-02-011524-7), p. 253
Dernière
modification de cette page le 1 novembre 2016, à 17:13.
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