jeudi 8 octobre 2015

ils seront mon domaine particulier - textes du jour

Jeudi 8 Octobre 2015

06 heures 08 + L’humilité forcée, j’y consens comme la seule issue que j’aperçoive. Je n’arrive plus depuis des mois à « tenir » mon blog. politique, ni celui de Mauritanie, ni même le plus intimiste. Je prends seulement date pour l’écrire « après coup », pensant aussi que mes récapitulations en rade depuis des années, de mon journal Le Monde, l’aideront à le faire : la descente de la France au néant, heureusement ses ressortissants, cultivée en ce la par leurs dirigeants, sont amnésiques. La faillite d’Air France, qu’on proclamait il y a peu encore comme le modèle « français » duredressement, est probablement l’avant-dernière catastrophe, il y aura celle d’Areva. Un coup de rein alors, l’insurrection, la grande personnalité, je ne sais. J’ai quant à moi perdu forces et cadences, des courriers et démarches en retard de plusieurs mois : seuls, ou à peu près, cette prière du matin, précédée d’un vœu de bonne journée couriellé à la ma chère femme, les conduites de notre fille aux aurores du lundi et du jeudi, et mon enseignement très superficiel de matière (culture et expression) dans une école post-bac. en arts appliqués à Nantes, deux fois deux heures, des classes de 26 élèves, en fait une maïeutique plus qu’une culture que j’essaie de donner, debout et sans notes. Voilà la vie d’un ex-ambitieux et d’un ex-missionné, les livres, la responsabilité de transmettre… ? les photos numériques au tirage bon marché sont catastrophiques : elles rendent l’apparence-réalité d’un homme défait, l’adjectif-titre pour une évocation de mon père, je suis plus âgé que lui à sa mort, mais malgré le ratage technique, notre fille rayonne de sourire et de vérité de vie. Je me suis engagé dans la récitation collective mais chacun à son poste de vie, du rosaire : je me suis fait « affecté » aux « mystères lumineux » dont il faut que je trouve les « images » et thèmes, soit un chapelet par jour pendant cinquante-quatre jours. Dévotion qui tombe bien. Je crois qu’un chapelet, c’est cinq dizaines. Vu de « l’extérieur », le koumboloï, passe-temps ou détente des Grecs contemporains mais, depuis peut-être un millénaire : le contact du chapelet musulman, et celui-ci que je crois seulement le « pense-bête » pour ceux qui égrènent en nombre ou rythme que je ne sais pas : le nom de Dieu. – Voici l’épave, mais la joie de l’être, la foi en la résurrection même en ce monde-ci, j’ai tant à faire. Je crois avoir plus d’appétit à vivre ce matin que jamais, quoique ce soit ainsi presque chaque jour. Il me faut m’y mettre… instances et contentieux ce matin, démarche pour la fille de mon cher S. : l’E.N.A. à titre étranger, les concours et conseils dont il me faut entourer (avocats et autres) un divorçant, notre cher ..., tenir le journal de notre fille si vulnérable et en besoin de nous, question de son internat, son interrogation sur nos motifs pour l’y avoir « mise », retour à avant-hier soir et aux notations sur ma route d’hier. Mon expression est si pauvre que je place guillemets et tirets partout. Relevant les bafouillis et les euh ! ou heu ! de mes élèves hier, je ne comptais plus les miens… Ora et labora, Marie et Marthe tout ensemble, l’âme et la vie, la personnalité et le goût de vivre que m’a donné mon Seigneur et mon Dieu…
Prier…. Texte de Thomas d’Aquin, il convient à l’homme de prier ! Toujours ces coincidences entre l’état le plus souvent dolent de mon âme à mon réveil et les textes ou méditation du jour. Mémoire de saintes et martyres, vierges aussi. Récri de Malachie faisant la prosopopée de ses contemporains. Voici ce que vous avez dit : Servir Dieu n’a pas de sens. A quoi bon garder ses observances, mener une vie sans joie en présence du Seigneur de l’univers ? Oui, ce qu’il me reste, plus présent et vrai, solide en moi que jamais, c’est la foi en Lui que Dieu m’a donnée de naissance, et que jour après jour, instant après instant, Il maintient en moi. Lumière du sanctuaire, du temple que je dois être, encens de ma pauvre prière vers Lui, mon Sauveur. Alors ceux qui craignent le Seigneur s’exhortèrent mutuellement. Le Seigneur fut attentif et les écouta. Ma foi n’a jamais été intéressée, mais elle m’a toujours – résultat pas demandé ni même souhaité, mais résultat : le fait – elle m’a toujours protégé, exempté de la mort psychique, du total désespoir. Désespoir de moi-même puisque je me ressens et reçois tellement inférieur à ce que je souhaite, imagine, anticipe. La réponse du Seigneur à ceux qui l’implorent est simplement Son amour… Ils seront mon domaine particulier pour le jour que je prépare. [1] La comparaison du juste se plaignant et du méchant s’énorgueillissant n’est pas opérante et ne me touche pas. Le Seigneur connaît le chemin des justes mais le chemin des méchants se perdra. Je n’ai jamais vécu mentalement dans une religion et un ciel au mérite et à l’exercice. La recommandation de Jésus ne se comprend et ne vit que par la foi dans Son amour et dans le salut du monde, de tout être et de toute chose, que Sa rédemption opère. C’est cela ma foi. Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira… combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! Oui, notre conformité à ce que nous devons et pouvons être, demandée à ce Dieu qui nous veut gagnant, qui nous a projetés parfaits, comme Lui-même parce que créés, dotés à Sa ressemblance.

