03 heures 05
+ Un dépaysement complet. Retour de la rue de Rennes… et ambiance chez ma
chère cousine : Ivry, sensation familiale. Elle me reçoit, elle et son
mari, notre connaissance mutuelle suffisante pour des conversations et des
repas vraiment tranquilles et sans aspérités. Je ne vis plus cela qu’avec mon
cher aîné, pas avec mes autres sœurs et frères… le silence de tous sauf une
nièce et une petite-nièce « répondant » à mon évocation ultra-sobre,
dimanche : le mariage de nos parents, il y a quatre-vingt-cinq ans et une
descendance de presque cent… Rien maintenant ? Notre dîner de
promotion : Franklin 1960, petit-moyen-grand collège…, j’en étais fatigué
d’avance, tellement nous avions communiqué depuis Mai et ce dernier mois. Il a
tourné tout autrement, une grâce spéciale sur nous tous. Ambiance très communauté
et chaleureuse, force de nos bases communes, quoique si lointaine dans le temps
de notre vie à chacun, de nos parcours sociaux, mais probablement une autre
perception des rythmes biologiques, des années et une force du passé devenant
réalité très présente, motivante et unifiante. Des sympathies fortes et
ré-éprouvées, des conversations particulières qui m’ont passionné et vraiment
rejoint, et de véritables découvertes surtout quand le visage d’enfance ne
m’avait pas retenu : voici une nouvelle naissance en relation et en
amitié. Facilité de tous les abords..
Des moments
d’intimité. Les égards de Xavier C. et les rappels de nos prédilections par
Pierre S. : ils m’ont chacun ému. Avec Alain de V sur ma déprime matinale
telle que l’attestent mes envois, avec Bernard de L. sur le point du legs reçu.
Je le redécouvrais, il m’a rappelé notre voisinage de pupitre : le
religieux, son pélerinage à à Assise, 1500 kms à pied avec un ami, il y a peu,
à ses 74 ans, témoignage manifeste pour ses enfants s’interrogeant
explicitement sur lui. Constat quant à moi que mon vœu – exaucé :
Marguerite de mon sang et dans l’amour mutuel – je ne l’ai pas accompli en
réponse et remerciement. Honte à moi… que de leçons de vie, de comportement,
d’organisation, de prévoyance et de prudence me donnent ainsi mes camarades
d’enfance. Les couples tels qu’on les pressent. Ceux dont la femme a accepté de
les accompagner étaient à observer, on sentait des fiertés mutuelles, des
harmonies ou des déséquilibres, parfois une domination, mais l’ensemble m’a
semblé progressivement former une véritable œuvre vivante : notre
promotion a quelque chose de plus charnel, affectueux que mental. La
présentation des T., les tables, les agencements incitant à se déplacer et se
recomposer pour des diversités commensales et de conversation, le buffet
excellent, délicieux, le service (inévitablement ?) fait par la partie
féminine de notre assemblée, une lumière très sereine, beige, sans coins
d’ombre. Progressivement, ce que je vis, rumine et subis en paysages
intérieurs, en oppression personnelle, en déni intime de mes capacités selon
les projets que je me donnais encore ces jours-ci avec conviction, tout s’est
dissous dans une sorte d’affectueuse et tendre fraternité. Nous n’avions pas
vécu cela, cette montée en ambiance à nos précédentes réunions. Enfin, une
gratification pas accessoire : j’ai été fêté par mes camarades, comme si
mes relances courriel et mes échanges avec la maîtresse de maison avaient été
décisifs. Succès putatif et intérêt général pour ma chère femme et notre
trésor.
Prier… [1] venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Souveraineté étonnante de la part d’un errant, d’un pauvre et qui, humainement, habité qu’il est par Sa mission et le redoutable parcours que celle-ci lui impose, doit forcément vivre des moments intimes très difficiles. Sans compter cette guerre acharnée que lui livrent – provocations et médisances – les hiérarchies du temps, censément spirituelles. Un homme qui se donne tant de fatigue, qui prie la nuit, se lève tôt et qui a une empathie telle qu’il propose à l’ensemble de ceux qui viennent à Lui ou qu’Il rencontre la « recette » du repos : vivre Sa propre vie (à terme, vivre de Sa vie-même). Maître de vie intérieure mais au sens aussi le plus concret. Le fardeau de la condition humaine, Il le connaît et Il le ressent à chacune et chacun de ceux qu’Il est venu sauver. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples car je suis doux et humble de cœur . L’apaisement, tandis qu’à d’autres moments, c’est de prendre la croix, de la porter et de Le suivre. Vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. Ni une ascèse, ni un poids, ni une morale, aucune abstraction. Il s’agit bien d’une relation, la relation à Dieu nous établit intérieurement dans la foi, la confiance et l’abandon (testament de l’Abbé LE QUELLEC qui me baptisa). Le Christ et son anticipation, y compris psychologique, par les prophètes : il ne se fatigue pas, ne se lasse pas… il rend des forces à l’homme fatigué, il augmente la vigueur de celui qui est faible. De fait, mon expérience intime. Il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse. Ce sont mes besoins et ma foi, c’est aussi ce que je vis et constate.
[1]
- Isaïe XL
25 à 31 ; psaume CIII ; évangile selon saint Matthieu XI 28 à 30
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire