Notre époque…
A ce clavier depuis plus d’une demi-heure, je viens de « perdre »
tout ce que j’écrivais sur ce thème, c’est-à-dire ma soirée d’hier.
Récupération ? aucune. Pas mieux que mes erreurs ou batailles
informatiques à mes débuts d’ordinateur au printemps de 1992 ou isolé au
Kazakhstan. Réécrire avec le seul logiciel à peu près constant dont nous
disposons, la mémoire. La toute immédiate pour ce genre d’exercice, car en
vieillissant, celle des événements ou des rencontres de l’année passée ou les
enchainements chronologiques se perdent, ou ne peuvent pas s’évoquer : ma
femme, notre fille heureusement m’entourent. Avoir à ce clavier le réflexe de
sauvegarder toutes les deux-trois lignes, « à la main »…
Notre époque…
hier en fin d’après-midi, la dédicace par Christiane TAUBIRA de son petit livre
(80 pages) sur la déchéance de nationalité, annoncée par les Dernières
nouvelles d’Alsace : la librairie Kléber. Elle s’approprie très bien et
légitimement toute la francité de notre histoire nationale et de notre esprit.
Déjà, son essai précédent sur l’esclavage raconté censément à sa fille.
Médiocre organisation, une salle petite sans sonorisation vers l’ensemble du
second étage où la queue s’est développée. Peut-être 3 ou 400 personnes. On
n’entend que quelques questions et répliques, dont la dernière stigmatisant
l’absentéisme des députés pour le vote de la nuit précédente : c’est sans
doute cela qui va frapper l’opinion, bien plus que le fond si critiquable du
sujet. Les gens sont là, silencieux, sans doute le mérite d’être là, civique,
mais ne se parlent pas et n’opinent pas. Je le fais, les resquilleurs, puis un
peu notre vie nationale, un ancien de la Sogenal et de la Société générale,
vite intarissable, mais démarrant sur les banques, la spéculation, si loin de
l’ « économie réelle ». Plus proche de ce qui n’est pas une
estrade et une heure plus tard, un ancien professeur d’allemand : il a
dans son jeune temps fait les campagnes de PMF à Grenoble (1967 et 1968), où il
était lui-même étudiant, notamment de Jacques ROBERT. Rayonnement du personnage.
Journée avec lui dans les Alpes, chez les PAQUET qui y avaient une ferme,
thème : l’économie de montagne pour lequel PMF avait eu besoin de son
assistance. Il témoigne aussi sur Martine AUBRY, deuxième mari intéressant,
rumeur de l’éthylisme infondée et n’ayant jamais eu cours à Lille où ses
enfants travaillent : elle musicienne et le gendre directeur général de
l’orchestre national (local). Il est divorcé, quatre enfants, sans savoir
pourquoi il a quitté sa femme, maintenant avec une Allemande de 34 ans plus jeune
que lui. Pas d’internet, son adresse que je ne vois que maintenant, à
Strasbourg, d’une écriture de rescapé ou de grand vieillard, juste 70 ans… J’ai
renoncé, ne voulant pas manquer la messe des Cendres. Je tiens à revoir
l’ancienne Garde des Sceaux, une candidature à l’Elysée, que personne n’évoque
ici, aurait le mérite que ce soit une femme et surtout l’outre-mer et ses
apports, comme ceux de l’immigration pour notre culture et notre civilisation
que nous – les indigènes depuis les Gaulois – désertons et ne savons plus. Je
ne l’ai d’ailleurs jamais rencontrée, je me souviens d’une certaine beauté et
d’une bonne campagne pour la présidentielle de… 1995 ou 2012 ?
Notre époque…
la projection TV hier de l’aveu.
COSTA-GAVRAS à l’Elysée pour le dîner en l’honneur de Raul CASTRO, quoiqu’il
était en relation aussi étroite que possible avec les opposants. Film que je
n’avais pas vu à l’époque, saisissant, suspense, atroces penchants de l’humain
pour la torture et pour la soumission. La soumission des bourreaux aux ambiances
et hiérarchies du moment, la torture pour détruire la résistance et abîmer-tuer
la personnalité en ce qu’elle a de plus décisif : la volonté, la liberté.
