samedi 5 septembre 2015

bienheureuse Mère Teresa de Calcutta, fondatrice des « Missionnaires de la Charité » 1910 + 1997




« Par mon sang, je suis Albanaise. Par ma nationalité, Indienne. Par ma foi, je suis une religieuse catholique. Pour ce qui est de mon appel, j’appartiens au monde. Pour ce qui est de mon cœur, j’appartiens entièrement au Cœur de Jésus. »

Mère Teresa, de son nom patronymique Anjezë Gonxha Bojaxhiu, naît le 26 août 1910 à Üsküb, Empire ottoman (actuellement Skopje, Macédoine).

Cadette de Nikola et Drane Bojaxhiu, famille d’origine albanaise, elle reçut sa première communion à l’âge de cinq ans et demi et fut confirmée en novembre 1916.
La vie de mère Teresa comporte alors deux périodes bien tranchées : sa vie dans l'institut de sœurs de Lorette et sa vie dans l'ordre des Missionnaires de la charité.
À l'âge de dix-huit ans, en 1928, elle entre à l'Institut des « Sœurs de Lorette », en Irlande. En 1929 elle est envoyée à Calcutta. En 1931, après deux années de noviciat, elle fait sa première profession de foi et elle prend le nom de Teresa. Elle enseigne la géographie à l'école Sainte-Marie à Calcutta où elle est nommée directrice en 1944.
Elle reçoit l'appel de consacrer sa vie aux pauvres des bidonvilles. En 1946, avec le soutien de l'archevêque de Calcutta, elle obtient, du vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958),  la permission de quitter l'ordre des « Sœurs de Lorette ».
En 1948, la vie de Mère Teresa se transforme ; c’est un tournant dans sa vie. Elle s'installe dans un bidonville (à Taltola, en Inde) avec quelques autres religieuses qui l'ont suivie. Elle fait la fondation des « Missionnaires de la Charité », établie officiellement dans le diocèse de Calcutta en 1950.
Elle prend désormais le nom de Mère Teresa, car elle a choisi la petite Thérèse comme patronne et guide vers la sainteté ; sa vie est consacrée aux pauvres, aux malades, aux laissés-pour-compte et aux mourants. Cela commença avec l'ouverture du « mouroir » de Calcutta pour assurer une fin digne à ceux qui, leur vie durant, avaient vécu « comme des bêtes ».
En 1996, la congrégation des « Missionnaires de la Charité » comptait 517 missions dans plus d'une centaine de pays. Il y a actuellement près de 4 000 sœurs Missionnaires de la Charité.
Elle a reçu plusieurs récompenses pour son travail, notamment le Prix de la Paix Jean XXIII en 1971 ; le Prix Nobel de la Paix en 1979 pour son action en faveur des déshérités en Inde. Elle a utilisé sa notoriété mondiale pour attirer l'attention du monde sur des questions morales et sociales importantes.
Pendant 50 ans la vie de Mère Teresa de Calcutta a été marquée par la grande épreuve spirituelle de la nuit de la foi. Elle était assaillie par le doute concernant l'existence de Dieu. Ces années de nuit intérieure constituent un trait important de sa figure spirituelle. C'était un supplice secrètement enfoui en elle et dissimulé derrière un visage paisible qu'elle avait en public. Personne ne savait qu'elle était aussi tourmentée. Cette épreuve de la nuit de la foi apparaît avec une précision jusque-là inédite avec la publication en 2007 d'un ouvrage compilant 40 lettres rédigées au cours des soixante dernières années de sa vie et qu'elle voulait voir détruites pour certaines.
Après un premier infarctus en 1983, sa santé se détériore sérieusement à partir de 1990. Suite à une crise de paludisme et à un arrêt cardiaque, elle abandonne ses responsabilités à la tête de la communauté en mars 1997. Pendant ses dix dernières années elle a été souvent malade et hospitalisée.
La vie de Mère Teresa a été assez longue : 87 ans. Son départ pour les demeures éternelles eu lieu, dans son couvent de Calcutta, le 5 septembre 1997.
L’Inde a déclaré le lendemain de sa mort Jour de deuil national. Elle a offert des funérailles nationales à sa plus grande héroïne depuis Gandhi. La mort de Mère Teresa a été l'occasion d'un hommage unanime ; ses obsèques ont rassemblé des croyants de toutes les religions. Les funérailles ont été célébrées dans le Stade de Calcutta ; les sœurs avaient préparé l'autel pour la Messe.
Monseigneur Henri de Souza, archevêque de Calcutta est à l’origine de la demande de canonisation de Mère Teresa. Le processus de béatification a été particulièrement rapide : il a débuté en 1999, seulement deux ans après sa mort, grâce à une dérogation du pape permettant d'écourter le délai habituel de cinq ans. Celle-ci a bénéficié d'un traitement de faveur de la part de saint Jean-Paul II, fervent admirateur. Ses lettres, qui révèlent ses doutes, étaient connues au moment du procès de béatification de Mère Teresa. Elles ont été prises en compte pour sa béatification.
Mère Teresa de Calcutta a été béatifiée le 19 octobre 2003 à Rome, place Saint-Pierre, devant 300 000 fidèles, par saint Jean-Paul II.

