samedi 3 octobre 2015

tu l'as révélé aux tout-petits, ce que tu as caché aux sages et aux savants - textes du jour

Samedi 3 Octobre 2015

Lutter et vaincre contre l’asphyxie et la noyade. Plus que l’amoncellement ou le poids des choses, des accumulations de toute une vie même amputées de garde-meubles, de déménagements perdus ou bâclés et de pertes matérielles, l’agenda hebdomadaire, les préparations et rendus de cours, les instances contentieuses parfois laissées de côté depuis des semaines et des mois avec en vis-à-vis le silence ou la non-intervention des prestataires ou des garanties sur lesquelles on compte. Expérience de vingt ans qui  s’accentue ces mois-ci. Tout y est. En sus, ce que je me dois parce que je crois le devoir à ceux et celles de maintenant, témoigner bien plus que transmettre, dans plusieurs domaines, dont deux au moins sont de mon ressort unique, si je ne le fais, ce ne sera pas fait. – En regard, notre amour conjugal qu’aucun verbatim ou aucune image ne peut décrire ou cadrer, et de plus en plus l’approche fraternelle et accompagnante de notre fille, de ma fille. Avec le débat maintenant, la laisser en semi-internat ou pas. Elle n’y est pas vraiment heureuse alors que pour le reste son collège est certainement à ses dimensions à tous égards, ce n’est pas une question de gagner des heures en faisant moins de déplacement, mais bien – elle me le dit – de pouvoir nous parler tous les jours. Et cet âge de sa vie est tellement éphémère, quatre-cinq ans encore, au plus… avec la question des études supérieures et de Paris où retrouver un minimum d’habitation et intramuros. Le RER, la banlieue seraient plus couteux en temps que d’aller de chez nous à Rennes ou à Nantes, et s’est révélé parfois un coupe-gorge. Evidemment, nous avons Strasbourg.
Etouffement aussi de notre pays : plus rien n'y semble viable, c’est maintenant le tour d’Air France avec un nouvel entrisme des boîtes à soupe sans foi ni loi : Ryan Air et des groupes pétroliers arabes, qui ont parfaitement compris qu’il leur faut s’établir sur du solide avant que se tarisse la manne. Ils s’établissent hors sol, tandis que leurs Etats sont en double jeu entre les extrêmistes, Daech et autres d’une part et nous d’autre part. Ce que l’ « Occident » et surtout les Européens (car les Etats-Unis comme naguère l’Angleterre sont protégés par la mer) ne comprennent pas, c’est que le danger n’est pas dans les migrations sud-nord des malheureux dont nous n’avons pas su en colonisant-décolonisant préparer l’avenir et la démocratie, la véritable auto-gestion, il est dans la pénétration de capitaux complètement étrangers à nous, et n’ayant de fin que leur rentabilisation, inassimilables à nos destins nationaux. Alors qu’hommes et femmes sont assimilables, et que beaucoup le souhaitent de bonne foi.
Ne pas se laisser étouffer. La lucidité est manifestement le coup de pied au fond faisant revenir à la surface, à l’air libre. Une lucidité qui voit mieux et plus que le poids, l’étranglement, mon vieillissement, mes pertes de puissance de travail. La lucidité qui se mue en espérance d’autant plus forte et argumentée que les dimensions de ce qui fait détresse ou m’enserre sont bien reconnues, balisées et acceptées. – Je le dois à ma femme, à notre fille, et maintenant à quelques-uns de mes élèves à Nantes, et aussi, je le crois, à mon-notre pays. Car Dieu viendra sauver Sion et rebâtir les villes de Juda. Il en fera une habitation, un héritage, patrimoine pour les descendants de ses serviteurs, demeure pour ceux qui aiment son nom [1] tandis que des réfugiés et migrants ont envahi le tunnel sous la Manche…
Prier… vous avez irrité votre Créateur en offrant des sacrifices aux démons et non à Dieu. Vous avez oublié le Dieu éternel, lui qui vous a nourris. Textes durs et constat de malédiction. Prosopopée de Jérusalem, de l’humanité, de chacun de nous Textes difficiles mettant Dieu-même en cause, pas seulement en miséricorde mais en châtiment. Les textes ne sont pas mièvres. Votre pensée vous a égarés loin de Dieu ; une fois convertis, mettez dix fois plus d’ardeur à le chercher. Car celui qui a fait venir sur vous ces calamités fera venir sur vous la joie éternelle, en assurant votre salut. L’évangile aussi – le retour de mission des Soixante-Douze – qui nous présente à nouveau après les figures des archanges et puis des anges (les « anges gardiens ») une personnification d’un autre être spirituel, décisif : je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair. Dans cette ambiance si mouvementée de salut et de désastre, peuplée d’êtres dont l’existence et le mouvement nous dépassent, ne nous sont pas ou ne nous sont plus du tout familiers, nous poseraient même question si nous restons dans le rationnel : les saints et Dieu fait homme font partie de l’histoire et de la chronologie humaine, ce sont eux qui attestent Dieu, l’être spirituel suprême (la tentative de la Révolution pour une telle dénomination n’étant pas, au sens premier, tellement irreligieuse ni impie : elle niait seulement l’Eglise temporelle, mais balançait entre paganisme et christianisme, cela dura peu). Tandis que des êtes spirituels, les anges… sont hors du temps et de l’histoire. Il est vrai que c’est aussi le sort de nos morts et notre propre avenir que cette sortie. Sortie où ? dans le néant ? qui ne peut cependant être rétrospectif. On arrive ainsi à Dieu quand même, sinon surtout. Personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père ; et personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. Nous, l’Eglise, l’humanité à terme, et chacun selon sa marche et selon la grâce. Tu l'as révélé aux tout-petits, ce que tu as caché aux sages et aux savants.


[1] -  Baruch IV 5 à 29 ; psaume LXIX ; évangile selon saint Luc X 17  à 24



Aucun commentaire: