Le chant des oiseaux, le pays bloqué dans la position :
chute, disparition et moi en plein océan des difficultés, astreintes et peurs en
tous genres. Mais le ciel, la vie, la beauté à fleur d’esprit, de cœur, d’âme,
tous les ingrédients de la résurrection de la chair. Et les autres que
j’aime, sont vivants. Le coucou en voix à part, distincte du chœur plus aigu,
lui, a son rythme tranquille. Qui sait pourquoi chacun commence, et chacun se
tait…. Le péché, est-ce cela qui fait apparaître l’Histoire. Le temps ? Au
paradis, tranquilles et heureux de ce qu’ils sont et ont, en Dieu, Adam et Eve
n’ont pas d’histoire et l’Histoire n’existe pas. La transgression ouvre
l’Histoire, celle des malheurs et celle de la Rédemption, ensemble. Cela ne
tient pas bien ni en logique ni en… le mystère est bien dans la Genèse,
car l’Apocalypse, le dénouement
heureux, sont appelés par le malheur originel, mais la création ? effet de
Dieu, cela se comprend. Mais le péché, cela
ne se comprend pas, sauf selon LA FONTAINE, l’ennui naquit un jour de
l’uniformité… ?
En son temps, le Christ fait l’Histoire, du moins en Palestine. Qu’allons-nous faire ? Cet homme
accomplit un grand nombre de signes. Si nous continuons à le laisser agir, tout
le monde va croire en lui, et les Romains viendront détruire notre Lieu saint
et notre nation. [1] Conclusion
tout humaine ? Vous n’y comprenez rien ; vous ne voyez pas quel est votre
intérêt : il vaut mieux qu’un seul homme meure pour tout le peuple, et que
l’ensemble de la nation ne périsse pas. En
regard, Dieu… je conclurai avec eux une Alliance de paix, une Alliance
éternelle. Je les rétablirai, je les multiplierai, je mettrai mon sanctuaire au
milieu d’eux pour toujours. Les deux
réponses, comme au « Paradis », l’alternative voulue par Dieu :
notre liberté. Demeurer avec Lui ou transgresser. La felix culpa caractérisée par saint Paul… mais peut-être
ici la clé ? Caïphe qui apporte la conclusion aux délibérations du clergé
et de la hiérarchie du moment. Ce qu’il disait ne venait pas de
lui-même ; mais, comme il était grand prêtre cette année-là (les présidences tournantes chères à ces
faiseurs d’institutions qui ne choisissent pas), il fut prophète en révélant
que Jésus allait mourir pour la
nation. Or ce n’était pas seulement pour la nation, c’était
afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés. L’ensemble de l’Histoire a alors son sens, la
liberté est le summum de la conscience, de l’humanité, elle fait de la créature
le partenaire de son créateur. C’est la réussite divine. A grand risque, nous y
tombons chacun et l’humanité entière. Mais la solution est là, rédemption
d’amour. Mise en exergue de ce qu’est la vie, ce qui nous est le plus précieux
et consubstantiel. La rédemption est grande non parce qu’elle nous rétablit à
l’état initial, enrichi par l’exercice désormais conscient de la liberté,
réorienté, voulu, mais parce qu’elle dit ce qu’est la vie, ce qu’est la
cération, ce qu’est l’œuvre de Dieu, ce qu’est Dieu. Et l’Histoire ne
« sert » qu’à faire entendre cette parole de Dieu, ces multiples
énoncés de Qui il est, d’Abraham au cri ultime du crucifié. Crucifié. Détail de
la tentation et de la chute dans la Genèse, détail du complot, des
délibérations, des atermoiements dans l’évangile de Jean. Qu’en
pensez-vous ? Il ne viendra sûrement pas à la fête ! Si ! puisque ce sera la sienne,
tragique et glorieuse, le grand face à face. Symboliquement, le Christ fait
retraite dans la ville nommant le mieux l’objet de la prédilection divine.
