08 heures 05 + Eveillé autour de cinq heures et quart,
à temps pour couper le chauffage. Dialogue avec ma chère femme. Jamais, je n’ai
autant ressenti son amour. Avec justesse, elle me prie de ne dire aucun mot
pour souhaiter ou qualifier l’année qui s’ouvre. Et nous nous sommes endormis
main dans la main avec ce même vœu du silence pour l’immédiat et le futur, ne
dialoguant que sur notre fille et notre hôte. Et aussi sur ce message si
inattendu de haine, que je reçois en réponse à ma lettre du 23 et à ma demande
d’intercession pour une réconciliation avec ses parents : … Une révélation.
Balançant, il me le fallait, ce crachat et cette malédiction, un message de
Julien G.. Lui comme Jacques de B., dans mon adolescence scoute, ont
eu sur moi l’influence la plus bénéfique, me formant au sens le plus littéral
du terme. Je leur dois en culture, en finesse d’appréhension de la vie :
tout. Et ce matin, une autre leçon, tout aussi intéressante et belle en
soi : comment honnêtement une même « prestation » télévisée,
celle du président encore régnant mais sortant sans rémission, est perçue.
Edith et moi avons trouvé FH hier soir très bien d’élocution et de fond, même
exceptionnellement bien physiquement, soulagé d’un poids, et assuré d’avoir
pris le cap [1].
Mon cher Jean-Marc me courielle l’impression contraire, et aussi sur les
concurrents de maintenant [2]. Avant l’allocution de
vingt heures, un rappel de FM : je n’avais pu voir, vivre ce moment qui fut intense. Selon, Edith, sa
mère fut aux larmes, et JC, filmé en trop gros plan et mimant trop son texte,
lequel n’avait pas de fond puisqu’aucun des dangers auxquels nous nous croyons
exposés pendant notre présent choix d’un nouveau chef, ne se discernait alors…
Instant d’écran avec FF, défiguré de fatigue : « une France libre et
grande », avec Marine LE PEN, une alacrité démonstrative à la Stéphane
BERN (je suis convaincu depuis des semaines, qu’elle ne sera pas au second
tour) et enfin MONTEBOURG, jouant le jeune sympa.
Dernières heures de l’année 2016 hier soir. Dîner de
petites choses, crémant, soupe au fenouil. Bougies et chandelles partout, le
feu net et clair. Marguerite, coiffure en rond serré sur l’occiput par un lien
de marguerites, je n’aime pas beaucoup, mais visage détendu et parfait. C’est
elle qui anime le moment, et propose qu’à tour de rôle nous disions ce qui nous
a plu ou déçu cette année, examen de conscience aussi avec énoncé de
résolutions pour 2017. L’exercice nous plaît, mais Bernard se dérobe, sa
filleule le reprend : tu pourrais quand même un peu t’ouvrir. Elle a
raison, elle est seule à pouvoir le dire mais mon beau-frère est
exceptionnellement presque gai malgré sa désespérance de trente ans ou plus,
qu’était-il en enfance ? Marguerite commence et résume excellemment ce
qu’elle me confie, comme sans doute à sa mère en d’autres moments et peut-être
d’autres mots. Elle retient surtout l’aisance au collège mais seulement depuis
la rentrée de Septembre, il y a la découverte et l’alliance progressives de ses
amies de classe, l’arrivée de la chatoune, l’école de voile cet été, le voyage
scolaire en Italie et ses résolutions sont une meilleure application en classe.
Je ne me souviens ni de tout ni du mot à mot, mais je suis ému. Edith ne se
dérobe pas, évoque notre semestre d’YNOV à Nantes sans le qualifier, mais nous
le partageâmes intensément, la mort de Kiki l’a énormément requise, sa nuit de
dernière veille, et à la fin de 2015, pendant notre déjeuner de Noël, la mort
de Sacha. Evocation des deux : émouvante. Elle me reproche mon manque de
présence et je ne cherche pas à m’en défendre, quoique à mon clavier, je
continue d’entendre, d’intervenir (ce qui agace, je le sais) et de respirer
avec elle et notre fille, mais si je n’écris pas… ?, cf. mon courriel du
dernier matin de 2016. Pour moi, ce ne pouvait être qu’action de grâce, ce que
j’ai appris en échouant à YNOV et en m’y remettant à quatre fois pour un livre,
heureusement proche d’aboutir, et enfin le bon cadrage des prescriptions
médicales. Surtout, ce que m’apporte notre fille, nos conversations de voiture
et du soir, et maintenant son implication dans ce que je fais, écris et tente,
ses attentions pour moi, si multiples, sa confiance qui m’honore et m’oblige.
