Jacinthe (Jacinta de Jesus) Marto,
la plus jeune des visionnaires des apparitions de Notre-Dame de Fatima, en
1917, avec son frère Francisco Marto et leur cousine Lúcia dos Santos, est
née le 11 mars 1910 à Aljustrel au Portugal. Elle est la fille
légitime de Manuel Pedro Marto et d’Olímpia de Jésus. Le 19 mars, elle reçoit
le sacrement du baptême à l’église paroissiale de Fatima.
De caractère joyeux et insouciant, elle
aime à danser - ce qu'elle fait avec grâce - et ce jusque dans la prison de
Vila Nova de Ourém ! Très marquée par la vision de l'enfer (montré lors des
apparitions de Fatima), elle s'attache spécialement à prier et à
se sacrifier pour la conversion des pécheurs. Elle redit souvent la prière
enseignée par Notre Dame et elle invite son frère et sa cousine à prier
« pour sauver les âmes de l'enfer ».
Le 13 octobre 1917, un ecclésiastique lui demande de
prier pour le Saint-Père. Elle lui demande qui est le Saint-Père, et dès
lors, à chaque prière ou sacrifice, elle ajoute « …et pour le
Saint-Père ». Après chaque
chapelet, elle ajoute trois Ave pour lui. Elle aurait tant aimé le voir !
« Beaucoup de personnes viennent ici, dit-elle, mais jamais le Saint-Père ». À deux reprises, elle aura une vision du
pape Benoît XV, priant et souffrant.
Elle tremble
devant la perspective de la deuxième guerre mondiale « pire encore que
la première » (apparition du
13 juillet 1917) qui arrivera si l'on n'écoute pas les demandes de
la Vierge, et dont les horreurs lui paraissent présentes. « Tant de gens
qui vont mourir. Et presque tous vont en enfer ! Beaucoup de maisons seront
détruites et beaucoup de prêtres tués ».
Ainsi
offre-t-elle généreusement ses sacrifices : repas donnés aux brebis, puis aux
pauvres - support des visiteurs qui la questionnent -
mauvais traitements, moqueries - maladie et séparation des siens.
Elle dit aussi : « J'aime tellement le Cœur Immaculé de Marie. C'est le Cœur
de notre petite maman du Ciel ! »
Et elle chante sur des airs à elle : « Doux cœur de
Marie, soyez mon salut ! Cœur Immaculé de Marie, convertissez les pécheurs,
sauvez les âmes de l'enfer ».
Elle regrette de
ne pouvoir communier à ces intentions. Devant partir à l'hôpital, elle fait
ses dernières recommandations à Lucie, inspirées des messages de la Vierge,
et elle annonce qu'elle ira dans deux hôpitaux, non pas pour
guérir mais « pour souffrir davantage » et qu'elle mourra
« toute seule ».
Elle reçoit
plusieurs visites de la Sainte Vierge et meurt, en odeur de sainteté mais
seule, le 20 février 1920.
Francisco Marto naît à Aljustrel, Fátima (Portugal) le 11 juin 1908. Il était le fils
de Manuel Pedro Marto et de Olímpia de Jesus, frère de Jacinta Marto
(1910-1920) et cousin de Lúcia de Jesus (1907-2005).
C’est à ceux-là qu’est apparu un Ange, au printemps, en été et à
l’automne 1916, à la Loca do Cabeço et sur le Puits de la Maison de Lúcia et
Notre-Dame du Rosaire les 13 mai, juin, juillet, septembre et octobre 1917,
aux Valinhos.
Il est tombé malade le 23 décembre 1918 avec une grippe/pneumonie et
est décédé le 4 avril 1919, après s’être confessé et communié. Il fut enterré
dans le cimetière paroissial de Fátima le 5 avril. Le prêtre de la paroisse
en complément au procès paroissial, organisé par l’archevêque de Mitilene en
octobre 1917 et envoyé au Patriarcat de Lisbonne, le 28 avril 1919, a écrit en date du
18 avril : « Francisco – voyant – est décédé à dix heures de la nuit du 4 avril,
victime d’une pneumonie avec un alitement prolongé de cinq mois, ayant reçu
les sacrements avec une grande lucidité et piété. Et il a confirmé qu’il
avait vu une Dame à la Cova da Iria et Valinhos ». Ses
restes mortels ont été exhumés d’où ils se trouvaient, en février 1952 et
transférés le 13 mars de la même année dans la basilique de Fátima, où ils
ont été ensevelis, du côté droit du transept.
