Janvier vivait au IIIe siècle. Sa
piété et sa science l'avaient fait élever au siège épiscopal de
Bénévent, qu'il n'accepta que par ordre du pape. Au temps de la
persécution de Dioclétien, saint Janvier se multipliait pour soutenir le
courage des chrétiens et les exhorter au martyre. Le préfet de la province
l'apprit et le fit comparaître à son tribunal : « Offrez de l'encens aux idoles ou renoncez
à la vie, lui dit-il. “Je ne puis immoler des victimes au démon, répond
le saint, moi qui ai
l'honneur de sacrifier tous les jours au vrai Dieu.” » Il passa de l'interrogatoire à la
fournaise ; mais il en sortit saint et sauf. Puis vint le supplice
des ongles de fer, qui mit en lambeaux le corps du martyr. Jeté ensuite
en prison : « Courage, dit-il
à ses compagnons ; combattons généreusement contre le démon. Le Seigneur m'a réuni à
vous pour que le pasteur ne soit point séparé de son troupeau. »
Le lendemain, Janvier et les autres martyrs sont exposés aux
bêtes dans l'amphithéâtre de Pouzzoles, en présence d'une foule de
peuple. Tous ces héros du Christ se munissent du signe de la croix ; ils
chantent des hymnes, en attendant que la dent des lions permette à leur
âme de s'envoler vers le ciel. Les bêtes sont lâchées. Ô prodige ! Lions
et tigres, se couchent comme des agneaux aux pieds de leurs victimes et
caressent ceux qu'ils devaient dévorer. Janvier et ses compagnons sont alors
condamnés à avoir la tête tranchée. Le supplice fut accompagné de grands miracles.
À un vieillard chrétien qui lui demandait un morceau de ses vêtements comme
relique, il promit le linge qui devait servir à lui bander les
yeux ; et comme, après sa mort, le bourreau piétinait le bandeau
sanglant en disant au martyr décapité : « Porte donc ce bandeau à celui à qui tu
l'as promis » la victime obéit, et le bandeau, à
l'étonnement de tous, se trouva entre les mains du vieillard chrétien.
L'histoire des reliques de saint Janvier est encore plus
extraordinaire que celle de sa vie. Par saint Janvier, Naples fut
délivrée de la peste, l'an 1497 et l'an 1529 ; un enfant fut
ressuscité par le contact de l'image du glorieux martyr ; la cité
napolitaine fut plusieurs fois préservée de l'éruption du Vésuve. Mais un
miracle qui se renouvelle trois fois chaque année à époques fixes, c'est
le miracle célèbre de la liquéfaction et de l'ébullition du sang de saint
Janvier. Ce saint est la grande célébrité de Naples, qui l'invoque comme
son puissant protecteur.
©Evangelizo.org |
SAN GENNARO VESCOVO E MARTIRE / Ab
Pour un approfondissement :
>>> Miracle de san Gennaro....
>>> Miracle de san Gennaro....
28 mai 2010
Naples, miracle de san Gennaro. Samedi 1er mai 2010
Le samedi qui précède le premier dimanche
de mai, Naples fête san Gennaro (saint Janvier), le patron protecteur de la
ville. C’est donc cette année le premier mai, en même temps que la Fête du
Travail qui, en Italie comme partout ailleurs, est jour férié. Ces deux
événements concomitants nous donnent envie d’aller voir comment ça se passe.
Nous prenons le train à Pompéi et, afin de ne pas gaspiller une minute, pour
occuper l’attente du train sur le quai comme pour meubler le temps du trajet
nous emportons chacun un livre.
Nous ne savons pas exactement quel trajet va
suivre la procession, mais comme san Gennaro est célébré dans la cathédrale,
nous supposons que c’est de là qu’elle va partir. Par ailleurs, un peu partout
en Italie mais de plus en plus quand on arrive vers le sud, les gens passent
leur temps à parler dans leur portable, à voix bien haute, de sorte que l’on
peut suivre toutes les conversations, or un homme devant moi crie à son
correspondant qu’il va attendre l’arrivée de la procession à Santa Chiara, et
il lui donne rendez-vous devant l’entrée. Nous nous dirigeons donc vers une
petite rue entre ces deux églises, et en effet nous voyons arriver la
procession. Bannières, drapeaux, oriflammes passent devant nous en grand
nombre, portés par des laïcs ou par des religieux en grande tenue de leur ordre
ou de leur confrérie.
