Hier donc…
Carnac, le site et la plage, les plages, ce ne pouvait être une ville, du
moins en nos temps, si tant est que les alignements aient aussi correspondu à
une agglomération, ce que l’on ne sait pas, je crois. Mon cher H. et sa femme.
Psychologies passionnantes et cohérentes. Notre promotion Franklin, commune
conscience que ce sont nos dernières réunions, les décès, les cancers. J’envisage
un questionnaire et un recueil de souvenirs. Hubert note déjà que beaucoup de
nous ne s’intéressent pas à de telles réunions, et il est convaincu qu’au
questionnaire (je pense à celui des anciens de Sciences-Po. proprement ridicule
et à mon avis ne pouvant donner lieu à une étude de nous ni à une exploitation
de marché ou de ressources) presque personne ne voudra répondre. Mon thème
serait : qu’est-il advenu de notre éducation à la foi ? pratique
religieuse, convictions, sinon plus. Pour ce qui est de lui, plus aucune
pratique ni quoi que ce soit rappelant ce que nous avons reçu :
saturation, dit-il, et pourquoi ne pas nous avoir présenté toutes les
religions. Les impénétrables… notre cousine, la lecture et les
improvisations-paraphrases sur des passages de la Bible : on connaît tout
cela par cœur. Cela ne l’a pas entamée. H., non plus. – La droite dans « l’élite »
dont il est se reconnaît à la question des migrants : thèse lepeniste,
tous en bateau retour, et à la faveur dont jouit MACRON. Aucune perplexité. Et
toujours le peu de considération pour l’Etat. Nouvelles… à ce sujet, non
seulement l’université d’été du FN… mais l’Autriche, le rythme est passé
avant-hier à 7.000 arrivants par jour, à 10.000 hier. Pain bénit pour l’Allemagne
en position de générosité, les 800.000 accueillis en principe et l’opinion,
consciente du besoin de main d’œuvre estime qu’on peut aller à un million. Nous
parlons – nous – de 20.000 syriens, et l’on cite la région Centre qui a
accueilli 40 familles. Le pape François évoque un accueil de famille par
paroisse dans la chrétienté d’Europe. Pour moi, tout cela n’est pas en termes
de choix, de retour à la case-départ, d’impact dans l’électorat, il est
factuel. On n’empêchera pas la déferlante. Il s’agit de côtes : on ne fera
ni le mur de Berlin ni le rideau de fer. Ce n’est pas même question d’image. C’est
tout simplement impossible. Il y a une solidarité d’abord physique entre le
Proche-Orient, l’Afrique d’une part et l’Europe, notamment sa partie riche et
censément démocratique, d’autre part. Les empires coloniaux, britannique au
Proche-Orient, français surtout en Afrique pouvaient être une solution s’ils
avaient évolué. Ce ne fut pas le cas. Le brassage, l’égalité vont être forcés,
sont forcés. La seule question est de faire avancer notre ensemble en société,
en économie et même en spirituel, en rites qu’il s’agisse des rituels religieux
ou des rituels institutionnels ou démocratiques. Le chantier est là. Pas le
choix. Tout le reste est un refus de voir ce que nous sommes et ce qu’est la
réalité. La vieillesse, ma vieillesse est une leçon pratique d’acceptation de
soi, au physique et au mental, en bilan des comportements. Je crois mais
lentement parvenir à ces acceptations. Méconnaissable physiquement ? oui, sans
doute au moins pour moi, vivant, comme tous, dans une certaine imagination d’image.
Mesure du rayonnement que j’eus, des capacités ou pas d’animer des équipes…
quand parfois elle me vient, je me dénigre aussitôt. Je n’ai pas… je n’étais
pas… Accepter de n’y rien pouvoir rétrospectivement, Toujours ce mot de
BRASILLACH (l'important est de ne faire qu'un avec sa course, même si l'on n'en aperçoit pas tout de suite l'aboutissement lumineux - parole et vie d'un fusillé à trente-quatre ans), dont la mémoire a été bloquée depuis 1945, alors qu’en
antisémitisme CELINE et DRIEU LA ROCHELLE qui ont eu l’absolution d’une édition
en Pléiade sont du même tonneau, celui d’une époque qui s’est beaucoup trompée.