Pour un approfondissement biographique :
>>> Mère Teresa de Calcutta, biographie
[Albanais, Anglais, Espagnol, Français, Italien]



Sources principales : 92.catholique.fr/ ; vatican.va (« Rév. x gpm »).



 






BÉATIFICATION DE MÈRE TERESA DE CALCUTTA
HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II
Journée Mondiale des Missions
Dimanche 19 octobre 2003

1. "Celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l'esclave de tous" (Mc 10, 44). Ces paroles de Jésus aux disciples, qui ont retenti il y a peu sur cette place, indiquent quel est le chemin qui conduit à la "grandeur" évangélique. C'est la route que le Christ lui-même a parcourue jusqu'à la Croix; un itinéraire d'amour et de service, qui renverse toute logique humaine. Être le serviteur de tous!
C'est par cette logique que s'est laissée guider Mère Teresa de Calcutta, Fondatrice des Missionnaires de la Charité, hommes et femmes, que j'ai la joie d'inscrire aujourd'hui dans l'Album des Bienheureux. Je suis personnellement reconnaissant à cette femme courageuse, dont j'ai toujours ressenti la présence à mes côtés. Icône du Bon Samaritain, elle se rendait partout pour servir le Christ chez les plus pauvres parmi les pauvres. Même les conflits et les guerres ne réussissaient pas à l'arrêter.
De temps en temps, elle venait me parler de ses expériences au service des valeurs évangéliques. Je me rappelle, par exemple, de ses interventions en faveur de la vie et contre l'avortement, notamment lorsqu'elle reçut le prix Nobel pour la Paix (Oslo, 10 décembre 1979). Elle avait l'habitude de dire:  "Si vous entendez dire qu'une femme ne veut pas garder son enfant et désire avorter, essayez de la convaincre de m'apporter cet enfant. Moi, je l'aimerai, voyant en lui le signe de l'amour de Dieu".
2. N'est-il pas significatif que sa béatification ait lieu précisément le jour où l'Église célèbre la Journée mondiale des Missions? A travers le témoignage de sa vie, Mère Teresa rappelle à tous que la mission évangélisatrice de l'Église passe à travers la charité, alimentée par la prière et par l'écoute de la Parole de Dieu. L'image qui représente la nouvelle bienheureuse alors que, d'une main, elle tient la main d'un enfant et que, de l'autre, elle égrène le Chapelet, est représentative de ce style missionnaire.
Contemplation et action, évangélisation et promotion humaine:  Mère Teresa proclame l'Évangile à travers sa vie entièrement offerte aux pauvres, mais, dans le même temps, enveloppée par la prière.
3. "Celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur" (Mc 10, 43). C'est avec une émotion particulière que nous évoquons aujourd'hui le souvenir de Mère Teresa, une grande servante des pauvres, de l'Église et du monde entier. Sa vie est un témoignage de la dignité et du privilège du service humble. Elle avait choisi d'être non seulement la dernière, mais la servante des derniers. Véritable mère pour les pauvres, elle s'est agenouillée auprès de ceux qui souffraient de diverses formes de pauvreté. Sa grandeur consiste dans sa capacité à donner sans compter, à donner "jusqu'à souffrir". Sa vie était une façon radicale de vivre l'Évangile et de le proclamer avec courage.
