Hier, retraite paroissiale
de Carême chez les moniales cisterciennes de Campénéac : la Joie Notre Dame.
Les bâitments sans ostentation et de matériaux pauvres sont beaux, simples, pieux
donc. L’église avec en figuratif seuls une croix sans ostentation sur une hampe,
et une statuette sans doute de la Vierge, cela vu de loin, est belle, élevante,
pas de vitraux colorés ni ornés, seulement en fond du chœur, trois vitres
couleur brûlé à dominante marron clair ou orange. Une trentaine de religieuses,
dont une Noire et une novice, l’ensemble pas très jeune mais pas vieux non plus.
Liturgie pauvre parce qu’aucune voix ni vraiment quelque volume, mais bonne
volonté de notre petite troupe à laquelle pour la messe s’ajoutent les pieux
environnants. Deux lacunes malheureuses. Exactement les circonstances qui me
firent rencontrer mon cher Dom Jacques MEUGNIOT, il y a cinquante-et-un ans
bientôt : un camp-école de chefs scouts dans la marbrerie sur la Sarthe dans
l’abbaye Saint-Piere de Solesmes, tout y était organisé et s’y passa pour
ignorer le monastère et les Bénédictins. Hier, il nous fallait une introduction
et peut-être une causerie-débat avec une ou plusieurs moniales. Pas prévu, mais
il est vrai qu’à l’accueil et en librairie, le ton n’était pas à la mixité entre
les accueillantes et les accueillis. La préposée avertit même qu’on ne la
reverrait pas l’après-midi : je suis off… Instruction sur le carême donnée par
l’un des prêtres résidant en paroisse à Guer mais desservant sans doute
Saint-Cyr-Coëtquidan : la plongée en Dieu-amour… il n’a été « accrocheur »
autant pour ma chère femme que pour moi (bonheur que nous soyons tout ce jour
ensemble pour cet « exercice » : Marguerite même psalmodiant pour None et ayant
ouvert un cahier exprès, avec prévision de compte-rendu…) qu’en évoquant sa
propre expérience des préparations au baptême d’enfants ou d’adolescents, des
catéchisations ou de ses essais de « prière carmélitaine », l’essentiel du
propos était plaqué et laborieux. Nos prêtres ne sont formés ni à une vie
sociale les rendant communicants et les gardant des rencontres féminines non
« gérées », ni à l’animation d’un débat. Récitation, de l’apologétique et des
références assénées, y compris quand le thème est celui d’une participation des
laïcs, à etc… Les B. arrivaient à mi-course d’une journée d’équipes Notre-Dame.
Thème : être chrérien dans le monde d’aujourd’hui. Le Dominicain, qui devait
prêcher (son état de vie) ayant fait faux bond, un Jésuite de Penboc’h est venu
pour ne pas traiter le thème, laïussant sur la prière et les sacrements, alors
que selon les méthodes de rédaction et d’expression que j’ai reçues dans les
collèges de la Compagnie, il suffisait de « broder » sur chacun des mots faisant
l’intitulé du thème. Et surtout, là-bas comme pour notre prédicateur
d’après-midi, d’abord rencontrer l’auditoire, faire parler et s’entre-écouter
l’assemblée, puis exprimer l’unisson et affiner les
diversités…
Et ce que je reçois qui m’interrge et me fait
avancer, mais élargit sans cesse le champ à travailler… des attitudes sur la
religion, phénomène humain et application au christianisme regardé en
contemporains : mon cher Daniel
G. qui me sitmule avec un décalogue [1] que je vais essayer d’approfondir dès que j’aurai un
moment ou Christian, érudit et expérimenté s’il en est [2]. Climat de haine [3] qui me fait souffrir depuis deux ans (les débuts de
la campagne présidentielle d’alors avec cette arrivée de la pétition droitière
pour des « valeurs ») et que relève d’ailleurs mes deux amis. Appui évident de
tout ce que l’Eglise en France a encore d’organisation en panneaux d’affichages
paroissiaux, en librairies et en porte-voix épiscopaux tandis qu’inexorablement
le désert se fait dans les églises et disparaît toute pratique sacramentelle.