De temps à autre, nous partons en courant,
prenons une rue parallèle et revenons sur le chemin de la procession après
avoir pris un peu d’avance pour mieux revoir le défilé des bannières.
Une foule nombreuse marche à la suite des
bannières, notamment ces religieuses en foulard jaune. Je ne sais ce qu’il
signifie, parce que l’on voit aussi sur ma photo une laïque avec ce foulard et
même, derrière, on aperçoit une jeune fille, en T-shirt rose, bras nus, avec ce
même foulard autour du cou.
Si la foule des fidèles suit, nous pensons que
c’est la queue de la procession et nous nous préparons à partir vers Santa
Chiara par une rue parallèle pour voir leur entrée, mais pas du tout, ce n’est
pas fini, voici les statues de laiton et d’argent, celles de la chapelle de San
Gennaro, dans le Duomo, qui arrivent, chacune portée par quatre
hommes. Elles sont nombreuses. Ici, ce sont San Alfonso M. de Liguori et
Sant’Antonio Abate.
Et puis, dans leur grand uniforme, les membres du
Comité de San Gennaro. Belle allure !
Moins beau, moins élégant, mais bien visible de
loin, l’uniforme des chevaliers de l’Ordre de Malte. Je ne savais pas qu’ils
avaient troqué leur belle tenue d’autrefois contre cette combinaison.
Voici maintenant l’archevêque, puis le cardinal
entouré de nombreux prêtres et évêques. Il semble apprécié, ce cardinal, car il
est très applaudi.
Pour clore la procession voici l’ampoule qui
contient le sang de san Gennaro. Ce dénommé Janvier est né à Naples au
troisième siècle, probablement en 272, dans une famille patricienne. À l’époque
des persécutions de Dioclétien contre les chrétiens, au début du quatrième
siècle, il est évêque de Bénévent (environ 70 ou 80 km au nord-est de Naples).
Apprenant que quatre fidèles très pieux ont été emprisonnés sur ordre de
Draconzius, gouverneur romain de la province de Campanie, il va leur porter son
secours moral et spirituel, sans penser à sa propre sécurité. Les gardes
avertissent le gouverneur, qui le convoque. L’entrevue se passe plutôt bien
quoique Gennaro ait clairement confessé sa religion, mais le successeur de
Draconzius, Timothée, le fait jeter en prison avec le diacre et le lecteur qui
l’accompagnaient lors des visites. Tous trois sont transférés à Nola où
Timothée a sa résidence, et au terme de terribles tortures et d’un jugement
sommaire Gennaro doit être brûlé vif. Mais, ô miracle, il sort indemne de la
fournaise. Étiré aux quatre membres pour le désarticuler, Gennaro se remet sur
pied sans dommage à la moindre de ses jointures. Livré à des fauves dans
l’amphithéâtre, il voit les bêtes se prosterner à ses pieds. Timothée, alors,
convaincu que Gennaro usait de magie et d’enchantements le condamne avec ses
deux compagnons à la peine capitale. Mais au moment même où il prononce la
sentence, le préfet devient aveugle. Gennaro, alors, pris de pitié pour lui
malgré sa férocité, prie le Seigneur de lui rendre la vue. Dieu l’entend et
rend la vue à Timothée qui, nullement repentant ni reconnaissant, les fait
immédiatement décapiter tous trois près des solfatares de Pouzzoles. C’est le
19 septembre 305.
L’ancienne nourrice de Gennaro, la pieuse
Eusebia, récupère du sang du martyr dans deux ampoules à parfum, comme c’était
l’usage chez les chrétiens, le corps étant enterré dans un endroit secret pour
éviter les profanations de la part des païens. En 313 Constantin promulgue
l’édit de Milan autorisant la liberté de culte, mais ce n’est que le 13 avril
431 que les restes de saint Gennaro sont transférés dans une catacombe. Et là, on
constate que le sang, desséché dans l’ampoule, redevient liquide. Nous avons
vu, mardi dernier dans la crypte de la cathédrale, ses ossements rapportés en
1497 par le cardinal Carafa. Le sang est dans la chapelle du Trésor.
