dimanche 3 avril 2016

de plus en plus, des foules d’hommes et de femmes, en devenant croyants, s’attachaient au Seigneur - textes du jour

Dimanche de la Miséricorde . premier après Pâques . 3 Avril 2016


10 heures 13 + Grisaille et vent. C’est pourtant le printemps, bourgeons et vivacité d’une nature démarrant par le minuscule mais le vert.
Bulle d’indiction du jubilé extraordinaire de la Miséricorde du Pape François : « dans le cadre de cette Année Sainte extraordinaire où nous sommes invités à  vivre dans la vie de chaque jour la miséricorde que le Père répand sur nous depuis toujours. Au cours de ce Jubilé, laissons-nous surprendre par Dieu. Il ne se lasse jamais d’ouvrir la porte de son cœur pour répéter qu’il nous aime et qu’il veut partager sa vie avec nous. L’Eglise ressent fortement l’urgence d’annoncer la miséricorde de Dieu.
Elle sait que sa mission première est de faire entrer tout un chacun dans le grand mystère de la miséricorde de Dieu, en contemplant le visage du Christ. Du cœur de la Trinité, du plus profond du mystère de Dieu, jaillit et coule sans cesse le grand fleuve de la miséricorde. Cette source ne sera jamais épuisée pour tous ceux qui s’en approcheront. Chaque fois qu’on en aura besoin, on pourra y accéder, parce que la miséricorde de Dieu est sans fin. Autant la profondeur du mystère renfermé est insondable, autant la richesse qui en découle est inépuisable.
Nous voulons vivre cette Année Jubilaire à la lumière de la parole du Seigneur : Miséricordieux comme le Père. : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 36). C’est un programme de vie aussi exigeant que riche de joie et de paix. »
J’ai du mal à entrer dans cette invitation. Quiconque croit en Dieu, de quelque obédience religieuse qu’il soit, quelle que soit sa référence scripturaire, du seul fait que Dieu existe pour lui, selon son cœur, son espérance, sa compréhension de l’univers et de la vie…  croit d’abord, surtout et finalement en Sa miséricorde. La miséricorde divine, la grande et dernière chance de l’homme. De Lui vers nous, aucun doute. En revanche, faisons-nous rejaillir sur autrui ? sur notre prochain – et Dieu sait bien ces temps-ci combien je suis entouré de besoins, de nécessités, d’urgences, ceux d’autrui, ceux que la Providence me confie pour mon souci, et mon angoisse, et nos propres nécessités. Nous sommes à u ;ne époque d’urgence et d’appels à la charité. Le vacarme des cœurs et des détresses. Thomas, jumeau de qui ? que de fantasmes et de suppositions à ce sujet. Mais l’incrédule par excellence ? non, absolument pas. [1] Non, car les autres disciples, eux aussi, ont refusé de croire les femmes, et ils ont eu besoin de cette invite du Christ : quelque chose à manger… les esprits n’ont pas de chair… Thomas sans doute a conditionné son adhésion, mais pas au Christ, aux autres. Il est exceptionnellement gratifié. Jésus « revient », exprès pour lui. Alors que les portes étaient verrouillées, il était là au milieu d’eux. Le dialogue est personnel, quoique public, au vu et au su de tous, de Jean particulièrement qui conclut son évangile sur la profession de foi de Thomas, la nôtre, car il nous faut – souvent – du tangible et du solide. Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté. C’est intense. Thomas avait mis Dieu au défi, c’est le Christ à son tour qui parlant le même langage spirituel que lui, pratiquant la même dialectique, le met au défi. Avec un pari en forme d’ordre : cesse d’être incrédule, sois croyant. Thomas rend les armes et s’effondre : mon Seigneur et mon Dieu ! On ne peut davantage et plus précisément reconnaître Dieu devant soi…

