L’épuisement ?
la
dépression ? l’âge ? la santé ? Je n’arrive plus à tenir mes
blogs.
ni le journal de notre fille, ni le mien pour sa version long
terme. Hier soir,
après ma vaine recherche d’abord de mes diapositives de
Mauritanie, puisque
nous allons passer une partie de la journée chez mon premier
accueillant et ami
là-bas, il y a cinquante-et-un ans : JMB, administrateur de la
France d’Outre-Mer,
puis mon incapacité à mettre en œuvre du scanner acheté exprès
pour les
transférer sur « disque dur », je suis resté hébété devant mon
clavier, ne parvenant à écrire que péniblement en plusieurs
heures ce que j’ai
lu de la liturgie du jour. Le psalmiste a raison : Dieu
comble son
bien-aimé, quand il dort. Mais de bons moments auparavant,
mes étudiants d’YNOV
pour les plasticiens, enfin et vraiment gratifiants, des
courants d’affection,
de l’entr’aide, et ma compréhension tardive pour la manière de
les enseigner et
de les rejoindre donc. Et puis aux côtés d’Edith, en début
d’après-midi, l’excellent
Maigret tend un
piège avec
GABIN, GIRARDOT et d’autres.
Le
monde,
nous, comme pendant la Grande Guerre. On attend la « percée »,
un
changement, une issue à l’effroyable enchainement de causes et
d’effets nous
massacrant mentalement et pour beaucoup nous privant d’avenir
et de présent, le
monde s’appauvrissant par l’homme et ses fautes, par sa
tolérance de mauvais
dirigeants. La percée, pour notre temps , elle ne peut
aujourd’hui venir que
des peuples. Elections en Iran hier, mécanisme compliqué et
conservateur,
violations constantes des règles d’éligibilité. En Irlande, le
rebond économique
semble faire encore plus de dégâts matériels et surtout
psychologiques dans la
population, même si les chiffres, etc… que le temps de débâcle
et de faillites
il y a quelques années. Chez nous, non seulement des
orientations maléfiques et
contraires à l’équité autant qu’au bon sens, mais surtout on
ne peut plus mal orchestrées
et exécutées. Par leur probable abstention, en réponse à un
dessein clair :
l’abolition du droit du travail, et à terme chez nous comme
dans le monde, le
projet tentaculaire, global d’abolir l’état de droit et les
Etats pour fonder
la suite sur le seul droit des plus forts, ou simplement
ratifier ce qui est
déjà l’état des lieux et des choses… les frondeurs dits de
gauche privent le
pays du dernier espoir d’alternative sérieuse à une cours de
dix-quinze ans.
La
déprime me
quitte : la tendresse de ma chère femme, à notre éveil. La
main de ma
femme, son avant-bras. Notre fille dont une mèche de cheveux
seulement dépasse
des couettes, puis maintenant à mes yeux, adossée à l’une des
œuvres de mon
cher Heinrich FALTERMEIER, sur ma table, son portrait sur fond
blanc, regard
aigu, intelligent, une présence encore plus que la confiance.
Et c’est cela l’amour
sans effusion, sans gestes, allant encore plus au cœur. La
vérité de notre
fille. La vie quand elle est vraie. La plus belle apparition
dans ma vie, même
et surtout quand hier soit, elle nous explique sa première
leçon de rugby au
collège, s’énervant et explosant quand je l’interromps par mes
questions. Elle l’appréhendait,
les plaquages, les garçons ? Elle raconte l’initiation au
plaquage. Edith
et moi ne savons pas même le nombre de joueurs par équipe:
quinze sans doute,
et ma chère femme croit qu’il n’y a qu’un seul but… elle a
pris plaisir aux plaquages,
a compris le passage de balle, le rôle du soutien, elle a
gagné sur sa peur et
l’inconnu et les garçons… elle souhaite que j’attende la fin
de ses
explications, censément complètes. – J’ouvre à nos chèvres,
qui appellent.
Partir
avant l’aube,
sortir. Jésus sortit, bien avant l’aube, et gagna un endroit
désert, et là il
priait… Le prodigue,
ma « retraite »
d’une journée, le 10 Juillet 2012 ou 13, l’exposition REMBRANDT
sur le visage
du Christ au Louvre, sept heures à y regarder et à y écrire.
Tout à remettre au
net, pas encore fait, mais vécu inoubliablement. Le tableau du
prodigue à
genoux dans les bras de son père, une reproduction grande et
bien faite dans le
chœur de notre paroisse alsacienne, Saint-Louis de la
Robertsau. Les
déclarations – intenses – d’amour du père pour ses deux fils
aux itinéraires si
différents apparemment. Mais il n’est qu’un itinéraire, notre
réponse spontanée
ou sollicitée par les circonstances ou par Dieu Lui-même,
explicite. Notre
itinéraire à Dieu, notre Père, itinéraire initié par le Fils,
itinéraire selon
l’attraction du Père sur nous, mais un Père inconnaissable si
le Fils et la
mémoire de Lui qu’Il nous donne, ne nous était donnée puis
maintenue par l’Esprit.
Cette parabole introduit au Credo. Le père ne dit rien
au prodigue, il
constate, il dit sa propre émotion : il courut se jeter à
son cou et
le couvrit de baisers… festoyons, car mon fils que voilà était
mort, et il est
revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé. Tandis
qu’avec le
fidèle, le père dialogue… toi, mon enfant, tu es toujours
avec moi, et tout
ce qui est à moi est à toi. La suite illustre
l’avertissement de l’Ancien
Testament… si le méchant quitte sa méchanceté… si le
juste se détourne de
sa justice. Le père tente de le faire comprendre et vivre à
son aîné. Il
fallait festoyer et se réjouir, car ton frère que voilà était
mort, et il est
revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé. Mort
pour s’être
détourné de son père et avoir voulu vivre par lui-même quoique
selon le capital
reçu. Revenu à la vie parce que retrouvé. Retrouvé pour le
père, donc pour
lui-même, sans qu’il soit même question de rendre des comptes
ou d’être
pardonné, ce qu’escomptait évidemment le prodigue. Un
Dieu qui ne s’obstine
pas pour toujours dans sa colère mais se plaît à manifester sa
faveur. De
nouveau, tu nous montreras ta miséricorde, tu fouleras aux pieds
nos crimes, tu
jetteras au fond de la mer tous nos péchés ! Seigneur,
prends pitié du
monde, de ta Création dans l’état où nous l’avons mise et où
nous nous mettons
nous-mêmes. Prends pitié de nous ! suscite-nous ! Amen !
Veuille
nous secourir. Nous faire être et agir selon ce que Tu nous as
donné et inscrit
en nous : Ta ressemblance. [1]
[1]
- Michée VII 14 à 20 ; psaume
CIII ; évangile selon saint Luc XV 1 à 32
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