06 heures 08 + L’humilité forcée,
j’y consens comme la seule issue que j’aperçoive. Je
n’arrive plus depuis des mois à « tenir » mon blog.
politique, ni celui de Mauritanie, ni même le plus
intimiste. Je prends seulement date pour l’écrire « après
coup », pensant aussi que mes récapitulations en rade depuis
des années, de mon journal Le Monde, l’aideront à le faire :
la descente de la France au néant, heureusement ses
ressortissants, cultivée en ce la par leurs dirigeants, sont
amnésiques. La faillite d’Air France, qu’on proclamait il y a
peu encore comme le modèle « français » duredressement, est
probablement l’avant-dernière catastrophe, il y aura celle
d’Areva. Un coup de rein alors,
l’insurrection, la grande personnalité, je ne sais. J’ai
quant à moi perdu forces et cadences, des courriers et
démarches en retard de plusieurs mois : seuls, ou à peu
près, cette prière du matin, précédée d’un vœu de bonne
journée couriellé à la ma chère femme, les conduites de
notre fille aux aurores du lundi et du jeudi, et mon
enseignement très superficiel de matière (culture et
expression) dans une école post-bac. en arts appliqués à
Nantes, deux fois deux heures, des classes de 26 élèves, en
fait une maïeutique plus qu’une culture que j’essaie de
donner, debout et sans notes. Voilà la vie d’un ex-ambitieux
et d’un ex-missionné, les livres, la responsabilité de
transmettre… ? les photos numériques au tirage bon marché
sont catastrophiques : elles rendent l’apparence-réalité
d’un homme défait, l’adjectif-titre pour une évocation de
mon père, je suis plus âgé que lui à sa mort, mais malgré le
ratage technique, notre fille rayonne de sourire et de
vérité de vie. Je me suis engagé dans la récitation
collective mais chacun à son poste de vie, du rosaire : je
me suis fait « affecté » aux « mystères lumineux » dont il
faut que je trouve les « images » et thèmes, soit un
chapelet par jour pendant cinquante-quatre jours. Dévotion
qui tombe bien. Je crois qu’un chapelet, c’est cinq
dizaines. Vu de « l’extérieur », le koumboloï, passe-temps
ou détente des Grecs contemporains mais, depuis peut-être un
millénaire : le contact du chapelet musulman, et celui-ci
que je crois seulement le « pense-bête » pour ceux qui
égrènent en nombre ou rythme que je ne sais pas : le nom de
Dieu. – Voici l’épave, mais la joie de l’être, la foi en la
résurrection même en ce monde-ci, j’ai tant à faire. Je
crois avoir plus d’appétit à vivre ce matin que jamais,
quoique ce soit ainsi presque chaque jour. Il me faut m’y
mettre… instances et contentieux ce matin, démarche pour la
fille de mon cher S. : l’E.N.A. à titre étranger, les
concours et conseils dont il me faut entourer (avocats et
autres) un divorçant, notre cher ..., tenir le journal de
notre fille si vulnérable et en besoin de nous, question de
son internat, son interrogation sur nos motifs pour l’y
avoir « mise », retour à avant-hier soir et aux notations
sur ma route d’hier. Mon expression est si pauvre que je
place guillemets et tirets partout. Relevant les bafouillis
et les euh ! ou
heu ! de mes élèves
hier, je ne comptais plus les miens… Ora et labora, Marie et Marthe tout
ensemble, l’âme et la vie, la personnalité et le goût de
vivre que m’a donné mon Seigneur et mon Dieu…
Prier…. Texte de Thomas d’Aquin, il convient à l’homme de prier ! Toujours ces
coincidences entre l’état le plus souvent dolent de mon âme
à mon réveil et les textes ou méditation du jour. Mémoire de
saintes et martyres, vierges aussi. Récri de Malachie
faisant la prosopopée de ses contemporains. Voici ce
que vous avez dit : Servir Dieu n’a pas de sens. A quoi bon
garder ses observances, mener une vie sans joie en présence du
Seigneur de l’univers ? Oui,
ce qu’il me reste, plus présent et vrai, solide en moi que
jamais, c’est la foi en Lui que Dieu m’a donnée de
naissance, et que jour après jour, instant après instant, Il
maintient en moi. Lumière du sanctuaire, du temple que je
dois être, encens de ma pauvre prière vers Lui, mon Sauveur.
