Hier
Déposé Marguerite par une pluie soudaine, grêlante, chez
Jean-le-bon que nous prenons sur sa route de retour, tentant de s’abriter sous
un arbre. Puis avec ma chère femme, tous deux : Ida, à l’Iris de Questembert [1].
La bande-annonce, l’affiche disaient déjà l’exceptionnalité du film par sa
plastique. C’est vrai. Le choix du noir et blanc, les photos et plans, chacun
sont des chefs d’œuvre de cadrage, de composition et même de durée, de tempo,
les uns par rapport aux autres, d’une justesse extrême, les intérieurs, les
paysages, les rues, les lieux avec une dominante plus de sobriété encore que de
pauvreté. Les images sont nettes mais jamais ni insistantes ni agressives. Le
scenario particulièrement poignant est si posément traité par la camera, la
photographie, avec un tel respect de ce qui est raconté et de ce que doivent
vivre les héros, qu’il est presque secondaire. On peut jouir de ce film comme
d’une cure de prière, de contemplation, de fidélité à ce que le destin impose à
chacun comme figure de lui-même, on peut lui trouver de multiples entrées et
lieux de séjour, la musique n’est pas artificielle quoiqu’en grande partie
empruntée, les deux actrices interprètes sont en contraste absolu l’une de
l’autre quoique leur sincérité à chacune les rendent étrangement sœurs, ce que
concède le scenario en donnant quelques minutes de substitution de la morte par
la survivante…., mais le visage de la jeune cloîtrée, autorisée de vadrouille au
moment de décider, si impassible, sans une ride d’expression, totalement masque,
aux yeux dissymétriques, et celui de l’aînée, violemment et constamment
expressif produisent les deux rythmes que le film suggère et ne confond pas :
une vie accidentée, de ruptures tragiques, intense, et une vie linéaire,
apparemment douce et monotone mais au vrai d’une grande sagesse parce que
choisie, résolue.
L’héroïne non présentée, non titrée, mais envoûtante est
la Pologne, bien plus que des années 60. Le film qui ne peut que connaître un
immense et durable succès d’anthologie et d’œuvre d’art, coincide avec la
canonisation de Karol WOJTYLA. Il apparaît comme une terrible accusation pour
l’Ouest européen et pour l’Amérique : nous n’avons pas compris l’Est européen.
Sans doute avons-nous tous souffert de la guerre hitlérienne, mais un pays comme
la Pologne est la
souffrance-même. Nous n’avons manifestement pas su accueillir
« les pays de l’Est », nous ne les avons pas compris et nous ne les comprenons
toujours pas. D’ailleurs que comprenons-nous des autres ? Par contraste, nous
sommes implicitement montrés comme laids et sans consistance, les
superproductions américaines, les fleurettes et bluettes intimistes françaises :
il y a eu de ssplendides années du cinéma de part et d’autre de l’Atlantique. En
ce moment ? Ici, le chemin de l’intelligence est frayé par la brauté extrême,
elle-même donnée par la sobriété et une sorte de silence paar l’image.
L’histoire et ses chronologies peuvent dire abstraitement les ruptures
successives dont aucune n’ont encore depuis la résurrection d’un Etat pour les
Polonais en 1919, été des accès au bonheur. La continuité est dans les
perssonnes et le film offre deux suites possibles, chacune enfermante : le
suicide de la femme aussi libre que désespérée, la claustration pour une priante
en deuil perpétuel. Le détail, si l’on se remémoire le film à la façon de
l’école des Cahiers du cinéma, des années 60, est constamment instructif,
les substitutions de personnes, la scène d’amour, les addictions, le visage en
conduite automobile, en subitation. La durée de chaque image : constante
sensation de justesse, y compris dans cette respiration. Quoique dramatique et
poignant, le film n’est jamais précipité. – Il me semble de plus en plus que le grand
clivage, de notre époque, entre les gens, entre les générations, entre les
cultures, entre les pays tient à la mémoire : les uns la refusent et vivent dans
l’oubli croyant ainsi se mouvoir dans le commencement (perpétuel ?), d’autres
dont je suis gardent mémoire. L’équilibre doit être explicite et voulue, car la
mémoire peut tueer et empêcher, nous sommes alors, à proportion de notre
mémoire, appelés au travail, à l’espérance, à l’attente en quoi la mémoire est
la meilleure disponibilité au futur, à l’avenir et même le meilleur outil pour
faire l’avenir, tandis que l’oubli devenant involontaire, inconscient,
constitutif finalement (la constitution et l’établissement du vide) établit
la passivité.
Nous y sommes, je le ressens et en souffre.
Passé au retour de chez
Jean-le-bon et avec Marguerite à la salle-des-fêtes de notre village. Les
résultats. Je ne voyais pas Michèle NADAUD en seconde position. J’en tire
aussitôt une analyse et une stratégie : tenter de faire s’entendre les
adversaires. Conféré avec Simone LE NEVE et couriellé à Marcel LE NEVE. Edith me
donne la nouvelle de la journée qui peut devenir celle de l’année : NKM devance
HIDALGO à Paris. Blog. politique [2].