Chacun se prépare, très clairement identifié. A partir de ce jour-là, le
grand conseil fut décidé à le faire mourir. C’est pourquoi Jésus ne circulait
plus ouvertement parmi les Juifs, il partit pour la région proche du désert,
dans la ville d’Ephraïm où il séjourna avec ses disciples. Chez qui ? comment ? proche du désert. Les uns parlent de supprimer et d’isoler,
Dieu, le suprême Autre prépare le tout contraire. J’irai prendre les fils
d’Israël parmi les nations où ils sont allés. Je vais les rassembler de partout
et les ramener sur leur terre… Ils seront mon peuple et je serai leur Dieu.
Evidemment, pour le Juif, s’imprégner de ces textes sans y voir la
prophétie et la légitimation de l’état de choses actuel, suppose mentalement,
religieusement, politiquement une conversion copernicienne, une lecture tout
autre de soi et du corpus de la foi, de la révélation. Ce ne
sont pas là des pourparlers de paix en langue de bois comme depuis vingt-cinq
ans. Mais à ce changement total de regard, d’inspiration, de lecture face à une
tradition, face aux textes fondateurs, l’Eglise, elle-même, tellement désertée,
tellement à côté dans une apologétique qui n’atteint plus la masse vivante de
l’humanité – du moins, me semble-t-il – n’est-elle pas aussi appelée. Son
impasse actuelle n’est-elle pas un appel à une recherche sereine certes, mais
intense ? N’y a-t-il pas un appel ? Bien évidemment, cette
dialectique vaut pour notre cher pays… et probablement pour moi qui depuis ma
chute n’ai jamais su changer de stratégie ni de regard sur ce que je dois
faire. Tâter les muraillles, sans trouver la porte, qui est tout près… l’une
des figures de KAFKA… On n’y arrive pas seul, l’Eglise, Israël, ma génération
qui finit et qui avait toutes les chances pour en léguer si peu, et si nouées,
si obcures, compliquées à interpréter… il nous faut Dieu. Ils affluent vers la bonté du Seigneur. La
jeune fille se réjouit, elle danse (summum
de la beauté et de la séduction, mais ce n’est pas la fille d’Hérodiade, c’est
l’humanité, de mon cœur a jailli un beau poème, c’est toute ma vie que
j’offre au roi). Jeunes gens,
vieilles gens, tous ensemble ! Je change leur deuil en joie, les réjouis,
les console, après la peine..
Et le complot se noue définitivement à la résurrection de Lazare :
les nombreux Juifs qui
étaient venus entourer Marie sa soeur et avaient donc vu ce que faisait Jésus,
crurent en lui. Mais quelques-uns allèrent trouver les pharisiens pour leur
raconter ce qu’il avait fait. Il y a
quelque chose de très contemporain dans l’ensemble de l’évangile de Jean :
c’est « le gratin ». Jean est manifestment introduit dans la
délibération des plus hautes autorités de son pays et les autres résurrections
opérées par Jésus n’ont pas le retentissement de celle de Lazare, pas tellement
parce que celui-ci et ses sœurs sont devenus intimes du Christ (dans des
circonstances qui ne semblent pas rapportées sauf si Marie est Marie-Madeleine
et a donc appelé l’attention du Sauveur sur elle en l’embaumant par avance :
là encore, la résurrection… déjà prophétisée par la mise dans un puits de
Joseph par ses frères, et la vente à des porteurs de myrrhe, encens et autres
plantes aromatiques), mais parce qu’il doit être fort connu, socialement coté…
Dans ces conjonctures d’époque, il n’est pas non plus indifférent que Jésus
rende service à l’occupant en exauçant plusieurs de ses officiers, et que ce
soit un Romain qui proclame l’innocence de Celui que lui amènent les hiérarchis
juives, et encore un Romain qui énonce la première profession de foi quand vient
de mourir le Christ. L’Histoire commencée avec le péché, mais constamment parlée
et signifiée par Dieu dans notre langue et selon nos sociétés et atavismes…
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