L’embrigadement fiasco des deux siècles de nos croisades franques… avec des
saints en ligne de front, pas des moindres.
Des deux côtés, un beau
gaspillage de la ressource humaine et aussi de ce dont nous sommes porteurs et
chargés depuis notre baptême… Le comble du malentendu va être la triomphale
canonisation de Jean Paul II. L’homme est assurément saint, ce qui à soi seul
vaut la canonisation, mais le charisme ou le gouvernement, l’un éclatant l’autre
parfois très lacunaire, ne doivent pas être l’objet de cette canonisation. Sans
compter la caution trop tolérante au libéralisme économique mettant à mal tout
le social. Or, ils le seront plus que la foi et la vertu d’un homme chaleureux
et de pensée universalisante et courageuse.
Prier, le jour
venu. Notre chienne Finette, méditative et contemplative assie sur le banc
indien, tandis que les autres de nos chiens ronflottent au chaud, et que notre
petite fille dort encore. Ma chère femme quittant son train à Redon et montant
vers le lycée Beaumont… que monte en ta
présence la plainte du captif ! [4]
Nous le sommes tous, de nos idées, des circonstances, de nos inimitiés, de
nos lacunes. Que nous vienne bientôt ta tendresse, car nous sommes à bout
de force. Aide-nous, Dieu notre Sauveur, pour la gloire de ton nom ! Là est l’étendard, là aussi est la suite du
Notre Père : que ton nom soit
sanctifié ! c’est bien notre comportement
qui y contribue sur cette terre. Hier, une parole de trop, ma qualification
d’une des rencontres plus familières qu’avant appréciée par am chère femem. Oui,
de la corpulence chez une personne mûrie, mais le visage st bau et l’attitude
était chaleureuse. Parfois, des écarts de langage, même devant les miennes, et
qui ne me ratent d’ailleurs pas, mes deux éduquantes… la mesure dont vous
vous servez pour les autres servira aussi pour vous. Oui, moi qui souffre d’une image partielle
ou partiale de moi-même renvoyée par d’autres en explication de leur rejet, que
véhiculè-je de mon côté. Ls texts d’aujourd’hui disent surtout un péché
collectif et ancestral. Sans doute, le « péché originel » que nous resentons et
vivons tant notre humanité st imparfaite, mais à l’examen personnel combien
apparaît notre responsabilité par manque de vigilance et au fond par applicaiton
de nos/mes facultés à autre chose que de suivre Dieu dans tout ce que je fais et
qu’Il bénit volontiers si je le vis avec Lui. Ne jugez pas et vous ne serez
pas jugés. .. Donnez et vous recevrez.
[1] - Si jamais il
redevenait possible de faire un aggiornamento, mais je pense que les
traditionalistes sont capables de bloquer le moindre effort dans ce sens, voici
quelques-unes des pistes qu'il conviendrait peut-être d'explorer, selon nous-
dans l'esprit de Zundel et Etty Hillesum- Hans Jonas- Abdennour
Bidar
1.
les représentations
de Dieu et du divin/l'héritage des traditions orientales pré
judaïques/l'héritage de la mythologie – la contradiction entre la réalité du
monde et l'imaginaire d'un Dieu père, acteur, personne, tout
puissant
2.
les textes
sacrés/histoire/création/rôle politique et apologétique/style littéraire ( on
peut penser qu'aucun des auditeurs ne croyait que Jésus avait marché sur les
eaux, ou changé l'eau en vin, ou lévité depuis le sommet du Mont-Thabor, comme
ils ne croyaient pas plus à la virginité de Marie, dont ils savaient bien qu'il
s'agissait d'une légende symbolique empruntée aux
mythologies)
3.
la notion de salut
et la logique du salut/la notion de justice divine/l'absurdité du monde réel et
les tentatives pour lui donner un sens dans un autre monde qui a l'avantage
d'être totalement imaginé
4.
la vie après la
mort/origine du concept/utilité/pour qui ? Relations avec la temporalité :
pourquoi avoir inventé la vie éternelle ? Qu'est-ce que cela peut vouloir dire
?