Ce matin
Prier… Naaman et sa guérison miraculeuse
mais si simplement opérée [3], Nazareth bloquée, les défis si fréquents du Christ, l’étranger sera
préféré et est préféré à ses compatriotes et aux héritiers « légaux » (et
rituels) de la Promesse, le centurion, les centurions, la Cananéenne et les
miettes pour les petits chiens, la Samaritaine au puits de Jacob. Comment ne le
prenons-nous pas pour nous, clergé et fidèles laïcs, Eglise même en temps que
telle ? A ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se
levèrent, pussèrent Jésus hirs de la ville, et le menèrent jusqu’à un
escarpement de la colline où la ville est construite, pour le précipiter en bas.
Nos mises à mort de Dieu, l’évangile de
la Passion les confirment et leur donnent sens. Mais le paradoxe chrétien est
la Résurrection.
S’il est Dieu, la mort ? s’Il est homme, la Résurrection ? Film
d’hier après-midi, ce que nous vivons depuis des semaines ou sinon des mois, à
moitié pendus par nos astreintes, la mort et comment s’en tirer ? la mort dans
la vie, car la mort toute crue ? il me semble que ce qui est vie courante et
enseigne mort et limites constamment, discours des faits et circonstances auquel
nous n’échappons qu’en n’y donnant pas attention, n’est guère dit ni montré en
littérature contemporaine, dans ce que je lis ou ai lu. Ou bien est-ce moi qui
cherche ? et quoi ? Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. Parmi nous, en nous, intimement, un
Souverain.
Demi-lune, encore haute. Chant des oiseaux au jour
levant, à l’annonce du jour… dehors, c’est l’odeur fleurie du printemps, en tout
cas d’une végétation accueillaant et vivant le printemps, son printemps… aux
pare-brises de nos voitures, la glace et il faut l’eau chaude pour ouvrir les
portières. Ma chère femme vers le petit train, puis le lycée. La vie, ce que je
dois rédiger et les contre-conclusions dont il faut que je convainque notre
avocat. On ne convainc pas son avocat surtout s’il joue perdant et recommande la
conciliation amiable dans la pire des situations, avouer qu’on a perdu. Etre mal
défendu, après n’avoir pas été défendu dans une position que je jugeais la
meilleure, l’attaque. La vie, l’existence humaine, si elle est vraiment
« faite » de vie ? un jeu de cartes, et les cartes, les donnes manquées….
Il y avait beaucoup de veuves en
Israël. Pourtant Elie n’a été envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien à une
veuve étrangère, de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon. Les Samaritains, des étrangers, tellement
pour les contemporains du Christ à Jérusalem ? or, Elisée est à Samarie,
selon une fillette qui fut mise au servic de la femme de Namaan… Celui-ci, qui sera guéri, est autant à côté…
que les Nazaréens, qui ne le seront pas : il arrive avec une profusion de
cadeaux et une recommandation royal, et l’accueil d’Elisée le rend furieux, il
ne s’attendait qu’à l’extraordinaire. D’expérience, je sais et dis que Dieu agit
et parle dans le plus ordinaire et banal. C’est pourtant dans le banal que se
produit la merveille.
Envoie ta lumière et ta vérité : qu’elles guident mes pas
et me conduisent à ta montagne sainte, jusqu’en ta demeure… ainsi mon âme te
cherche, toi, mon Dieu. Complexité de la profession de foi de Naaman,
complexité aussi des conclusions volontaires de leur vie respective par les
héroïnes du récit d'hier : je le sais désormais, il n'y a pas d'autre Dieu,
sur toute la terre, que celui d'Israël. Sur terre ? Il est vrai que nous y
sommes. Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. La foi
consiste à croire que cette volonté nous est bienfaisante, l'Ecriture et la
Révélation nous assurent de l'amour divin. Quoi donc empêche cette volonté
(divine) de s'accomplir ? Réponse, elle s'accomplit, sachons le percevoir, et le
demander n'est aider à cette accomplissement mais l'attendre et
l'accueillir. Quand pourrai-je m'avancer, paraître face à Dieu ? ce qui
est cependant terrible.
[1] - de Pawel Pawlikowski avec Agata Trzebuchowska (la jeune
religieuse) et Agata Kulesza (la magistrate)
Dans la Pologne des années 60, avant de prononcer ses
voeux, Anna, jeune orpheline élevée au couvent, part à la rencontre de sa tante,
seul membre de sa famille encore en vie. Elle découvre alors un sombre secret de
famille datant de l'occupation nazie.
critiques
4.5 - Excellent
Pour
un bon connaisseur de la Pologne (j'y suis déjà allé quatre fois la première
fois en 1973, y avait le "rideau de fer", j'y ai des amis polonais), je trouve
ce film polonissime... J'ai particulièrement apprécié le format carré, qui
correspond à celui des films de l'époque, le jeu des actrices, le beau noir et
blanc, le cadrage, souvent un détail à observer dans un angle), l'utilisation de
la musique, le discrète critique du stalinisme et de l'antisémitisme polonais,
et aussi le beau choix final de l'héroïne, aux antipodes de ce qu'on attendait.
