Journée
entière
consacrée à l’entrée de notre fille en sixième, installation à
l’internat :
elles ne sont que deux de sa classe et de son âge, et les aînées,
lycéennes,
selon ce qu’elle téléphone ce soir de chez la surveillante, les
chouchoutent. Scenario
d’entrée en classe, très bien joué : chaque élève appelée par le
directeur
à le rejoindre et affectée à son professeur titulaire. Chance pour
Marguerite,
c’est le seul homme et le professeur de mathématiques, physique
détendant et
délié à la Hulot, l’homme des vacances. Diverses réunions ponctuant la
journée :
j’y expérimente une fois de plus ce supplément d’aisance que m’a donné
la
vieillesse, n’étant plus prédateur, me passionnant pour qui est dans mon
champ
visuel et accepte le va-et-vient des questions, des réparties, puis
l’expression
de ce que je ressens quand la beauté ou le charme (féminins) sont là. Je
suis
accepté et écouté avec un plaisir manifeste et je peux me dire que
pendant
quelque temps un souvenir va habiter la flattée, la rencontrée se disant
à bon
droit, j’ai plu, je plais. Le verre offert par les APEL. L'enfant au
contraire ne se laisse pas séduire, bien plus maître de soi que nous le
supposons, nous-mêmes sous l'empire de son charme, de son sourire silencieux et sans destinataire : un
des camarades de Marguerite en CM 2 et aussi partenaire au cirque pour
plusieurs numéros ensemble, il y a trois ans... – Etablissement diocésain
hérité de la Compagnie, les derniers recteurs tous passés par mon propre
collège des années 50-60. Qu’est-ce qui fait une ambiance où la foi, la vie
spirituelle de chacun et de tous se ressentiraient pour le passant ou le tiers
que nous sommes, nous les parents ?Ma chère femme pose la question. Je lui
répondrai sur l’oreiller, que nous sommes parties prenantes, que le devoir d’état
de chacun est ce qui se voit, le cheminement de l’Esprit, l’éducation et l’éveil
à la perception de Son action sont – précisément – un acte de foi. Au
téléphone, précisément aussi, Edith plus que jamais assure ntre fille que nous
prierons ce soir ensemble. – Organisation des choses, il y a l’heure de « pastorale »
pour la classe de Marguerite, la messe « proposée » chaque
mardi, une demi-heure de célébration surtout pas plus, et pour les terminales
ou les « prépas. », des cercles et des thèmes d’études. Je me propose
depuis que nous avons résolu d’inscrire à Saint-François-Xavier notre fille. Très
probablement, je ne serai pas vraiment reçu à « travailler » ici :
que m’importe ? Prier, rencontrer, observer, témoigner en d’autres champs
et registres.
Les forces
qui me reviennent. Simplement, la grâce éprouvée chaque matin de refaire l’itinéraire
vers la foi et vers la résurrection. Mais aussi ce court message, inattendu, de
quelqu’un me lisant donc avec attention : seul président élu
démocratiquement dans l’histoire de « ma » chère Mauritanie, il me
courielle son souci de moi et m’interroge, comment m’aider ? je lui
réponds par sa contribution à la résurrection de son propre pays. Un autre de
mes correspondants d’habitude, à la capacité littéraire que je crois, m’assure
de la victoire à terme, tout en me demandant par quels moyens. Je sens d’intenses
communions parcourir celles et ceux que je rencontre, particulièrement ces jours-ci :
ainsi ce vendeur à la FNAC de l’Ipod que s’achète notre fille, sur ses propres deniers et
selon ses goûts et projets d’utilisation… manifestement peu heureux de la
gestion des ressources humaines dans la grande chaîne de produits culturels… le
physique de Romain GARY à la trentaine¸en un peu moins basané. Cette jeune
femme pompier : une blondeur, les cheveux tirés, une netteté de visage,
tandis que je gare notre voiture à Chubert pour y retrouver ma chère femme en
gynécologie-maternité, bonheur du médecin revoyant, non plus seulement sa
patiente, mais la fille qui fut le bébé à qui ouvrir la fin du chemin, al
césarienne en catastrophe. Correspondance,
il est sensible à notre chaleur et… à notre respect. Arabe, musulman, d’origine
libanaise, parfaitement français et tenant admirablement le service. Ceux –
compagnons d’Emmaüs – qui viennent nous livrer quelques meubles. Edith nous a
fait des habitués du site vannetais, une ou deux fois par semaine. Ils sont en
situation, ne disant ni leur passé ni leur souhait d’avenir, mais totalement
ouverts et chaleureux dans l’instant, heureux d’être considérés.
J’entre dans
la lecture – tardive – des textes de ce jour avec en fond sonore une nouvelle
évocation de Louis XIV, trois siècles maintenant depuis sa mort. Tout le
parcours de ce souverain, de cette personnalité totalement dédiée à sa
fonction, à sa responsabilité se résume par le sens de l’Etat. Ce sens aujourd’hui
perdu au plus haut niveau mais persistant dans une grande partie de la fonction
publique d’exécution : respect de la loi, dévouement à son application,
incorruptibilité de ses agents. Je le vis puisque je suis astreint à une coûteuse
éradication d’épave indûment (mais sans que je me sache en contravention)
stationnée sur le domaine public maritime.
Silence du
soir, de la nuit, avant le lever de lune, d’une tout autre densité que celle de
l’aube. La vie en chrysalide, la mort qui la fait comprendre, désirer de
plus en plus, et la met en valeur. La vie qui n’est pas biologique mais liberté
et élan spirituels. Anniversaire aussi : cinquante-trois ans de mariage
pour mon cher aîné, veuf depuis vingt-six ans… son souffle court au téléphone,
mais parvenu à monter jusqu’au lac Blanc de chacune de nos adolescences. La mort physique, bien entendu, de plus en
plus proche de nous. L’amour et les pauvres manifestations que nous parvenons à
en donner… vous savez très bien que
le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. [1] Paroles menaçantes ? réalisme auquel
nous sommes conviés … « vignette », exactement la première page
de chacun des derniers albums d’Hergé : Quand les gens diront : « Quelle
paix ! quelle tranquillité ! », c’est alors que tout à coup la
catastrophe s’abattre sur eux… Leçon
simple, nous ne pouvons de nous-mêmes apprécier et situer les événements et même
ce qui nous meut ou ce à quoi nous sommes confrontés. Car Dieu ne nous a pas destinés à subir la
colère, mais à entrer en possession du salut par notre Seigneur Jésus Christ. Ce dernier parfaitement identifié par l’esprit
d’un démon impur qui se mit à crier d’une voix forte : « Ah ! que
nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Prosopopée
du mal, de nos péchés, de notre condition et dialogue avec le Christ du mal et
de ces péchés se personnifiant pour nous occuper et nous perdre. Ce Christ,
mort pour nous afin de nous faire vivre avec lui, que nous soyons en train de
veiller ou de dormir... j’en suis sûr,
je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. Memento…
[1] - 1ère lettre de Paul aux Thessaloniciens V 1 à 11 ;
psaume XXVII ; évangile selon saint Luc IV 31 à 37
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