17 heures 39 + La messe seul et au dernier rang, puisque ma princesse, décidément « crevarde » depuis mardi dernier, a préféré garder le lit. Cinq baptêmes, dont celui de Chloé G. Sa mère rencontrée vendredi à qui j’avais demandé si ses filles ensemble reçoivent Prions en Eglise, junior m’avait répondu par la négative et que pour Emma, « ce n’est pas son truc » : pas d’allusion alors au baptême de la cadette. Que vont vivre ces nouveaux baptisés ? les parents conditionnement ?peut-être au début et encore. Je vois bien que Marguerite a un fond de connaissances religieuses mais son goût pour la messe dominicale est à éclipse, a-t-elle une expérience de Dieu en elle ? ce qui est décisif pour l’intériorisation. Je ne sais pas. Ce que je sais depuis longtemps ou toujours, c’est que notre foi est une grâce. Pour moi, la grâce d’y être maintenu. Et pour elle, que Dieu, le Christ, se manifeste intimement à elle, selon elle, selon ses dimensions de vie, mais Lui-même en Personne. Je dis cela bien mal, mais intensément, je le demande, comme je demande l'entrée de ma chère femme en bonheur, quelles que soient nos circonstances..
Prêche comme le plus souvent sans relief ni chaleur. Les textes précédant l’évangile que je n’avais pas encore lu avant de partir, me surprennent. Le succès extraordinaire qu’est le commencement de l’Eglise. A Jérusalem, par les mains des Apôtres, beaucoup de signes et de prodiges s’accomplissaient dans le peuple. Tous les croyants, d’un même cœur, se tenaient sous le portique de Salomon. Personne d’autre n’osait se joindre à eux ; cependant tout le peuple faisait leur éloge. Un ferment, un centre, un respect. Le rayonnement qu’avec une grande habileté littéraire, Luc ne présente que selon les effets, la cause – l’Esprit Saint – a été dite d’emblée par le récit de la Pentecôte. L’effet : de plus en plus, des foules d’hommes et de femmes, en devenant croyants, s’attachaient au Seigneur. Formule complexe. Jésus à ses Apôtres après la Résurrection, et souvent, plus encore pendant Son ministère public aux prises avec les pharisiens et autres détracteurs, lie le manque de foi à la méchanceté, à la dureté de cœur. Il s’est gardé d’une telle analyse vis-à-vis de Thomas, dont Il sait l’attachement. Foi et attachement : une adhésion nominale, de connaissance, de confiance, puis un débordement du cœur, une option de vie, un comportement totalisant. Retour aux foules : les guérisons qu’on ne qualifie plus même de miracle, ce devient la norme, un fleuve humain, un déferlement de la foi et de la misère tout ensemble, l’humanité : ainsi au passage de Pierre, son ombre couvrirait l’un ou l’autre. On allait jusqu’à sortir les malades sur les place… la foule accourait aussi des villes voisines de Jérusalem… et tous étaient guéris.  Et Jean, assigné à Patmos à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus, énonce ce qu’est la communion en situation avec l’ensemble de la communauté chrétienne naissante : moi, Jean, votre frère, partageant avec vous la détresse, la royauté et la persévérance en Jésus… et d’entreprendre, sur ordre, de rédiger son Apocalypse. Ineffaçablement, mon propre séjour dans l’île et ma montée quotidienne à mi-pente du port vers la « chora », coiffée d’un monastère, sommet de l’Egée, ma montée à la grotte où ce fut écrit, où se fendit le rocher, légèreté et surtout transparence du ciel grec au niveau presque de nos pas, l’air enveloppant de suavité nos silhouettes dans le soleil levant. J’écris nous : j’étais seul, mais c’est le pèlerinage de tout le vivant, des Eglises auxquelles s’adressait le disciple que Jésus aimait, quand je passai (en Mai-Juin 1983 du tourisme, d’un amour de quelques années parmi d’autres mais qui s’arrêta au retour de l’île et du moment que nous y avions vécu, le pèlerinage de la vie quand lui est proposé presque sans gravité, le spirituel, puis le choix. Peu après, dans une autre île, Samothrace, l’autobiographie de Thérèse, édition d’avant sa canonisation, cadeau de mon arrière-grand-mère à ma grand-mère maternelle. Et entretemps Athos. Carrière et vie amoureuse très aisées, mais première étape que Dieu se donna en moi, me faisant sortir de l’inconscience et de l’insouciance qui étaient miennes depuis qu’avaient cessé chagrins  d’amour et interrogation sur une vocation religieuse. – Du fond de notre église paroissiale, j’accompagnais de prière et de vœux les baptisés debout, sérieux, silhouettes de dos faisant face au prêtre en blanc et à l’autel à retable. Quatre filles et un garçon, celui-ci nettement plus jeune qu’elles, au prénom magnifique, celui du directeur de conscience du roi David : Nathan. Pas loin de mon banc, une autre solitude : une jeune femme à l’évident recueillement. Ne crains pas. Moi, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant : j’étais mort, et me voilà vivant pour toujours ; je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. Jean, jeune pécheur d’un lac de Palestine, désormais passeur d’une civilisation à l’autre, d’un monothéisme à un autre, d’une gnose à … notre vie quotidienne.


[1] - Actes des Apôtres V 12 à 16 ; psaume CXVIII ; Apocalypse de Jean I 9 à 19 passim ; évangile selon saint Jean XX 19 à 31

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