Vendredi 21 Mars 2013
Rentré de chez nos deux praticiens, fatigué, en tout
cas sans force pour tenir ce journal, ni celui de ma fille. Celle-ci craint
d’être à vie l’abonnée des dentistes et a retenu qu’elle avait un émail mince
et fragile : la chute de ses dents de lait sont de véritables crises
d’angoisse depuis deux ans. Quant à moi, les médications se superposent, s’accumulent,
et à nouveau un petit quelque chose à enlever-brûler à l’azote à la tempe
gauche. – Je voudrais ce matin me confesser, rien qu’à l’énoncer ainsi, je vois
combien l’appellation « traditionnelle » jusqu’à nos années 60 est
erronée, car ce que je recherche (la recherche qui m’est inspirée) c’est la
réconciliation ou plus encore, plus précisément, le dialogue avec Dieu sur la
manière d’être plus proche de Lui, mieux à Son écoute, à Sa convenance laquelle
est intensément pour mon bien, mon salut et en fait pour le bon sens de la vie
qui m’est donnée. Prier en demandant cette grâce d’une préparation adéquate.au
sacrement.
Avant-hier, j’avais trouvé soudainement le titre
possible pour l’assemblage et la suite de ce que j’ai, dans la contrainte du
moment (rencontre et nostalgie, liberté apparente et peurs qui cabrent), écrit
d’un passé que je croyais d’aboutissement et qui était probablement le dernier
écho de mon adolescence émerveillée, crédule envers moi-même, habile à faire
des circonstances une providence :la
passion n’est pas un sacrement. Dans les deux salles d’attente d’hier,
la certitude de cela, pour moi qui vit maintenant l’autre pente, plus heureuse
et sans débat parce que la vraie : le sacrement mène à la passion, à la
passion défi pour une quête de bonheur dont l’autre n’est plus l’agent ou le
compagnon mais le sujet, et moi me consacrant à sa quête, l’y amenant et le
ravivant sans cesse. Plus du tout dans la poursuite et la possession putative
de l’objet, mais dans la culture de la vie, dans le mouvement. Discussion dans un
Marie-Claire au petit format curieux (est-ce nouveau ?) sans que rien ne soit
élucidé, sur la durée observable de la passion : deux-trois ans… des conseils de comportement, d’attention à autrui
et de patience plus encore envers soi que mutuellement [1]. Il y a là-dedans
l’enchevêtrement de plusieurs fils et dimensions : la chair, l’âme, le
temps, la vie. C’est
sans doute le thème de ce second livre alternant avec le premier que je suis en
train de boucler : une fiction politique et la mémoire vécue du sexe, du
spirituel, de la constitution de soi, des impasses et de la voie enfin droite… changement de signe.
Prier… Marguerite hier me rendant compte de la
catéchèse de l’après-midi : l’évangile de la Samaritaine. Réflexion
d Maxence, Jésus n’a pas dit à la femme : s’il te plaît… De fait, Jean [2] rapporte de but en
blanc : Donne-moi à boire. Cependant, si le texte est lu en empathie,
il crève les yeux que Jésus est épuisé par sa route, il s’était assis là,
au bord du puits. En réalité, c’est une
supplication la plus directe. Sur la croix, j’ai soif. Marguerite a bien compris que Jésus est en pays étranger, autre. Elle
sait comment s’appelle le puis, celui de Jacob t connaît la filiation du
patriarche, enfin elle prie pour n’avoir jamais à tuer qui elle aime et se dit
sûre qu’elle en recevra l’ordre contraire comme le reçut Abraham. Mais Dieu
parlera-t-il assez fort ? mettra-t-Il pour moi des lettres dans le ciel, car
je n’entends rien. Un de ses arguments fréquents : je n’entends rien dans
mon cœur, je ne peux que lui répondre que dans la nécessité, elle entendra.
Voici où elle m’entraine, au bord du puits, et celui dans lequel on a précipité
le fils chéri de Jacob : Joseph [3]. La figure de l’héritier,
la figure de celui qui représente le père, le suprême, et qui est victime de
ses frères, des vignerons… voilà l’homme
aux songes qui arrive ! C’est le moment, allons-y, tuons-le et jetons-le
dans une de ces citernes. … Mais,
voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : « Voici l’héritier :
allons-y, tuons le, nous aurons l’héritage ! ». Aboutissement du péché, le meurtre, la violence à son paroxysme. Mais
origine ? l’envie, la jalousie. Illustration dans la Genèse et chez
Matthieu : le complot, on est à plusieurs pour délibérer, décider et
exécuter.
Moment du péché et moment de la conversion, de la
lucidité qui ne peut venir que d’En-Haut. Moment de notre histoire immédiate.
Les municipales et le point de savoir si tant d’erreurs et d’incompétences de
nos dirigeants, tant de corruption et de cynisme de leurs prédécesseurs
immédiats auront quelque impact sur la participation et/ou pour un vote-rejet
(le Front national : nous sommes le réveil français, directe concurrence
entre extrême et ultra-droite : la Manif. pour tous qui n’est pas parvenue
à s’introduire en tant que telle dans les candidatures). La crise d’Ukraine et
de Crimée : premier traitement d’une crise mettant directement en cause
comme actrice principale l’une des super-puissances de la guerre froide d’antan,
démonstration aussi de ce que l’arme nucléaire ne dissuade que l’arme nucléaire,
mais pas les autres types d’agression. Confirmation enfin que l’implication d’une
super-puissance dans un conflit local : la Syrie, gèle tout, sauf si une
autre manifeste le même degré de résolution ce qui n’a pas été. Point commun
dans les deux « affaires » : le dialogue, il serait possible
entre Etats et puissances, il n’est pas tenté parce que les moyens d’un
équilibre de part et d’autre de la table n’ont pas été mis en œuvre, il semble
impossible entre les Français et leurs dirigeants, entre souhait et bon sens et
souffrance du grand nombre d’une part et routine de al conquête et de la
conservation du pouvoir pour les compétiteurs… Simplement, les mains ouvertes
offrant les soucis, les tristesses tandis que l’âme souffle sur ce qui peut
devenir les braises de l’espérance d’hier et faire l’étincelle de la prière d’aujourd’hui.
Nos propres astreintes pour notre petite trinité, matérielles, si concrètes et
pressantes.
Le fils… l’espérance… sa propre prière, mais ni la Genèse ni
Matthieu ne la
rapportent. Ils le vendirent pour vingt pièces d’argent aux
Ismaélites, et ceux-ci l’emmenèrent en Egypte. … Tout en cherchant à l’arrêter,
ils eurent peur de la foule, parce qu’elle le tenait pour un prophète. Suspense
de la vie, et d’abord de la vie spirituelle… même si les circonstances et
astreintes parfois si angoissantes et concrètes de la vie quotidienne nous
feraient croire que le spirituel c’est la tranquillité et la suavité.
Martine Teillac, Pour un couple durable . éd. Solar
Jan-Michel Hirt . La dignté humaine
sous le regard d’Etty Hillesum et de Sigmund Freud . éd. DDD
Patrick Estrade . Revivre apès une
séparation . éd. Alpen
Géard Bonnet . La tyrannie du paraître . éd. Erprales
[2] - évangile selon saint Jean IV 5 à 42
[3] - Genèse XXXVII 3 à 28 ; psaume CV ; évangile selon saint
Matthieu XXI 33 à 46
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