dimanche 11 octobre 2015

j'ai supplié et l'esprit de la Sagesse est venu en moi ... tout est nu devant elle, soumis à son regard... Jésus posa son regard sur lui, et il l'aima - textes du jour

Dimanche 11 Octobre 2015

En fin de nuit, tout à l’heure, à mon premier lever, de paysage que sonore, la rumeur du vent et de la mer, sans qu’ils se distinguent l’un de l’autre, seulement. Notre fille,encore endormie, si enfant, nouveau née ou presque, le visage, le profil, tandis qu’en voiture, au cinéma, ou me conseillant sur la conduite à tenir quand sa mère est un peu brusque ou fatiguée, ou opinant sur de nouvelles adoptions animales : chiens, chèvres, c’est une partenaire, une adulte, ravie de surcroît que je l’interroge sur la genèse et la manière de réaliser les deux films d’animation produits cet été, avec son amie Fanny. Elle était venue pour cet « entretien », me dictant ainsi son journal que pour l’instant et depuis sa conception, je tiens à sa place, donc seulement de visu audituque. A présent, le jour sans soleil. Auparavant, la lune en premier croissant, couchée en lévitation sur des nuages sans couleur. – L’Arabie saoudite tentant d’interdire une édition tchèque des Versets sataniques, comme si c’était la première. La grande peur, au moins en France, au point qu’un tract était distribué et que ce fut commenté à Notre Dame de Paris au moins, mais sans doute partout ailleurs (je n’ai jamais été partout, quoique j’apprécierais d’avoir la collection du fameux Je suis partout, pour voir s’il y eut vraiment matière à pousser un écrivain de premier rang au poteau d’exécution, à pas trente cinq ans…) : Da Vinci code… question récurrente, le Christ et Marie Madeleine… Marguerite m’a demandé, il y a peu : un enfant ? ma réponse : cela n’a aucune importance. Le certain c’est que Marie Madeleine aimait Jésus. J’ai prié et le discernement m’a été donné. l[1] Tous les biens me sont venus avec elle et, par ses mains, une richesse incalculable. Qui est-elle ? qui est-Il : l’esprit de la Sagesse est venu en moi. Dissolution ou précession du masculin/féminin en Dieu, ce qui est un des aspects peu commentés mais extraordinairement innovant et éclairant de la pensée, de la théologie de Thérèse de Lisieux, et explique, légitime aussi son désir du sacerdoce, pas universel, mais particulier, ministériel. Elle est vivante, la parole de Dieu et plus coupante qu’une épée à deux tranchants. Notre discernement ne peut être au parfait que celui de Dieu. Le « jeune homme » riche l’éprouve. Tout est nu devant elle, soumis à son regard…Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Alors, le tranchant : Une seul chose te ma que : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres. Il n’entend pas : alors, tu auras un trésor au ciel. Il ne se rend pas compte qu’il est aimé (notre cher Frère Claude, l’aumônier de la clinique où il commença d’agoniser : il se savait aimé). Mais lui, à ces mots, devint tout sombre et s’en alla tout triste. Tristesse d’une conditionnalité impossible à remplir ? ou tristesse d’une prise de conscience : incapacité d’aimer, d’aller jusqu’au bout, de se confier. Pour les hommes, c'est impossible, mais pas pour Dieu, car tout est possible à Dieu. Suit la leçon un peu terre-à-terre pour répondre à Pierre et à la question des ritualistes, des échangistes : faire des sacrifices pour… je crois parce que…propter retributionem… en ce temps déjà, le centuple… avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. Pas possible de réciter le chapelet, même d’évoquer quelque image que ce soit d’un « mystère lumineux », la bêche à la main en replantant des arbres à papillon ou du houx. Jardinage et prière, ce doit être possible, puisqu’à Dieu… mais faut-il être conscient de « sa » prière ? évidemment non. Portance de Dieu. Deux petits pins, chétifs depuis des années, que nous avait donnés Jean-le-bon (notre ami, car il y a aussi « le bon pape Jean »), les voici qui ont démarré. Ma femme dit que le jour de sa mort, le 21 Septembre, le premier automne qu’il manque pour son propre jardinage, c’est lui non ses plantes que nous avons mis en terre, elle était juste à les libérer des herbes les étouffant. Jean mourait de suffocation. Un de mes frères m’a mis en spam depuis une date qu’il ne m’a pas dit, m’apprenant seulement le fait, et ne m’a pris au téléphone de tout l’été et jusqu’à ces jours-ci, mon numéro de portable s’affichant : motif rétrospectif, j’évoque la mémoire de nos parents non seulement à ma génération dans notre fratrie, mais à la seconde génération que je sais en manque total d’ascendance et de précédents. Cela m’a fait souffrir. Il s’est trouvé que pour la première fois depuis la mort de notre père, j’ai ouvert son portefeuille, je ne l’avais jamais fait, me l’a-t-on donné, Maman ? ou l’ai-je pris, mais certainement avec le consentement de tous : dedans ses papiers d’identité, deux photos de Maman, format identité, à des âges différents, et une photo plus grande, la seule du genre : lui et moi, quand il m’a visité à Munich, le Jardin anglais, trois mois avant sa mort, nous ne nous étions plus revus depuis douze ans, sauf à l’apercevoir à Notre Dame ou en déambulatoire de l’église paroissiale pour le mariage d’une de mes sœurs. Nous nous écrivions, c’est une histoire profonde que celle de cet homme et moi, ou de moi avec mon père, à qui je ressemble tant physiquement et de tout mon parcours et sans doute plus encore d’une certaine quête sinon mystique (lui, l’était) du moins spirituelle, vitale. A mon aveu d’une interrogation sur une vocation religieuse, que je fis à mes quinze ans, à mes parents, leur grande chambre, leur silence, mon père répondit : les parents sont des mendiants d’amour. Je le comprends vraiment depuis que je suis père, mais – lui – je n’ai jamais cessé de le comprendre (et de l’aimer) ce qu’il savait. De le connaître autant que je me connais. Sans doute, est-ce pour cela que je suis en spam. – Communion rétrospective, la plus belle, toujours, la dernière Cène que nous allons une fois encore commémorer et revivre. Cet ami, souffrant physiquement et affectivement, les photos. parfois annexées à mon « envoi » quotidien. Oui, ce ciel de mardi, il l’avait lui aussi, lui surtout, raccompagnant à l’autocar de « ramassage » scolaire, celle de ses filles qui continue de le voir, visiter et demain spécialement pour son anniversaire… ce ciel, il l’avait vu, admiré avec elle, avec sa fille.


[1] - Sagesse VII 7 à 11 ; psaume XC ; lettre aux Hébreux IV 12.13 ; évangile selon saint Marc X 17 à 30

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