Prier… je m’accuse intimement de méchanceté envers un
vieil homme qui nous aime tous trois, qui relit sa vie comme il peut, qui
m’irrite en acceptant tout avec compréhension et tolérance, et qui veut bien
m’introduire à un univers tant biographique, familial que mental totalement
différent du mien. Méchanceté de mes propos et répliques notamment à table, mais
surtout d’intention assasine dont j’ai pris progressivement conscience. Le cœur
humain recèle tant de fiel, sans doute craché uniquement par une amertume qui
est davantage contre soi, en l’occurrence contre moi-même, que contre autrui,
mais la victime première est l’autre, puis avec le remord et la prise de
conscience, soi-même. Prier… anniversaire d’une femme d’aujourd’hui
soixante-seize ans, restée seule, que je n’ai pas voulu épouser qui a eu son
influence dans ma vie, plus mécanique qu’autre, tempérament de composition et
fierté intime certaine tout en demandant constamment aide à autrui. Elle s’est
enlaidie en croyant à l’argent ou aux protections, puis finalement (il y aura
bientôt un an) en ne sauvant pas le cadet de ses frères, drogue et fisc au
Maroc... et même en n’allant pas à ses obsèques à l’étranger pour ne pas
dépenser en voyage ni risquer d’être appelée à payer ces obsèques : très
charmant jeune frère que j’ai connu à ses douze-quinze ans, déjà en pension,
parents âgés, chacun paumé à un certain degré, deux mariages avec le suicide de
la seconde épouse en pleine plage de Nice, devant lui je crois, à un midi qui
dût être d’un genre affreux. On peut si peu sur soi, encore moins pour les
autres. Pauvreté humaine, grandeur du règne animal, de l’alacrité végétale, tout
nous ramène à la prière de supplication rien que pour recevoir la bénédiction et
la médication – souveraine – de l’espérance, puis de la confiance. Au moins,
ai-je la grâce du dénuement… encore que j’ai tant de boulets et de possessivités
m’attachant pesamment à… « Comme il
sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royuame de
Dieu ! « . Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Mais Jésus reprend :
« Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu ! Il est
plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche
d’entrer dans le royaume de Dieu. ». De plus en plus déconcertés, les
disciples se demandaient entre eux : « Mais alors qui peut être sauvé ? ». Pauvres avant même de suivre Jésus, pauvres
plus encore de cette forme d’errance que put avoir le ministère public du
Christ, sauf à tout reprendre en forme d’un dramatique itinéraire vers le
calvaire… les disciples pourtant se sentent, à écouter leur Maître, autant
concerné que « le jeune homme riche ». La malédiction des riches et de al
richesse vise – aussi – les plus pauvres de nous matériellement et/ou
culturellement. Vient alors, et alors seulement, le triomphe de Dieu. Jésus
les regarde le regard de Dieu sur nous,
le regard du Fils de Dieu fait homme), Jésus les regarde et répond : « Pour
les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu, car tout est possible à
Dieu ». Affirmant cela, Jésus met pourtant une grande distance et sembl même
participer à cette intense difficulté humaine, à ce pied de mur, à ce défi ; il
dit : Dieu, et non : votre Père, ou mon Père… [1]
Posant alors sur lui son regard, Jésus se mit à l’aimer : l’élite morale, peut-être même le charme
humain. Il lui dit : « Une seule chose te manque… puis viens et suis-moi. ».
Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de
grands biens. Jésus l’avait repris de
bout en bout, spécialement, particulièrement : Pourquoi m’appeles-tu bon ?
personne n’est bon, sinon Dieu seul. A la
relecture de cet épisode fameux, qui semble l’accusation des richesses de tous
ordres en tant que notre empêchement d’aller à Dieu, je m’aperçois que la leçon
est tout autre : il n’y a pas d’acte de foi, pas d’acte de foi ni même demande
de la foi, de la part de cet homme, sinon que celui-ci qui accourut vers
lui, se laissa tomber à ses genoux, et lui demanda : « Bon maître, que dois-je
faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »… et Jésus ne le pousse pas même à cet acte,
à cette demande. Il se dissimule même : reconnu seulement comme autorité morale,
spirituelle, scientifique, théologique, mais non comme le Messie, il est
lointain et donne le plus compliqué et difficile des itinéraires, un itinéraire
qui commence à zéro… va, vends tout ce que tu as, donne-ke aux pauvres et tu
auras un trésor au ciel, puis viens et suis-moi. Une réserve au ciel, mais quoi ensuite et
sur la terre : suivre… où cela mène-t-il ? Jésus n’en dit rien, il ne se dépeint
pas Lui-même. Le sérieux du dépouillement, le flou de la suite. Actualité du moment
sporituel de toute vie, s’arrêtant à ce dialogue et le recevant pour sien…
Vous tressaillez d’une joie inexprimable, qui vous transfigure, car vous
allez obtenir voytre salut, qui est l’aboutissement de votre foi…. Quand se
révèlera Jésus Christ, lui que vous aimez sans l’avoir vu, en qui vous croyez
sans le voir encore… Le « jeune homme