5.
la création
suffit-elle à justifier l'existence de Dieu ?
6.
Qu'est-ce qu'être
homme ? (Au sens de « humain »)
7.
aux origines de la
misogynie des religions ? La peur de la femme est-elle constitutive des
monothéismes ?
8.
Les rites, les
rituels, les dogmes, éléments de constitution des communautés et de
séparation/clivage (rites alimentaires, rites vestimentaires), de constitution
identitaire. Le poids relatif des rites par rapport au
message
9.
La gouvernance dans
la religion
10.
religion et société
civile
Comme tu le vois,
et je pense que ce n'est qu'un échantillon réduit, il y aurait beaucoup à
réfléchir et repenser si l'on arrivait à sortir de la tradition mythologique et
judaïque, mais comme la moindre réflexion se heurte aux « manifestants pour tous
» (ou plutôt manifestants contre toute prise en compte du monde tel qu'il est),
il y a peu de chances qu'aucune réflexion sérieuse sur tous ces thèmes
n'aboutisse
[2] - Le dogme catholique est devenu
incompréhensible aux gens qui n'ont pas reçu l'appel émotionnel de Dieu. Rendre
son l'attractivité à l'Eglise, condition nécessaire d'une nouvelle
évangélisation, ne peut plus passer que par le discours moral, au plan des
grands principes. Le commandement d'amour ne peut plus être enseigné utilement
qu'au niveau de la casuistique banale. Il faudra en passer par là, humblement.
D'ailleurs, au terme de son enseignement sur la réconcialiation avec le frère,
dans le texte que vous citez, le messie Iéchoua' ajoute un conseil de gros bon
sens que j'interprète ainsi : si tu as tort, n'attends pas, pour payer ta dette,
que ton créancier te fasse jeter en prison !
Savez-vous qu'une occasion de
témoigner consiste à intervenir par des commentaires sur les sites partisans
interactifs ? Ainsi fais-je souvent sur Boulevard-Voltaire. Certains articles,
par exemple ceux de Dominique Jamet, de Christian Vanneste, de Michel Cardoze,
de mon collègue Philippe Bilger, d'Alain de Benoist, sont de bonne tenue, mais
les commentaires (vraiment libres) des lecteurs sont parfois pétrifiants de
haine sectaire (de droite bien sûr). Un rappel à la bienveillance en suscite
d'autres.
[3] - Déchirements dans
l’Eglise
Le Conseil Famille et
société de la Conférence des évêques de France (CEF), présidé par Mgr Jean-Luc
Brunin, vient
d’annuler
l’intervention de Fabienne Brugère, initialement programmée pour la journée
nationale de formation des
délégués diocésains à
la pastorale familiale du 19 mars prochain. La philosophe devait prendre la
parole sur un thème
choisi pour faire
retomber les passions internes à l’Église catholique après les débats tendus sur
le mariage entre
personnes de même
sexe: « Prendre soin de l’autre, un appel lancé à tous. »
L’annulation de
l’intervention de Fabienne Brugère fait suite à une supplique adressée à Mgr
Pontier, président de la CEF,
et relayée par des
sites traditionalistes, qui dénonçait l’invitation d’une femme « connue pour
être adepte de l’idéologie de Judith Butler
et qui serait donc
une promotrice de l’idéologie du genre. Mgr Brunin, après avoir consulté»
les membres de
son conseil et
au-delà, justifie sa décision en disant que les conditions d’un dialogue serein
de l’Église avec la société
n’étaient pas réunies
et qu’il était préférable de faire le « choix de la patience et non pas de
l’affrontement ».
[4] - Daniel IX 4 à 10 ; psaume
LXXIX ; évangile selon saint Luc VI 36 à
38
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