Prier…
texte d’évangile que nous avons médité et analysé en petit groupe mercredi
dernier. Arrivée en retard et sans avoir le texte sous les yeux, j’ai compris à
suivre le débat et à écouter ce dont il s’agit. Le Christ « calme »
le jeu, en donnant les vrais moyens de la sérénité, en disant l’échelle vraie
des valeurs. Ni illuminisme ni providentialisme, pas non plus un chemin de
justification de toutes nos formes et applications de possessions matérielles
ou même spirituelles. Je reviens à la nudité évangélique. Notre ambiance intime
et souvent collective, si souvent anxieuse sinon obsessive. Il s’agit, comme
toujours, de notre relation à Dieu. Elle doit être exclusive par principe :
nul ne peut servir deux maîtres… vous
ne pouvez servir à la fois Dieu et l’Argent. La majuscule pour le second terme, comment est-elle
donnée initialement ? fait de l’Argent tout ce que nous vivons en possessivité,
en prédation, en convoitise, en refermement de nos bras, de nos mains, de notre
âme sur ce qui est chose et non vie. J’ai particulièrement vécu cela en termes affectifs
mais je sais aussi que donner de mes objets : livres, tableaux ou renoncer
à notre propriété ici m’est toujours pénible. Il peut me^me s’agir de défendre
un point de vue. S’accrocher, m’accrocher, me diminuer en fait puisque je me
résume à une possession au lieu d’être mon âme inexpugnable et qui ne peut
conduire mon corps et l’ensemble de mes activités y compris mentales que si
elle est libre de toutes ces attaches pour vraiment choisir le soleil et la lumière
de Dieu. Or, c’est bien Celui-ci qui libère et qui pourvoit. Parabole des
oiseaux et des lys, soin de Dieu pour nous, chacun de nous. Votre Père
céleste les nourrit… Si Dieu habille ainsi l’herbe des champs, qui st là
aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage
pour vous, hommes de peu de foi ? Remarque
aussi de bon sens : la vanité de nos propres efforts, incapables de
pourvoir vraiment à ce qui nous inquiète. Nous ne nous guérissons pas nous-mêmes :
nous sommes guéris. Ne vous faites pas tant de soucis pour votre vie, au
sujet de la nourriture ni pour votre corps au sujet ds vêtements. … D’ailleurs,
qui d’entre vous, à force de souci, peut prolonger tant soit peu son existence ?
Conclusion : votre Père céleste
sait ce dont vous avez besoin. Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et
tout cela vous sera donné par-dessus le marché. J’avais été saisi mercredi par l’évidence que rien ne change ainsi de
nos astreintes, mais que notre regard – lui – est changé parce qu’il est
réorienté. Et nous pouvons même ainsi libérés de nos possessions et de nos
obsessions, avoir une inventivité, une ingéniosité transcendant les données
acquises de nos problèmes, et trouvant les solutions enfin parce que
différentes d’une prolongation-projection de nos soucis. Justesse
psychologique de l’Ecriture, comme je le constate et le vis de plus en plus… Porter ce
message ? je ne sais, ni mission ni institutions, mais certainement une
école de comportement pour le clergé comme pour les laïcs en Eglise. Il
faut que l’on nous regarde seulement comme les serviteurs du Christ et les
intendants des mystères de Dieu. Et ce que l’on demande aux intendants, c’est
en somme de mériter confiance. Avec notre autre travers, l scrupule, le
jugement non seulement d’autrui mais sur nous-mêmes, ce qui est morbide et souvent
meurtrier, psychologiquement suicidaire : Paul aux Corinthiens [1] … je ne me juge même
pas moi-même. Ma conscience ne me reproche rien, mais ce n’est pas pour cela
que je suis juste : celui qui me juge, c’est le Seigneur. Textes de ce jour : école de liberté.
Le rapport à nous-mêmes dépend de notre rapport à Dieu, et réciproquement. Je
les crois un même mouvement, notre vie d’âme, qui d’ailleurs influe sur notre
santé, sur la gestion de tout, de notre énergie, du temps qui nous sont biologiquement
accordés. Cachet d’Isaïe, fondement de tout : est-ce qu’une femme peut
oublier son petit enfant, ne pas chérir le fils de ses entrailles ? Même
si elle pouvait l’oublier, moi, je ne t’oublierai pas.
[1] - Isaïe XLIX 14.15 ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens
IV 1 à 5 ; évangile selon saint Matthieu VI 24 à 34
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