06 heures 19
+ Aurai-je la force ? puisque je ne produis plus, et ne tiens
pas mes
instances ? Réponse : demander cette force.
08 heures 44
+ Edith partie, il y a un grand quart d’heure : le « petit
Clément »,
son élève déscolarisé. J’admire qu’elle s’adonne si
méthodiquement et avec une
telle implication à ce nouveau métier d’enseignant, dont il
apparaît qu’elle en
avait toujours le goût et la vocation. Hier, démarrage de ses
cours d’allemand
au collège d’Herbignac : tout simplement, elle donne à ses
élèves de
troisième un cours de mathématiques, mais en allemand. Et il
reste son métier
de presque trente ans : l’exploitation des marchés financiers
et la gestion
de portefeuilles, dont je voudrais qu’elle le reprenne aussi.
Aujourd’hui, me
semble, encore plus nettement que chaque jour où c’est ma
sensation, passés si
souvent le creux et la difficulté du réveil, un décisif début.
Ce qu’elle souhaite,
c’est que nous concluions et bouclions toutes nos instances et
urgences. Autrement,
une mise en ordre pour la suite. – Ce que je cherche
maintenant à écrire,
produire, faire, être, c’est bien la synthèse de tout, aussi
bien de mes
projets que de mes travaux, que de l’ensemble de ma modeste
carrière et de ses
possibilités apparemment non réalisées, plus encore de tout ce
que j’ai reçu. Dieu
et celles et ceux que j’ai rencontrés, qui ont demeuré ou qui
demeurent avec
moi comme en pensée, s’ils sont déjà de l’autre côté, le vrai
côté de la vie,
mais si mystérieux, ou comme en relation constante, physique
et affective. Oui,
la synthèse, la brassée, le fil conducteur, l’ossature. J’ai
cela dans l’âme en
action de grâces à Dieu et à des personnes intenses et
précises, à ma femme
incomparable, à notre trésor magnifique de petite fille. J’ai
cela dans l’intelligence
et sur le calendrier, l’agenda.
Même
sensation de synthèse et de début – nécessaire, plus que
possible – pour l’Europe,
la politique française devant être un moteur, un aiguillon,
une interrogation
fondamentale sur l’être et le faire. Ces jours-ci, on en est
de plus en plus
loin, très loin, chez nous en France. Ces heures-ci, l’Europe
est au pied du
mur, c’est-à-dire d’elle-même. Coincidence qui devrait tout
réveiller et tout
révéler chez nous et dans l’ensemble des cercles
gouvernementaux (et
communautaires s’il y en avait, au spirituel, au mental et pas
seulement en
organigramme, bureaux et hémicycles-entonnoir
à Bruxelles) : le lancement de la chaine de fabrication
Airbus aux
Etats-Unis. On ne peut plus vendre qu’en donnant les secrets
de la fabrication
et donc les moyens de nous remplacer, de nous tuer, sauf à ce
que nous
devenions sans cesse les premiers à trouver et à réaliser,
changeant
constamment de registre, allant toujours plus loin dans nos
découvertes et nos
applications. Je crains que nous n’ayons pas – actuellement –
cette dynamique
et que nous soyons au contraire en voie de fusion-absorption
par l’Amérique, ce
que vise manifestement ce traité transatlantique, décisif et
concocté hors des
opinions publiques, et contre elles, si celles-ci –
précisément – étaient informés,
et conviées au débat, à la décision de mise en œuvre.
Coincidence avec cette
absorption par l’Amérique, les réfugiés. On est passé de la
non-prévision alors
que depuis vingt ans dans deux mois, tout le processus dit de
Barcelone a
consisté à tenter de maintenir de l’autre côté de la
Méditerranée, ceux qui se
sont pressés de plus en plus, et maintenant de manière
exponentielle, à nos
portes. L’économie, les dictatures quotidiennement tolérées
n’avaient pas
produit l’effet de masse. C’est soudainement notre
non-intervention au
Proche-Orient qui fait tout exploser. Sur place, comme dans un
cratère de
volcan, la carte géostratégique se bouleverse, les Etats issus
de la défaite
ottomane de 1918 s’écroulent, les frontières s’abolissent et
ne vont s’arranger
à nouveau que très différemment. Les peuples ne le veulent pas
nettement, d’autres
se veulent en fait un Etat-nation en propre. On distribue des
quotas pour
125.000 arrivants (en deux ans à venir…), ce nombre s’atteint
maintenant en une
semaine. La réalité est qu’une vingtaine de millions de
personnes sont en volonté,
sinon en situation de venir « chez nous ». Je mets les
guillemets car
qui est, sur un millénaire et a fortiori sur deux, qui est
autochtone ? qui
est « de souche », qui est d’origine ? la durée, la puissance
de
la géographie, de l’histoire, l’habitude et la volonté, des
inerties et des
moments vécus d’héroïsme font un peuple, font d’un ensemble
disparate et
déséquilibré intérieurement une cohérence et un projet de
survie, puis une
réalité. Nous aussi nous allons changer, par force mais aussi
parce que –
sourdement – le temps nous en faisait le défi. L’Europe doit
être bien plus
peuplée, peut l’être, surtout nous, en France (les cent
millions de Français
anticipés par le cher Michel DEBRE…), elle doit surtout se
vouloir en tant que
telle, et donc risquer en elle la démocratie, le débat de fond.