Ma génération ne s’est pas trompée, elle a joui d’une sécurité qu’elle n’avait
pas bâtie, qu’elle héritait de la Résistance, de la Libération, de l’enthousiasme initial pour la « construction européenne », elle ne
transmet rien qu’une médiocrité lâche, elle n’a eu aucune vigilance, parcours
de ceux de mes camarades qui étaient en vue et d’une certaine manière au pouvoir,
vg. Bull ou le recel dont était évidemment coupable François PEROL, nous n’avons
suscité aucune autorité morale, nous avons vu la France passer d’un régime de
solidarité à l’individualisme et au culte de la réussite selon les feuilles de
paie et les retraites-chapeau et les stocks-options. Les années 30 ont enfanté
la guerre et la shoah, nos belles années 60 et 70 ont gaspillé et perverti la
victoire de la gauche et donc l’assise de nos institutions, elles transmettent
le désert intellectuel et moral d’aujourd’hui. – Je regarde notre fille, j’arrive
de son collège-lycée, l’architecture et l’organisation jésuite, les enfants
encore et les adolescents entrent silencieusement, parcourent les couloirs,
acceptent et vivent une sereine discipline, ce que je comprends des cours de la
première semaine me paraît bien. L’instinct, une distance vis-à-vis de nos
générations, une intelligence et un libre-examen que je crois ma génération n’avait
pas à âge égal, me font bien augurer.
Prier… les
saints du jour, ce prince royal que fut Clodoald et sa générosité, sa charité,
cette Italienne qui pourrait être la patronne et la protectrice des enfants
victimes de la ruine du couple parental et des recompositions familiales. Exploiter
ce gisement d’exemplarités pour aujourd’hui : exemplarité de ce que produisent
foi et confiance en Dieu. Paul exagère-t-il ? paradoxe et masochisme ?
Maintenant je trouve la joie dans les
souffrances que je supporte pour vous… [1] Fondement de Paul vis-à-vis de ses
ouailles : le Christ est parmi vous, lui, l’espérance de la gloire ! Ce
Christ, nous l’annonçons : nous avertissons tout homme, nous instruisons
chacun en toute sagesse, afin de l’amener à sa perfection dans le Christ… Accompagnement par le psalmiste : comptez
sur lui en tous temps, vous le peuple. Devant lui, épanchez votre cœur… Et le Christ lui-même, parmi ses
contemporains, ce qui devient la routine, les miracles en synagogue et le jour
du sabbat… la raison, la dialectique
humaine, et le miracle, signe de Dieu. Je
vous le demande. Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien ou de faire
le mal ?de sauver une vie ou de la perdre ? L’imperméabilité et la disponibilité, les deux types humains ici-bas… ils
furent remplis de fureur et ils discutaient entre eux sur ce qu’ils feraient à
Jésus. Prier pour les impénétrables…
celles et ceux qui me sont proches, je ne leur souhaite pas un bonheur que je
sais, sensitivement fragile, en moi, je leur souhaite la magnificence de la
foi, de la connaissance, la magnificence alors de la vie… oui, jouissive spirituellement,
accompagnée, contemplative, efficace. Ce mystère, c’est le Christ, en qui
se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance. Seul des Apôtres à n’avoir pas vécu avec Jésus
les années de ministère, de tribulation, d’enseignement de ce dernier, à ne L’avoir
rencontré que dans une fantastique et inexplicable (d’un point de vue humain)
manifestation, et à donc témoigner, écrire, enseigner par une inspiration qui n’a
aucune des bases dont sont imprégnés les disciples d’origine. – L’impénétrable…
tout à l’heure, en conférence de presse. Quoi donc l’intéresse ? personne…
rien que sa réélection. Qu’est-ce qu’il lui plaît dans l’exercice de fonctions
dont il n’a rien compris spirituellement ? aucun de nos présidents depuis
l’institution de la République chez nous ne s’est défini à ce point par ce
mystère : le ressort d’une ambition sans contenu que d’arriver et réarriver
à une place, que (contagion « systémique » du vide) l’on vide de tout
sens, et donc de légitimité, parce qu’on n’en fait rien.
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