Noël - vendredi 25 Décembre 2015
Hier, la ferveur reçue comme un manteau, comme
un univers dans lequel je me meus naturellement et que je retrouve, une
matrice. A genoux dans l’église de Theix . . . le sacrement si riche qu’on ne
sait plus le nommer : réconciliation ? miséricorde ?
pénitence ? confession ? hier matin, ainsi aux côtés de notre fille
qui mieux que moi sait depuis quand nous ne nous sommes pas confessés. – Les
désespoirs, la nudité affolante et qui terrasse : les chagrins à Noël par
manque de celles et ceux que nous aimons, qui nous ont quittés. Ce matin, la
nuit encore avant le jour, les cadeaux cette nuit de notre fille qui « ne
croit plus au Père Noël », nous lui disions, je lui disais qu’il était
mandaté par l’Enfant-Jésus. Délicatesse, chaleur intense de ces trouvailles de
cadeaux. Comme nous l’aimons et comme elle nous aime. Notre hôte enfin, que
nous intégrons dans notre famille, dans notre fratrie. Avant-hier, téléphone de
mon cher aîné, le dernier déjeuner de Noël, , ses enfants, vingt-six couvertsdans la maison de presque toute la
durée de sa vie conjugale : le courage de partir, d’aller ailleurs, de
sécuriser les années encore à venir… j’admire. Nous échangeons sur la volonté
d’amnésie de la génération qui nous suit et même de certains de nos sœurs et
frères, mais il s’éclaire de voix, je l’ai profondément ressenti, quand je l’assure
que dans une ou deux générations après nous, le goût, la volonté des racines et
des retrouvailles germera et éclora de nouveau. Alors, nos archives, nos
récits, nos confidences dont je me sens en partie chargé de les écrire et
consigner seront avidemment et tendrement ré-ouverts. Même réaction du gendre
d’amis, travaillant à Bruxelles : l’Europe honnie par les peuples qui la
composent séculairement ressuscitera, reviendra au cœur et dans les
perspectives, les espérances de tous. Noël cette nuit et la geste franciscaine
du fameux loup de Gubbio à la première crèche vivante. Lassitude de notre
recteur, ses soixante ans sans promotion qu’intimement la grâce de son
sacerdoce que je ne peux que savoir mais dont il ne s’ouvre pas, en tout cas en
moi. Pudeur ou ?... je ne sais : l’amitié dans la différence d’état
de vie et de parcours, ma proposition ne l’atteint pas jusqu’à présent.
Nous allons
déjeuner tous les quatre à la maison de retraite diocésaine, Saint-Joachim,
entourer notre cher Denis. Exemple dont je me réjouis par avance : la
piété de ces prêtres âgés et pour la plupart handicapés, mais concélébrant et
priant, plus ou moins conscients ou endormis. Noël… Noël… avec cette
coincidence entre les deux naissances : Jésus, Fils de Dieu, et un génie
spirituel et littéraire que la chrétienté ne sut pas catéchiser… l’Islam et
nous, notre entente pour convertir Israël et constituer ensemble, tous
ensemble cette autorité morale dont le monde, notre époque ont besoin. Prier…
Noël… et nous, espérance malgré vieillesse, pauvreté, encombrement et
dénuement. Des oiseaux commencent de chanter, le ciel est devenu gris, mais
encore foncé et le vent s’est tu. Suspens de l’humanité au changement de sa
destinée. Voici la rédemption, puisque voici le Rédempteur. Tous les lointains de la terre ont vu le salut de
notre Dieu… Eclatez en cris de joie, ruines de Jérusalem, car le Seigneur
console son peuple, il rachète Jérusalem ! [1] Ecoutez la voix des
guetteurs : ils élèvent la voix, tous ensemble ils crient de joie, car, de
leurs propres yeux, ils voient le Seigneur qui revient de Sion. La shoah, la folie hitlérienne, ce n’est pas
l’antisémitisme et la réduction entreprise d’un peuple au néant d’une destruction,
d’une éradication totales, c’est – je le découvre soudain et ce me paraît essentiel
– la tentative aussi, la tentation de détruire « à jamais » une mémoire
humaine, collective, commune qui s’est appelée l’Ancien Testament dès qu’est apparu
et a été contagieusement prêché le Nouveau. Or, il n’y a qu’un Testament, qu’une
seule Alliance, qu’un seul Dieu. La shoah dont l’Israël politique et étatisé d’aujourd’hui
ne sait plus ou ne sait pas encore cette signification morale-là. Ils voient
le Seigneur qui revient de Sion… Dieu, dans
le passé, a parlé à nos pères par les prophètes, mais à la fin, en ces jours où
nous sommes, il nous a parlé par son Fils… il y eut un homme envoyé par Dieu… Cet
homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre démoignage à la Lumière..
Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde…
à tous ceux qui L’ont reçu, Il a donné le pouvoir devenir enfants de Dieu… Les deux testaments, les deux alliances, l’unique
amour, notre attente, notre espérance et pour tout achever et accomplir de chacun
de nous et de la création, la Vie, la Lumière. La vue définitive, éternelle et donc
notre « devenance » de ce que nous voyons, découvrons et verrons totalement,
en plénitude : la crèche. Dieu, personne ne l’a jamais vu (c’est Jean, lke disciple que Jésus aimait,
qui écrit cela, lui qui a vu, et compris, qui a cru : le tombeau vide, le linge
qui entourait la tête… Noël et Pâques) : le Fils unique, lui qui est Dieu,
lui qui est dans le sein du Père, c’est Lui qui l’a fait connaître. Et voici l’espérance, il était au commencement
auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence et rien de ce qui
a été fait ne s‘est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière
des hommes. Jean écrit au passé, parce qu’il
parle d’un homme qu’il a connu, aimé, un homme qui l’a aimé et choisi, lui, Jean,
comme Il nous choisit, chacun et nous aime. Au passé de l’Histoire, au présent de
nos âmes pour pouvoir écrire et vivre l’avenir qui a nom Eternité, qui donc a de
toujours à toujours commencé, continuer et dont nous sommes parties. Et le Verbe s’est fait chair, et Il a habité
parmi nous. Le passé nous donne l’attente
et l’attente nous fait entrer dans cette éternité. La foi et l’espérance ne sont
pas à distinguer, dans la nuit de Noël ; elles sont vérifiées dans l’aurore
de Pâques. La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Que sonne en mon âme, en nos âmes cette victoire
qui change les larmes en retrouvailles et en joie, pour toujours.
[1] - Isaïe LII 7 à 10 ; psaume XCVIII ; lettre aux Hrébeux I 1 à 6 ;
évangile selon saint Jean I 1 à 8
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