Si nos gestions
sont de plus en plus ratées ou fausses, étriquées et
grinçantes, souvent
paradoxales et contre notre propre intérêt pas seulement en
tant que Français,
mais en tant qu’Européens, c’est qu’il n’y a plus d’âme, et
l’âme en politique,
en collectif, c’est la démocratie. Ce n’est pas la décision à
quelques-uns
pensant à huis clos physiquement et mentalement. Il faut nous
organiser pour
accueillir une vingtaine de millions de personnes. Les débats
hier soir à BFM
TV me désolaient, pas parce qu’ils
étaient animés uniquement par la peur de l’ « invasion »,
mais parce qu’à raisonner sur quelques milliers ou même sur un
million, ils
étaient à côté de l’échelle. On est passé en huit jours
d’assauts de générosité :
MERKEL triomphant en statistique, a donné hier le signal d’une
fermeture en
principe aussi choquante, voire paniquée que celle,
froidement, décidée par
ORBAN et les Hongrois. La substance de l’industrie
européenne, l’honneur
et l’organisation de la population européenne sont la question
du jour. L’Europe
s’est toujours faite et pensée sous la contrainte, et selon
des sujets
apparemment tout son contraire : en 1950, comment réarmer
l’Allemagne ?
alors que la France en a une peur bleue ? On trouva.
Aujourd’hui, comment
exister face à l’Amérique et à la Chine, et avec pour voisin
un clone de
STALINE moins l’humour et moins la diaspora des
partis-frères ? il faut
trouver. Vite.
Prier en
totale confiance… au sein de l’immense paysage de ce que les
circonstances nous
demandent, elles sont le langage de Dieu le plus à notre
portée. Parce qu’il
s’est soumis en tout, il a été exaucé [1].
L’expression la plus
appliquée et la plus
drue de la révélation trinitaire. Un Dieu souffrant, humain,
ayant pris notre
nature, mourant et suppliant, souffrant au maximum et plus de
ce que peut
endurer l’homme : Dieu créature. Et pourtant Dieu suprême,
unique,
incommensurable. Difficulté du texte paulinien qui m’accroche
depuis des années :
il a appris l’obéissance par les souffrances de sa Passion
et, ainsi, conduit
à sa perfection… Le fils de Dieu est parfait
par nature divine
et même comme homme. Il n’a besoin ni d’apprendre ni de se
perfectionner.
Comment comprendre ce texte ? sinon que la nature humaine
tendue vers Dieu
est complexe, et plus encore quand elle est épousée par le
Fils de Dieu lui-même,
par Dieu-même, donc. Ce qui mène à approfondir aussi ce qui
caractérise et « personnalise »
(dois-je écrire et penser : différencie) les trois personnes
de la Trinité ?
Jean, au contraire de Paul, dans les textes proposés pour
maintenant, ce
jour, est au plus simple. Jésus confie Sa mère au disciple
qu’Il aimait. Et
à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez elle. Evénement décisif dans l’itinéraire johannique. Pas un
mot de ce jeune
homme ardent et aimant qui nous ait été rapporté par les
évangélistes, pas un
mot de lui, y compris dans sa propre œuvre, le quatrième
évangile… est-ce à constater
que l’intimité physique avec Marie, la mère de Dieu fait
homme, celle à qui
Jésus devait chair et cœur d’homme, a donné au disciple ce qui
n’était que
latent dans sa jeunesse et dans ces trois ans à la suite du
Maître. La profondeur,
la mystique, la pénétration de l’ensemble des mystères de
notre Rédemption, de
notre destinée de créatures passionnément aimées et attendues
du Créateur. Il
me semble bien que c’est cela. Clairement, ce que je reçois ce
matin. Memento
des vivants et des morts. Qu’ils sont grands tes
bienfaits ! Tu les
réserves à ceux qui te craignent. Tu combles à la face du monde,
ceux qui ont
trouvé en toi leur refuge.
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