riche » est venu au contact, mais il n’a rien vu et il n’aimait pas. Or, il fut
aimé…
Hier soir
A
l’Iris de Questemnbert, le « dernier » film de
MIYASAKI.. Le vent se lève, il faut
tenter de vivre (Paul VAERY). Deux heures dix. L’histoire est faible et
sans chronologie : de la construction d’avion dans un contexte de guerre
menaçante mais pas décrite, et les choses commençant par un tremblement de terre
avec incendie et se terminant par des bombardements et incendies évoqués mais
seulement posés en repères d’époque. Le film envoûtant mais avec calme et sans
prétention que de faire une œuvre d’art, attache par la beauté légère des
paysages bien plus fréquents et à plus grand angle. L’histoire a une trame
vraie : le constructeur du fameux avion de combat japonais, le Zéro. La signature ne change pas du poète, de
l’amoureux d’une synthèse entre l’Extrême-Orient et un Occident mythique (VALERY
donc citré en exergue, Thomas MANN explicitement quand déjà le décor d’un hôtel,
puis d’un sanatorium l’appelle), qui garde les coutûmes, les paysages d’un autre
temps d’un certain Japon que n’étouffe ni la ville ni la modernité mais qui
change, idéalise la morphologie et les types humainses. Sans relief, le dessin
et l’arythmie presque pauvre de l’animation, font penser à HERGE, ce qui ne
m’était pas apparu notamment avec la
colline aux coquelicots. Ce décapage voulu, ce récit en pointillé
donnent ainsi toute l’attention de l’auteur et de ses lecteurs-spectateurs au
sujet : la personnalité des héros, les amours, les amitiés. Tout est signifié
par des visages qui s’illuminent, vivent soudainement puis reviennent à leur
pudeur, à leur discrétion : Japon ? ou humanité ? Le bonheur n’est qu’un
instant, il n’est pas durée mais aboutissement, et pas forcément dans l’ordre
chronologique. Des scènes magnifiques, l’expression de la rencontre amoureuse
par une pluie torrentielle, sous l’ombrelle du peintre. Celle-ci représentée à
la MANET.
L’assoupssement sous la couette que la jeune épouse, malade,
dire sur le mari à bout de forces après une énièle journée de travail à ses
plans, ses essais, ses combinaisons. L’avion devient rêve, poème à lui seul, sa
course en maquette de papier d’un balcon à un autre, les chapeaux qu’on manque
perdre, l’air et le vent, comme la pluie, le tremblement de la terre, les
contextes historiques sont une sorte de décor, de cœur de fleur invitant tout le
reste à faire pétale. La musique qui n’est pas « orientale » est à l’unisson,
difficile à mémoriser, juste. Est-ce aussi ? sinon surtout ? la parabole d’un
départ, l’adieu du principal poète d’un cinéma contemporain par ses dates mais
hors du temps par son style. Sans doute. La beauté et l’émotion ne sont pas
toujours unies, mais avec MIYAZAKI, elles sont substantiellement. La froideur
n’existe plus, n’a jamais existé.
Il es acquis que l’Occident
– guillemets, car qu’est-ce que l’Occident ? de même que : qu’est-ce que la
communauté internationale quand il s’agit de l’opposer à l’un de ses membres ou
de le lui faire raisonner ? vis-à- vis de qui ? ou de quoi ? – l’Occident ne
bougera pas dans l’affaire ukrainienne. Elle est pourtant caractéristique :
enjeu démocratique, enjeu européen, enjeu stratégique, enjeu de régime en
Russie. Le maintien du totalitarisme en Russie, qui n’a plus même ses énoncés
scientifiques et philosophiques, qui n’a d’ailleurs plus aucun discours
théorique, qui n’a qu’une application cas par cas, mais les cas sont multiples
et suffisent à intimider tout le monde sur place et sur la planète… plus sur la
planète et en Europe, en Amérique, d’ailleurs qu’à Moscou-même ou dans
d’inaccessibles provinces, où il y a de l’héroïsme… le respect des frontières et
de l’impérium soviétiques, le dogme de la non-intervention sont totaux, pires
même : ils sont renouvelés entre deux comédies, les JO de Sotchi et la réunion
du G8 au même endroit (rentabiliser les investissements d’hiver), car bien
entendu en trois mois on aura eu tout le temps de rhabiller de bonnes intentions
et d’éclaircissement des malentendus entre POUTINE et ses pairs… Il est confirmé
que les démocrates seront toujours seuls, ce qui d’une certaine manière donne
raison à leur utopie et fait leur héroisme : la démocratie naissante anticipe sa
victoire. La guerre ? A notre époque, un gouvernement qui n’a aucun compte à
tenir de l’opinion publique domestique, la gagne sans avoir à la soutenir. L’événement,
qu’on pouvait tout de même attendre moindre et moins immédiat – la reddition
mentale et morale des Européens et des Américains après le banc d’essai géorgien
– donne raison rétrospectivement à nos trois interventions : Libye, Mali,
Centrafriqu, quoique chacune d’ambiance et de décision différentes. Car sans ces
interventions, ce serat au moins la Syrie. la suite va donc s’écrire par les
Ukrainiens. Ils vont montrer s’ils sont une nation distincte, s’ils ont des
chefs. Déclencheront-ils une offensive vers la Crimée ? y aura-t-il une guerre
civile ? tandis que le règlement des échéances de leur dette va être
surréaliste…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire