Mardi Saint . 15 Avril 2014
L’aube
qui se termine en
couleurs d’orage vers le sud et en lividité d’un sang décomposé en lymphe
vers l’est, unisson et dialogues, chœurs divers et mouvements des oiseaux. Hier
soir, nappes de jeunes hirondelles évoluant au-dessus comme nous rentrions de la classe. Mal à l’épaule
gauche, arthrose ? tendinite ? mon manuscrit, second registre : une
mémoire réfléchie a bien avancé ces trois jours. Espérance raisonnable que le
manuscrit soit au point pour notre transit parisien vers la Vanoise dans dix
jours. L’écriture est une inspiration, puis un doute, une joie pendant, un défi
avant, je n’ai jamais vraiment connu, sauf en journalisme, l’après : la
matérialité de l’édition et la rumeur des lectures… Toutes les formes d’enfermement,
les dirigeants actuels de notre pays, les sites se réclamant d’un christianisme
version « pied de la lettre » mais nous restons quand même à l’air
libre tandis qu’à Abuja ou en Ukraine, au Kremlin…
Prier…
les messes chrismales à travers le monde, le rôle décisif et potentiellement
lumineux, en permanence fondateur, d’un évêque… chefferie ou collégialité
pour l’ensemble, non seulement du « presbyterum » ce qui paraît si
rare, mais pour tous les chrétiens d’une contrée, d’une condition de vie… et…
Dialogues d’Isaîe, le « proto-évangéliste » [1]. Je me suis fatigué pour rien, c’est pour le néant, c’est
en pure perte que j’ai usé mes forces…Maintenant le Seigneur parle, lui qui ma
formé dès le sein de ma mère pour que je sois son serviteur, que je lui ramène
Jacob et que je lui rassemble Irsaël. Oui, j’ai du prix aux yeux du Seigneur, c’est
mon Dieu qui est ma force. Il parle ainsi : « C’est trop peu que tu
sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et ramener les rescapés d’Israël :
je vais faire de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux
extrêmités de la terre ». Pétition
de vocation personnelle, prophétique, collégiale, assimilation d’Isaïe au Christ
et de nous à eux. Toi, mon soutien dès avant ma naissance, tu m’as choisi
dès le ventre de ma mère. Notre
conception-même nous élit dans l’amour divin, dans l’amour humain. Plus je vais,
moi qui ai péché par manque de confiance, plus je vis que le physique autant
que le spirituel et l’affectif de l’amour humain sont ce qu’il y a de plus
décisifs et sont aussi l’approche la plus complète qui nous soit donnée de
Dieu. Tu es mon espérance… sois le rocher qui m’accueille, toujours
accessible. Tu as résolu de me sauver. Le
naufrage et la prise ferme. La main, le cœur, l’ouverture, l’accueil et la
chaleur du repos. Jésus à l’instant de nous être livrés, la plein conscience d’un
itinéraire incompréhensible comme événement pour les disciples, comme logique
rédemptrice et libertaire pour nous. Là où je m’en vais, vous ne pouvez
aller. Je vous le dis maintenant à vous aussi… Là où je m’en vais, tu ne peux
pas le suivre pour l’instant ; tu me suivras plus tard. Le concret du passage à la vie éternelle.
Nos réponses, de al forfanterie au remords, le pot commun de la trahison. Il sortit
aussitôt ; il faisait nuit… Tu donneras ta vie pour moi ? Le coq ne
chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois. Echo de Dieu, de Dieu
fait homme : il fut bouleversé au plus profond de lui-même. L’invite claire de cette Semaine Sainte est
notre participation sans texte, ni apprêt, ni murmure, que notre présence en
totalité dans la foule et dans le dialogue intime, le Christ passe, le Christ
est là, le Christ nous donne Sa mort. Criailleries du procès, tumulte des
positions et des motifs tant que le silence ne se fait pas en nous et dans le
monde pour simplement regarder. Notre espérance faite homme nous donne le
surgissement de Dieu dans l’Histoire, certes, dans nos âmes : ce qui est
bien davantage.
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