Son procès de béatification a
débuté le 30 avril de la même année 1952, conjointement avec celui de sa sœur
Jacinta, mais envoyé à la Congrégation pour la Cause des Saints, seulement le
3 août 1979.
Il fut ouvert le 20 décembre de cette année. En avril 1981 un
avis positif a été donné sur la possibilité de reconnaître la pratique de
vertus héroïques, de la part des enfants et pour cela, pouvant être béatifiés
et canonisés en tant qu’enfants non martyres. Le décret sur les vertus
héroïques des deux pastoureaux a été signé par saint Jean Paul II, le 13 mai
1989, leur accordant le titre de vénérables.
Le 28 juin 1999, fut promulgué, en présence du Pape, le décret de la
Congrégation pour la Cause des Saints sur le miracle attribué à Francisco et
Jacinta en faveur de Maria Emilia Santos.
Saint
Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła,
1978-2005), à Fátima le 13 mai 2000, a béatifié les pastoureaux Francisco et
Jacinthe Marto et a choisi la date à fêter leur béatification, le 20
février (jour du décès de Jacinthe).(>>> Homélie du
Pape).
Pour
des approfondissements :
>>> Les petits pastoureaux >>> Vie de Jacinthe >>> Vie de François >>> Vie de Lucie Source principale : fatima.be/fr/ ; santuario-fatima.pt/ (« Rév. x gpm »). |
BEATA GIACINTA MARTO VEGGENTE DI FATIMA / U
HOMÉLIE DE SA SAINTETÉ LE PAPE JEAN PAUL II
BÉATIFICATION DES VÉNÉRABLES JACINTHE
ET FRANÇOIS,
PASTOUREAUX DE FÁTIMA,
AU SANCTUAIRE DE NOTRE DAME DU ROSAIRE DE FÁTIMA
PASTOUREAUX DE FÁTIMA,
AU SANCTUAIRE DE NOTRE DAME DU ROSAIRE DE FÁTIMA
Samedi 13 mai 2000
1. "Je
te bénis, Père, [...] d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de
l'avoir révélé aux tout-petits" ( Mt 11, 25).
Chers frères
et soeurs, avec ces paroles, Jésus loue le Père céleste pour ses desseins; Il
sait que personne ne peut venir à Lui si le Père ne l'attire pas (cf. Jn
6, 44), c'est pourquoi il loue son dessein et y adhère filialement:
"Oui, Père, cat tel a été ton bon plaisir" ( Mt 11, 26). Il
t'a plu d'ouvrir ton Royaume aux tout-petits.
Selon le
dessein divin, "une femme vêtue de soleil" ( Ap 12, 1) est
venue du Ciel sur cette terre, à la recherche des tout-petits préférés du Père.
Elle leur parle avec une voix et un coeur de mère: elle les invite à s'offrir
comme victimes de réparation, se disant prête à les conduire, de façon sûre,
jusqu'à Dieu. Et voilà que ces derniers voient sortir de ses mains maternelles
une lumière qui pénètre en eux, si bien qu'ils se sentent plongés en Dieu comme
lorsqu'une personne - expliquent-ils eux-mêmes - se contemple dans un miroir.
Plus tard,
François, l'un des trois enfants choisis, observait: "Nous brûlions
dans cette lumière qui est Dieu et nous ne nous consumions pas. Comment Dieu
est-il? On ne peut pas le dire. Cela est certain, nous ne pourrons jamais le
dire". Dieu est une lumière ardente mais qui ne consume pas. Ce fut la
même perception qu'eût Moïse, lors-qu'il vit Dieu dans le buisson ardent; à
cette occasion Dieu lui parla, se disant inquiet pour l'esclavage de son peuple
et décidé à le libérer par son intermédiaire: "Je serai avec
toi" (cf. Ex 3, 2- 12). Ceux qui accueillent cette présence
deviennent demeure et, en conséquence, "buisson ardent" du Très-Haut.
François
console Jésus
2. Ce qui émerveillait davantage le bienheureux François et le pénétrait était Dieu dans cette lumière immense qui les avait rejoints tous les trois dans la profondeur de leur être. Ce n'est qu'à lui, cependant, que Dieu se fit connaître "si triste", comme il disait. Une nuit, son père l'entendit sangloter et lui demanda pourquoi il pleurait; son fils répondit: "Je pensais à Jésus qui est si triste à cause des péchés que l'on accomplit contre Lui". Un unique désir - si caractéristique de la façon de penser des enfants - fait désormais agir François et c'est celui de "consoler Jésus et de faire en sorte qu'il soit content".