Bien sûr, ce n'est pas un film d'aventure qui explose à chaque seconde ("est-ce
d'ailleurs encore du cinéma que ce futurisme répétitif qui s'adresse à
l'adolescence ?" écrivait prémonitoirement Marguerite Duras en 1985) ! Mais très
intériorisé, avec une héroïne à la Bresson. A recommander aux amateurs de silence et
de vie intérieure.
Ajoutée le vendredi 14 février
2014 17:44
3 - Pas mal
Attention, cet avis contient des spoilers tels que :
Spoiler : On connaissait le théâtre filmé, Pawel
Powlikowsky invente l'expo photo filmée. Comme à l'expo, chaque prise de vue est
savamment travaillée et composée selon les canons de l'esthétisme pictural.
Comme à l'expo, il y a une thématique, en l'espèce, l'initiation d'une novice à
la vie, dans une époque de re-reconstruction du pays. Comme à l'expo, ça manque
d'explications et ce sera à vous, spectateurs subjugués d'interpréter les vagues
d'émotion derrière les visages. Comme à l'expo, on finit par un peu s'ennuyer :
à tirer de chaque plan (tous fixes sauf le dernier) une puissante image, le
cinéaste ne crée aucun décalage, aucune rupture et donc aplatit le rythme. Le
trivial, le festif, le romantique et le tragique sont traités au même niveau,
celui de l'excellence photographique, ce qui est déjà une prouesse artistique.
Bonus : Mieux qu'à l'expo, on n'est pas à 50 personnes devant un tirage 20x20.
Dandure
[2] - matin
Quelle que soit
l’élection, son niveau, je souhaite la disparition de l’U.M.P. qui combine – désastreusement pour le pays – une
respectabilité de « parti de gouvernement » avec une idéologie exactement celle
du Front national et avec Nicolas Sarkozy un exemple de sans-gêne, de corruption
et de recel d’abus de position institutionnelle comme l’on n’en a jamais connu
en France de la part d’un parti ou d’un personnalité exerçant le pouvoir. Les
abus de Jacques Chirac étaient si mineurs à côté de ce que nous avons subi
explicitement pendant cinq ans, et plus encore depuis qu’on
déc
ouvre un tel
ensemble, et ce n’est sans doute pas fini. Je souhaite une telle mise en cause
du postionnement du Parti socialiste s’il faut l’assimiler à l’exercice du
pouvoir par François Hollande : absence totale de réflexes et d’idélogie de
gauche, erreurs patentes de politique économique sans qu’il soit là question
d’étiquette, mise en cause telle que ce devienne un parti du centre ou de
gouvernement sans étiquette et cela se jugera coup par coup et sur pièces, ou
bien un véritable parti de gauche en se remusclant mentalement avec le PC et
avec le Front de gauche.
Bien entendu, je ne
prise pas le Front national (dont le fondateur, pas seulement pour des raisons
Algérie française, détestait passionnément de Gaulle) et il n’est en rien le
parti de l’avenir et du mouvement pour la France. Son socle
d’idées est le contraire d’un pays tel que le nôtre. Mais le Front est
représentatif de ces Français qu’il faut absolument convertir. Jusqu’à
maintenant, c’est au contraire lui qui convertit tous les partis. Et il manque à
travers l’ensemble des partis ou selon des personnalités ou un mouvement ad hoc
une résolution française fortement exprimée et défendue pour l’intégration
européenne, intégration politique d’abord et surtout.
soir
L’abstention au
scrutin de ce jour ne m’étonne pas. Il y a de forts précédents depuis vingt ans,
notamment pour les rferendums. Le score de Kosciuszko-Morizet à Paris m‘étonne.
Hidalgo sans coefficient personnel ne m’est pas antipathique. Bertrand Delanoë,
figure d’une grande pureté et qui me semble avoir fait beaucoup était le mieux
placé pour conserver à gauche la capitale. De même que s’il fallait absolument
remplacer Jean-Marc Ayrault, ce que je ne crois pas, il serait le plus adéquat.
Le score de NKM donc… éclipse la réélection d’Alain Juppé à Bordeaux dès ce
soir. Si elle gagne, elle est bien placée pour l’Elysée en 2017, ce qui change
beaucoup la donne, périme Alain Juppé une nouvelle fois, mais est-elle femme à
céder la place, « à première demande », à Nicolas Sarkozy ? il me semble que
oui. Ce score est donc l’événement du jour et en cas de victoire, celui de
l’année.
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