Prier… pleine matinée, plein travail et ailleurs que
chez nous. La halte-Dieu, la vérité-source. Deux dimensions dans l’histoire et
la vie d’Abraham qui sont sans doute le sens de cette parabole « en
vrai ». Dans la relation de l’homme à Dieu, le temps n’existe pas, tout au
plus est-il la distance entre la promesse et sa réalisation. Mais celles-ci, en
Dieu, ne sont qu’un seul et même événement, un don. Notre foi anticipe,
l’avenir fait écho au passé qu’il transcrit. Et l’autre remarque, capitale et
pratique pour notre époque, marquée au moins en « Occident » par
cette inextinguible question de Palestine (improprement appelée conflit
israëlo-aabe). Il y eut des disputes
entre les bergers d’Abram et ceux de Loth. Les Cananéens et les Perizzites
habitaient aussi le pays… Tout le pays que tu vois, je te le donnerai… je
rendrai nombreuse ta descendance…[1] Le Christ au contraire
– Nouveau Testament et Incarnation – ne parle qu’au présent, la porte
étroite (GIDE et l’amour, je vous
dirai comment cette interrogation s’empara de toute ma vie…le drame d’Alissa). Elle est grande, la porte, il est large le
chemin qui conduit à la perdition ; et ils sont nombreux, ceux qui s’y
engagent. Mais elle est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui
conduit à la vie ; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent. La porte de la perdition n’est pas à
chercher, elle est là immédiate et spacieuse. Celle de la vie est à trouver. La
consigne est donnée. Entrez par la porte étroit. Les deux portes pour
déboucher dans un même espace ? l’éternité, mais « vécue » différemment ?
Conseils d’usage des biens : ce qui est sacré… vos perles… gaspillage, danger même. Aucune
prédestination, pas non plus d’intervention divine , toujours la loi
simple de réciprocité. Tout ce que vous voudriez que les autres fassent
pour vous, faites-le pour eux, vous aussi.
Thème de réflexion autant qu’examen de conscience : qu’est-ce que je
souhaite que les autres fassent pour moi ? et que fais-je pour eux ?
correspondance ? Nomade jusques-là, Abram semble se fixer et alla
s’établir aux chênes de Mambré, près d’Hébron. Mouvement et établissement. Docilité d’Abram, qui cède le pas et le
premier choix à Loth. L’ambiance dans
les conseils de Jésus à ses disciples, celle dans laquelle se meut
Abraham sont la même : la paix, mais une paix voulue, organisée. – Je
travaille sur ma chère Mauritanie, le moment de ka guerre des Six Jours et ces
temps-ci, images télévisées, Syndagma à Athènes, l’Ukraine et la Palestine
apparemment au silence, les stratégies à long terme de POUTINE et de
NETTANYAHOU, le commentaire journalistique de celui qui nous représente
constitutionnellement, le peu d’écho de l’encyclique « franciscaine »
et du cantique des créatures, le secret des discussions sur l’accueil européen
des naufragés de notre époque, gens de l’Est et gens du Sud, irruption d’autres
moments de l’évolution politique et démocratique dans le nôtre, la porte
étroite du bonheur et de la vie, les vannes du malheur. Et notre si cher chien,
la mort prochaine sauf étonnant miracle, ma femme aimée le câlinant, le rafraichissant,
le déplaçant, organisant l’ombre, l’eau. Les derniers jours d’école primaire
pour notre fille (et pour nous jusqu’à la génération suivante…), la page
tournée maintenant, la hâte d’en vraiment finir, alors que la rentrée avait été
de tristesse, de regret. Mais aucune peur de l’inconnu, et par saillies
l’énoncé lapidaire de projets d’avenir, de projets d’indépendance… sans
référence ni au mariage, ni aux parents, solitude et abstraction, nullement
projetées. Chance de ces deux psychologies chaque jour m’entourant, celle de
Dieu, celle de notre enfant tandis qu’épreuves ou calme, se joignent nos mains
fraternelles, d’épouse et d’époux, ma chère femme et moi. Eté, tempête et
rassemblement du vieillissement, le temps, l’âge, les apparences et cette réalité
de nous-mêmes que (heureusement) nous ne savons ni dire, ni nous dire. A cet
instant de ce jour et de ma vie, comme j’aimerais, avec ma femme et notre
fille, être à taper les piquets devant la chênaie de Mambré et faire partie du
cercle écoutant et regardant Jésus, paroles et gestes simples, les deux
Testaments, les deux temps de l’Alliance, le troisième se vit par notre mort à
laquelle nous prépare celle de nos aimés, chaleur et fraicheur de toute chair
ressuscitée, raideur et glace méconnaissables de celles et ceux qui nous
quittent, nous laissent selon toute apparence, celle des tombes et du sol à
ouvrir puis refermer, et pourtant restent, demeurent et surtout nous gardent en
eux, nous préparent places et suite. J’y crois fermement et depuis si longtemps,
alors que j’en approche chaque jour, chaque nuit, miroir pour mon visage, thème
horloger de ma pensée, souci pour mes aimées. Prier… Mambré, la porte étroite.
Jésus, les disciples, Abram, les siens, nous… Amen.
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