Cafard intense, le temps, le temps
de chaque jour que
je ne maîtrise plus, le temps de ma vie qui me paraît si
réduit à la fois parce
que je n’en fais « rien » et parce que j’ai vieilli, ce qui
est plus
cafardant que le processus : le constat. La mort ces jours
ou heures-ci de
notre chien : avoir à l’euthanasier, enchaînement de ces
quinze jours. Echec de soi par rapport à soi,
échec de notre pays par rapport à lui-même. Par rapport à
des projets, à des
ambitions, par rapport à une image, à un passé, à des
possibilités ? Protéger les miens de moi-même et de toute
contagion, n'apporter que de l'apport.
Prier… je
reconnais devant toi le prodige, l’être étonnant que je suis.
Etonnantes sont
tes œuvres, toute mon âme le sait. La
liturgie de ce jour me prend à rebours [1].
Le prodigieux est que
je sois, que nous soyons devant Dieu, qu’il y ait Dieu. A ne
confondre avec
personne ni avec quoi que ce soit, avec la fatalité, avec la
mort, avec la
chance, avec selon certaines cultures ou certains
totalitarisme, quelqu’un
d’autre… [2]
Ce que vous pensez
que je suis, je ne le suis pas. Jean
Baptiste… son culte dans certaines croyances ou cultures,
nos arrangements
actuels et des publications, car le gisement est riche, sauf
spirituellement (Da
Vinci code). Oui, j’ai de
la valeur aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma
force. Je n’en suis pas
ou plus là. Ce qui me
console n’est pas cette prédilection particulière, mais
l’espérance que nous
soyons tous sauvés. Lumière des nations, pour
que mon salut
parvienne jusqu’aux extrêmités de la terre… c’est à nous que
la parole du salut
a été envoyée. C’est le
« collectif »
qui me passionne, m’attriste, m’effondre mais que je
souhaite tant. Moi ?
dans le lot, et avec toutes celles, tous ceux que j’aime ou
qui m’aime.
« Que sera donc cet enfant ? ». En effet, la main du
Seigneur
était avec lui. L’enfant grandissait et son esprit se
fortifiait. Jean… puis
Jésus… à la manière de Dieu, chaque enfant. L’enfant qui
nous transforme et
nous attache à la vie. Pas de plus beau, de plus fort, ni de
plus impérieux
dans la psychologie du vivant que la responsabilité.
Nullement au sens des
politiques d’aujourd’hui qui – affirmant prendre leurs
responsabilités – ne
revendiquent que l’exclusivité, le recel de la prise de
décision, sans aucune
sanction, sans aucun compte-rendu critique, sans risque
d’avoir à obtenir
quitus… Non, la responsabilité qui lie et relie et qui fait
la chaîne humaine,
le « portage » mutuel, la magnificence affective et
spirituelle du
vivant. Responsabilité qui confirme notre ressemblance à
Dieu. Prendre soin de
ce qui nous est donné. Et Dieu prenant soin de Sa création,
de Sa créature. Il
y a ces moments, comme maintenant, comme dans le parcours
d’Isaïe : je
me suis fatigué pour rien, c’est pour le néant, c’est en pure
perte que j’ai
usé mes forces. Il y a
la connaissance
que Dieu a de nous, Lui seul peut juger, jauger et évaluer,
ce qui est
d’ailleurs secondaire puisqu’Il sauve : tu me scrutes,
Seigneur, et tu
sais. Sauve-moi,
sauve-nous. Apprends-moi
à vivre. Mourir, nous savons tous… C’est
parce qu’il y a la mort qu’il faut la solidarité, dans le
champ entier de nos
vies et pour tout le vivant.
[1]
- Isaïe XLIX 1 à 6 ; psaume CXXXIX ; Actes des
Apôtres XIII 22 à
26 ; évangile selon saint Luc I 57 à 80 passim
[2]
- deux livres
singuliers, achetés avant-hier, et sans compter Michel
ONFRAY, pourtant célèbre
pour une rectitude et une liberté lui donnant de faire
école : Une fois
sans morale ou une
religion sans
morale,
cela ne me revient plus…
Symcha JACOBOVICI
& Barbie WILSON, L’Evangile
oublié . le texte qui révèle mariage de Jésus et de
Marie-Madeleine (Michel Lafon éd. Avril 2015 .
461 pages)
Régis DRBRAY, Dieu, un itinéraire (Odile Jacob .
Avril 2015 . 410 pages)
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