lundi 5 octobre 2015

et qui est mon prochain ? - textes du jour

Lundi 5 Octobre 2015

Aller-retour du lundi cafardant : Marguerite regagnant  son collège, mais elle est enjouée tandis que je souffre comme d’une amputation (à vrai dire, l’idée que je m’en fais) quand nous nous séparons. La pluie, les couloirs au sol mosaïqué et au plan monastique, sont une patinoire. Les élèves sont silencieux se distribuant machinalement entre les escaliers, les étages, les portes. Hier, une queue-leu-leu du grand troupeau de vaches à Ker Avré. Splendidement ténue, individuelle et ordonnée.
 Appel de l’espace culturel de Leclerc à Vannes. J’y avais commandé le Faire de François FILLON (titre qui fait un peu bridge des familles) plus vite indisponible en rayons que le livre de JUPPE sur l’éducation… et pour l’offrir au cher Syvain, à qui nous devons la lecture de deux des livres d’Amin MAALOUF [1]qu’il affectionne, un des premiers livres de chevet que ma chère mère m’avait mis entre les mains : Comme le temps passe… de Robert BRASILLACH. Déjà interdit d’entrée dans la Pléiade de Gallimard (où sont cependant DRIEU la ROCHELLE et CELINE, qui en matière d’antisémitisme et d’exposition à notre période noire n’ont rien à envier…), le voici voué aux rééditions confidentielles : c’est un livre pas connu et un éditeur tout petit, avec qui nous ne sommes pas en compte, Godefroy… je continue : de BOUILLON. Un des astres de la littérature française dans la première moitié du XXème pour lequel MAURIAC et SARTRE [2]intervinrent auprès du général de GAULLE ou nuancèrent le haro, totalement sombré…  je persiste à vouloir que la société ne soit jamais aussi cruelle que l’assassin avéré ou plus aveugle ou circonstancielle que quiconque s’est trompé ou n’a, au mauvais moment, donné à voir qu’une part de soi-même (d’ailleurs je n’ai toujours pas lu Je suis partout dont j’avais failli acquérir une collection, il y a quarante ans) … et un héros de notre histoire nationale : la première croisade, l’arrivée devant Jérusalem en 1099, l’ « avoué du Saint-Sépulcre » : oublié… et évidemment l’inculture ambiante : un soutien scolaire de ma femme croyait que la Norvège avait été à la tête d’un empire colonial dont faisaient partie les Indes. Quant à « mes » étudiants, évidemment rien sur Romain GARY ou Rachel, et l’indépendantisme du Québec ainsi que sa mise au premier rang des médias mondiaux naguère et par qui ? pas de réponse. La guerre du Kippour : Kippour ? un Etat du Moyen-Orient… L’art de penser, penser tout simplement : passionnante causerie hier à l’occasion d’un pardon chez les CPCR [3] à Bieuzy-Lanvaux, au pied de collines forestées dans le nord-est de notre département, sur les enfants de Fatima. Je transcris ce soir mes notes. Art perdu par nos élites : échange avec mon cher Yann P. pour transmettre à l’Elysée [4] sur sa demande une lettre ouverte du général MARTINEZ, deux étoiles dans l’armée de l’air [5]. Les lieux de rencontre… aux archives dipplomatiques de Nantes, tant de nos anciens ressortisants marocains ou tunisiens travaillant dans un cadre idéal sur les archives de nos protectorats… rencontre d’un des trois fils du cher Alfred GROSSER : Pierre, agrégé d’histoire et ayant même fait du lycée, il enseigne à Sciences-Po., partage mon scandale que la « rue Saint-Guillaume » soit détournée de sa vocation des années 1870, l’extraordinaire redressement politique et moral d’un pays bêtement terrassé en duel alors qu’aux fdeux générations précédentes il tenait tête à toute l’Europe et la convertissait aux grandes convictions de la Révolution… et s’est spécialisé en relations internationales très contemporaines après une thèse sur notre guerre d’Indochine. Rencontre aussi d’un étudiant : les relations franco-japonaises, je vais l’accompagner dans sa thèse comme je l’ai fait avec Pierre JOURNOUD dont la carrière universitaire se développe : Montpellier, lui aussi l’Indochine mais la guerre américaine dite du Vietnam. Lieu de rencontre encore, hier dans cette maison Notre Dame de Fatima des CPCR, le beau-père d’un de mes neveux, ma distraction de ne pas le reconnaître quoiqu’il évoque (mais en l’estropiant) notre nom avec le prénom de sa fille, notre nièce par alliance… notre évêque émérite, me reconnaissant et rappelant nos conversations et surtout mon débat intime de l’époque 1996-1997. Cela m’a profondément touché, il a vieilli physiquement et est affaibli, mais il accueille et se souvient. Plusieurs déjeuners à sa table quand il « régnait » et des conversations, mais pas aimé de son clergé. Rencontre forcée aussi de l’Abbé C. : ma proposition [6], deux fois réitérée par courriel, reprenant celle que j’avais faite verbalement  à l’actuel évêque lors de son arrivée, laissée sans même un accusé de réception ou une simple phrase de non-adéquation de ma disponibilité. De même, à Saint-François-Xavier, mes propositions de catéchèse autant que de culture générale et politique pour les « prépas » restent sans écho. Chacun à ce que je ne sais nommer… mais qui est sans partage. Comme nos modes contemporains d’exercice du pouvoir, notamment politique, cf. les textes de Paul VI sur l’évangélisation et de Jean Paul II exhortant les chefs de gouvernements et de partis.

