avertissement
- Ces lignes du matin, depuis des années, sont intimistes,
ce qui ne m'appartient pas entièrement, je le reconnais (les
miens, les autres y sont présents, convoqués) mais elles
sont données parce qu'elles témoignent d'une dialectique qui,
c'est certain, n'est pas mon fait. La prière du matin, par
les textes de la liturgie catholique quotidienne, prend ce
que je dépose, souvent épuisé ou en larmes, au pied du divin
autel. Elle n'en fait pas un feu de joie, elle en tire toute
la raison de prier, de me confier et donc de repartir, de
continuer. Moins je dissimule détresse et " passages à vide
", plus je crois témoigner de la réplique de Dieu en nos
vies. D'expérience de presque tout mon âge, le vertige ne me
vient jamais des rives de la mort, mais immanquablement du
succès quand il m'arrive (rarement : heureusement ?) d'en
avoir. Dieu vient dans notre pauvreté. Je dis la mienne sans
pudeur, comme je confesse - mais plus allusivement - mes
excitations et emballements, ou des joies souvenues ou que
je vis. Dire et voir sa propre dépression, c'est - je l'ai
souvent vérifié depuis vingt ans - désigner pour soi qui
l'inspire, et donc le vaincre. Grâce à Dieu, grâce à la vie
en elle-même, grâce aux ressorts qu'animent en nous l'Esprit
Saint et/ou la ressemblance qui nous a, nativement, été
donnée. Se voir gisant, c'est appeler aux armes et les
recevoir.
Textes
d'aujourd'hui, le sel affadi est jeté, la lumière si elle
est, a une fécondité spirituelle étonnante.
08
heures 18 + Prier… l’expérience de la mort nous est donnée
dans la vie, et par
la vie. L’expérience de l’inertie quand tout devient effort et
effort
insurmontable, la conscience se perd même de l’instant suivant
qui pourrait, en
fécondité, dépendre de nous. Je n’arrive pas à le décrire, je
le vis. Hier, j’ai
aussi vécu l’addiction de l’instant, autre pente mortifère.
Plus de deux heures
à organiser des photos et portraits de BB, alors que j’ai tant
à faire –
matériellement, débroussaillage, aspiration et dépoussiérage
des tapis,
rangements, et en écriture : note politique (11 Janvier au 7
Juin :
le grand manque), mise au net diverses, présentation de
plusieurs manuscrits
mauritaniens et attaque de cet écrit dont je ne sais si j’en
attend beaucoup ou
si le seul fait de le produire me fera du bien… Inertie telle
que depuis huit
jours, j’ai à aller au
bistrot d’en
face organiser le dîner
familial pour la
fin du cycle primaire (cinq familles sur trente, encore
davantage de prétextes
que dans les paraboles messianiques du banquet), et je n’y
vais pas.
Notre
chien, que j’ai accidenté hier, la patte prise dans le virage
de la voiture,
son mauvais état général et surtout celui des hanches depuis
des mois… le voici incapable de se
mettre debout depuis vingt-quatre heures. Ma chère femme pour
qui nos chiens…
Notre
pays, lui aussi grabataire. Du congrès socialiste, rien n’est
retenu que l’escapade
berlinoise du Premier ministre qui devait en être le zélateur
constant !
pour aller conférer avec PLATINI… et une « tribune » dans le
JDD de
MONTEBOURG, la stérilité faite ministre pendant sa période
gouvernementale :
Florange et Alstom, le protestataire vissé sur son siège
d’importance, auquel s’est
joint PIGASSE, de la combinaison « capitalistique » ayant
censément
sauvé Le Monde. Lui, l’ancien ministre côté gauche comme SARKOZY,
l’ancien président
hyperactif, incapables tous deux de produire un livre de bilan
et de
proposition. L’empêchement français et la dilapidation de
notre patrimoine
matériel et de nos avances politiques ont maintenant une cause
bien repérée :
le mode actuel d’exercice de la fonction présidentielle. Une
omnipotence, une
impunité engendrant le vide de la conscience jusqu’au cynisme
et à l’immoralité.
Forme seconde du recel de ces fonctions, la première ayant été
le sans-gêne, un
mot vrai et dur me manque, qui aura caractérisé le quinquennat
précédent. Comment
va se rompre le cercle vicieux ? Sans doute à force de tourner
à vide sans
prise ni sur la conjoncture ni sur les esprits, faute de la
moindre
perspective, de la moindre vue d’ensemble tandis que se
dépenaille l’outil du
bien commun, l’Etat, dont les derniers attributs seront
certainement d’ici peu
sous-traités à la manière de la SNCF qui fonctionne en louant
des autocars :
la fiscalité, le maintien de l’ordre. Ce n’est plus même
triste. Les sables
mouvants du Mont-Saint-Michel mais sans voir « la merveille ».
Prier…
la lumière du monde… le constat avec un don certain de la
formule et de la
proximité vis-à-vis des gens et des événements… le pape actuel
à Sérajevo, le
climat de guerre,
expression qui a retenu l’unanimité de la presse mondiale,
bien plus que le
communiqué probablement « fleuve » du G7.
09
heures 09 + Je suis et me sens désemparé. Je sens ma chère
femme souffrir de
tout, en fait souffrir de la vie et particulièrement de la
nôtre : but et
perspectives ? Seule, notre fille est pour le moment intacte
en goût et en
joie de vivre.
Prier…
que ta promesse assure
mes pas :
qu’aucun mal ne triomphe de moi ! Pour ton serviteur que ton
visage s’illumine,
apprends-moi tes commandements. [1] Je pense que s’arrêter de
vivre, de vouloir
vivre, c’est par absence, par perte de foi en soi et en Dieu,
les deux se
tiennent et font le goût et l’énergie de vivre ou leur
absence. Jésus réplique :
non pas une situation (dépréciation, dépression, impasse,
vieillissement ou…
jeunesse démunie, solitaire), mais un rôle et une mission. Vous
êtes le sel
de la terre… Vous êtes la lumière du monde. Certainement
pas par eux-mêmes, ces disciples apeurés, comprenant mal et
embarqués dans l’inconnu,
par l’inconnu. La relation double : la responsabilité
vis-à-vis des autres,
le rapport à Dieu de chacun et des autres à Dieu grâce à
chacun. Paul l’explicite
pour ses ouailles : celui qui nous rend solides pour le
Christ dans
nos relations avec vous, celui qui a consacrés, c’est Dieu ; il
nous a
marqués de son sceau, et il a mis dans nos cœurs l’Esprit,
première avance sur
ses dons. Ce que je lis,
des millions de
femmes, d’hommes, de tous âges et conditions, à travers ce
monde-ci et aujourd’hui
le lisent aussi ou le liront ou viennent de le méditer. Déchiffrer ta parole
illumine, et les
simples comprennent. Aboutissement,
le fiat, le oui (cf. Amédée de Bricquebec).
Restent
la foi et l’espérance. Mon vénérable beau-père, presque
vingt-cinq
ans handicapé moteur, dont les quinze dernières
progressivement du fauteuil au
grabat… mais jamais déprimé, et souvent le sourire, l’éclair
du regard. Reste l’amour,
sauvegarde vraie contre l’envie de finir, nourriture quotidienne.
Silence des prières
millénaires et enseignées, transmises. Dieu nous les donnent
en détail et
fermement. Foi, espérance, amour, charité, silence, prière. Le
présent est une
anticipation.
[1]
- 2ème lettre de Paul aux Corinthiens I 18 à
22 ; psaume
CXIX ; évangile saint Matthieu V 13 à 16
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