Alors ceux qui craignent le Seigneur s’exhortèrent
mutuellement. Le Seigneur fut attentif et les écouta. Ma foi n’a jamais été
intéressée, mais elle m’a toujours – résultat pas demandé ni
même souhaité, mais résultat : le fait – elle m’a toujours
protégé, exempté de la mort psychique, du total désespoir.
Désespoir de moi-même puisque je me ressens et reçois
tellement inférieur à ce que je souhaite, imagine, anticipe.
La réponse du Seigneur à ceux qui l’implorent est simplement
Son amour… Ils seront mon domaine particulier pour le
jour que je prépare. [1] La comparaison du juste
se plaignant et du méchant s’énorgueillissant n’est pas
opérante et ne me touche pas. Le Seigneur connaît le
chemin des justes mais le chemin des méchants se perdra. Je n’ai jamais vécu
mentalement dans une religion et un ciel au mérite et à
l’exercice. La recommandation de Jésus ne se comprend et ne
vit que par la foi dans Son amour et dans le salut du monde,
de tout être et de toute chose, que Sa rédemption opère.
C’est cela ma foi. Demandez, on vous donnera ;
cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira… combien
plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le
lui demandent ! Oui,
notre conformité à ce que nous devons et pouvons être,
demandée à ce Dieu qui nous veut gagnant, qui nous a
projetés parfaits, comme Lui-même parce que créés, dotés à
Sa ressemblance.
06 heures 55 + Ma chère femme, en
pleine forme, au lit bien après moi. La facture du collège,
payable pour le trimestre à la mi-Novembre : à 50 euros
bruts l’heure, mes enseignements couvriront. NS en reçoit
200.000 par conférence pour huppés de l’étranger… L’arrivée des deux
chèvres naines repérées avant l’été chez un de ses soutiens
scolaires. Le bouc attend avec impatience la mère qu’il faut
donc séparer de ses deux petites : « cela » ne boit pas mais
adore ronces et herbages, une niche suffira. Elles seront la
nuit au chenil et la journée au piquet dans nos prés. Une
jeune femme réussissant à merveille dans la gestion de fonds
éthique et solidaire, un futur ambassadeur remarqué par le
chef de l’opposition dans son pays pui reçu par celui-ci et
invité dans plusieurs de ses voyages à l’étranger quand il
enfin élu au pouvoir, un prix Goncourt putatif… silhouettes du
passé et des avenirs de chacun. Nous voici. – Réception
chaque jour de textes ou d’éléments de chaines de solidarité
sociale et politique : un marxiste québécois, les réseaux
français, les univoques de la gauche se croyant extrême et
éclairée et repartant sur le chemin de naguère, soutien à
STALINE-POUTINE… (BIBEAU, resitons.rezo, M’PEP, mais au moins y
a-t-il du travail et de l’indépendance de penser)sistons
Beauté de l’humain quand enfin il accepte nudité et
pauvreté. Alors commence le chemin…
09 heures 13 + Partis ensemble,
roue dans roue, puis à la D20 ma chère femme à droite,
l’auto-route, Jacques Prévert, le collège, Herbignac dans
les pins pas loin de la Grande Brière, et nous à gauche vers
Vannes, notre fille diserte et animée, racontant ce qui
structure sa vie, elle aussi au collège, défilé des
professeurs dont elle ressent que chacun est habité par sa
matière, l’incarne, français, mathématique
(significativement, elle ne mentionne pas les catéchistes et
leur pastorale) et moi, chauffeur et priant. Nous sommes à
l’heure. Retour et chapelet dans la rue montante et sur
l’autoroute : pour compter, je mémorise mes doigts puisque
l’homme depuis notre antiquité gréco-latine leur a donné à
chacun un éponyme et ensuite l’anonymat leur a donné une
fonction. On commence par l’évidence, ce n’est pas moi qui
prie, qui en aie l’imagination, le ressort, la force, mais
Dieu Trinité qui prie en moi, par moi. Moi qui souhaite
comme si c’était mécaniquement nécessaire… que le règne de
Dieu arrive, comme si Dieu ne pouvait se passer de nous