Il s'opère
dans sa vie une transformation que l'on pourrait qualifier de radicale; une
transformation certainement peu commune pour un enfant de son âge. Il s'engage
dans une vie spirituelle intense, avec une prière si assidue et fervente qu'il
rejoint une véritable forme d'union mystique avec le Seigneur. C'est
précisément cela qui le pousse à une purification croissante de l'esprit, grâce
à de nombreuses renonciations à ce qui lui plaît et même aux jeux innocents des
enfants.
François
endura les grandes souffrances causées par la maladie, dont il mourut ensuite,
sans jamais se plaindre. Rien ne lui semblait suffire pour consoler Jésus; il
mourut avec le sourire aux lèvres. Le désir était grand chez cet enfant de
réparer les offenses des pécheurs, en offrant dans ce but l'effort d'être bon,
les sacrifices, la prière. Jacinthe, sa soeur plus jeune que lui de presque
deux ans, vivait également animée par les mêmes sentiments.
Un rappel à la
conversion
3. "Puis
un second signe apparut au ciel: un énorme dragon" ( Ap 12,
3).
Ces paroles
que nous avons entendues dans la première lecture de la Messe nous incitent à
penser à la grande lutte entre le bien et le mal, ainsi qu'à constater comment
l'homme, en mettant Dieu de côté, ne peut pas atteindre le bonheur, et finit
même par se détruire.
Combien de
victimes au cours du dernier siècle du second millénaire! La pensée se tourne
vers les horreurs des deux "grandes guerres" et celles des autres
guerres dans tant de parties du monde, vers les camps de concentration et
d'extermination, les goulags, les purifications ethniques et les persécutions,
le terrorisme, les enlèvements de personnes, la drogue, les attentats contre la
vie à naître et la famille.
Le message de
Fatima est un rappel à la conversion, en faisant appel à l'humanité afin
qu'elle ne joue pas le jeu du "dragon", qui avec la "queue
balaie le tiers des étoiles du ciel et les précipite sur la terre" ( Ap
12, 4). Le dernier objectif de l'homme est le Ciel, sa véritable maison où le
Père céleste, dans son amour miséricordieux, est en attente de tous.
Dieu désire
que personne ne se perde; c'est pourquoi, il y a deux mille ans, il a envoyé
son Fils sur la terre pour "chercher et sauver ce qui était perdu" ( lc
19, 10). Il nous a sauvés par sa mort sur la croix. Que personne ne rende cette
Croix vaine! Jésus est mort et ressuscité pour être "l'aîné d'une
multitude de frères" ( Rm 8, 29).
Dans sa
sollicitude maternelle la Très Sainte Vierge est venue ici, à Fatima, pour
demander aux hommes de "ne plus offenser Dieu, Notre Seigneur, qui est
déjà très offensé". C'est la douleur d'une mère qui l'oblige à parler; le
destin de ses enfants est en jeu. C'est pourquoi Elle demande aux
pastoureaux: "Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour
les pécheurs; tant d'âmes finissent en enfer parce que personne ne prie et ne
se sacrifie pour elles".
Jacinthe
convertit les pécheurs
4. La
petite Jacinthe a partagé et vécu cette douleur de la Madone, en s'offrant
héroïquement comme victime pour les pécheurs. Un jour, lorsqu'elle et François
avaient désormais contracté la maladie qui les obligeait à rester au lit, la
Vierge Marie vint leur rendre visite à la maison, comme le raconte
Jacinthe: "La Madone est venue nous voir et elle a dit que bientôt
elle viendra prendre François pour l'emmener au Ciel. A moi, elle a demandé si
je voulais encore convertir davantage de pécheurs. Je lui ai dit que oui".
Et lorsque le moment du départ de François s'approche, la petite lui
recommande: "De ma part porte de nombreux saluts à Notre Seigneur et
à la Madone et dit leur que je suis disposée à supporter tout ce qu'ils
voudront pour convertir les pécheurs". Jacinthe était restée tellement
frappée par la vision de l'enfer, qui avait eu lieu lors de l'apparition de
juillet, que toutes les mortifications et pénitences lui semblaient peu de
choses pour sauver les pécheurs.