Prier, tout au contraire, se partage. J’y suis enfin après une matinée dominée par nos multiples astreintes. Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? – Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. – Va, et toi aussi, fais de même. L’enseignement du Christ ou chacun de ses miracles : va ! et ses rencontres : viens ! La vie spirituelle n’est pas statique. Elle est encore plus « vivante » que la vie physiologique, mentale, que la vie-même. Le docteur de la Loi, comme à un autre moment, le « jeune homme » riche, pose la question de très bonne volonté : Maitre, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?  tant qu’elle est question de cours, Jésus n’exige pratiquement rien : tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. De plus en plus, et hors de toute définition, je sens que mon orientation quotidienne d’existence, la responsabilité envers notre fille et ma chère femme, ce que je me donne à faire en tous domaines, sont tout simplement à tout disposer en moi, mon vouloir et ma conscience, Dieu aidant, pour que l’Esprit Saint me meuve. Force, inspiration, lucidité, fin… au-delà même de l’amour, et bien évidemment sans considération de la « récompense » ou de quelque bien spirituel que ce soit : paix, joie, « bonne conscience » (ou matériel, malgré nos besoins si pressants). Laisser agir et gouverner l’Esprit Saint. Un Samaritain qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion… Jonas et sa mission, précisément Dieu a raison de son refus-même. Et Ninive se convertira par son truchement.


[1] - Le rocher de Tanios à son entrée quai de Conti & Léon l’Africain quand il est à l’académie Goncourt

[2] - « Brasillach n’est pas le plus coupable. Si on le considère à la lumière aveuglante de certaines impunités, on doit reconnaître que la peine de mort était trop sévère. S’il avait échappé aux poursuites, comme Déat, s’il avait, au bout de dix ans, bénéficié d’une amnistie, qui sait ce qu’il serait devenu, comment il aurait apprécié sa conduite passée ». Edgard ïsani, alors au cabinet de Luizet, préfet de police de la Libération, raconte que Brasillach vint spontanément se livrer pour que sa mère ne soit pas prise en otage et le futur grand ministre de de Gaulle lui accorda la solitude de son propre bureau et l’indication d’un escalier dérobé pour disparaître. Ce qu’il ne fit pas. Pétain traversa la Suisse pour venir répondre volontairement de ses actes et défendre ceux qui l’avaient suivi…

[3] - une des maisons en France avec Chabeuil des CPCR, où je viens pour la troisième fois, avec notre fille, puis seul, puis en famille hier. Interrogation sur cette façon de sécession d’un Jésuite espagnol dans l’entre-deux-guerre, mais charme certain de la maison que nous connaissons. Selon un site catholique «  Les Coopérateurs Paroissiaux du Christ Roi (CPCR) sont une congrégation religieuse catholique fondée à Barcelone, le 3 mai 1928, par le père François de Paule Vallet. La mission principale des CPCR (Coopérateurs Paroissiaux du Christ Roi) est l'évangélisation de l'homme adulte grâce aux Exercices Spirituels de Saint Ignace ». Ne pas confondre avec Chateauneuf-de-Galaure et la mémoire de Marthe Robin

[4] - Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,
veuillez trouver ci-joint la lettre ouverte que me transmet un ami d'enfance, selon le dialogue ci-après. J'y ajoute une homélie de Jean Paul II aux chefs de gouvernement et aux politiques. Fermement, je crois que l'une des responsabilités les plus décisives d'un gouvernant, donc du président de la République, est d'amener l'opinion publique de son pays à la maturité. Nous en sommes loin : à preuve, la perte de tout art de penser au sein de beaucoup de nos "élites", actuellement.
Vous ne perdriez pas de temps, et le Président non plus, en allant voir le spectacle "one man show" de Norman : l'ambiance française actuelle est totalement là et c'est sur "youtube" la passion actuelle des 10-15 ans, donc nos successeurs. Les "adultes" sont admis.
Bonne semaine.
Chaleureuses pensées