Saint Gennaro est fêté trois fois dans l’année,
aujourd’hui en commémoration de son transfert dans la catacombe, le 19
septembre jour de son exécution et le 16 décembre, date à laquelle en 1632 il a
été institué patron de Naples en action de grâce pour avoir épargné sa ville
lors de l’éruption du Vésuve du 16 décembre 1631. Et chaque fois qu’il est
sorti en procession, le sang séché se liquéfie, sinon cela annonce de terribles
catastrophes. En 1799, alors que les Français occupaient Naples, le sang ne
s’est pas liquéfié (quoique, lorsque l’aide de camp du général français
Macdonald menaça de faire fusiller l’évêque si le sang ne se liquéfiait pas
dans les dix minutes, le miracle se produisit au bout de seulement cinq
minutes, mais les Français durent évacuer la ville dès le 7 mai suivant…). En
1849, alors que se faisait l’unification de l’Italie, pas de liquéfaction. Même
chose tout près de nous, en 1976. En revanche, le 6 mai 2000, le sang était
déjà partiellement liquide quand l’évêque ouvrit le coffre où sont gardées les
deux ampoules. Des scientifiques sceptiques, et qui pour certains
"bouffent du curé", ont constaté le prodige sans pouvoir l’expliquer.
L’Église ne le compte pourtant pas dans la liste des miracles officiellement
reconnus.
Aujourd’hui, au début de la procession, ceux qui
portaient cette sorte d’ostensoir qui présente l’ampoule oscillaient un peu en
marchant mais le sang ne bougeait pas, et la foule était consternée. À Naples,
semble-t-il, on est très sensible aux présages et aux superstitions. Les gens
murmuraient en faisant des têtes d’enterrement. Plusieurs fois, courant en
avant, nous avons vu passer l’ampoule. Puis, soudain, des cris, un tonnerre
d’applaudissements, des rires. Nous étions à une cinquantaine de mètres avant
l’ampoule et, quand elle est passée devant nous, le sang bougeait, léchait les
flancs de l’ampoule. C’est là que j’ai pris la photo ci-dessus.
Il arrive même, paraît-il, que le sang se mette à
bouillir. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, mais au moment d’entrer dans
l’église Santa Chiara, on distingue quelques bulles qui se forment dans
l’ampoule. Pour moi, la croyance dans les manifestations fantastiques ne
relèvent pas de la foi mais de la superstition, prier devant une ampoule de
sang n’est rien d’autre que du fétichisme, et tout cela n’est pas loin du
paganisme. Je n’aime pas tous ces miracles extravagants. Mais… j’ai vu de mes
yeux le sang figé d’abord, qui s’est liquéfié ensuite. Qu’en penser ?
En entrant dans l’église, chaque délégation est
allée déposer sa lourde statue dans une chapelle latérale. Deux barrières
revêtues de drap bleu délimitaient une allée dans la nef réservée au clergé,
même si certains laïcs ont réussi à forcer le barrage. Puis a eu lieu une
célébration. Tout un tas de gens n’en ont pas suivi un mot et sont allés dans
la chapelle où était entreposée la statue de leur saint préféré (chacun avait
ses adeptes, aucun n’était délaissé, même si certains avaient plus de succès
que d’autres), posaient dévotement leur main sur le vêtement du saint, ou sur
sa main, ou sur son front, puis se signaient et baisaient respectueusement
ensuite la main qui avait touché la statue. Alors là, qu’on ne me dise pas que
ce n’est pas du fétichisme. Saint Antoine Abbé, ou saint Emiddio, ou sainte
Claire ne peuvent protéger un fidèle ou exaucer son vœu s’il n’a pas touché le
métal de leur statue ? Pas très charitable, pour des saints.
Décidément, j’ai beaucoup parlé de cette
cérémonie mi-prodigieuse, mi-folklorique. Il est temps de passer à autre chose.
C’est la Fête du Travail, et traditionnellement les syndicats sont très actifs
ce jour-là. Cette affiche dit que "La lutte unit mais ne divise pas. Unité
entre tous les mouvements".
En nous promenant nous tombons au hasard piazza
Dante, où sont installés un podium et des sièges. De très importantes forces de
police et de carabiniers sont massées sur le pourtour de la place, mais la
foule est calme.
Sur la scène, il y a des discours, mais aussi des
chanteurs. Notamment l’un d’eux, plein d’humour (que malheureusement nous ne
comprenions pas toujours), plein de punch, a interprété des chansons du
répertoire napolitain arrangées par lui. C’est un carabinier, à qui nous avons
posé la question, qui nous a dit qu’il s’appelait Luca Sepe. Comme
nous l’avons trouvé excellent, c’est après l’avoir entendu que nous avons
décidé de quitter la fête et de retourner prendre notre train pour Pompéi.
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