06 heures 55 + Ma chère femme, en pleine forme, au lit bien après moi. La facture du collège, payable pour le trimestre à la mi-Novembre : à 50 euros bruts l’heure, mes enseignements couvriront. NS en reçoit 200.000 par conférence pour huppés de l’étranger…  L’arrivée des deux chèvres naines repérées avant l’été chez un de ses soutiens scolaires. Le bouc attend avec impatience la mère qu’il faut donc séparer de ses deux petites : « cela » ne boit pas mais adore ronces et herbages, une niche suffira. Elles seront la nuit au chenil et la journée au piquet dans nos prés. Une jeune femme réussissant à merveille dans la gestion de fonds éthique et solidaire, un futur ambassadeur remarqué par le chef de l’opposition dans son pays pui reçu par celui-ci et invité dans plusieurs de ses voyages à l’étranger quand il enfin élu au pouvoir, un prix Goncourt putatif… silhouettes du passé et des avenirs de chacun. Nous voici. – Réception chaque jour de textes ou d’éléments de chaines de solidarité sociale et politique : un marxiste québécois, les réseaux français, les univoques de la gauche se croyant extrême et éclairée et repartant sur le chemin de naguère, soutien à STALINE-POUTINE… (BIBEAU, resitons.rezo, M’PEP, mais au moins y a-t-il du travail et de l’indépendance de penser)sistons Beauté de l’humain quand enfin il accepte nudité et pauvreté. Alors commence le chemin…