Magnifique et saisissant, MONTAND, SIGNORET, les autres tenues de rôle, mais
manifeste humilité de tous : la vérité. Le scenario. Lire le livre de
LONDON. Je réalise 1° que le film a été contemporain ou presque de celui sur
les Juifs en France occupée, le
chagrin et la pitié (dialogué avec PMF), les deux cris du début des
années 70, occupée cependant par GP, la guerre du Vietnam et un début de
détente Est-Ouest après le second coup de Prague, 2° que maintenant, chez
nous : terrorisme, état d’urgence et même docilité des tempéraments
humains pour l’obéissance (vg. le PS vis-à-vis de FH, acceptant sans révolte ni
débat le total abandon d’une identité de parti plus que centenaire : ce
cri à Carmaux pour l’anniversaire de l’assassinat de JAURES, vous nous avez volé le socialisme, oui, ce genre de procès, ces huis-clos, ces montages et affabulations
sont loisibles. La chroniques des « bavures »policières, les camps de
rétention, la constante « couverture » et caution des arbitraires par
le ministre de l’Intérieur, bravache et péremptoire quel qu’il soit…
Interrogation vaine : et moi ? tiendrais-je ? réponse, la force
des martyrs et la grâce de Dieu.
Notre époque…
les sites, la documentation en quelques secondes. Le film, le procès de Prague,
les multiples liens, j’y passerai la journée avec bonheur. Je connais mal ces
sujets. Mais j’ai la chance de mes dialogues avec René ANDRIEU, conscient de la
dérive soviétique dont il craignait une issue militaire : non la guerre
mondiale, énième, mais la dictature militaire à Moscou. Et il souffrait de ce
que l’on commençait d’appeler pour la France, l’idéologie dominante. Elle
n’était alors que politique, elle est aujourd’hui bien plus insidieuse sous
couvert de modernité et de réalisme, l’unique argent et la déculturation, la
décérébration des jeunes générations. Sites aussi pour le vocabulaire. Mes
aimées hier soir : tavelée, une main tavelée. Dictionnaire ambulant selon
notre fille, j’ai répondu : bosselée, travaillée, le dos d’une main, mais
le tapis végétal à Verdun… j’avais faux : tavelée, ma main, les taches…
tavelé = moucheté.
Mes deux
aimées, et ici, à Strasbourg. Y réfléchir, prier pour elles très spécialement.
La queue d’hier, passée finalement à la FNAC voisine. Marguerite aurait voulu
que j’aille au bout de mon projet et de l’attente. Je comptais la présenter à
l’héroïne, et remercier aussi celle-ci pour le splendide service qu’elle nous a
rendu nommément. Toutes deux, fatiguées plus encore que moi, je les excuse pour
la messe, dont je suis revenu à pied, à travers ces ruelles, dans des lumières
XIXème siècle, le réverbère de NERVAL, les maisons individuelles, les jardins,
les petits grillages, le crachin mardi soir, la seule humidité hier soir. La
messe à Saint Louis, la prédication particulièrement médiocre : les œuvres
concrètes en carême, les « propositions » paroissiales. Pas de
portée, pas d’unisson mentale avec l’assistance assez nombreuse et toujours
très recueillie (le signe de paix échangé, de très beaux regards, l’un d’homme,
sans doute de mon âge, les yeux profonds bleus, nets et clairs, regard direct,
d’abord vague puis échangeant et pénétrant à mesure que nous nous considérions
mutuellement et que nous prenait ensemble la certitude de fraternité et de
condition humaine analogue… L'Africain de la veille, à la chapelle du soir :
son sourire de bonheur à me revoir, même de loin.... Je ne suis pas sûr que les
anonnements sur l’année sainte de la Miséricorde, et la papolâtrie (que récuse
d’ailleurs François) soient une ouverture et traitent vraiment les urgences que
sont la persécution des chrétiens au Proche-Orient, la totale
déchristianisation de notre pays et le manque de communion priante entre les
croyants de toute religion monothéiste révélée.
Prier… à la
suite de ce long exhorde-bilan. La transcendance, mémoire de la première
apparition à Lourdes. La pratique : ce que je te commande aujourd’hui,
c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemins, de garder ses
commandements, ses décrets et ses ordonnances. Alors, tu vivras et
multiplieras… Je mets devant toi la vie
ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que
vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant
sa voix, en vous attachant à lui… [1]. Entrée en Carême,
abstinence de vin et autres, reportée à notre retour en Bretagne : ne pas
désobliger mon beau-frère. La remarque
du Christ qui convertit Ignace et François-Xavier : quel
avantage un homme aura-t-il à gagner l’univers, s’il se perd ou se ruine
lui-même ? et celle que nous
recevons pour cette marche vers la Passion : celui qui veut marcher à ma
suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me
suivre. Chaque jour… nos petits emm… ou davantage et plus fortement, plus
précisément ? le prier et le réfléchir aujourd’hui.
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