Samedi 13 Juin 2015
Prier… la
présence et l’action de l’Esprit Saint dans nos vies n’est extraordinaire que
par leur mariage avec notre liberté et par la grâce qui nous est donnée de
consentir à cet accompagnement intime de notre conscience. Alors, notre
liberté, notre personnalité sont de parfaites servantes du dessein de Dieu. Je
l’éprouve puis le comprends ce matin après une relative insomnie en milieu de
nuit sans cafard ni bonheur, mais physiquement désagréable, puis un éveil dans
la conscience d’une impasse totale, notamment pour tout ce que j’ai à écrire,
ce dont j’ai à témoigner autant que pour ces devoirs-plaisirs dont j’ai la
perspective : débroussailler, m’approprier l’environnement de nos maisons
et donner à la nature son plein éclat par un peu d’ordre et beaucoup de soins
réguliers… lire et relire les livres de ma mère… lire et relire ce qui m’a plu
et porté ces quarante ans en littérature, surtout entre mes vingt et
quarante-cinquante ans. – Trouver la bonne voie à propos de Joseph FADELLE, la
développer chez son interprète et en écrivant à l’évêque Que cette expérience dramatique
de sa conversion et de sa vie lui fasse comprendre que sa vocation n’est pas de
porter la torche contre l’Islam mais bien de servir de pont entre les fidèles
des deux religions, et de désigner d’expérience les points qui brûlent en Islam
tout en faisant comprendre aux chrétiens les points analogues. Que ce soit un
homme de compréhension et de recherche mutuelles, et non un vecteur belligène ainsi
qu’il s’est manifesté avant-hier : rude tâche, y parvenir par l’Esprit Saint.
– Déverrouiller mon « tapir » tous ces empêchements mentaux et psychiques
en lui pour simplement apprendre à apprendre, jouir d’apprendre et probablement
même jouir de la vie : son aveu terrible, n’avoir jamais lu une page ou un
livre qui lui fassent réellement plaisir et sa lacune étonnante, une « petite
amie » (actuellement en 3ème, donc quinze ou seize ans), probablement
sa maîtresse, même à l’occasion d’une dissertation sur le sentiment amoureux (un
« corpus » comme il est bien maladroitement dit dans les programmes et
les propositions de sujets composé de Victor HUGO, ARAGON et Jules ROY), il est
incapable de la moindre évocation de l’éclosion et de la joie en amour… C’est
une façon de psychothérapie mais aussi une bataille contre une partie de lui-même,
un découragement avoué seulement en baillements et une forme d’abandon de toute
organisation de ses papiers, de ses prises de notes, de sa messagerie et de sa
mémoire informatique, qu’il me faut lui donner sans compétence ni élan de mon côté
que de relever ce défi vraiment personnel… la dyslexie d’un côté, et de l’autre
le soutien scolaire en français, en
histoire, géographie, l’an prochain en philosophie, sont les apparences du
dialogue. Je crois qu’il y a un affrontement à accepter avec un handicap que je
crois surmontable par la persévérance, la foi et une certaine conversion, la
conversion au possible… – Mes travaux divers,
pas même Sisyphe puisque je ne roule pas encore le rocher… parvenir à entrer en
édition et de là négocier de la « force de frappe », du secrétariat pour
numériser les documents que je veux faire publier (la Mauritanie et les archives
diplomatiques ou de la période coloniale comme un élément décisif pour la mémoire
nationale et l’organisation mentale, l’objurgation politique par le rappel des
fondations de ce pays encore à naître puisque les dictatures de la corruption et
de l’obscurantisme sont un avortement à « petit feu »).
Prier… je
connais « évidemment » le Magnificat
[1], aussi le cantique d’Anne, mais je ne
me souvenais plus des versets d’Isaïe : je tressaille de joie dans le
Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. Car il m’a enveloppé du manteau de l’innocence,
il m’a fait revêtir les vêtements du salut… tous ceux qui la verront reconnaîtront
en elle une descendance bénie par le Seigneur. [2] Pour ceux, dont moi si souvent, qui seraient
tentés de mettre Marie, la théotokos, un peu au second rang ou de la
contempler, certes en première des chrétiennes en chronologie comme en qualité
de foi et de persévérance, mais quand même très déduite des textes plus que
rapportée par ceux-ci, la réponse est là aujourd’hui dans cette mémoire du Cœur
immaculé de Marie. L’Ancien Testament est aussi « rempli » du Christ
que de la Vierge (ce mot de JL : la chose de toute la Bible, c’est le
Christ – et à réfléchir à ce mot de mon si cher Jean LAPLACE SJ, le Christ plus
encore dans l’Ancien Testament que dans les évangiles et les actes, même si ce
semble paradoxal). Isaïe y ajoute la dimension nuptiale chère au Christ des
paraboles, n’a-t-il pas commencé sa vie publique par le banquet de Cana auquel
il n’est d’ailleurs invité que du fait de sa Mère. Dimension qui rapporte
aussitôt à l’Eglise, rappel de la Marie et symbole vivant, contemporain de l’ensemble
de l’humanité, et par elle de la création et du vivant. Il m’a fait revêtir
les vêtements du salut comme un jeune époux se pare du diadème, comme une
mariée met ses bijoux… Cette fonction
spirituellement et ontologiquement décisive, pas plus que la grâce insigne d’une
proximité physique d’exception avec le Sauveur, ne donne à Marie, jeune fille
de Nazareth une compréhension de son Fils à la mesure des événements. Si elle
ne comprend pas, elle reçoit et elle médite : les bergers les visitant, quant
à Marie, elle conservait avec soin tous ces souvenirs et les méditait dans son cœur…
son père et sa mère étaient dans l’émerveillement de ce qui se disait de lui…
mais eux ne comprirent pas la parole qu’il venait de leur dire… et sa mère
gardait fidèlement tous ces souvenirs en son cœur. [3] L’incompréhensible humainement l’est pour
les parents de Jésus et au Temple, les prophéties dont l’Enfant est le sujet. De
parole de Celui-ci – la première en chronologie que nous rapportent les
évangélistes – que relativement à son Père. Or, Marie-elle-même, sa mère vient
de s’adresser à lui, au nom de Joseph autant qu’au sien propre : vois
comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi ! Jésus
n’a pas une attitude de sentiments ou d’affection, mais de vérité, autant
divine qu’humaine. C’est chez mon Père que je dois être, ne le saviez-vous
pas ? … Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth, et il leur était
soumis. La tension et le ressort de nos vies, dans le
plus banal et quotidien, comme dans la détresse des tempêtes de l’esprit et de
l’affection, sont cela : toute l’exigence, toute la vérité de Dieu en nous
sont exprimées en paraboles et en langage d’homme, de femme, d’enfant, de
vieillard, humainement. Le divin a toute sa force dans l’humain, Dieu en nous
et nous en prière et en attente que son règne arrive. La confiance est un redoublement d’ambition autant qu’un signe probant
de notre foi, ambition justifiée par son accompagnement spirituel, son
assurance spirituelle, foi reçue et pourtant bouquet et floraison de notre
liberté, du plus vif et intime de nous-mêmes.
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