Thomas More naît à Londres, le 7 février 1478. Son père remplissait la fonction
de juge, dans la capitale. Thomas passa quelques unes de ses premières années
en qualité de page, au service du cardinal Morton, alors archevêque de
Cantorbéry et chancelier d'Angleterre. À l'âge de quatorze ans, il alla
étudier à Oxford où il fit de sérieuses études juridiques et donna des
conférences sur la Cité de Dieu,
de saint Augustin.
|
En 1501, Thomas More était reçu avocat et élu membre du Parlement trois
ans plus tard. Après quelques années de mariage, il perdit sa femme et demeura
seul avec ses quatre enfants : trois filles et un fils. Parce que ses enfants
étaient encore très jeunes, et qu'il était toujours absent de chez lui, par ses
affaires au tribunal et à la cour du roi, il se remaria tout de suite, avec une
veuve, au grand scandale de certains. En père vigilant, il veillait à ce que
Dieu restât le centre de la vie de ses enfants. Le soir, il récitait la prière
avec eux ; aux repas, une de ses filles lisait un passage de l'Écriture Sainte
et on discutait ensuite sur le texte en conversant gaiement. Jamais la science,
ni la vertu, ne prirent un visage austère dans sa demeure ; sa piété n'en était
cependant pas moins profonde. Thomas More entendait la messe tous les jours ;
en plus de ses prières du matin et du soir, il récitait les psaumes
quotidiennement.
Sa valeur le fit nommer Maître des Requêtes et conseiller privé du roi.
En 1529, Thomas More remplaça le défunt cardinal Wolsey dans la charge de Lord
chancelier. Celui qui n'avait jamais recherché les honneurs ni désiré une haute
situation se trouvait placé au sommet des dignités humaines. Les succès, pas
plus que les afflictions, n'eurent de prise sur sa force de caractère.
Lorsqu’Henri VIII voulut divorcer pour épouser Anne Boleyn et qu'il
prétendit, devant l'opposition formelle du pape, se proclamer chef de l'Église
d'Angleterre, Thomas More refusa de signer l'acte de suprématie. Dès lors, les
bonnes grâces du roi se changèrent en hostilité ouverte contre lui. Le roi le
renvoya sans aucune ressource, car Thomas versait au fur à mesure tous ses
revenus dans le sein des pauvres. Le jour où il apprit que ses granges avaient
été incendiées, il écrivit à sa femme de rendre grâces à Dieu pour cette
épreuve.
Le 13 avril 1534, l'ex-chancelier
fut invité à prononcer le serment qui reconnaissait Anne Boleyn comme épouse
légitime et rejetait l'autorité du pape. Thomas rejeta noblement toute espèce
de compromis avec sa conscience et refusa de donner son appui à l'adultère et
au schisme.
Après un second refus réitéré le 17 avril, on l'emprisonna à la Tour de
Londres. Il vécut dans le recueillement et la prière durant les quatorze mois
de son injuste incarcération. Comme il avait fait de toute sa vie une
préparation à l'éternité, la sérénité ne le quittait jamais. Il avoua bonnement
: « Il me semble que Dieu fait de
moi son jouet et qu'Il me berce. »
L'épreuve de la maladie s'ajouta bientôt à celle de la réclusion.
Devenu semblable à un squelette, il ne cessa cependant de travailler en
écrivant des traités moraux, un traité sur la Passion, et même de joyeuses
satires. L'intensité de sa prière conservait sa force d'âme : « Donne-moi Ta grâce, Dieu bon,
pour que je compte pour rien le monde et fixe mon esprit sur Toi. »
Il disait à sa chère fille Marguerite : « Si je sens la frayeur sur le point de me vaincre,
je me rappellerai comment un souffle de vent faillit faire faire naufrage à
Pierre parce que sa foi avait faibli. Je ferai donc comme lui, j'appellerai le
Christ à mon secours. »
On accusa Thomas More de haute trahison parce qu'il niait la suprématie
spirituelle du roi. Lorsque le simulacre de jugement qui le condamnait à être
décapité fut terminé, le courageux confesseur de la foi n'eut que des paroles
de réconfort pour tous ceux qui pleuraient sa mort imminente et injuste. À la
foule des spectateurs, il demanda de prier pour lui et de porter témoignage
qu'il mourait dans la foi et pour la foi de la Sainte Église catholique. Sir
Kingston, connu pour son cœur impitoyable, lui fit ses adieux en sanglotant. Il
récita pieusement le Miserere au pied de l'échafaud. Il demanda de l'aide pour
monter sur l'échafaud : « Pour la descente, ajouta-t-il avec humour, je m'en
tirerai bien tout seul. » Il embrassa son bourreau : « Courage, mon brave,
n'aie pas peur, mais comme j'ai le cou très court, attention ! Il y va de ton
honneur. » Il se banda les yeux et se plaça lui-même sur la planche.
Thomas More
a été béatifié le 29 décembre 1886, par Léon XIII (Vincenzo
Gioacchino Pecci, 1878-1903), et canonisé le 19 mai
1935, par Pie XI (Ambrogio
Damiano Ratti, 1922-1939).
Tiré et corrigé de : Frères des Écoles Chrétiennes, Vies des Saints, Edition 1932, p. 234-235
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire