La fête de sainte Odile a longtemps été célébrée le 13
décembre, qui était aussi la fête de sainte Lucie, elle aussi invoquée par les
fidèles pour guérir les maladies oculaires ; par conséquent, on a préféré
reporter la fête d'Odile au 14 décembre, pour distinguer les deux fêtes.
Le plus ancien document sur la vie de sainte Odile est
un parchemin du Xe siècle où un moine a noté ce que la tradition orale
transmettait depuis près de deux cents ans, au mont Sainte-Odile qui domine la
plaine d'Alsace.
Au temps du roi mérovingien Childéric II, Aldaric,
troisième duc d'Alsace, père de sainte Odile, tenait sous son empire toute la
vallée du Rhin, de Strasbourg à Bâle. Aldaric était un chrétien sincère, mais
il s'arrachait avec peine aux coutumes barbares ; ses réactions étaient
impulsives et même dangereuses : pas de pardon pour qui l'offense. En 660,
alors qu’il attendait avec impatience la naissance de son fils premier-né, lui
naquit une petite fille aveugle. Son premier réflexe fut de vouloir la tuer,
mais devant les pleurs de sa femme, Béreswinde, il accepta de lui laisser la
vie à condition que le bébé disparût aussitôt. Béreswinde, bouleversée, se mit
en quête d'une nourrice. Odile fut emmenée à Scherwiller, à une trentaine de
kilomètres d'Obernai. Devant le beau linge du bébé et les soins particuliers
dont il était entouré, les langues allaient bon train. Bientôt Odile ne fut
plus en sécurité chez la nourrice et, à un an, dut reprendre la route pour
Baume-les-Dames, près de Besançon, où elle franchit les portes d'un monastère.
Pendant toute son enfance, Odile était entourée du
silence et de la paix des moniales qui essayaient de lui faire oublier sa cécité :
elle apprit à se diriger seule dans le cloître, à reconnaître les appels de la
cloche, à chanter par cœur les offices, faisant la joie de ses mères adoptives.
L'évêque Ehrhardt de Ratisbonne arriva un jour au
monastère pour, dit-il, baptiser la petite aveugle. Devant la communauté,
Ehrhardt prononça les paroles sacramentelles : « Odilia Je te baptise au Nom du Père, et du
Fils, et du Saint-Esprit. » Odilia veut dire : soleil de Dieu.
Au moment où l'eau coula sur son front, Odile ouvrit les paupières... elle
voyait ! Après la guérison, l’évêque fit avertir Aldaric qui n'eut aucun
geste de repentir. Il avait maintenant quatre fils et une fille, sa fille aînée
était oubliée. Odile demeura donc à Palma chez les religieuses qui lui
apprirent aussitôt à écrire et à lire dans les livres saints. La souffrance et
la cécité l'avaient mûrie : elle faisait preuve d'une force d'âme et d'un
détachement extraordinaires. Au fur et à mesure que les mois passaient, Odile
sentait grandir en elle le désir de connaître sa famille. Certains voyageurs,
qui s'arrêtaient au monastère, lui avaient déjà parlé de son frère Hugon qu’ils
disaient aimable et généreux. Par l'intermédiaire d'un pèlerin, Odile lui fit
parvenir une lettre qui émut Hugon au point qu’il osa affronter son père.
L'heure du pardon n'avait pas encore sonné, Aldaric ne
voulait pas revoir sa fille mais Hugon écrivit cependant à sa sœur de venir au
château, pensant que la vue d'Odile ferait tomber la colère de son père. Hélas,
à l'arrivée de sa fille aînée la colère d’Aldaric redoubla : il frappa
Hugon qui mourut des suites des blessures. Ce fut le dernier accès de colère du
terrible barbare qui, désespéré par la mort de son fils préféré, installa sa
fille à Hohenbourg et assura sa subsistance. Odile eut la patience de vivre
ignorée des siens et se contenta de ce que lui donnait son père qu'elle n'osait
plus affronter. Elle ne vivait que pour les pauvres avec qui elle partageait
ses maigres ressources. Peu à peu Aldaric se transforma et offrit à Odile le Hohenbourg
et toutes ses dépendances à condition qu'elle priât pour lui.
La jeune fille humiliée va devenir la célèbre Abbesse
représentée par les statues et les tapisseries. Son cœur profond, son austère
vertu, sa grande charité attirèrent plus de cent trente moniales et la plupart
des membres de sa famille. Les travaux commencèrent rapidement pour transformer
le Hohenbourg en un monastère. Odile qui était une âme d'oraison, couvrit de
chapelles tout le sommet de la colline dont la première fut dédiée à Notre-Dame,
puis une autre à saint Jean-Baptiste qu'Odile vénérait particulièrement depuis
son baptême. Un soir, la moniale chargée d'appeler ses compagnes pour l'office
fut éblouie par une violente clarté : Odile conversait avec saint
Jean-Baptiste. De jour, de nuit, par petits groupes qui se succédaient, les
moniales chantaient sans cesse la louange de Dieu. L'Abbesse était la plus
ardente à la prière ; elle aimait la mortification, mais elle était sage
et prudente pour ses filles.
Peu de temps après la construction du monastère,
Aldaric mourut. Avertie par une vision, Odile le sut en Purgatoire et se mit en
prière jusqu'à ce que Notre-Seigneur lui apparût pour lui apprendre l'entrée de
son père en Paradis. Une chapelle, dite des larmes, se dresse encore aujourd'hui
sur la terrasse du couvent ; la tradition assure qu'une pierre creusée par
les genoux de la sainte existe encore devant le maître-autel.
Le Hohenbourg était le refuge des pauvres, des
malheureux, des malchanceux et des pèlerins qui savaient y trouver bon accueil.
Un vieillard tomba en montant vers le monastère. Odile le rencontra un moment
plus tard et, comme pour le soulager, il fallait de l'eau, Odile implora le
secours de Dieu, frappa le rocher et une source jaillit qui ne tarira jamais.
Mais la preuve était faite que tous ceux qui désiraient du secours ne pouvaient
parvenir au sommet de la colline. Aussi un autre monastère fut construit en
bas. Aucun des deux couvents ne voulait se passer de la présence d'Odile qui
allait donc du cloître du haut à celui du bas. En chemin elle aidait les
éclopés et les infirmes. De toutes parts on venait la voir car on savait que
ses mains étaient bénies. Parfois lorsqu'elle pansait des blessés ou des
lépreux, les plaies se fermaient et les douleurs s'apaisaient. Sa préférence
allait aux aveugles en souvenir de son infirmité. Elle présidait tout, elle
prévoyait tout et s'intéressait à chacun en particulier.
Mais ses compagnes la voyaient de plus
en plus lasse. Sentant la faiblesse la gagner, Odile se rendit à la chapelle
Saint-Jean-Baptiste ; une dernière fois elle s'adressa à ses filles puis,
à l'heure de l'office elle les envoya à l'église. Quand les moniales revinrent
de l'office, Odile les avait quittées. Leur peine était grande d'autant plus
que leur mère était partie sans avoir communié. Elles se mirent en prière et
Odile revint à elle. Après les avoir réprimandées, l'Abbesse réclama le
ciboire, se communia et quitta définitivement la terre, le 13 décembre 720.
Elle
est fêtée le 13 décembre en Alsace.
Pour
un approfondissement voir et (ou) lire :
SANT ODILIA (OTTILIA) DI HOHENBOURG
BADESSA / -ottilia- C
©Evangelizo.org
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