(notre aveu, notre consentement) pour être sanctifié (saint ! saint ! saint ! le Seigneur
Dieu de l’univers, de
l’antiquité mésopotamienne à l’Islam de prière et de
demande, à nous organisés, heureux de nos papes, mais nos
paroisses chétives et diminuantes, notre absence totale
d’invention d’un
modèle à la fois pleinement laïc, respectueux, tolérant pour
le chemin de chacun, et pleinement chrétien, respirant des
structures intimes jusqu’à ce qu’elles deviennent
contagieuses sans qu’il y ait à les nommer ni les
revendiquer). Ne nous faites pas entrer en tentation, et Marguerite nous a
fait ajouter depuis avant l’été : garde toujours auprès de
Toi et délivre-nous du mal. Je vous salue, Marie ! c’est moi, à genoux, ou
compagnon attentif, aimant, confiant mais dépourvu de tout
et d’abord de votre intime connaissance, Vierge Mère. Le
fruit… maintenant et à l’heure de notre mort. La répétition s’arrête,
elle ne bute pas, elle honore et comprend toujours ces deux
moments du texte millénaire : le fruit… notre mort… les évidences de la
bénédiction et de la finalité. Je recommence, deux fois dix
fois, car après la première, la reprise des divagations de
ma pensée en garenne ne m’était plus rien, nullement une
disponibilité pour passer à autre chose, c’était le vide,
alors j’ai repris. La route vers le village. Le long du
trottoir, carrefour avant le bourg et le tour de l’église :
une petite trentaine, les amies de classes à Saint-André, le
cycle primaire vécu avec elles par notre fille, je me suis
arrêté, suis allé à l’amie de cœur, celle-ci guettant les
réactions des autres, brèves interrogations sur chacun des
siens, puis deux autres camarades. Emma donc, l’autre Emma…
la G. et la F. puis Anaïs toujours si jolie. Des nouvelles
aussi de sa mère, de son aînée. Dépassant les filles de deux
têtes, un grand clampin. Notre Dame la Blanche à Theix,
tandis que Marguerite est allée prendre – sa fonction de
semaine ou d’un peu plus longtemps ? – chez le conseiller
principal d’éducation, le cahier d’appel, puis était déjà
entrée en classe. Commençant par le cours d’histoire, suite
des temps pharaoniques. J’ai proposé à son maître les albums
de mes parents, leurs photos. dans les années 30, Gizah et
Louqsor, des pharaons au roi Fouad, tandis que ma
documentation en cours sur MCM me fait vivre la chute de
Farouk, puis NEGUIB et NASSER et l’inondation d’Assouan,
donc à nouveau des travaux pharaoniques. – Ici la grâce du
ciel, deux pigeons, hier trois, sur mon arbre vieux, mais se
dérobant toujours à la photo. Et produit de mon inertie au
débroussaillage, quelques merveilles.
Les préalables du jour, avant la
revue politique des derniers mois (dépouillement du Monde) et de nouvelles circulaires aux parlementaires,
mes envois aux élèves d’hier matin et à ceux de demain
matin. Compagnons plutôt puisque nous nous apprenant
mutuellement : leur inculture (définir la culture générale…)
en contenu comme en posture est un appel, mais aussi une
indépendance vis-à-vis des modes et des contenus figés. Une
demande dont atteste ma collègue pour le dessin à main
levée : vous n’expliquez pas comment faire ! et elle,
passant au côté de chacune et de chacun, réplique m’a-t-elle
dit : vous ne pouvez apprendre qu’en faisant. Ai-je toujours
été enseignant ? Lien entre cette attirance pour l’exercice
d’une responsabilité d’animation, cette fréquente fonctions,
sans titre ou dans l’administration avec titre, que j’ai
eues, les unes par raccroc et rétribuées surtout au plaisir
de la relation et au défi de composer ce que je proposerai,
les autres par concours puis ce que certains prirent pour du
favoritisme que ma chute précoce dément totalement, cela et
mon regard sur la politique et ceux qui en « font » :
exigeant, critique, désespérant du médiocre parce que
voulant éperdûment admirer et servir l'admirable.
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