Et de ma chère femme les preuves et mots d’amour, comme jamais dans ma vie,
encore à ces instants. Résolution, mener vigoureusement ce que nous avons à
vivre prochainement, tenter d’être moins pesant, prolixe, agaçant. – Nous avons
continué en jeu de société devant le poêle : toujours les mystères de Pékin, et avons pu nous embrasser à la bonne
heure. Prière avec notre fille, au pied de son lit. La prière scoute d’abord.
17 heures 34 + Messe de onze heures en trinité, Edith
et moi « sur » la tombe de Maman, ensuite rejoints par notre trésor
qui « cacatait » dans la voiture. – Je me remets à mon essai de
livre : le chapitre 4 maintenant, le dernier et d’autres conclusions,
demain. Il me faut de la politique extérieure et de la vie quotidienne, sans
doute vais-je le pouvoir dans les deux chapitres prévus : j’en suis à 66
pages. Réduire les annexes, sans doute donc la centaine de pages, ce serait
bien. Relire mardi, imprimer en quatre ou cinq exemplaires en fin d’après-midi
de ce mardi-là. Mais… sensation que cela n’intéressera personne, un livre de ce
genre ne crée personne et doit au contraire être suscité par la notoriété de
quelqu’un (MACRON qui ne m’attire en rien, son passé, sa manière de maintenant,
ses idées s’il en a de différentes de celles implicitement en œuvre quand il
était au gouvernement : son livre marche, et les sondages en font
« l’homme politique le plus populaire ») … probabilité que je ne
trouverai pas d’éditeur, et pas à temps….
Personnages de chaque jour : ROUVIER, banquier
d’origine dans le commerce avec le Proche-Orient fait aboutir la loi de séparation
de l’Eglise et de l’Etat qu’il avait réclamée dès 1881, mais réouté l’un des
plus corrompus de la Troisième… GOBLET, l’élection des maires, début de la
réforme de l’enseignement supérieur, laïcisation du personnel dans le primaire
et le secondaire, fondation de l’Ecole pratique des hautes études, la
constitution du parti racical et radical-socialiste … WADDINGTON, français par
naturalisation, la révélation d’un réputé médiocre et les grands actes qu’il
inspire, le siège des pouvoirs publics à Paris après neuf ans à Versailles, la Marseillaise confirmée, la
République tranquillement confirmée …. GAMBETTA : a contrario, la
puissance d’obstruction de l’Elysée sous nos IIIème et IVème Républiques :
COTY empêche PMF et fait DG, GREVY empêche GAMBETTA. Celui-ci, borgne de l’oeil
droit (ses photos. toujours profil gauche), français seulement en 1859 et mort
à 44 ans… le Prince impérial, mort donc en Afrique du sud, le 1er
Juin 1879, si jeune, et – je l’apprends – intelligent et très popilaire, les
bonapartistes, alors principale opposition aux débuts de la République :
il avait donc des chances très sérieuses.
18 heures 46 + Je reprends mon livre. Lutter… y
arriver.
18 heures 57 + Auparavant prier… premier jour de
l’année, dédié à Marie, mère de Dieu, mère de paix et d’espérance donc.
Messages de nos papes…. Messe en trinité ce matin dans notre église
paroissiale, onze heures, les ornements blancs et la chasuble portée en tunique
plutôt qu’en manteau vont très bien à notre recteur. Balourdises des très jeunes
enfants de chœur, peu d’assistance : elles lui font presque plaisir car elles l'amusent, manifestement. Chant d’entrée : la tendresse fleurira sur nos frontières, l’espérance
habite la terre. Fasse notre Dieu et
Seigneur que ce soit, cette année ! La grande bénédiction mosaïque
enseignée à Aaron par Dieu dialoguant avec Moïse [3] : Que le
Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi
Son visage, qu’Il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi Son
visage, qu’Il t’apporte la paix ! Salutation qui ne vaut pas en tant que telle,
mais parce qu’elle « entraîne » celle de Dieu Lui-même : moi,
je les bénirai. Pas de bénédiction
humaine, la bénédiction divine parce que le nom de Dieu, nous L’aurons invoqué.
Un Dieu invoqué, attendu et qui Se manifeste. Nous en sommes au même point que
les bergers : l’entendu et le vu. Ils racontèrent ce qui leur avait
été annoncé au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient
de ce que leur racontaient les bergers… Les bergers repartirent ; ils
glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon
ce qui leur avait annoncé. Les faits
éprouvés, l’annonce de ces faits. Sans cette annonce, quelle
interprétation : le nouveau-né couché dans la mangeoire, quoi de
sensationnel ? un enfant de plus, quoiqu’en situation précaire. La foi se
donne, se convoque, elle est appelée, nous en sommes alors acteurs : les
bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph,
avec le nouveau-né couché dans une mangeoire. Les contemporains de cette naissance : le peuple, après avoir
vu… selon l’appel des anges dans leur
nuit de veille de leurs troupeaux… Nos métiers, nos circonstances, tous nos
âges et états de vie. Mais aussi Marie et Joseph… celle-ci, maîtresse de vie
spirituelle : Marie, cependant, retenait tous ces événements et les
méditait dans son cœur. Quête de sens,
l’Annonciation le lui a donné, mais c’est à, actualiser. Une confirmation est
encore plus étonnante qu’une première annonce. Louange intime ? elle est
une réponse à Elisabeth, la Visitation lui donne son cadre. Confirmation enfin
du nom de Jésus, dit par l’ange à Marie, puis à Joseph. C’est maintenant
légalisé. L’ensemble vécu, se vit intimement, après l’éclat céleste de
Noël. Aboutissement de la bénédiction mosaïque : le psalmiste constate que la
terre a donné son fruti ; Dieu, notre Dieu nous bénit. Puisse aussi cette année nouvelle être celle
de débuts de conversion : parents d’amies de notre fille, amies de
celle-ci, et aussi adoucissement des haines et rancoeurs entre certains d’entre
nous, salut enfin pour notre chère sœur. Que son visage s’illumine pour
nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les
nations.
20 heures 35
+ Nouvelles… les célébrations en lumière, en foule dans les capitales : c’est
du spectacle réussi. Texte du Pape, ce matin, magnifique : Commencer l’année en faisant mémoire de la
bonté de Dieu sur le visage maternel de Marie, sur le visage maternel de
l’Église, sur le visage de nos mères, nous protège de la maladie corrosive qui
consiste à être « orphelin spirituel », cette réalité que vit
l’âme quand elle se sent sans mère et que la tendresse de Dieu lui manque.
Cette condition d’orphelin que nous vivons quand s’éteint en nous le sens de
l’appartenance à une famille, à un peuple, à une terre, à notre Dieu. Cette
condition d’orphelin, qui trouve de la place dans le cœur narcissique qui ne
sait regarder que lui-même et ses propres intérêts, et qui grandit quand nous
oublions que la vie a été un don - dont nous sommes débiteur des autres
-, vie que nous sommes invités à partager dans cette maison commune.
Cette condition d’orphelin
autoréférentielle est ce qui porta Caïn à dire : « Est-ce que je
suis, moi, le gardien de mon frère ?» (Gn 4,9), comme à
déclarer : il ne m’appartient pas, je ne le reconnais pas. Une telle
attitude d’orphelin spirituel est un cancer qui use et dégrade l’âme
silencieusement. Et ainsi, nous nous dégradons peu à peu, à partir du moment où
personne ne nous appartient et que nous n’appartenons à personne : je
dégrade la terre, parce qu’elle ne m’appartient pas, je dégrade les autres
parce qu’ils ne m’appartiennent pas, je dégrade Dieu parce que je ne lui
appartiens pas, et finalement nous nous dégradons nous-mêmes parce que nous
oublions qui nous sommes, quel « nom » divin nous portons. La perte
des liens qui nous unissent, typique de notre culture fragmentée et divisée,
fait que ce sens d’être orphelin grandit, et même le sens de grand vide et de
solitude. Le manque de contact physique (et non virtuel) cautérise peu à peu
nos cœurs (cf. Let. enc. Laudato
si’, n. 49) leur faisant perdre la capacité de la tendresse et de
l’étonnement, de la pitié et de la compassion. Être orphelin spirituel nous
fait perdre la mémoire de ce que signifie être fils, être petits-fils, être
parents, être grands-parents, être amis, être croyants ; nous fait perdre
la mémoire de la valeur du jeu, du chant, du rire, du repos, de la gratuité.
[1] - Le 31/12/2016
à 20:17, Bertrand Fessard de Foucault a écrit à Jean-Pierre Jouyet : à
l’instant
Vrai, ému, juste, complet, très complet et beau.
Veuillez, si vous le voulez bien, bien redire au Président ma
déférente et chaleureuse estime. L'avenir n'est pas terminé.
Et pour vous, voeux amicaux, sincères.
Cher Bertrand,
Tout d'abord mes meilleurs
vœux pour 2917!
Ensuite, ma réaction immédiate
sur les voeux du Président que je viens de voir sur Dailly Motion : creux,
vides, non sincères... Mais peut être est-ce que je n'arrive plus à le croire
un seul instant...
Macron ou Fillon, avec leurs
défauts ou même qualités, me paraissent mille fois plus profonds.
Fidèles amitiés
[3] - Nombres VI 22 à 27 ; psaume ; Paul aux Galates IV 4 à 7 ;
évangile selon saint Luc II 16 à 21
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