[5] - Le 04/10/2015 20:03, Yann P. a écrit :
 Bonjour Bertrand,
 Le Président lit-il les lettres ouvertes qui lui sont destinées?
 Bien à toi,
Yann

Le 04/10/2015 20:31, Bertrand Fessard de Foucault a écrit :
Cette lettre pourrait être de Marine Le Pen ou - ce qui m'attriste car c'est une vraie "dérive" - de Nicolas Dupont-Aignan pour qui j'ai de l'estime personnelle. Elle n'a rien d'original, le portrait est grandiloquent. Elle est aux antipodes de mes convictions et plus encore du réalisme. Car que nous le voulions ou non - banquet de Malthus et ratage de la décolonisation comme de la chute de l'Union soviétique - la déferlante va continuer. C'est un territoire historique commun où les frontières sur trois mille ans ont été mouvantes. Quant à la question religieuse, elle ne se résoudra que par un exercice ensemble des trois religions révélées de l'autorité morale dont une partie du monde a besoin. Je reconnais que rien de cela n'est d'effectivité immédiate.
Pour te faire plaisir, je l'adresse cependant à JPJ.
Quant à la démocratie, elle n'existe plus en France, tout est bloqué pour cinq ans à chaque élection présidentielle, le Parlement n'a plus aucun pouvoir. La "carte des régions" comme les programmes du primaire ou la "refondation" de Paris (!) se décident à trois ou quatre sur un coin de table. Le peuple est souverain quand le Président le considère, cf de Gaulle, ou quand il se révolte cf. 1789, 1830, 1848, 1870, 1944. La manif. pour tous est un bel exemple de la possible mobilisation populaire, mais le thème était discutable et surtout la suite a tourné à la haine et a donc détourné une grande partie des "troupes" initiales dont le nombre et la ferveur avaient pris au dépourvu tout le monde, à commencer par les organisateurs
Fraternellement.

[6] - Le 21/09/2015 10:52, Bertrand Fessard de Foucault a écrit :
Cher Père, comme exprimé hier matin au seuil de notre église paroissiale de Surzur, je souhaite vous rencontrer pour vérifier et organiser éventuellement mon utilité  dans ce dont vous avez la charge. Cette propédeutique pour des jeunes gens s'interrogation sur une vocation sacerdotale et se préparant à y répondre au cas où cette vocation se confirme.
Ce que je crois pouvoir vous apporter - autant à vos jeunes que peut-être à vous et au diocèse, dont je suis ressortissant depuis l'été de 1992, ma résidence principale le long du Penerf, sur la commune de Surzur, et familier depuis la fin des années 1940 : mon grand-père maternel propriétaire d'une "maison de pêcheur" à Bellevue (Séné) juste au-dessus de cale du débarcadère quand on arrive à la godille de Conleau - ce serait
- mon âge et une foi comme une pratique que Dieu m'a maintenues jusqu'à présent depuis ma naissance
- mon type de parcours chrétien : profession très publique (diplomatie économique et commerciale, puis ambassadeur), témoignage constant et participation aux paroisses de mes affectations successives, vie de liaisons psychologiquement, esthétiquement et affectivement plus qu' "enrichissantes" mais de division et d'attente intérieures, mariage il y a onze ans, père de famille, couple heureux, épouse amenée à la pratique pour suivre sa fille elle-même très structurée par le père
- une interrogation d'adolescence (six ou sept ans, parfois de débats et interrogations intimes difficiles et dont je me suis ouvert à plusieurs religieux jésuites et bénédictins) et même à la veille de mon mariage : vocation sacerdotale et religieuse ou pas
- une culture générale permettant de donner une bibliographie commentée des livres-repères pour un prêtre et pasteur : littérature française contemporaine, livres et auteurs marquants de l'étranger
- une initiation aux grands problèmes politiques et économiques contemporains rapportés au magistère social et politique de l'Eglise (enseignements ad hoc des papes depuis Pie IX jusqu'à maintenant
- des pratiques de savoir-vivre : conversations "profanes" de table, courrier internet et postal, formes de politesse, organisation du travail personnel
- animation de réunions
Le mieux si - a priori - vous n'êtes pas indifférent à ma proposition, serait de nous rencontrer.
Déférente et fraternelle sympathie.
De toute manière, union de prière pour la formation et l'aboutissement des vocations dont vous suivez l'éveil. J'ai conversé avec Michaël et avec Patrice mais sans rien évoquer de ce que je vous propose à présent.

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