09 heures 13 + Partis ensemble, roue dans roue, puis à la D20 ma chère femme à droite, l’auto-route, Jacques Prévert, le collège, Herbignac dans les pins pas loin de la Grande Brière, et nous à gauche vers Vannes, notre fille diserte et animée, racontant ce qui structure sa vie, elle aussi au collège, défilé des professeurs dont elle ressent que chacun est habité par sa matière, l’incarne, français, mathématique (significativement, elle ne mentionne pas les catéchistes et leur pastorale) et moi, chauffeur et priant. Nous sommes à l’heure. Retour et chapelet dans la rue montante et sur l’autoroute : pour compter, je mémorise mes doigts puisque l’homme depuis notre antiquité gréco-latine leur a donné à chacun un éponyme et ensuite l’anonymat leur a donné une fonction. On commence par l’évidence, ce n’est pas moi qui prie, qui en aie l’imagination, le ressort, la force, mais Dieu Trinité qui prie en moi, par moi. Moi qui souhaite comme si c’était mécaniquement nécessaire… que le règne de Dieu arrive, comme si Dieu ne pouvait se passer de nous (notre aveu, notre consentement) pour être sanctifié (saint ! saint ! saint ! le Seigneur Dieu de l’univers, de l’antiquité mésopotamienne à l’Islam de prière et de demande, à nous organisés, heureux de nos papes, mais nos paroisses chétives et diminuantes, notre absence totale d’invention  d’un modèle à la fois pleinement laïc, respectueux, tolérant pour le chemin de chacun, et pleinement chrétien, respirant des structures intimes jusqu’à ce qu’elles deviennent contagieuses sans qu’il y ait à les nommer ni les revendiquer). Ne nous faites pas entrer en tentation, et Marguerite nous a fait ajouter depuis avant l’été : garde toujours auprès de Toi et délivre-nous du mal. Je vous salue, Marie ! c’est moi, à genoux, ou compagnon attentif, aimant, confiant mais dépourvu de tout et d’abord de votre intime connaissance, Vierge Mère. Le fruit… maintenant et à l’heure de notre mort. La répétition s’arrête, elle ne bute pas, elle honore et comprend toujours ces deux moments du texte millénaire : le fruit… notre mort… les évidences de la bénédiction et de la finalité. Je recommence, deux fois dix fois, car après la première, la reprise des divagations de ma pensée en garenne ne m’était plus rien, nullement une disponibilité pour passer à autre chose, c’était le vide, alors j’ai repris. La route vers le village. Le long du trottoir, carrefour avant le bourg et le tour de l’église : une petite trentaine, les amies de classes à Saint-André, le cycle primaire vécu avec elles par notre fille, je me suis arrêté, suis allé à l’amie de cœur, celle-ci guettant les réactions des autres, brèves interrogations sur chacun des siens, puis deux autres camarades. Emma donc, l’autre Emma… la G. et la F. puis Anaïs toujours si jolie. Des nouvelles aussi de sa mère, de son aînée. Dépassant les filles de deux têtes, un grand clampin. Notre Dame la Blanche à Theix, tandis que Marguerite est allée prendre – sa fonction de semaine ou d’un peu plus longtemps ? – chez le conseiller principal d’éducation, le cahier d’appel, puis était déjà entrée en classe. Commençant par le cours d’histoire, suite des temps pharaoniques. J’ai proposé à son maître les albums de mes parents, leurs photos. dans les années 30, Gizah et Louqsor, des pharaons au roi Fouad, tandis que ma documentation en cours sur MCM me fait vivre la chute de Farouk, puis NEGUIB et NASSER et l’inondation d’Assouan, donc à nouveau des travaux pharaoniques. – Ici la grâce du ciel, deux pigeons, hier trois, sur mon arbre vieux, mais se dérobant toujours à la photo. Et produit de mon inertie au débroussaillage, quelques merveilles.   
Les préalables du jour, avant la revue politique des derniers mois (dépouillement du Monde) et de nouvelles circulaires aux parlementaires, mes envois aux élèves d’hier matin et à ceux de demain matin. Compagnons plutôt puisque nous nous apprenant mutuellement : leur inculture (définir la culture générale…) en contenu comme en posture est un appel, mais aussi une indépendance vis-à-vis des modes et des contenus figés. Une demande dont atteste ma collègue pour le dessin à main levée : vous n’expliquez pas comment faire ! et elle, passant au côté de chacune et de chacun, réplique m’a-t-elle dit : vous ne pouvez apprendre qu’en faisant. Ai-je toujours été enseignant ? Lien entre cette attirance pour l’exercice d’une responsabilité d’animation, cette fréquente fonctions, sans titre ou dans l’administration avec titre, que j’ai eues, les unes par raccroc et rétribuées surtout au plaisir de la relation et au défi de composer ce que je proposerai, les autres par concours puis ce que certains prirent pour du favoritisme que ma chute précoce dément totalement, cela et mon regard sur la politique et ceux qui en « font » : exigeant, critique, désespérant du médiocre parce que voulant éperdûment admirer et servir l'admirable.


[1] - Malachie III 13 à 20 ; psaume I ; évangile selon saint Luc XI 5 à 13


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