Jacinthe
pourrait très bien s'exclamer avec saint Paul: "En ce moment je
trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en
ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est
l'Eglise" ( Col 1, 24). Dimanche dernier, au Colisée à Rome, nous
avons fait mémoire des très nombreux témoins de la foi du XX siècle, en
rappelant, à travers les témoignages incisifs qui nous ont été laissés, les
souffrances qu'ils ont subies. Une nuée innombrable de courageux témoins de la
foi nous a laissé un précieux héritage, qui devra rester vivant au cours du
troisième millénaire. Ici à Fatima, où ont été préannoncés ces temps de
tribulations et où la Madone à demandé de prier et de faire pénitence pour les
abréger, je désire aujourd'hui rendre grâce au Ciel pour la force du témoignage
qui s'est manifestée dans toutes ces vies. Et je désire une fois de plus
célébrer la bonté du Seigneur envers moi, quand, durement frappé le 13 mai
1981, je fus sauvé de la mort. J'exprime également ma reconnaissance à la
bienheureuse Jacinthe pour les sacrifices et les prières faites pour le
Saint-Père, qu'elle avait tant vu souffrir.
La Vierge a
besoin de nos prières et de nos sacrifices
5. "Je
te bénis, Père, d'avoir révélé cela aux tout-petits". La louange de Jésus
prend aujourd'hui la forme solennelle de la béatification des pastoureaux
François et Jacinthe. L'Eglise désire, par ce rite, placer sur le lucernaire
ces deux petites flammes que Dieu a allumées pour illuminer l'humanité en ses
heures sombres et remplies de crainte. Que ces lumières resplendissent donc sur
le chemin de cette multitude immense de pèlerins et de ceux qui nous
accompagnent à travers la radio et la télévision. Que François et Jacinthe
soient une lumière amie qui illumine le Portugal tout entier et, de façon
particulière, ce diocèse de Leiria-Fatima.
Je remercie
Mgr Serafim, Evêque de cette illustre Eglise particulière, pour ses paroles de
bienvenue et avec une grande joie je salue tout l'épiscopat portugais et les
communautés ecclésiales respectives que j'aime de tout coeur et que j'exhorte à
imiter leurs saints. Un salut fraternel s'adresse aux cardinaux et aux évêques
présents, avec une mention particulière pour les pasteurs des communautés des
pays de langue portugaise: que la Vierge Marie obtienne la réconciliation
au peuple angolais; qu'elle apporte son réconfort aux victimes des inondations
au Mozambique; qu'elle veille sur les pas du Timor Lorasae, de la Guinée
Bissau, du Cap-Vert, de São Tomé et Principe; et qu'elle conserve dans l'unité
de la foi ses fils et ses filles du Brésil.
J'adresse un
salut respectueux au Premier ministre et aux Autorités qui ont voulu participer
à cette célébration. Je profite de l'occasion pour exprimer, à la personne du
Chef du gouvernement, ma reconnaissance à chacun pour la collaboration grâce à
laquelle ce pèlerinage a été rendu possible. Je donne un baiser cordial et un
bénédiction particulière à la paroisse et à la ville de Fatima, qui se
réjouissent aujourd'hui pour leurs enfants élevés aux honneurs des autels.
6. Ma dernière parole s'adresse
aux enfants: Chers enfants, je vois que nombreux parmi vous portent des
vêtements semblables à ceux portés par François et Jacinthe. Ils vous vont très
bien! Le problème est que, ce soir ou demain, vous ôterez ces vêtements et...
les pastoureaux disparaîtront. Ne croyez-vous pas
qu'ils ne devraient pas disparaître? La Madone a besoin de chacun de vous pour
consoler Jésus, triste en raison des torts qui lui sont faits; elle a besoin de
vos prières et de vos sacrifices pour les pécheurs.
Demandez à vos parents et à
vos enseignants de vous inscrire à l'"école" de la Madone, afin
qu'elle vous enseigne à devenir comme les pastoureaux, qui cherchaient à faire
ce qu'Elle leur demandait. Je vous dis que "l'on progresse davantage en
peu de temps de soumission et de dépendance à Marie que durant des années
entières d'initiatives personnelles, reposant seulement sur soi-même"
(Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, Traité de la vraie dévotion à la Très
Sainte Vierge, n. 155). C'est ainsi que les pastoureaux sont devenus rapidement
saints. Une femme qui avait accueilli Jacinthe à Lisbonne, en entendant les
conseils si beaux et si sages que la petite lui donnait, lui demanda qui les
lui avait enseignés. "C'est la Madone" - lui répondit-elle. En se laissant
guider, avec une générosité totale, par une Maîtresse si bonne, Jacinthe et
François ont rejoint en peu de temps les sommets de la perfection.
7. "Je te bénis,
Père, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux
tout-petits"
Je te bénis, ô Père, pour tous
tes tout-petits, à commencer par la Vierge Marie, ton humble Servante,
jusqu'aux pastoureaux François et Jacinthe.
Que le message de leur vie
reste toujours ardent pour illuminer le chemin de l'humanité!
©
Copyright - Libreria Editrice Vaticana
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