Mardi 31 Janvier 2017
05
heures 18 + Eveillé depuis juste avant quatre heures. Il me
faut avoir envoyé
mon texte d’ici neuf heures, pour tannant mon correspondant,
j’obtienne de lui
la mise en marche de l’édition avant qu’il ne s’absente pour
dix jours. Je ne
ferai pas – pour cet envoi – tous les [1]portraits
que je prévoyais, je m’arrête
à MJ et me place sous son patronage. Aboutir : livre,
signatures,
campagne, suites… toutes. Je reprends brièvement 1 et 2,
« finis »
ANDRIEU et « fais » MJ. Puis… barka…
06
heures 19 + Cela marche bien, réintroduit le chapitre 2,
terminé René ANDRIEU [2],
je viens à MJ, je
travaille tranquillement sous inspiration.
07
heures 35 + Repris le tout début du livre, et maintenant je
conclus avec MJ [3].
Dans une heure ou à
peine plus, ce doit être « parti ».
09
heures 35 + Parti. Alea jacta est. Tout le reste va
s’ensuivre, dans un sens ou
dans un autre. Suractivité mais entourement et portage, ou
préparation sereine
mais continue : livres pouvant accrocher un prix et livres
de devoir et
tribut, pendant les cinq ans à venir.
… à l’hôpital
Chubert, couloir de la
radiologie, prise de courant et chauffage… 13 heures 35 + La messe
en retard au
collège de notre fille, nous arrivons pour le Canon, un
prêtre âgé
concélèbre : venu exposer l’Islam aux terminales. Marguerite
à la droite
du directeur, calme. J’aime entendre ma chère femme réciter
prières ou répons.
Re réaliser que transmettre autant que possible la foi peut
sauver la
nôtre : si celle qui m’a été donnée de naissance, fléchissait, notre
fille et ma femme me
ranimeraient.
Edith
se passionne pour les FF, surtout Pénélope, en larmes,
détruite, les images de
dimanche. Après la Revue des deux
mondes en fin de semaine
dernière, c’est
aujourd’hui le bureau du député de Paris Vième qui est
perquisitionnée. Se
juge-t-il perdu ? il fait savoir qu’il ne se rend pas à
l’invitation
générale des candidats par la Fondation Abbé Pierre :
commentairedu
rapport annuel sur le mal-logement : 148.000 SDF dont 35.000
mineurs,
témoignage bouleversant d’une jeune Rom, hors la rue
maintenant et en
apprentissage de la coiffure et des soins d’esthétique, elle
revient sur les
lieux de son calvaire pendant toute son enfance, la station
RATP, je ne retiens
pas le nom. – Michel SAPIN encore plus intéressant que
d’habitude : il
commente les chiffres de 2016, à peine 1,1% de croissance.
Il fait
réfléchir : une forte croissance s’il en revenait une ne
serait pas
forcément créatrice d’emplois (il ne vise pas
particulièrement l’économie numérique)
et un équilibre peut être trouvé, entre 1,5% et 2% : emploi
et équilibre
budgétaire. – Amérique du nord… ces six meurtres, un type
d’extrême-droite
passionément anti-Islam, cela se passe à Québec ? veillée
aux bougies hier
soir, témoignages, évidente émotion, union nationale
certaine, TRUDEAU junior,
très junior, semble remarquable, il assure en direct parmi
les bougies que les
musulmans sont canadiens
à part entière,
d’ailleurs ceux d’entre eux qui sont interrogés ont l’accent
caractéristique…
TRUMP, tollé international après son « décret » interdisant
le
territoire américain aux ressortissants de six Etats
arabes : limogeage de
la ministre de la Justice doutant de la légalité de cette
décision. Nomination
du neuvième membre de la Cour suprême, une extrêmiste
patentée. Je ne crois pas
à la durée, encore moins à la pérennité de ces
« déctricotages ». La
première étape va vite venir : Theresa MAY ne peut entamer
les procédures
du Brexit
qu’approuvée par les
Communes. Sans rien connaître de la composition actuelle de
celles-ci, je doute
qu’il y ait une majorité anti-Europe. Aussi sa visite à
TRUMP et leur concertation,
ne lui porteront pas chance.
Prier…
davantage que la conscience de la grâce ces derniers jours
pour ce travail
d’écriture, c’est celle, vive, que j’ai confiance. Sans
raison, sans analyse,
confiance d’être aidé et voulu. Fichier de mon livre,
adressé à neuf heures et
demi, restent une centaine de notes de bas de page. En
m’aidant de wikipédia, même
quand un point ou une biographie me sont familiers, je vais
plus vite que je ne
l’aurais fait avant ces « moteurs de recherche » et surtout
ce qu’il
y a dedans. Mais que de lacunes pour mes grands amis : MoD
ou MJ, chacun
trois-quatre pages seulement, mon cher JMJ, son père
président du Sénat,
trois-quatre pages… mais j’apprends : mes amis ne se
racontent pas, ne se
vantent pas. Louis VALLON, mon premier initiateur à une
lecture possible du
« complot » contre DG avait en 1958 commis un livre avec PMF
et
entretprise de couvrir DG sur sa gauche, avant les
classiques que je lus à
l’époque, notamment le
grand dessein
national en même temps que de SAUVY : la montée des jeunes. Ainsi René
ANDRIEU aurait été
pressenti pour être le candidat du Parti en 1969, ce fut
DUCLOS, certainement
plus identifiable pour l’électorat communiste traditionnel
mais vieillissant.
Mon ami eût été étincelant, état de la France et bilan de
DG… Mon cher MJ aurait
songé en 1989 à la mairie d’Orléans, et ainsi de suite…
Jésus,
la foule, une vie épuisante … Jésus
regagna en barque l’autre rive, et une grande foule s’assembla
autour de lui.
Il était au bord de la mer… Jésus
partit
avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse
qu’elle l’écrasait.
Fatigué… disponible… Les évangiles le
notent plutôt après les marches, ainsi le moment au puits de
Jacob (la
Samaritaine, l’eau, ses sept maris). Journée qui nous est
aujourd’hui
racontée : une enfant de douze ans (l’âge de Jésus
choisissant de rester
au Temple, et n’en prévenant pas Ses parents), elle est
mourante, elle meurt, c’est
fini. Une malade depuis dix-huit ans, s’étant ruinée pour
des charlatans. Le
« scenario » de la foi, dont hier Paul nous montrait la
prodigieuse
puissance. Témoins, les trois disciples conviés au Mont
Thabor, au Jardin des
Oliviers, du premier recrutement au bord du lac, des
pêcheurs, dont deux seront
les premiers – des hommes – au tombeau. Notre démarche, si
nous en avions une
en profondeur, en lucidité totale… Ma flle, encore si
jeune, est à toute
extrêmité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit
sauvée et qu’elle
vive… Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je
serai sauvée. Répartie
du Christ : Ma fille, ta
foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal… Ne crains pas, crois
seulement… La
délicatesse de Jésus, l’hémorroïsse a été
guérie à l’instant du toucher, Il confirme la guérison et
lui donne sens. La
foule autour de la maison du deuil : pourquoi cette
agitation et ces
pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort. Le mépris,
jusques sur la croix,
Jésus sera moqué.[4]
Ces incidences de Paul sur le péché, le combat : est-ce que
je combats
pour m’alléger, me purifier, pour écouter, pour suivre pas à
pas ma conscience
qui m’est donné, voir les signes d’autrui que j’encombre et
agace. Ce qui
nous alourdit – en particulier le péché qui nous entrave si
bien… vous n’avez
pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le
péché.
[1]
-
Moktar Ould Daddah, Maurice
Couve de Murville, Jacques
Fauvet, Michel Jobert, Pierre Bérégovoy, Pierre Messmer,
Jean-Marcel
Jeanneneney, Jean Charbonnel, Pierre Arpaillange
[2] - L’avais-je
déjà entendu et vu à la télévision,
alors l’O.R.T.F. unique et d’Etat ? L’Humanité
publia dès le lendemain de sa parution un extrait de mon
papier, le premier à
paraître dans Le Monde. J’y réduisais le principal
argument de dissuasion à
refuser ce referendum, convoqué pour la saint-Georges : ce
serait voter
avec les communistes. Je rappelais que contre Vichy puis
contre l’armée
européenne proposée entre 1952 et 1954, les gaullistes
avaient fait cause
unique avec les communistes. J’appelai le journal, mais
d’une cabine
téléphonique pour ne pas faire identifier ma mère et ne me
présentais que comme
l’auteur de l’article : du oui au
non .
René Andrieu
m’invita
à déjeuner avec lui.
L’homme m’impressionna autant par
son physique, par
son regard que par la sincérité et la logique de son
idéologie. Ce ne fut pas
un exposé, ce n’était pas même une faille d’esprit ou une
solidarité de combat
avec beaucoup : le Parti communiste depuis vingt-cinq ans
dépassait de
beaucoup dans les urnes les coalitions de gauche, entre le
quart et le
cinquième de l’électorat français. Notre relation allait
être régulière mais
nos rencontres étaient très espacées. La politique et les
évolutions françaises
n’y étaient pas évaluées de la manière dont à lire Le Monde ou à étudier à Sciences-Po. ou à
l’E.N.A. j’avais
l’habitude. Pas non plus de la façon binaire que la
Cinquième République
utilisait jusques-là pour mobiliser sérieusement. Ni
science ni simplisme ni
citations. Pas non plus de révérence pour la hiérarchie
communiste dont il
faisait partie
Ce n’est pas un homme qui flotte,
il ne flatte pas non
plus. Il est d’une telle sincérité, le patriotisme,
personne ne peut lui en
remontrer, c’est pour cela et c’est en cela qu’il soutient
l’Union soviétique,
qu’il aime son parti, le communisme. Bien plus qu’une
idéologie, bien plus
qu’un système dont l’application sera certainement
bénéfique, les comparaisons
le montrent, il s’agit pour lui du cœur et de la chair de
l’homme, un espoir
fou, saura-t-il écrire. Après
débat, c’est la nature de ce parti, il lui est préféré
Jacques Duclos,
emblématique, significatif, quasi-éternel pour hisser les
couleurs comme jamais
quand s’ouvre une succession prévisible à de Gaulle. Ce
dernier a été, au fond
préféré, même s’il n’était pas allé en Union soviétique et
jusqu’à Baïkonour,
au cœur (Kzyl Orda) du pays kazsakh que je parcourrai un
jour, presque trente
ans plus tard : comme au Brésil, des centaines de
kilomètres de route
droite, mais la traversée, quasiment un océan, des moutons
par milliers,
quelques cavaliers émergeant, et le long du goudron les
chameaux velus, ou bien
des manades tranquilles tandis qu’au loin puis proche un
convoi minéralier fait
défiler bruyamment ses wagons, le ciel, la terre, l’homme,
la steppe et ses
plantes sans racine que le vent appelle à transhumer à la
manière des
Regueibats suivant les nuages, la pluie et arrivant aux
paturages plantureux
mais précaires. C’est de là qu’a été propulsé Youri
Gagarine. Sur le site, dans
la maison de celui-ci, une photo de l’homme du 18-Juin,
chapeau de paille… pour
admirer le lancement d’un Soyouz. A côté de lui, Maurice
Couve de Murville,
sosie d’un des meilleurs acteurs d’Hitchcok, un implacable
dilettante. Préféré
de Gaulle même s’il n’avait pas sorti la France de
l’Organisation intégrée de
l’Atlantique nord : le ministre des Armées ,
que les
Etats-Unis avaient tenté de corrompre quand il vint les
voir et exposer,
défendre en stratégie notre toute jeune « force de
frappe », Pierre
Messmer était d’avis de nous donner des délais et donc aux
autres. Le Général
avait refusé, tout de suite et dans le détail, ce qui fut
aussi sa manière pour
le referendum du printemps de 1969. On était donc en 1966,
le printemps déjà,
une réélection difficile, la première du genre universel
direct. Catholiques et
agriculteurs ne s’étaient pas reconnus dans celui qui les
légitimait tellement,
des contrats d’aide financière pour les établissements
d’enseignement chrétien,
un système de retraite auquel en même temps que les
artisans et isolés, les
prêtres et religieux pouvaient cotiser, et le marché
commun agricole pour le
financement duquel la France bloquait toute avancée en
désarmement douanier
entre Etats-membres et en votation à la simple majorité
qualifiée au sein des
instances bruxelloises. L’électorat ouvrier n’avait pas
fait bloc contre de
Gaulle et en Mai 1968, il fut dit – Jacques Duclos à
Jacques Vendroux,
beau-frère du Général – tenez bon ! Pas de gauchisme
certes, mais dans
l’ordre international, l’Union soviétique, les peuples, le
Parti communiste
français pouvaient-ils demander mieux ? et à la guerre
américaine du
Vietnam, décisive autant pour l’Union soviétique, qui
s’opposait le plus
spectaculairement, sur place ou presque ?
Quasiment sur son lit de mort,
puisque notre dernière
conversation, cette fois chez lui, eut lieu très peu avant
l’incinération au
Père-Lachaise, j’y assistais en compagnie de ma chère
femme derrière le rang de
Robert Hue – René Andrieu confessa que les communistes
auraient dû soutenir de
Gaulle, tout le temps. Nous évoquâmes d’écrire ensemble
cela. Auparavant, alors
que je partais pour Lisbonne, en début de carrière, et
écrivais que dans
un pays où les comlmunistes seraient au
pouvoir, leurs permanences ne seraient pas mises à sac
,
mon ami
aux yeux clairs et au front stendhalien, la même logique
en amour qu’en
politique, mais les causes forcément successives,
m’entretint de son inquiétude
désormais. On était encore en 1975 et l’Afghanistan
n’était pas un sujet. Il
craignait que s’établisse à Moscou… la dictature. Ce
serait celle de l’armée et
ce serait la fin d’une si grande espérance. La sienne et
celle de tant par le
monde. Je la partageais quoique nos voies étaient
différentes, mais je pus,
douze ans plus, tard écrire à Mikhaïl Gorbatchev, cette
espérance, cette même
espérance que son intelligence et une autorité que je ne
savais pas contestée
rétablissaient, en rénovant l’Union soviétique. Le numéro
un, septième
secrétaire général du P.C.U.S., me fit connaître qu’il
m’avait lu .
[3] - La voix est belle mais c’est
le souvenir qui me
l’assure. Ma chère femme me le dit aussi : elle, à ses six
ans, sa mère
avaient ensemble été séduites vraiment par l’ancien
collaborateur et ministre
des Affaires Etrangères de Georges Pompidou, banal et
presque mou, à côté de
cet homme, pas grand de taille ,
d’une
présence muette, intense. Le visage n’est pas mobile, il
regarde, me regarde,
le front dénudé, la bouche qui peut être sensuelle, je ne
les vois pas. Il me
reçoit, le bureau censément de Vergennes, une année vient
de finir, dès sa
nomination lui faisant quitter l’Elysée où il était le
secrétaire général après
avoir dirigé le cabinet du Premier ministre à Matignon et
presque tout tenu,
avec Maurice Grimaud, le préfet de police, pendant les
« événements de
Mai », il avait su que ce ne serait pas long. Il avait
lutté contre la
montre, pas pour la montre. Le Premier ministre d’alors,
Pierre Messmer dont il
avait soufflé le nom au successeur de de Gaulle pour
remplacer Jacques
Chaban-Delmas, agaçant à force de plaire à l’opinion
publique et à l’Assemblée
nationale, venait de saluer le très difficile redressement
isarëlien après
l’attaque-surprise d’Anouar-Al sadate, vengeant Nasser.
Georges Pompidou, tenant
au dialogue euro-arabe qu’il avait inauguré en même temps
qu’il acceptait
l’entrée de la Grande-Bretagne dans la Communauté des Six
désormais
vouée à l’extension continue, avait demandé au ministre,
jusques là inconnu, de
remettre les choses d’aplomb, au moins pour les opinions
là-bas et pour un peu
de réflexion chez nous. Coincé par les journalistes venus
en grand nombre, sans
que se distingue un décor gouvernemental, Michel Jobert
demanda – au monde
entier – le soir-même : est-ce être
agressif, que de vouloir rentrer chez soi ? Volant
vers Stockholm où
allait s’ouvrir la première conférence des temps nouveaux
– ceux de la détente
souhaitée, préparée, pressentie par de Gaulle et Couve de
Murville – la
Conférence pour la sécurité et la coopération en Europe,
la C.S.C.E. ,
le
ministre prend connaissance de ce que lui ont préparé ces
services et qu’il
doit lire. Il froisse, qu’y comprendrait sa concierge ?
rien, or il s’agit
d’elle, de tous les Européens, au silence à l’est, au
verbiage à l’ouest et tous
sous surveillance de soi-disant plus grands, sinon
légitimes : l’Union
Soviétique, les Etats-Unis d’Amérique. Michel Jobert
parlera, sans notes. Il me
fait maintenant lire ce qu’il a lui-même écrit : Georges
Pompidou est mort
depuis six jours et demain, il y a l’Assemblée générale
des Nations Unies, il
veut évoquer cet homme qui savait où il
allait. Lui-même en atteste. Quand il fut nommé,
pour l’ensemble des
commentateurs, ce ne pouvait être que « la voix de son
maître ».
Pourquoi ai-je cru aussitôt le contraire ? pourquoi ai-je
prévu
qu’introduit comme cela au pouvoir, le collaborateur
fidèle et intime n’allait
servir qu’en étant différent d’un explicite jusques là pas
très convaincant ni
contagieux. Et le choix de la différence amènerait, quatre
ans après le départ
de celui-là, à de Gaulle. Je l’écrivis donc au nouveau
ministre, Michel Jobert
me répondit de sa main et me confia, pour information, à
Raoul Delaye, son
camarade de promotion et son ami d’intelligence. Pendant
un an, j’étais
régulièrement ou à ma demande instruit de que le ministre
pensait, ou refusait
ou allait essayer. De la tribune que m’accordait autant
que jamais Le Monde,
je soutins à fond le nouvel
homme de la parole française.
Maurice Couve de Murville, parce
qu’il n’aimait pas
Georges Pompidou, n’avait guère d’inclination pour Michel
Jobert, mais celui-ci
en avait pour le grand exemple. Je ne pus les faire se
rencontrer. Jacques
Fauvet déjeuna avec Michel Jobert, à mon instigation et
cela ne réussit pas.
Les registres entre chacun de mes conducteurs d’évaluation
et d’écriture,
n’étaient compatibles, ne se recouvraient que dans ma
pensée. Ecrivant
certainement et dans pas longtemps, sur chacun d’eux,
j’essaierai de montrer
cette combinaison certaine de la foi, la même, et des
talents, très différents
pour notre cause de France et d’Europe.
Je m’entretenais ainsi avec
Michel Jobert, pour la
première fois .
Nous connûmes notre chagrin.
On crut, à sa sortie en avance d’un
conseil des ministres, présidé comme en 1969 par Alain
Poher, président du
Sénat, et donc président de la République par intérim,
qu’il allait se
présenter à l’élection : il était devenu notoire,
populaire, le resta. Au
lendemain de son élection présidentielle, François
Mitterrand le reçut, premier
de tous ses soutiens et de ses entourages. Rue de Bièvre,
il arrivait à pied
seul, les photographes en chalut autour de lui. Il a écrit
aussi bien ces
débuts et une inconséquence fréquente, la désinvolture
parfois du nouveau roi.
Il rédigeait si simplement que le miracle se soutenait à
longueur de ses
livres, interrogeant les immortels du quai de Conti, je
fus confirmé qu’il
serait reçu à l’Acadélie française à laquelle il songeait
d’autant moins qu’il
eût voulu la présidence de la S.N.C.F, sous Valéry Giscard
d’Estaing, ou ensuite
l’académie Goncourt.
L’enfant de Volubilis et de
Meknès, ne découvrant la
France qu’à ses vingt ans, faisant pour elle la guerre
d’Italie et scandalisé
rétrospectivement que les mémoires de Charles de Gaulle
fasse si peu cas des
combattants de 1943-1945, resta en toutes occasions et
conversations l’homme
des Arabes et du respect. Le Mouvement des démocrates
qu’il fonda, sans
succès électoral, fut pendant une croisade pour la vie,
pour que chacun soit l’évidence qui
dérange. En tête-à-tête,
ou par des lettres à l’énergie et à la perspicacité
entrainante, il me mit
jusqu’à sa mort – mort de lassitude – en face de moi-même
et de ce que, le
pouvant, je devais faire. Une exhortation au caractère et
à la rigueur.
Dédicaçant ses livres
comme personne, parce qu’il
étudiait sans impudeur mais avec profondeur, certitude,
celle ou celui
lui présentant ouvert son nouveau livre, il en disait
autant. Nous recevions,
chacun, en pleine vie, le texte de notre propre épitaphe
vers laquelle
tendre. Tout le temps.
L’admirant ainsi, l’aimant, je
m’aperçois que cette
vie qu’il me souhaitait, a été jusqu’à présent, une simple
introduction. Je
n’ai toujours fait qu’écrire et aimer. Faut-il davantage,
davantage qui dépende
de moi ? Oui, mais cela dépend encore plus de vous : pour
commencer
et continuer. On ne décide jamais seul, car on pense aux
autres. Je pense à
vous. Parler aux
Français, Michel
Jobert me l’apprit en me confiant souvent la harangue de
conclusion à nos
rassemblements du Mouvement des démocrates. Aujourd’hui
sous la cendre, mais il
me semble qu’en campagne, elle peut rougeoyer, chaude.
Cette tentative comme
toutes celles, avant ou depuis, médiatisée ou instinctive,
nationale ou de
village. Faute de dirigeants, faire nous-même. Et si de
bons dirigeants
réclament notre soutien, encore plus faire nous-mêmes :
ils seront
émancipés des mauvais génies et des apathies mentales qui
depuis vingt ans nous
enveloppent dans leur linceul. La France, depuis, fait
semblant et nous ne
pouvons plus la reconnaître si la participation, la
démocratie, la
considération sont si peu le cours politique.
L’applaudissement ne fait pas
même frémir l’air qui nous maintient en vie. Qui ne le
sait ? même le
bateleur.
[4]
- lettre aux Hébreux XII 1 à 4 ; psaume XXII ;
évangile selon
saint Marc V 21 à 43
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