Le cri de Jésus sur la croix, "J'ai soif" (Jn 19, 28), qui exprimait la profondeur de la soif de Dieu pour l'homme, a pénétré l'âme de Mère Teresa et a trouvé un terrain fertile dans son cœur. Étancher la soif d'amour et d'âmes de Jésus, en union avec Marie, la mère de Jésus, était devenu l'unique objectif de l'existence de Mère Teresa et la force intérieure qui la faisait se dépasser elle-même et "aller en toute hâte" à travers le monde pour œuvrer en vue du salut et de la sanctification des plus pauvres d'entre les pauvres.
4. "Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (Mt 25, 40). Ce passage de l'Évangile, si crucial pour comprendre le service de Mère Teresa aux pauvres, était à la base de sa conviction emplie de foi selon laquelle en touchant les corps brisés des pauvres,  c'était  le  corps du Christ qu'elle touchait. C'est à Jésus lui-même, caché dans les souffrances des plus pauvres d'entre les pauvres, que son service était adressé. Mère Teresa souligne la signification la plus profonde du service:  un acte d'amour fait à ceux qui ont faim, soif, qui sont étrangers, nus, malades et prisonniers (cf. Mt 25, 35-36) est fait à Jésus lui-même.
En le reconnaissant, elle lui prodiguait ses soins avec une sincère dévotion, exprimant la délicatesse de l'amour sponsal. Ainsi, dans un don total d'elle-même à Dieu et à son prochain, Mère Teresa a trouvé le plus grand accomplissement de la vie et a vécu les plus nobles qualités de sa féminité. Elle voulait être un signe de "l'amour de Dieu, la présence de Dieu, la compassion de Dieu" et rappeler ainsi à tous la valeur et la dignité de chaque enfant de Dieu, "créé pour aimer et être aimé". Ainsi, Mère Teresa "conduisait les âmes à Dieu et Dieu aux âmes" et étanchait la soif du Christ, en particulier chez les plus indigents, ceux dont la vision de Dieu avait été voilée par la souffrance et la douleur.
5. "Le Fils de l'homme est venu pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude" (cf. Mc 10, 45). Mère Teresa a partagé la passion du Crucifié, de manière particulière au cours de longues années d'"obscurité intérieure". Ce fut une épreuve parfois lancinante, accueillie comme un "don et un privilège" singuliers.
Lors des heures les plus sombres, elle s'accrochait avec plus de ténacité à la prière devant le Saint-Sacrement. Ce dur travail spirituel l'a conduite à s'identifier toujours plus avec ceux qu'elle servait chaque jour, faisant l'expérience de leur peine et parfois même du rejet. Elle aimait répéter que la plus grande pauvreté est celle d'être indésirables, de n'avoir personne qui prenne soin de soi.
6. "Seigneur, donne-nous ta grâce, en Toi nous espérons!". Combien de fois, comme le Psalmiste, Mère Teresa a elle aussi répété à son Seigneur, dans les moments de désespoir intérieur:  "En Toi, en Toi j'espère, mon Dieu!".
Rendons louange à cette petite femme qui aimait Dieu, humble messagère de l'Évangile et inlassable bienfaitrice de l'humanité. Nous honorons en elle l'une des personnalités les plus importantes de notre époque. Accueillons-en le message et suivons-en l'exemple.
Vierge Marie, Reine de tous les saints, aide-nous à être doux et humbles de cœur comme cette courageuse messagère de l'Amour. Aide-nous à servir avec la joie et le sourire chaque personne que nous rencontrons. Aide-nous à être des missionnaires du Christ, notre paix et notre espérance. Amen!
 © Copyright 2003 - Libreria Editrice Vaticana


BÉATIFICATION DE MÈRE TERESA DE CALCUTTA
DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II
AUX PÈLERINS VENUS POUR LA BÉATIFICATION

Lundi 20 octobre 2003

Vénérés frères dans l'épiscopat,
chères et chers Missionnaires de la Charité,
très chers frères et sœurs!

1. Je vous salue cordialement et m'unis avec joie à votre prière d'action de grâce à Dieu pour la béatification de Mère Teresa de Calcutta. J'étais lié à elle par une grande estime et une sincère affection. C'est pourquoi je suis particulièrement heureux de me trouver avec vous, ses filles et fils spirituels. Je salue de manière particulière Sœur Nirmala, me rappelant du jour où Mère Teresa vint à Rome pour me la présenter personnellement. Ma pensée s'étend à toutes les personnes qui composent la grande famille spirituelle de cette nouvelle bienheureuse.
2. "Missionnaire de la Charité:  telle a été Mère Teresa, en nom et dans les faits". C'est avec émotion que je répète aujourd'hui ces paroles que je prononçai le lendemain de sa mort (Angelus du 7 septembre 1997).
Avant tout, missionnaire. Il ne fait aucun doute que la nouvelle bienheureuse ait été l'une des plus grandes missionnaires du XX siècle. De cette femme simple, venant d'une des régions les plus pauvres d'Europe, le Seigneur a fait un instrument élu (cf. Ac 9, 15) pour annoncer l'Evangile au monde entier non par la prédication, mais à travers des gestes d'amour quotidiens envers les plus pauvres. Missionnaire dans le langage le plus universel:  celui de la charité sans limite et sans exclusion, sans préférence sinon pour les plus pauvres.
Missionnaire de la charité. Missionnaire de Dieu qui est charité, qui privilégie les petits et les humbles, qui se penche sur l'homme blessé dans son corps et dans son esprit et verse sur ses plaies "l'huile de la consolation et le vin de l'espérance". Dieu a fait cela dans la Personne de son Fils fait homme, Jésus Christ, Bon Samaritain de l'humanité. Il continue de le faire dans l'Eglise, en particulier à travers les saints de la charité. Mère Teresa brille de manière particulière parmi ces derniers.
3. Où Mère Teresa a-t-elle trouvé la force de se mettre tout entière au service des autres? Elle la trouva dans la prière et dans la contemplation silencieuse de Jésus Christ, de son saint Visage, de son Sacré Cœur. Elle l'a dit elle-même:  "Le fruit du silence est la prière:  le fruit de la prière est la foi; le fruit de la foi est l'amour; le fruit de l'amour est le service; le fruit du service est la paix". La paix, même aux côtés des mourants, même dans les nations en guerre, même confrontée aux attaques et à des critiques hostiles. C'est la prière qui emplissait son coeur de la paix du Christ et lui permettait de faire rayonner cette paix sur les autres.
4. Une missionnaire de la charité, une missionnaire de la paix, une missionnaire de la vie. Mère Teresa était tout cela. Elle s'exprimait toujours pour défendre la vie humaine, même lorsque son message n'était pas le bienvenu. Toute l'existence de Mère Teresa était un hymne à la vie. Ses rencontres quotidiennes avec la mort, la lèpre, le SIDA et toutes sortes de souffrances humaines faisait d'elle un témoin efficace de l'Evangile de la Vie. Même son sourire  était  un "oui" à la vie, un "oui" joyeux, né d'une foi et d'un amour profond, un "oui" purifié au creuset de la souffrance. Elle renouvelait ce "oui" chaque matin, en union avec Marie, au pied de la Croix du Christ. La "soif" de Jésus crucifié devenait la soif de Mère Teresa elle-même et l'inspiration de son chemin de sainteté.
5. Teresa de Calcutta a réellement été une Mère. Mère des pauvres, mère des enfants. Mère de si nombreuses jeunes filles et de tant de jeunes qui l'ont adoptée comme guide spirituel et en ont partagé la mission. A partir d'une petite semence, le Seigneur a fait croître un grand arbre, fécond en fruits (cf. Mt 13, 31-32). Filles et fils de Mère Teresa, vous êtes justement les signes les plus éloquents de cette fécondité prophétique. Conservez intact son charisme et suivez ses exemples; elle, depuis le ciel, ne manquera pas de vous soutenir dans votre chemin quotidien.
Le message de Mère Teresa, à présent plus que jamais, apparaît toutefois comme une invitation adressée à tous. Son existence tout entière nous rappelle qu'être chrétiens signifie être des témoins de la charité. Telle est la consigne de la nouvelle bienheureuse. En faisant écho à ses paroles, j'exhorte chacun à suivre avec générosité et courage les pas de cette disciple authentique du Christ. Sur le chemin de la charité, Mère Teresa marche à vos côtés.
De tout coeur, je vous accorde, ainsi qu'aux personnes qui vous sont chères, la Bénédiction apostolique.






Aucun commentaire: